Tarn : Un petit Tour et puis s'en va

23/7/2018

Publié le 23/07/2018 à 10:43 | La Dépêche du Midi | Patrick Louis

Le sourire sucré de Nielsen, les larmes amères de Calmejane

Le Tarnais y croyait mais c'est un Danois qui a gagné

Nielsen vainqueur hier de l'étape Millau-Carcassonne / Photo DDM

Intenable, le Tarnais parti dans l'échappée avait les jambes pour s'imposer dans «son» étape mais il s'est incliné face aux Astana, aux Bahrain et aux Trek.

Le temps de l'envie, le temps du plaisir, le temps de l'action, le temps du doute et celui de la défaite. Tout ça en quelques heures, un dimanche après-midi à la maison ou presque. Trop beau seul en tête, trop seul dans le final, trop malheureux à l'ombre du podium d'arrivée les mains vides et le cœur lourd. Lilian Calmejane s'arrête, s'appuie sur son guidon, tête baissée, et pleure comme un enfant. Personne n'ose lui parler, le toucher. Blaise Chauvière est là, comme chaque jour. Il s'approche, pose une main sur son épaule. «Lilou» sanglote de dépit, de colère et de déception. Sur le Causse de Mende, la veille, il avait dit haut et fort que cette étape serait la sienne, qu'il savait que ces routes l'aimeraient et le porteraient jusqu'à «sa» ligne, mais il est battu. Il a perdu. Rien ne peut à cet instant le consoler.

L'échappée de Calmejane dans les Monts de Lacaune / Photo FB, TdF © Gruber

Le coup de folie
Comme la moitié du peloton, le Tarnais a participé sans tricher à la bagarre générale qui a suivi le départ de Millau. Une baston de malades sur cinquante bornes avec des attaques de tous les côtés, de toutes les couleurs, avant que les Sky ne décident de se relever. Calmejane ne pouvait pas rater cette deuxième échappée surpeuplée en deux jours (avec encore Sagan, Majka, Soler, Pauwels, Soler, Dillier, Mollema, Impey, Herrada, Pozzovivo…). Mais au lieu de se contenter de pédaler gentiment vers le Pic de Nore posé pas si loin de Carcassonne (Fabien Grellier et Romain Sicard roulaient à ses côtés), il est parti seul, sans prévenir.

Passage du peloton à Brassac / Photo FB, TdF © Alex Broadway

On l'a vu discuter ferme avec Benoit Genauzeau son directeur sportif qui le suivait avec Hubert Long, décidé à poursuivre ce qui serait un fabuleux exploit ou une monumentale erreur tactique. Il est finalement rentré dans le rang après une longue parenthèse de trente kilomètres. Après une sortie de Grellier et Bernard, après le numéro de Majka un peu court pour profiter des pentes de la Montagne Noire, les plus forts se sont débrouillés pour se retrouver entre eux. Calmejane bien sûr, Nielsen et Valgren pour Astana, Mollema et Skujins pour Trek, Ion Izagirre pour Bahrain et Majka pour Bora. Un triple deux contre un à négocier pour le Français et une situation vite devenue délicate et même compromise.

Près du sommet du Pic de Nore / Photo FB, TdF © Gruber

Pas de gros poisson dans les filets mais une orque en moins…
À 6 200 m du but, Nielsen, Mollema et Izagirre comptent quelques mètres d'avance avant de retrouver le bord du canal. Calmejane fait l'effort, revient tout près mais quand il s'écarte, l'autre Astana ne bouge pas bien sûr. C'est fini, le trio vient de réserver le podium du jour, et on sait déjà à cet instant que Cort Nielsen va gagner, offrant un spectaculaire doublé à son équipe, quarante-huit heures après le saut de cabri de Fraile sur la Croix Neuve.

Derrière, les Sky ont profité du fort vent d'ouest pour bordurer un peu, pas de gros poissons dans leur filet, mais une orque de moins ce matin au départ. Leur turbulent Gianni Moscon est une fois de plus apparu dans l'œil des caméras de surveillance, les commissaires l'ont foutu à la porte pour une altercation avec un autre concurrent.

Publié le 23/07/2018 à 07:44 | La Dépêche du Midi | Bernard Roussille

Jour de fête à Mazamet

La caravane devant l'église Saint-Sauveur de Mazamet./ Photo DDM, Bernard Roussille.

La fièvre du Tour de France a gagné Mazamet. Depuis plus d'un siècle la vénérable institution a gardé son aura. Ce spectacle ambulant populaire n'a pas pris une ride et suscite toujours le même engouement, la même passion, la même ferveur. Sujet de conversation majeur des derniers jours, objet de décoration préféré dans les vitrines, le vélo était partout dans Mazamet !

La fête a commencé dès samedi avec l'installation de 26 vélos suspendus au câble de la future passerelle. Une idée originale que bon nombre de Mazamétains ou de touristes sont venus immortaliser. Bien avant 20 heures et la fermeture de la route, la montée du Pic de Nore chère à Laurent Jalabert a été prise d'assaut. Camping-cars, voitures, tentes : il ne restait plus le moindre petit espace disponible. Et la fête avait commencé dès la fin de l'après-midi du côté de la métairie haute et de la buvette du comité des fêtes de Roquerlan, au Triby avec celle du foot de Labrespy ou au portail de Nore avec le VTT Montagne noire.

Le public attend avec impatience le passage de la caravane / Photo FB, Ville de Mazamet

On a rencontré un couple de Britanniques sympathiques et leur ami qui avaient installé leurs tentes au bord de la route, un peu au-dessus du Triby. Ils consommaient, avec modération sans doute, une boisson bien française. Ils avouaient timidement soutenir Froom et Thomas en se gardant de l'afficher trop ostensiblement. Pendant ce temps, un peu plus haut, les Hollandais barbouillaient la chaussée à la gloire de Dumoulin !

Un monde fou
Dimanche dès 13 heures, après l'arrêt de la circulation, la longue traversée de la ville, du carrefour des Bausses à la rue de la Resse était bordée de deux rangées compactes de spectateurs. On ne parle même pas de la montée de Nore avec une foule exubérante qui attendait depuis la veille dans un climat de fête. Bien sûr «Jaja», prophète en son pays, a eu la primeur des «tifos». La caravane a apporté son lot de bobs «Cochonou», de casquettes «PMU» ou de tee-shirts «Skoda». Il ne restait plus à cette foule bigarrée qu'à attendre Lilian Calmejane ou Julian Alaphilippe, rois de l'applaudimètre.

Au pays de Jaja le Tour de France a gardé sa magie !

Entre Aveyron et Tarn / Photo FB, TdF © Gruber