+1,2 °C en 50 ans : alerte sur les Pyrénées

18/2/2019

Publié le 16/02/2019 à 07:52 | La Dépêche du Midi | Pierre Challier

+1,2 °C en 50 ans : alerte sur les Pyrénées

Le glacier d'Ossoue en 1911 / Photo DDM

Pour nos reliefs, c'est déjà l'alerte rouge. «Les Pyrénées ont la fièvre», a résumé le 12 novembre dernier à Saragosse Idoia Arauzo Gonzalez, la coordinatrice de l'Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique. élaboré par une centaine de scientifiques français, espagnols et andorrans, le rapport présenté ce jour-là par l'OPCC est sans appel quant aux constats, avec un premier chiffre éloquent…

30 % de plus que la moyenne mondiale !
Alors que ces cinquante dernières années le reste de la planète a enregistré une déjà inquiétante hausse de 0,85 °C, la chaîne pyrénéenne a, elle, subi un réchauffement de 1,2 °C… soit une température ayant augmenté sur le massif de 30 % de plus que la moyenne mondiale, annonce officiellement l'OPCC !
Pire : à ce rythme-là, les chercheurs estiment même que le thermomètre pourrait afficher entre +2 °C et +7,1 °C d'ici 2100…Premier effet spectaculaire ? C'est bien sûr la fonte et la disparition de la moitié des glaciers pyrénéens, ces 35 dernières années (voir ci-dessus et ci-contre).

Le glacier d'Ossoue dans les Hautes-Pyrénées en 2017. / Photo DDM, Andy Barréjot

Moitié moins de neige en 2050
Mais c'est aussi «une tendance à la baisse des précipitations de l'ordre de 2,5 % par décennie au cours des cinquante dernières années», précise ce rapport, soulignant également que l'épaisseur moyenne de la neige pourrait être réduite jusqu'à 50 % d'ici 2050 dans les Pyrénées centrales.

Une perspective de stress hydrique qui n'intéresse pas que les stations de sports d'hiver et l'économie touristique mais bien toute une «biorégion particulièrement sensible et vulnérable aux effets du changement climatique». La montagne pyrénéenne est en effet d'autant plus essentielle aux deux versants qu'elle est un château d'eau pour l'irrigation et l'énergie hydroélectrique.

La neige s'est faite attendre pour noël dans les Pyrénées / Photo DDM

Même rédigées au conditionnel, les conséquences anticipées par les scientifiques sont considérables, comme le montrent les dix grands enjeux listés par ce rapport évaluant les impacts, vulnérabilités et adaptations nécessaires dès maintenant.

Le 1er enjeu sera de «faire face aux phénomènes climatiques extrêmes» puisque «la population doit s'attendre à subir une hausse des vagues de froid, de chaleur, des périodes de sécheresse extrême» ou encore des précipitations hors normes. «Les habitants, les écosystèmes les plus sensibles, l'agropastoralisme de montagne, le secteur de l'énergie et du tourisme devront s'adapter», prévient ainsi l'OPCC.

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Inondations, effondrements
Chacun doit en effet anticiper le 2e enjeu pointé par le rapport : «L'augmentation de pluies torrentielles et l'avancement du dégel printanier (qui) seront à l'origine de plus en plus d'inondations, de crues, de glissements de terrain, ou encore d'avalanches». Mais il faudra également «affronter la pénurie d'eau et les sécheresses» (enjeu 3) et donc s'adapter aux déséquilibres entre l'offre et la demande énergétique puisque la capacité de la production hydroélectrique dans les Pyrénées sera impactée (enjeu 9), et ce, sans oublier de garantir la qualité des eaux (enjeu 4) tout en maintenant «l'attrait touristique des Pyrénées» (enjeu 5), alors qu'il faut déjà «prévoir des changements irréversibles du paysage» (enjeu 7).

Le chantier dessiné est donc gigantesque, sans compter qu'il faudra aussi «faire face aux changements au niveau de la productivité et de la qualité des cultures» (enjeu 6) mais également «envisager l'éventuelle perte de biodiversité et les modifications des écosystèmes» (enjeu 8), lesquels verront une propagation de maladies rares et de parasites, prédit l'enjeu 10…

Va-t-on bientôt manquer d'eau potable en Occitanie ? L'une des régions les plus menacées en France par le changement climatique / DDM