Écouter le brame du cerf en Grésigne
Publié le 24/09/2017 à 07:56 | La Dépêche du Midi | Martine Lecaudey
En quête du cerf sur les lieux du brame
Le cerf brame en renversant la tête, grâce à un muscle de son cou qui double de volume juste avant la période de reproduction. Ce brame a un effet physiologique sur les biches en accélérant leur ovulation./ Photo Agence Colibri
«La chouette ne supporte pas qu'en dessous, un animal sur quatre pattes gueule plus fort qu'elle. Alors elle lui répond. Donc, si vous entendez la chouette hululer, c'est qu'il y a un cerf». 17 heures mardi ; dans la grande salle du gîte de l'Hermitage à Penne, où flotte le drapeau occitan, Alain Massol, docteur es cerfs, accueille les curieux à la découverte du brame dans la forêt de la Grésigne. Déjà sur l'écran, défilent de somptueuses images de cerfs en rut, de combats de bois, de biches aux abois et de chevreuils qui aboient. Enregistrements sonores à l'appui. Assis devant le grand écran, béret vissé sur la tête, Alain Massol, en conteur né, livre les secrets de la forêt dans laquelle il a promis de nous guider plus tard.
Aux commandes, numériques, Laura Vincent, 28 ans, passionnée de nature depuis son enfance grenobloise, assiste le maître. Lequel poursuit, avec moultes anecdotes et descriptions savantes. Quid de «l'andouiller du massacre», partie des bois du cerf qu'il vaut mieux éviter, des différents types de brames, défi, langueur et staccato de «conclusion», ou encore de la biche si stressée qu'elle met bas sans s'arrêter de marcher, au risque de voir son faon dévoré par les sangliers, renards et autres blaireaux. «On perd un tiers des faons par an» grommelle le pâtre occitan.
«Le roi de la forêt aime se pavaner parce qu'il sait qu'il est beau. Et pourtant, lui et ses bois se roulent dans la boue. Et plus il est sale plus il plaît aux biches. Pourquoi ?» lance-t-il avec malice à un auditoire qui piaffe d'aller voir au bois.
Impressionnant de puissance
Dix minutes de voiture plus tard on se retrouve, Massol en tête, sur un petit chemin forestier confortable qui surplombe Vaour. La nuit est en train de tomber. Chaussures de marche, vêtements chauds et si possible sombres, lampe de poche en main (éteinte), on suit notre guide qui nez au vent s'assure que personne n'a forcé sur le parfum. «L'animal nous sent à 400 m si on n'est pas parfumé, sinon, c'est 1 km» prévient Alain Massol avant de fixer la règle incontournable : «on avance doucement et on s'arrête régulièrement pour laisser le cerf s'habituer à l'odeur. Et surtout, silence». Sans un son d'homme, dans la nuit, la forêt bruit soudain de tout son mystère dans le craquement des branches mortes.
Le roi de la forêt n'est pas loin des trois clairières de brame repérées le matin par notre guide. «La rencontre avec le cerf n'arrive pas souvent. C'est impressionnant de puissance» confiait plus tôt Laura.
Encore ces craquements de branches qui enflamment l'imagination. Plus personne ne bouge ; on retient son souffle. Cette fois c'est sûr, il est tout près.
/ Photo Tourisme Tarn
Reproduction du grand gibier sous protection
La gestion de la forêt, dont la régénération par les semis et plants est une phase clé, nécessite un équilibre «forêt-gibier». Le nombre des animaux herbivores doit être compatible avec la présence et la croissance des semis et plants. à la période du brame, en forêt domaniale de Grésigne, l'Office national des forêts pratique une chasse silencieuse qui perturbe très peu les autres animaux et permet leur reproduction. Pour des raisons de sécurité, il est déconseillé de chercher à approcher les animaux dans les zones de chasse (voir les plans consultables aux entrées de cette forêt).
Sources lumineuses interdites
Les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage du Tarn, en lien avec l'Office national des forêts, organisent tous les ans des surveillances de massifs forestiers où le cerf élaphe est présent (forêt de Grésigne et Monts-de-Lacaune). Ces missions permettent d'informer et de sensibiliser le grand public au respect de ce grand gibier. La nuit il est interdit de rechercher les animaux à l'aide d'une source lumineuse (lampe, feux du véhicule…) sous peine d'une amende de 135 € et la possible saisie du matériel. Malgré leur communication et leur présence sur le terrain, les agents relèvent encore des infractions liées à l'éclairage nocturne des cerfs au cœur des forêts tarnaises. Les agents de l'office national de la chasse et de la faune sauvage conseillent aux amateurs de profiter de ce spectacle lors de la pleine lune, pour respecter la réglementation et les animaux sensibles au dérangement.
Pour assurer leur reproduction, les animaux ont besoin de quiétude, sans perturbations extérieures. Un cerf mâle se sert de ses bois pour se battre contre les autres mâles et ensuite féconder la harde de femelles. Mieux vaut garder la bonne distance.
/ Photo Tourisme Tarn
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