Graulhet : Historique classes de neige

21/1/2019


Départ des classes de neige 2019



Ce lundi 21 janvier, un premier convoi d'élèves de CM1 s'est élancé vers la Vallée d'Aure. En effet, les classes de Crins et d'En Gach sont parties vivre leur séjour en classe de neige au centre d'accueil de l'Estibère, à Vielle Aure, dans les Hautes-Pyrénées.

Elles y resteront jusqu'au mardi 29, où elles seront remplacées par leurs homologues de l'Albertarié et Victor Hugo. Si l'on se fie aux effectifs prévisionnels, ce sont 133 petits Graulhétois qui vont profiter cette année de ces séjours dans la montagne pyrénéenne.
Où l'on prévoit dans les prochains jours de bonnes chutes de flocons...

L'occasion pour nous de retracer ici le parcours de ces classes de neige graulhétoises, qui ont été lancées en 1967.

Petit historique des classes de neige graulhétoises



C'est le conseil municipal du 24 juin 1966 (municipalité Dumontier) qui décida la création des classes de neige ; les premières années, elles durèrent 4 semaines (dont 1 prise sur les vacances de Pâques), avec classe le matin (mercredi compris) et ski l'après-midi. 

Suivant les suggestions des enseignants, ce sont les CM1 de la ville qui en bénéficieraient.
MM. Auriol et Durand, de l'école Victor Hugo, se sont portés volontaires pour lancer l'expérience en 1967 à Aubrac.

Afin de participer au financement des séjours, le docteur Pontier, alors 1er adjoint, proposa à certains élus (Mlle Julié, MM. Dumontier, Lasserre) d'abandonner leurs indemnités d'adjoints ou maire et de virer la somme correspondante au budget des futures classes de neige.

Le séjour fut par la suite réduit à 3 semaines, et ouvert aux autres écoles de la ville (Barricouteau, Albertarié, Gambetta, Crins et En Gach). Il concernait tout d'abord 2, puis 3 classes.

(Voir ci-dessus tableau extrait du bulletin municipal du 3ème trimestre 1974).

En 1975 les 4 grands groupes scolaires de la cité du cuir sont invités à y participer à concurrence d'un total maximum de 100 élèves.
Une année, certaines écoles durent pratiquer un tirage au sort pour "sélectionner" les 25 qui partiraient, éliminant ainsi quelques enfants du séjour : terrible !...

1967 - AUBRAC



De 1967 à 1977, les classes de neige eurent lieu au Royal Aubrac, géré par la F.O.L. de l'Aveyron, disposant de 3 petits téléskis à l'arrière du bâtiment. Certaines années, les élèves ont pu se rendre ponctuellement sur les stations voisines de Laguiole ou Brameloup.
L'altitude n'excédant pas 1400m, un enneigement très inégal et capricieux rythmait les séjours successifs ! 

Une année les Graulhétois ont été isolés trois jours par la tempête : les routes alentours étaient bloquées par la neige, les élèves étant encordés dans la tourmente pour parcourir les quelques dizaines de mètres séparant le bâtiment principal du réfectoire ; un hélicoptère avait même été sollicité pour assurer le ravitaillement.

Sinon, toute chute de neige était souvent remise en question par le vent du sud qui balayait le plateau, et réduisait rapidement à néant la couche de poudreuse.
Les dernières années, les séjours ressemblaient davantage à des classes vertes, et les séances de ski trop souvent remplacées par des balades le long des boraldes.

Les découvertes spécifiques liées à la vie en montagne, travaux et écrits étaient regroupés dans un grand cahier spécial classe de neige qui, au dire de nombreux parents, était celui que l'enfant devenu ado tenait à conserver le plus longtemps !



Ces classes transplantées avaient créé une certaine animation sur la ville, notamment auprès des familles et des écoles concernées. De leur côté, quelques commerces locaux ont adapté leurs produits pour que les familles puissent s'équiper.

Le matin du départ, tout le monde se rassemblait à la mairie où les bus, avant d'embarquer leurs passagers, chargeaient le matériel stocké dans de lourdes caisses en bois (fabriquées spécialement par les ateliers municipaux) sur leurs galeries. 
Des fourgons étaient également du voyage pour transporter les bagages, et des parents sollicités afin de compléter l'encadrement pour effectuer les trajets.

Maurice Sicart, photographe pour la Dépêche du Midi, ne manquait ni départ ni arrivée, afin d'immortaliser ces instants si particuliers de la vie d'un élève ; clichés que les familles retrouveraient les jours suivants dans le journal local, et qu'elles glisseraient dans le prochain courrier destiné à leur enfant.


Quand le bus des parents patine !


L'un des dimanches intermédiaires accueillait la "visite des parents". Si certains rejoignaient le centre d'accueil avec leur véhicule, beaucoup réservaient leurs places dans les autocars affrêtés par la municipalité. Inutile de décrire l'émotion que suscitait cette journée particulière, aussi bien chez les enfants (dont beaucoup quittaient le domicile pour la première fois) que dans leur famille...

Le soir du retour, les néo-skieurs étaient accueillis dans la salle de réception de la mairie, reconnaissables à leurs bonnets uniformes -verts les premières années- et à leurs joues colorées. Tous étaient appelés à tour de rôle pour se voir remettre des mains du maire (ou d'un adjoint) un diplôme et une médaille (flocon, étoile ou cristal) récompensant leur niveau de ski.

1978 : SAINT-LARY



En 1978 (suite à la demande des enseignants de rejoindre les Pyrénées pour mieux garantir l'enneigement), la municipalité de M. Argelès prit contact avec celle de Saint-Lary (dans les Hautes-Pyrénées) dirigée par Vincent Mir, qui proposa un hébergement au VVF du village.
Les élèves bénéficiaient d'agréables chambres-studios regroupées dans des bâtiments étagés, devant toutefois sortir pour rejoindre la salle de réfectoire implantée dans une construction indépendante, et franchir de nombreux escaliers.

Les séances de ski avaient lieu au Pla d'Adet, rallié par téléphérique, où un garage avait été loué pour éviter de porter le matériel de ski pendant le trajet. Elles étaient encadrées par des moniteurs de l'école de ski français.
Des visites, conférences, balades et excursions permettaient la découverte du milieu pyrénéen.
La première année eut lieu un séjour unique regroupant les quatre écoles de la ville, les deux suivantes furent organisés deux séjours de deux classes afin de fluidifier le fonctionnement.

1981 : ÉGAT



En 1981, les séjours furent délocalisés dans le secteur de Font-Romeu (où se pratiquait le ski), à Égat, à titre transitoire. A partir de cette année-là, le plafond des 100 élèves maximum est supprimé : ainsi, tous ceux qui souhaitent partir à la neige le peuvent.
Cette session rassemblant les quatre écoles fut caractérisé par d'importantes chutes de neige, entraînant malheureusement un grand nombre de malades.

Les balades permirent la découverte du four solaire, du lycée olympique, de la cité fortifiée de Mont-Louis, et d'un trajet avorté dans le petit train jaune de Cerdagne en raison d'une forte perturbation neigeuse (deux classes ayant été rapatriées en fin de journée dans des camions militaires !). 

1982 : VIELLE AURE


En 1982, les classes de neige graulhétoises inauguraient l'Estibère de Vielle-Aure, à côté de Saint-Lary, géré par la Fédération des Oeuvres Laïques. Mais la durée du séjour est alors réduite à 2 semaines, et la journée visite des parents logiquement supprimée. 
L'école de La Ventenayé intègrera alors le processus, partant une année sur deux avec son CM1-CM2. Selon l'effectif, qui a grimpé certaines années à plus de 170 élèves, les classes ont été réparties sur un ou deux séjours.

A partir de 1985, la station de Piau-Engaly fut choisie pour le ski à la place du Pla d'Adet ; même si le trajet nécessitait un transport en bus, cela évitait les longues files d'attente au téléphérique dans le froid (parfois plus d'une heure), réduisait la marche à pied dans la vallée, et offrait un plus grand choix de pistes pour débutants avec un enneigement qui ne fit jamais défaut...



Sur ces séjours raccourcis, outre le ski, l'accent est mis sur la découverte de la montagne sous toutes ses formes, avec notamment (en fonction des années) : balades pédestres ou en raquettes, diaporamas, intervention d'accompagnateurs-montagne ou pisteurs, apiculteur, conteur, excursion, visites de la maison du parc national des Pyrénées, de la maison de l'ours, d'une centrale hydro-électrique ou de l'aquascope, du musée des traditions populaires, des anciennes mines de manganèse, de la chèvrerie-fromagerie,...

En 1986 pendant trois jours, d'importantes chutes de neige empêchent de rejoindre les stations ; les skis de piste sont alors délaissés au profit de skis de fond, et des parcours improvisés à la force des mollets dans la vallée recouverte par plus de 60 cm de neige au départ du centre d'hébergement.
 
Afin de renforcer l'encadrement lors de ces classes transplantées, quel que soit le site d'accueil, il a pu être fait appel à des employés municipaux (dont des spécialistes en ski), des normaliennes d'Albi, des moniteurs de La Courbe, des ATSEM, des éducateurs territoriaux, des animateurs des maisons de l'enfance,...


La station de Piau-Engaly

Quelque temps après sa création, des bulletins destinés notamment à rassurer les familles furent diffusés tous les deux ou trois jours sur Radio Val Dadou, dans lesquels élèves et enseignants retraçaient leurs activités quotidiennes et répercutaient l'ambiance du séjour.

Cette liaison, avec comme tout "studio" en Vallée d'Aure le seul téléphone de l'établissement, prit une importance capitale l'année où les PTT firent une grève soutenue, empêchant la livraison régulière de courrier. Les familles laissaient des messages au standard de RVD, qui les rediffusait le soir après les séances radio. Enregistrés sur magnétophone, l'encadrement les retransmettait par haut-parleur lors du repas du soir !

A partir de 1998, l'arrivée d'internet dans les écoles permit l'envoi d'infos et de photos quotidiennes depuis l'Estibère. Ces messages étaient ensuite imprimés par les directeurs ou leurs adjoints, et affichés dans les différents établissements.
Plus récemment, des photos et commentaires sont déposés par les responsables sur un site internet spécifique à accès régulé.



Départ de la place de la mairie en 1979

Quelques semaines après le retour une soirée diaporama et vidéo était organisée à destination des familles afin de revivre le séjour sur le grand écran du Forum, puis dans les diverses écoles.
Ces séjours coûtaient cher aux familles et à la municipalité ; un système d'aides fut créé : caisse des écoles, centre d'actions sociales, comité interentreprises de mégisserie, oeuvre des enfants à la montagne, etc... Une bourse aux vêtements est également mise en place, organisée selon les époques par les écoles, par les parents d'élèves ensuite, ou en relation avec les associations caritatives locales...

Actuellement, les classes de neige se déroulent toujours à l'Estibère, sur une durée de neuf jours.
Le nombre d'élèves graulhétois concernés depuis l'origine (53ème année de fonctionnement) doit se situer aux environs de 6000 !
Le service municipal des affaires scolaires, qui préparait si bien ces classes transplantées en liaison avec l'éducation nationale, pourrait nous en donner le nombre précis.
..


Retour à la mairie en 1978

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