Tarn - Mon Beau Village : Roquecourbe
Publié le 02/08/2019 à 08:32 | La Dépêche du Midi | M.L.
«Mon Beau Village» : Même l'Agout s'emboucle pour revenir à Roquecourbe
Les pilotis récents de la mairie, inaugurée en 1975, font écho aux couverts moyenâgeux des maisons à colombages./ Photo DDM, Marie-Pierre Volle
Adossée à une courbe de l'Agout où l'on foulait les draps et les cuirs, Roquecourbe et son pont du XIIIe murmurent l'histoire du sud tarnais. Entre ruines du château et maisons à colombages, Roquecourbe, solide et discrète, inspire le respect et la force de ceux qui ont su braver le temps.
Est-ce à cause de la dignité du grand saule, interminables branches caressant l'Agout, qui pleure en silence, près du pont, la disparition l'hiver dernier de son frère de larmes ?
La chaussée sur l'Agout / Photo SR
Est-ce la présence, intacte, du petit boîtier de fer à l'angle de la place de l'église, qui servait à l'allumeur des becs de gaz ? D'où vient ce sentiment qu'ici, à Roquecourbe, tout se surmonte.
Du château de «Roca Corba», forteresse de pierre perchée au XIIIe siècle par Philippe II de Montfort, de retour de croisade, il ne reste qu'un pan de tour. Mais le pont du même âge, reliant les deux rives de l'Agout de ses renforts triangulaires, est toujours là, solide sous ses corbeilles de capucines. Peut-être est-ce lui qui inspire au visiteur comme aux Roquecourbains la force et la beauté du lieu, garant, pour le village, du pouvoir de traverser le temps.
Animation pêche pour les enfants / Photo DDM
«On a retrouvé la bombarde»
Elle trône derrière sa grille, avec son fût d'origine, pièce d'artillerie chargée de protéger le château détruit au XVIIe pendant les guerres de religion. La bombarde, figée sous terre pendant des siècles, a été retrouvée par miracle dans le jardin de Lucien Cros qui en a fait don à l'esprit du village. D'un côté l'église, de l'autre le temple qui déménagera quatre fois jusqu'à trouver place, et hauteur égale de «l'autre», dans le jardin Gabriel Jalat.
Malgré ses pilotis de pierre rappelant les anciens couverts, la mairie, inaugurée en 1975, joue la simplicité et la rue Clémenceau qui la contourne fait assaut d'hortensias vieux rose encadrés de glycine. Ici, au village, on partage les fleurs dans les ruelles étroites aux volets sertis de mâchoires d'acier qu'adoucissent les crépis crème des façades.
Les maisons à pan de bois, un héritage du passé / Photo DDM
Certes, la plus belle maison à colombages, rue de la Portanelle, s'est effondrée il y a deux ans laissant ses vestiges apparents. Mais il en reste plus de cinquante, datant du XVIe, les plus nobles arborant des poutres aux bois sculptés.
Village musée, figé, enterré ? Rien de tel. Et si aujourd'hui même les jeunes travaillent avec la Fondation du patrimoine et le Comité départemental d'archéologie sur le site historique de Sainte-Juliane, pendant ce temps, le village et ses 2 350 habitants vivent avec deux boulangers, un boucher, un épicier, trois coiffeurs, un bureau de tabac, une poste, une trésorerie, une gendarmerie, une maison de santé en construction et un restaurant qui s'apprête à rouvrir dans l'ancienne école. Sans oublier l'aire de camping-cars et la pêche de nuit sur les quais. De quoi donner le sourire à tous, même au grand saule.
3 questions à Joël Julian conseiller municipal président de l'association «D'hier à aujourd'hui – Culture et Patrimoine»
Première assemblée pour l'association d'hier à aujourd'hui / Photo DDM
Vous êtes originaire de Roquecourbe ?
Non, je suis né à Creissels, près de Millau, de l'autre côté du viaduc. Je vis à Roquecourbe depuis 1996. Je suis technicien formateur chez Orange.
Quel est votre endroit préféré dans le village ?
J'aime beaucoup le centre ancien.
Je dirais que le meilleur endroit pour avoir une vue complète sur le village, c'est la coqueluche.
C'est une plateforme qui fait, comme un balcon, un observatoire auquel on accède facilement de l'autre côté du pont et qui surplombe la rivière
«Roquecourbe et son patrimoine en pan de bois (15e-18e siècle)» / Photo DDM
Une légende d'ici ?
Le château était de l'autre côté de l'eau, vers les Barris, les faubourgs de la ville. On raconte qu'un jour le fils de la châtelaine a voulu traverser à gué et qu'il s'est noyé. C'est comme ça qu'on a décidé de construire un pont au XIIIe siècle.
Il y a deux églises comme dans beaucoup de villages du sud tarnais.
à l'origine, l'église était moins grande qu'aujourd'hui et le temple y était collé. Il paraît que pendant les offices, les chants des catholiques gênaient les protestants qui ont acheté des terrains pour déplacer leur temple. Ils l'ont déménagé quatre fois.
L'orchestre de Roquecourbe / Photo DDM
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