Les grandes heures du rugby tarnais -2-

4/2/2019

   Les grandes heures du rugby tarnais -2-  



   S.C. Albi  

Publié le 26/07/2018 à 10:08   | La Dépêche du Midi |   E.T.

En mai 2006, l'incroyable montée des Albigeois en Top 14


La finale Albi-Dax, c'était il y a 12 ans. / Photo DDM X de Fenoyl

8000 supporters à Toulouse et beaucoup plus devant leur téléviseur ont assisté en mai 2006 à la finale d'accession en Top 14 qui a vu Albi dominer Dax (12-8). Un grand moment qui n'est pas près de s'effacer.

Le printemps 2006 et cette fameuse finale d'accession victorieuse face à Dax aux Sept Deniers de Toulouse restera gravé à jamais dans la mémoire collective des supporters. Une consécration pour le club, meurtri par trois finales perdues de Nationale 1 de 2000 à 2002 face à Oloron, Tours et Lyon. Après trois saisons de Pro D2, le SCA progresse d'année en année. Le charisme et la méthode d'Éric Béchu, Ariégeois débarqué sur les bords du Tarn en 1999, qui parie sur des joueurs revanchards délaissés par le microcosme des professionnels, vont finir par porter le club vers les sommets.

En cette année 2006, il ne fait pas bon se frotter aux Mela, Guicherd, Maréchal ou Stankovich. Les premières mêlées sont souvent chahutées, les ballons portés font reculer bien des avants, et l'équipe a des résultats au point de rivaliser au sommet avec les voisins de Montauban.


/ Photo DDM

Le SCA prendra place à trois reprises dans le fauteuil de leader (1re journée, 6e et 7e). Mais les Tarn-et-Garonnais étaient imbattables cette saison et ils s'offraient la montée directe en remportant le championnat avec 19 points d'avance sur le SCA, qui conclut l'exercice avec vingt-et-une victoires, un nul (face à Montauban justement au Stadium) et huit défaites.
On retrouve ces Albigeois, que personne n'attendait en début de saison, en phase finale avec une demie au Stadium face à Béziers, cinquième de la saison régulière et dominé à deux reprises en cours d'année.

Grâce à une entame de feu, un essai de Vincent Clément, une transformation, trois pénalités et deux drops de Frédéric Manca, le SCA mène 22-7 à la pause et a mis un pied et demi en finale. C'est mal connaître les Biterrois, habités par un sentiment de révolte, qui vont revenir à 20-25 grâce à un essai inscrit en deuxième période. Il faudra une grosse défense des hommes d'Eric Béchu pour stopper l'hémorragie et fêter l'accession en finale face à Dax, tombeur d'Auch dans l'autre demie (28-27).


/ Photo DDM

Programmée au stade des Sept Deniers de Toulouse, la finale déclenche un vent de folie à Albi. C'est la course aux billets pour ne rien manquer de ce match qui peut propulser l'équipe en Top 14.
Vingt-trois bus et des centaines de voitures rallient Toulouse pour cette rencontre qui s'annonce historique. Entre deux clubs qui ne s'apprécient guère, la partie va être tendue, âpre et disputée et le niveau de jeu n'atteindra rarement les sommets.

Comme durant la saison, le huit de devant Albigeois domine son vis-à-vis et Frédéric Manca, l'artilleur en chef albigeois enquille. Le SCA mène 9-0 à la mi-temps, mais rien n'est encore inscrit dans le marbre. Les hommes de Marc Lièvremont font le forcing. Une pénalité et un essai non transformé inscrit à dix minutes de la fin mettent le chef-d'œuvre albigeois en péril. Mais au courage, grâce à quelques cocottes, le SCA s'en sort sans dommage et peut libérer la liesse de ses supporters. Toute la ville se pare de jaune et de noir pour accueillir ses héros sur la place du Vigan.

Le plus dur commence pour les dirigeants, qui vont devoir faire des miracles pour augmenter le budget. Ce sera provisoirement chose faite, histoire de jouer deux saisons en Top 14 avant que la Dnacg ne siffle la fin de la récréation. Le SCA jouera encore une saison au plus haut niveau (2010-2011), avant de rentrer dans le rang.
   

 Publié le 26/07/2018 à 07:56   | La Dépêche du Midi |  Propos recueillis par E.T.

Daniel Blach : «On était investi d'une mission»


Daniel Blach après la victoire en finale face à Dax. / Photo DDM Emilie Cayre

Ancien joueur, entraîneur adjoint en 2006 puis directeur général adjoint jusqu'en 2011, Daniel Blach a tout connu avec le SCA. Il garde un souvenir ému des années 2000, et notamment de la montée en Top 14 en juin 2006.

Que gardez-vous de cette fameuse saison 2006 ?
Il ne me reste que des émotions. C'était une saison très calme. On gagnait à la maison, à l'extérieur, c'était très confortable rugbystiquement. On était dans une phase ascendante.

Pourtant, personne ne vous attendait à ce niveau, l'ambition n'était pas de monter…
Si, en interne, depuis l'arrivée d'Éric Béchu, l'ambition était de monter de la Fédérale au Top 14. On ne le criait pas sur les toits, c'était inavoué mais tous les joueurs avaient cette ambition. On a recruté des joueurs revanchards qui nous ont fait grandir parce qu'ils voulaient jouer un jour dans l'élite. Je pense à Boris Stankovich, qui jouait talonneur à Graulhet qui est devenu un des meilleurs piliers gauches de France ou à Mickaël Ladhuie, qui venait des espoirs de Colomiers. La caractéristique des joueurs, c'est que c'était tous des combattants avec des ambitions implicites.


/ Photo DDM

À l'époque, le pack albigeois était particulièrement réputé…
En Pro D2, on bousculait tout le monde et les arbitres nous pénalisaient souvent car ils pensaient que l'on trichait. Une fois que notre réputation a été faite, c'était plus facile. En finale face à Dax, on était partis pour jouer près des avants sans écarter les ballons. On a misé sur nos points forts. Contrairement à Dax, on était là pour gagner, pas pour pratiquer un jeu esthétique. D'ailleurs, à l'époque, Marc Liévremont qui entraînait Dax avait été un peu suffisant en disant qu'il préférait rester en Pro D2 plutôt que de jouer un jeu aussi pauvre.

Avez-vous eu peur lors de cette finale ?
Non, on n'avait pas peur de prendre un essai, mais je me souviens encore d'une action sur laquelle Sanchou avait stoppé Courtade in extremis en le prenant par le maillot. Heureusement qu'il ne le lâche pas. C'est le seul joueur de Dax dont on avait parlé pendant la préparation.

On imagine votre émotion au coup de sifflet final et au retour à Albi…
Ma plus grosse émotion, je l'ai eue au départ du car en quittant Albi avant le match. On sentait qu'on partait pour toute la ville, on se sentait profondément albigeois, comme investi d'une mission. Après la victoire, on était débordés de partout et on s'est dispersés.


/ Photo DDM

Que reste-t-il douze ans après ?
Des amitiés fortes, des souvenirs forts avec les dirigeants, les joueurs et le staff, notamment Éric Béchu, Philippe Laurent et Jean-Michel Mallet. Humainement, les joueurs étaient au Top avec des personnalités très affirmées. D'ailleurs, 75 % des joueurs qui ont joué la finale d'accession ont été ou sont entraîneurs. On a été heureux sur le recrutement car on ne s'est trompé sur personne. Éric les a recrutés en pensant qu'ils avaient de la marge mais pas à ce point-là. L'état d'esprit guerrier et combattant date de la fédérale, les nouveaux joueurs sont rentrés dans le moule. Quand ils signaient à Albi, ils savaient qu'il allait falloir combattre et que ce serait dur.

Vous retrouvez-vous de temps en temps ?
Oui, nous sommes encore en contact. Cette génération se retrouve régulièrement, comme celle des années 80 quand j'étais joueur.

Après la montée en Top 14, le plus dur commençait…
On a passé des vacances studieuses à recruter. Mais on avait encore le statut amateur et il a fallu augmenter les salaires car les joueurs étaient payés comme en fédérale. L'administratif a dû se mettre au niveau du sportif.


Publié le 26/07/2018 à 07:57   | La Dépêche du Midi |   Alain Rey

Guy Costes : «Une fête extraordinaire»


La famille Costes avait assisté à la finale d'accesion au Top 14 en 2006. / Photo DDM A.R.

Guy Costes est un fidèle supporter du Sporting Club Albigeois, et ce depuis plus de 40 ans, à une époque où les jaunes et noir jouaient contre Saint-Claude, Mérignac, Bergerac, Marmande ou encore le voisin Carmaux, et déjà, il ne manquait jamais l'occasion d'encourager ses protégés en donnant de la voix.
La première consécration de ce supporter acharné viendra en ce dimanche 24 février 1974, où l'arrière Galan expédie les siens en 8es de finale, après avoir déjoué tous les pronostics, et terrassé le stade Toulousain des Villepreux, Skréla, Bourgarel, et de la future star Jean- Pierre Rives.

Il sera de toutes les aventures, et il a contaminé toute la famille, à commencer par son épouse Brigitte, qui se servirait bien du parapluie, lorsque l'arbitre sanctionne injustement les siens. Maintenant, la famille est de tous les déplacements ou presque, attend les joueurs à la sortie des vestiaires, pour ne rien manquer de la fête, puisque le rugby à Albi est devenu une véritable institution, et bien entendu la famille renouvelle chaque année son abonnement, pour être sûr de retrouver leurs places non loin des tambours, et être au cœur de l'ambiance.


/ Photo DDM

Guy n'a loupé que 7 ou 8 matches en 40 ans, c'est le supporter de la première heure, et un vrai supporter, celui qui soutient le club et les joueurs, même dans les moments un peu plus compliqués. Guy gardera en mémoire ce 4 juin 2006 et l'accession en Top 14 aux sept Deniers face à Dax. «C'était magique, Albi dans l'élite du rugby Français, c'était incroyable, une fête extraordinaire, des gens heureux, Éric Béchu avait réussi son pari, faire d'Albi une place forte du rugby moderne» nous dira-t-il, et il poursuit : «Jamais nous n'aurions dû descendre l'année dernière, la place d'Albi est au moins en Pro D2, et c'est difficile d'accepter cette dégringolade, il faut que nous remontions absolument à l'issue de cette saison ! Et je serai toujours là quoi qu'il arrive…»


Publié le 26/07/2018 à 07:57  | La Dépêche du Midi |  E.T.

Le club aujourd'hui


/ Photo DDM Pierre Bras
   
Longtemps plombé financièrement, le club a plongé sportivement depuis deux saisons, au point de se retrouver en fédérale 1, comme au début des années 2000. Après avoir joué une nouvelle finale d'accession en 2011 sous le règne d'Henry Broncan, le club s'est hissé en demi-finale à Mont-de-Marsan avec Ugo Mola aux manettes en 2015. Depuis, d'erreurs de casting en bisbille entre dirigeants, entre joueurs et entraîneurs, le club se débat pour sauver ce qui peut encore l'être et retrouver la Pro D2. C'était l'objectif de la saison dernière, d'autant qu'Arnaud Mela avait signé pour apporter son expérience du haut niveau et renouer avec l'époque Béchu, mais l'équipe a chuté en demi-finale face à Rouen. D'où l'obligation de repartir cette saison en Fédérale 1 Jean-Prat, la poule élite ayant été rayée de la carte.

Le SCA va donc être contraint de frayer avec Lavaur, tout nouveau champion de Fédérale 1, Tarbes, Marmande, Valence d'Agen etc. Il faudra terminer dans les deux premiers pour jouer des quarts de finale, sachant que, comme par le passé, les deux finalistes monteront en Pro D2. C'est largement faisable au vu de l'effectif albigeois, du budget (3 M€) et du statut professionnel des joueurs confrontés à des joueurs souvent pluriactifs, mais l'expérience douloureuse de la saison dernière incite à la prudence. C'est sans doute le dernier joker du SCA pour rejoindre l'antichambre de l'élite. Supporters et partenaires ne supporteraient pas une nouvelle saison dans le monde des amateurs.



 

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