France : 18 millions de randonneurs !

15/2/2018


Publié le 30/09/2017 à 07:53   | La Dépêche du Midi |  

La meilleure façon de marcher


Les randonneurs Graulhétois du club Naturévasion Rando / Photo DDM

Nous serions 18 millions de randonneurs en France, tout style de locomotion confondus. Parmi eux, des milliers de marcheurs, qui sont de plus en plus nombreux sur les chemins de Saint Jacques, sur les itinéraires des montagnes, ou même dans les villes touristiques.
De toutes les manières, c'est la marche qu'ils préfèrent ! Nos compatriotes sont de plus en plus nombreux à chausser les crampons pour une simple balade ou pour une randonnée au long cours.

«On observe une augmentation des effectifs constante ! assure Marcel Martinez, vice-président du comité régional de randonnée d'Occitanie. Chaque année, 2 ou 3 % en plus ! Ce n'est guère étonnant, parce que nous avons énormément diversifié l'offre de randonnée ces dernières années. On peut partir en solo ou en groupe, en itinérance ou pour quelques heures, avec des associations ou bien sur des parcours à thème : voilà comment un éventail beaucoup plus large vient prendre la licence chez nous».


900 personnes à la rando vin et châtaignes grillées à Villeneuve sur Vère / Photo DDM

Et puis, l'unification des deux régions a donné un coup de booster à une pratique qui n'était jusque-là réservée qu'au Languedoc-Roussillon :
«Il s'agit de la marche aquatique côtière, qui est une méthode excellente pour entretenir la forme cardiaque. C'est parti en flèche depuis deux ans, se réjouit Marcel Martinez, et cela permet aux randonneurs d'être mieux affûtés. C'est comme la marche nordique, en deux ou trois heures de randonnée, on entretient sa forme !»

En 2015, selon un sondage, c'est la marche que les Français ont placée en tête de leur classement (58,4 %) juste devant la randonnée (48,9 %) et la natation (39,9 %). La randonnée et la marche sont plébiscitées sur quasiment toutes les catégories. Dans leur top 3, les hommes mettent ainsi en numéro 1, la randonnée (48,4 %), suivie de la marche (48 %), et du cyclisme (33,9 %).


Plus de 1 500 marcheurs à la Ronde du primeur (Gaillacois) / Photo DDM

Le classement établi par région montre que le Sud-Ouest est vraiment LA terre des randonnées. Dans cette vaste zone qui regroupe les régions Poitou-Charentes, Limousin, Aquitaine, Midi-Pyrénées, la marche arrive certes en tête avec 58,3 %, mais la randonnée arrive juste derrière, choisie par 57,1 %. Cet engouement pour la randonnée est aussi à mettre au crédit des quelque 7 000 bénévoles.


Publié le 30/09/2017 à 07:45   | La Dépêche du Midi |   Propos recueillis par Maud Calvès

Les 3 profils de randonneurs

LE SPIRITUEL : «Sur le chemin de St Jacques, j'ai fait le tri» 
(Nicolas Beulot, 35 ans)


Sur le chemin pour se vider l'esprit et ce depuis trente ans / Photo illustration DDM

Je marche depuis cinq jours sur le chemin de Compostelle. Je vais être sur la route pendant encore un mois.
Je suis parti car j'avais besoin de me retrouver face à moi-même, dans la difficulté. J'avais besoin de quitter mon confort quotidien, c'est une sorte d'échappatoire dans lequel j'ai un but plus ou moins précis. Je ne sais pas ce que je recherche, mais je sais qu'à la fin, je trouverais quelque chose. On ne sait pas trop pourquoi on y va, mais à la fin du parcours je pense que j'aurai compris quelque chose, sur moi, sur la vie, ça m'apportera peut-être une autre vision du quotidien.

J'ai choisi Compostelle un peu par hasard. Je suis tombée sur un article qui parlait du chemin, disant que l'on rencontrait des profils très variés : les religieux, ceux qui partent pour oublier les soucis du quotidien, les fous de la marche… Et c'est vrai que les échanges sont riches. Tous les soirs je retrouve du monde dans les auberges, ce qui donne lieu à des débats, des discussions, sur la religion entre autres mais pas uniquement. Je reprends le chemin seul le lendemain matin et je retrouve ces mêmes gens le soir, dans les refuges.


Le gîte d'Espagnac (Lot) accueille 2 500 pèlerins par an / Photo illustration DDM

Je me découvre une certaine force mentale lorsque je marche. Lorsque je me retrouve seule, je réfléchis beaucoup en avalant les kilomètres. Ces réflexions m'aident à tenir. Quand le physique ne tient plus, il faut que le moral prenne le relais. Pourtant, je fais souvent des randonnées dans les Alpes, avec beaucoup de dénivelés. Je pensais être d'aplomb mais c'était du cardio. Sur les chemins de Saint-Jacques, il faut plutôt de l'endurance.

Je suis parti de Limoges et je devais rejoindre Saint-Jacques. Finalement, pour des raisons professionnelles, je vais m'arrêter à Saint Jean Pied de Port.
Pour le moment, tout ce que je peux dire, c'est que ce chemin m'a appris à me débarrasser des choses futiles, de l'ordre du confort et pas nécessaire. On fait le tri. Je parle du poids du sac, mais pas uniquement…

LE SPORTIF : «La montagne peut être dangereuse»
(Jean Le Corre, 52 ans)


Pyrénées Tour Trail à Piau / Photo illustration DDM

Je fais de la randonnée depuis 30 ans et je me suis mis au trail depuis 10 ans. À force de faire de la randonnée rapide, je me suis mis à aller vite puis à courir.
Je ne fais que des parcours de randonnée alpine : du hors sentier, le type de parcours trail dans lequel on a aussi besoin de ses mains.
Je connais très bien les Pyrénées puisque j'ai parcouru presque tous les parcours allant des Hautes-Pyrénées jusqu'à l'Ariège.

Lorsque je pars, je suis assez vigilant. Je me munis toujours d'une carte, d'une boussole, de la nourriture et de l'eau en quantité suffisante pour tenir une journée, et d'un coupe-vent. La montagne peut être dangereuse alors je prends toujours une trousse à pharmacie, c'est le plus important.
Pour moi le trail, c'est une façon de parcourir la montagne autrement.


4.391 participants au Grand Raid des Pyrénées / Photo illustration DDM, J.-Patrick Lapeyrade

Ça m'apporte le plaisir de l'effort, l'impression de vitesse, de performance. Ça donne confiance en soi. Puis, le fait d'être efficace dans l'effort, d'aller plus vite que les autres me procure c'est vrai, une certaine fierté. Il y a aussi ce sentiment de bien-être, de solitude, l'isolement dû à la prise de risque, lorsque l'on court sur les frêtes par exemple. Et de l'adrénaline lorsqu'il faut escalader.

Contrairement à ce que l'on peut penser, on voit plus de choses car on parcourt plus de kilomètres qu'en randonnée classique, bien que l'on soit en train de courir.
Avec les itinéraires hors sentier je vois énormément d'animaux et je profite beaucoup plus que les simples randonneurs.

Même si je parcours les chemins en courant, je prends le temps de me baigner dans de superbes lacs par exemple.
Au total, j'y vais deux fois par semaine, j'en ai besoin.
Avant d'être un trailer, je suis d'abord un montagnard.

L'OBSERVATEUR : «Je monte, j'observe, j'écoute»
(Geoffrey Grêve, 24 ans)


Tournage au refuge des Oulettes, au pied de l'imposante face nord du Vignemale. / Photo illustration DDM

Je randonne depuis que j'ai 17 ans. Ça a commencé par les sorties familiales où, honnêtement, je trouvais la randonnée très ennuyante. Puis les copains ont pris le relais et ça a commencé à devenir un peu plus attrayant. Au final, c'est devenu une passion.
Ce que j'aime dans la randonnée, c'est l'observation. J'en ai même fait mon métier : naturaliste.

Ces sorties en plein air permettent d'observer des espèces animales que l'on ne peut voir nulle part ailleurs. Puis l'on se retrouve loin de tout, c'est très agréable.
Évidemment, je choisis mes randonnées en fonction de la proximité, mais surtout des espèces que je pourrais observer. Deux fois par mois, c'est un moyen de faire converger mon métier et ma passion.

Au fur et à mesure des différents parcours et en développant mes connaissances, ça m'a encouragé à me dépasser.
La randonnée, outre l'aspect observation, ça pousse au dépassement de soi grâce à l'effort et à la réflexion psychologique que ça engage.


La section randonnée de l'ASPTT Castres a la fierté d'être championne de France de rando challenge 2016/2017 / Photo illustration DDM

Partir une journée en randonnée avec moi implique de partir le matin assez tôt et de faire pleins de petits arrêts pour observer les espèces en chemin, souvent des espèces que je n'étais pas parti pour observer.
Je poursuis un but car souvent, au bout, il y a l'espèce pour laquelle je suis parti, le plus souvent des oiseaux.
Animaux ou non, il y a toujours des choses à observer lorsque l'on randonne.
Pour moi la randonnée, c'est visuel et sonore à la fois, c'est très lié : je monte, j'observe, j'écoute.
Je prends très peu de matériels, mais je n'oublie jamais mon appareil photo.


Publié le 30/09/2017 à 07:46   | La Dépêche du Midi |  

Dr Michel Charrançon :
«Il faut randonner avec des gens de son âge»



La rando marche fort / Photo DDM

«Le mieux est de partir en randonnée avec des personnes de son âge, recommande le Dr Michel Charrançon, cardiologue et président de la ligue Midi-Pyrénées de football. Il ne faut pas mélanger dans le même groupe des septuagénaires et des jeunes de 20 ans ! En revanche, il est important de bouger, à tout âge, et les cardiologues sont unanimes pour affirmer que la sédentarité ne vaut rien pour la santé.»


13e Rando Santé Mutualité ce dimanche 1er octobre 2017 à Castres / Photo DDM

Pour les personnes en bonne santé, donc, la randonnée ne sera que bénéfique, tant du point de vue articulaire que cardiologique.
«Quand on souffre de certaines pathologies, alors, il faut en parler avec son médecin. On pourra faire un bilan avec le pneumologue, celui-ci pourra prescrire une bouffée de ventoline avant l'effort, si on a affaire à de l'asthme. Si la pathologie est plus compliquée, il faut alors se soumettre à une épreuve d'efforts respiratoire.»


Départ de La Mouline à Albi pour célébrer le 30e anniversaire du Comité de randonnée pédestre du Tarn (09.2017)./ Photo DDM, D.C.

Les précautions doivent aussi être prises dans le cas de pathologies cardiaques.
«En cas de problèmes d'hypertension, ou de problèmes vasculaires, le médecin peut vous prescrire un électrocardiogramme, qui peut être complété par une échographie cardiaque. En cas d'hypertension, de présence de stents il faut là aussi réaliser des tests d'efforts pour évaluer la capacité des personnes» avant de donner le feu vert pour la montagne. Car il existe des individus trop fragiles, trop affaiblis, souffrant de graves pathologies coronariennes ou du myocarde, qui doivent impérativement se dispenser de randonnée, parce qu'il y a des risques graves pour eux.
«Une petite promenade, oui, la randonnée, non !» déclare le docteur Charrançon. En sachant qu'une courte balade sera toujours meilleure qu'une sédentarité totale.


Publié le 30/09/2017 à 07:46   | La Dépêche du Midi |  Recueilli par Dominique Delpiroux

5 000 km à pied : «J'en ai bavé comme un âne !»


Jean Lassalle a  effectué un tour de France à pied en 2013 / Photo DDM

Entre avril et décembre 2013, vous avez effectué un tour de France à pied de plus de 5 000 kilomètres pour aller à la rencontre des Français. Dans quelles conditions avez-vous décidé cette aventure ?
J'étais un pionnier de ce type de marche. Il ne s'agissait pas d'une marche comme celle des Chemins de Saint Jacques qui se pratiquent depuis la nuit des temps, mais c'était la démarche d'un berger : les bergers par définition ne sont pas sédentaires. Ils marchent. D'ailleurs mon grand-père qui était lui-même un berger est monté à Paris, moitié à pied, moitié par le train. En ce qui me concerne, il s'agissait d'une marche de sensibilisation. Je sentais que notre pays vivait une crise économique, une crise sociale, mais également une crise humaine. C'était une forme de résistance, un combat face à un système qui n'est pas le nôtre.


Jean Lassalle, le député marcheur arrive à Toulouse (15.10.2013) / Photo DDM

Dans quel état d'esprit êtes-vous parti ?
Je suis parti la peur au ventre ! Je n'avais aucune envie, aucun besoin de marcher. On perd ses repères, ses habitudes. Je n'étais pas spécialement en forme. Cela dit au fur et à mesure que j'ai marché, la forme revenait. À la fin, je parcourais 50 kilomètres par jour ! Je mettais les bouchées doubles. Je marchais le jour, la nuit… J'ai pu rencontrer les gens qui ont compris que cette marche était un acte civique. Je suis même passé, entre 1 heure et 5 heures du matin, dans certaines banlieues. On me disait «N'y va pas, c'est dangereux !» Dans ces banlieues, on m'a parlé du chômage, bien sûr, on m'a surtout dit qu'on ressentait le rejet de notre civilisation. Cela a été une formidable leçon pour moi. J'ai été très bien accueilli.


Jean Lassalle, ici le 9 août sur la route de Corcelles-en-Beaujolais / Photo Libération, AFP

Qu'avez-vous ressenti profondément au cours de cette marche ?
Je n'ai pas fait comme le marcheur de Saint Jacques, qui avance pour se rassurer ou pour se reconstruire : rien de tout cela ! Moi, je voyais notre pays en train de se désagréger et mon but était d'aller à la rencontre des gens. J'ai vécu des moments très beaux, même si j'en ai bavé comme un âne ! J'ai marché des journées entières sous la pluie, et puis l'été est arrivé et j'ai crevé de chaleur. En juillet, je ne marchais plus que l'après-midi et la nuit ! J'ai vécu de très grands bonheurs : les couchers de soleil sur les grandes plaines céréalières, et puis voir enfin la mer : quand on est parti de Dunkerque et qu'on voit la Méditerranée, il n'y a pas de rêve plus fort, c'est une grande joie. Mais vers la fin, lorsque mon action a commencé à être médiatisée, je téléphonais tout le temps en marchant !

Jean Lassalle a raconté son expérience dans A la rencontre des Français (Cherche-Midi). 


Le député Jean Lassalle dans sa commune de Lourdios-Ichère / Photo Rép Pyr Ascension Torrent
 

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégorie

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site