De Castres à Toulouse, un Brennus occitan

16/6/2019


Ils l'ont fait : les joueurs du Stade Toulousain sont champions de France !



Bravo les gars ! Après une incroyable saison en Top 14, le Stade Toulousain, solide leader (1er, 98 points) a battu ce soir son dauphin Clermont (2e, 83 points) au Stade de France pour la finale du championnat de France de rugby. 


Publié le 16/06/2019 à 06:44  | La Dépêche du Midi |  L'édito du jour Jean Claude Souléry

Un voyage en ballon


Les Toulousains ont décollé vers un 20e bouclier de Brennus./ Photo AFP

La clameur du Capitole. La clameur du peuple stadiste à qui, seule, était destinée la victoire. Cette clameur a retenti sur toute l'Occitanie, en ces lieux particuliers où le rugby n'est pas un banal folklore mais une vieille et bonne culture . Car la victoire du Stade toulousain n'est pas seulement celle du leader incontesté, du n°1 incontestable, du Top du Top, elle est d'abord, elle est surtout la victoire du rugby.

Bien sûr, nos amis d'Auvergne auraient pu prétendre au Bouclier – et, en bons chauvins, nous aurions applaudi (sans excès) leur triomphe. Mais, s'il nous est permis d'être heureux plus que de raison, c'est parce qu'en très peu de temps (à peine une saison) ce sacré Stade a forcé son destin : qui aurait prévu, voici un an, qu'il serait hier soir aussi haut, aussi fort, aussi beau ? Fallait-il être un devin ou peut-être un supporter bigrement couillu pour prétendre que cette équipe en devenir, certes douée mais en rodage, encore « trop » jeune, disait-on, et donc « trop » inexpérimentée, mettrait quelques mois à peine pour devenir ce qui se fait de mieux dans le rugby français !

Mais, si le Stade est revenu de si loin – du fin fond des lignes arrières où rayonne toujours Cheslin Kolbe –, c'est pour redonner au rugby un style, une façon d'être, de l'audace, encore de l'audace, et l'art de l'esquive, cette fabrique d'adrénaline dont le Top 14 avait tant besoin.



Ah ! le ballon ! la passe ! En bon philosophe élevé au Sporting agenais, Michel Serres le célébrait ainsi : « Au rugby, tout le monde regarde l'équipe, personne ne regarde le ballon. Or l'important, c'est le ballon, c'est lui qui fait l'équipe. C'est la passe qui fait la relation entre les gens, et une équipe n'existe que par le ballon, que par la passe ». Illustration immédiate : l'équipe du Stade, ce sont les deux passes décisives de l'«ange» Kolbe comme deux pures offrandes à Yoann Huget. Serres a dit juste : le Stade a bénéficié hier soir d'un présent tombé du ciel : la passe parfaite.

Alors, ce 20e Bouclier est-il le plus beau ? Sans aucun doute pour les supporters en herbe, comme pour les Dupont, les Ramos, les Tolofua, tous les autres – et nous n'oublierons pas Jérôme Kaino qui en avait déjà tant vu dans son énorme carrière de belles mariées en noir. Ceux qui ont attendu sept ans, les Didier Lacroix et Ugo Mola, sont devenus en un soir les vrais successeurs de René Bouscatel et Guy Novès. 

À tous ceux-là, merci pour ce nouveau bonheur. Merci pour un aussi beau voyage en ballon.


Publié le 16/06/2019 à 08:25  | La Dépêche du Midi |

Le Stade Toulousain décroche son 20ème titre de Champion de France


Les Toulousains explosent de joie./ Photo DDM, Xavier de Fenoyl

Dans le grand livre du Stade, le chiffre 20 est désormais inscrit. 20, c'est bien sûr la note la plus élevée pour le palmarès exceptionnel d'un club qui l'est tout autant. Sept ans après le dernier titre de Toulouse, c'est une autre génération qui est championne de France. Un groupe incroyable qui a eu la classe de laisser son capitaine blessé et absent de la finale, Julien Marchand lever le Brennus en premier, en compagnie du dernier champion de France, Maxime Médard.

Ce bonheur du Stade est comme un parfum. Les joueurs toulousains le portent sur eux pour le faire respirer aux autres. En effet, il y avait longtemps que le parvis du stade de France n'avait pas chaviré devant autant de bonheur d'avant-match à l'image du quartier Saint-Germain qui s'était embrasé de rouge et noir durant toute l'après-midi.



Le vent du bonheur a ensuite soufflé jusqu'à l'enceinte dyonisienne. Parce que le Stade est une fête. Il le fut toute l'année sur le terrain avec un jeu spectaculaire, allant de records en records. Et il l'est resté en finale en marquant deux essais sur les ailes par celui qui voulait enfin gagner quelque chose avec son club, Yoann Huget.

Si historiquement, le Stade Toulousain est bien placé pour savoir que les finales se gagnent très souvent sur la mêlée, il a pour une fois fait une exception à la règle puisque c'est le secteur qu'il a le moins maîtrisé durant cette finale. Alors, le club rouge-et-noir a trouvé d'autres armes. Ainsi, de sa défense, laissant l'attaque flamboyante de Clermont à zéro essai.


Yoann Huget, l'ailier du Stade Toulousain, auteur d'un doublé hier soir./ Photo DDM, Xaxier de Fenoyl

Comme on le craignait, la première période est restée fermée. Pas à double tour parce que les deux équipes ne se sont jamais reniées. Mais comme prévu, cela a tapé fort en début de match dans la guerre attendue des rucks. Et trois des quatre premières pénalités inscrites par les deux équipes en sont directement issues.

Comme le secteur de la mêlée n'apporta pas davantage d'éclaircissements pour le jeu, seule la touche resta une rampe de lancement digne ce nom pendant les vingt premières minutes. Ce n'est qu'à partir de ce secteur que les deux équipes purent développer le jeu qu'elles avaient l'habitude de développer même si la défense inversée de Ahki et Guitoune gêna beaucoup les Auvergnats puisque ces derniers eurent les extérieurs coupés.

Paradoxe de ce match dominé en mêlées par les Jaunards, c'est pourtant à partir de deux mêlées qu'ont été marqués les deux essais toulousains. Le premier, sur une mêlée… non jouée. Dupont joua rapidement le bras cassé et sur le renversement, après le premier ruck enfin rapide, le demi-de-mêlée libéra Kolbe ; le Sud-Africain décalant Huget alors que Raka commettait une erreur de défense en se laissant aspirer par Kolbe.


Thomas Ramos, une performance au mental./ Photo DDM, Xavier de Fenoyl

Le deuxième essai partit également d'une mêlée mais fut ensuite une œuvre collective. Après une mêlée à cinq mètres en leur faveur, les avants toulousains essayèrent de percer le rideau sur le côté fermé. Puis, le jeu est parti sur l'extérieur à la faveur de passes sur un pas. Tous les trois quarts touchèrent le ballon : Ramos, Médard, Guitoune, Ahki, Kolbe et Huget.

Dès lors, avec le plus gros écart de la soirée, soit neuf points, la finale s'emballa. Mais la défense toulousaine, une constante cette saison, l'emporta sur les fulgurances des Clermontois toujours maudits doivent-ils se dire puisqu'ils avaient perdu Iturria sur blessure lors de l'échauffement et ont eu la malchance de perdre un deuxième joyau de leur troisième ligne, en la personne de Lapandry dès la demi-heure de jeu.

Ils sont surtout tombés sur des Toulousains supérieurs et patients. Qui savent que pour déplacer la montagne, il faut commencer à enlever les petites pierres.



Fiche : Toulouse - Clermont : 24-18
Stade de France. MT : 11-9 ; 79 786 spectateurs ; arbitre : M. Garcès (Béarn)
Vainqueurs : 2 E Huget (28, 55). 1 T (55), 4 P Ramos (8, 18, 49, 65)
Vaincus : 5 P Laidlaw (2, 14, 33, 51, 60). 1 P Lopez (73)
Evolution du score : 0-3, 3-3, 3-6, 6-6, 11-6, 11-9/14-9, 14-12, 21-12, 21-15, 24-15, 24-18
STADE TOULOUSAIN : Kolbe (Ramos, 61) ; Huget (Médard, 75), Guitoune, Ahki (Ntamack, 75), Médard (Kolbe, 61) (o) Ramos (Dupont, 61), (m) Dupont (Bezy, 61) ; Cros, Kaino (cap) (Tolofua, 61), Elstadt ; Tekori (Faasalele, 61), Arnold (Gray, 44) ; Faumuina (Van Dyk, 49), Mauvaka (G. Marchand, 62), Baille (Castets, 52 puis Baille, 77).
Excl. Temp. : Kolbe (33, antijeu)
CLERMONT : Toeava ; Penaud, Moala (Fofana, 75), Fofana (Naqalevu, 66), Raka (Nanai-Williams, 61) (o) Lopez, (m) Laidlaw (Cassang, 67) ; Lapandry (Yato, 30), Lee, Cancoriet ; Vahaamahina (Timani, 79), Timani (Jedraziak, 56) ; Slimani (Zirakashvili, 49), Kayser (Ulugia, 49), Falgoux (Uhila, 54).
La note : 13/20 / Les hommes : Pita AHKI, Yoann HUGET (TOULOUSE)


Publié le 16/06/2019 à 06:47 | La Dépêche du Midi |  Anaïs Mustière

Soir de fête à Toulouse pour le 20e Brennus


Beaucoup de monde, beaucoup d'ambiance et beaucoup de joie place du Capitole où se trouvait un écran géant. / Photo DDM, Michel Viala

Ils ont retenu leur souffle durant plus de 80 minutes. Les milliers de Toulousains réunis, hier, sur la place du Capitole à Toulouse n'ont pas pu retenir une seconde de plus leur joie au moment du coup de sifflet final.

Sur les notes de «We are the Champions» du groupe Queen, les fans et supporters du Stade Toulousain sautent, chantent, hurlent leur joie de décrocher ce 20e bouclier de Brennus. Accrochés aux barrières de sécurité, un trait rouge, un autre noir sur la joue, un papa et ses deux enfants peinent à réaliser ce qu'ils vivent. «Je suis fou, tout simplement, fou de joie», lâche-t-il, les yeux emplis de bonheur.



Plus de 15 000 personnes, à l'annonce de la victoire, bougent dans tous les sens sur l'hymne local : «Qui ne saute pas n'est pas Toulousain.» Les pavés de la magnifique place du Capitole tremblent sous l'engouement général. Une femme, drapeau sous le bras et casquette du club vissée sur la tête «vit comme un rêve». Les basses de la sono installées pour l'occasion rythment le cœur de ces Toulousains plus que jamais heureux. Des gobelets de plastique volent dans tous les sens. Tous les moyens sont bons pour fêter ce match.

Pourtant, rien n'était sûr jusqu'aux dernières minutes. Tout au long de la rencontre, dans une odeur mélangeant l'anis et le houblon, les visages sont restés fermés. Ne laissant rien transparaître. Les yeux rivés sur l'écran géant, croisant les doigts pour que leur équipe gagne. Huant les Clermontois à chaque prise de ballon.

À la moindre occasion toulousaine, les drapeaux rouges aux couleurs du club de la ville tourbillonnent dans le ciel dégagé. Les lumières rouges illuminent la façade du Capitole plongeant les spectateurs dans une atmosphère étrange.



«Le match était serré, stressant quand j'ai vu qu'il restait six secondes, j'ai senti mon cœur partir», lâche un jeu homme, vêtu du maillot du Stade. Lui comme ses voisins ont désormais en tête, la fête pour célébrer ce nouveau bouclier.

«Je compte bien leur rendre hommage», rigolent une femme et son amie, posées au milieu de la place du Capitole. Toutes les musiques festives qui résonnent sur la place risquent de les aider à cette douce œuvre. Peu à peu, toujours sous le coup de l'émotion, les spectateurs quittent la place en chantant et s'engouffrent dans les ruelles adjacentes. La fête sera belle tout comme cette victoire.


Le Capitole aux couleurs du Stade Toulousain


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