Le Parc National des Pyrénées a 50 ans
Publié le 23/03/2017 à 11:16 | La Dépêche du Midi | Andy Barrejot
Le Parc national des Pyrénées a 50 ans aujourd'hui
Jean-Pierre Armary observe les isards. / Photo DDM
Entre ces deux clichés, quelques kilomètres mais surtout un demi-siècle ou presque d’écart. Sur la première photo, Jean-Pierre Armary, garde-moniteur en pleine tournée d’observation des isards, l’emblème du Parc, en vallée de Luz. Depuis le sommet du Montarrouy, en face Pic du Néouvielle, à droite Turon du Néouvielle.
Sur la seconde photo (DDM), changement d’espèce, mais méthode similaire pour Alexandre Garnier cet hiver, qui observe les bouquetins au Pont d’Espagne.
C’est en effet le 23 mars 1967 que le Parc National des Pyrénées voyait le jour par décret. Cinquante ans plus tard, si les hommes ont changé, les missions de préservation de l’environnement persistent, les contraintes qui pèsent sur lui sont toujours plus contemporaines.
Publié le 04/03/2017 à 09:26 | La Dépêche du Midi | Andy Barréjot
À 50 ans, le Parc national des Pyrénées est toujours vert
Laurent Grandsimon, le président du Parc, a présenté les festivités prévues jusqu'en fin d'année pour cet anniversaire./Photo A. B.
Créée en 1967, la structure qui sanctuarise la biodiversité, le patrimoine et les paysages pyrénéens fête ses 50 ans, avec un programme d'animations chargé jusqu'à fin 2017.
Il portait le numéro 67265. Ce décret, promulgué le 23 mars 1967, donnait naissance au Parc national des Pyrénées. «Le seul regret, c'est qu'à l'époque, la zone cœur de Parc n'ait pas été un peu plus vaste. Son étroitesse à certains endroits est dommageable.» Après 50 années d'existence, passionnelle donc parfois troublée mais plus souvent apaisée, le Parc n'a pas bougé. Sur la carte. Car sur le terrain, si ces missions de protection et de sensibilisation à l'environnement et à la biodiversité demeurent, la structure qui accueillera son nouveau directeur, Marc Tisseire, venu de la DDT de l'Aveyron, le 3 avril prochain, compte 72 agents pour un budget de 7 millions d'euros.
«Il y a sur le territoire, un véritable attachement au Parc national, s'est félicité Laurent Grandsimon, son président. Nous allons continuer à améliorer ces relations avec les élus. C'est un outil utile, avec des gens qui s'engagent pour leur territoire. Cet anniversaire, c'est l'occasion de se parler. On a chacun nos petites histoires, nos bons moments. C'est à nous de donner envie à ceux qui ne sont pas dans la démarche de rejoindre les autres.» Le président cible notamment les 21 communes à ne pas avoir encore signé la charte du Parc, dont 5 en Bigorre.
/ Photo FB, Parc National des Pyrénées
Autour d'un logo vert et fédérateur où cohabitent gypaète, papillon, isard (l'emblème de toujours), berger, moutons, jeunes Pyrénéens et une cabane («un logo pas agressif mais intégré dans son environnement»), le président a donc détaillé les festivités qui égayeront ce 50e anniversaire sur ce territoire perché entre Bigorre et Béarn. «C'est le moment pour le Parc de faire le bilan de son action et de travailler en partenariat avec les gens du terrain autour de la découverte de la nature, de la protection de l'environnement comme du patrimoine. L'acceptation est meilleure.» Et pour sceller cette dynamique, le Parc mise d'abord sur deux documents identitaires : un livre réalisé avec le conseil scientifique du Parc et un film qui sera présenté en avant-première au festival Eldorando en juin.
Une attention particulière sera portée à la jeunesse, avec six journées d'animation pour les scolaires, du CP à la terminale. «Quelque chose de plus formel que nos relations habituelles pour communiquer sur nos valeurs au cœur des vallées, expliquer comment les gardes et les agents travaillent sur le développement durable, précise Marie Hervieu. Le tout avec une approche pédagogique mais aussi artistique et sensorielle.» Deux chantiers d'insertion seront menés sur le territoire, et notamment un à Estaing, avec la remise en état d'un quartier de cabanes destinées aux bergers. Animations pour les personnes en situation de handicap, apéros du 50e anniversaire, sont aussi prévus pour l'automne.
/ Photo FB, Parc National des Pyrénées
Auparavant, l'événement majeur aura conduit les marcheurs à sillonner le Parc d'ouest en est, d'Etsaut à Saint-Lary, du 19 au 25 août. «À chaque étape, il y aura des rencontres et des discussions dans les refuges du Parc. Les agents du Parc réaliseront cette marche, mais ne l'encadreront pas. Toutefois, le public peut s'y joindre, soit pour la randonnée, soit le soir, avec des parcours depuis le fond de vallée proposés par les guides labellisés «Esprit Parc national».»
Le 25 août, un banquet marquera la fin de cette traversée en vallée d'Aure. «Saint-Lary fut parmi les premières à signer la charte, à accueillir des vélos et voitures électriques, nous avons de très bonnes relations avec cette ville, conclut Laurent Grandsimon. Cet anniversaire va mobiliser beaucoup de personnel. Mais c'est aussi faire connaître 50 ans d'histoire, jusqu'à la réintroduction des bouquetins et partager la fierté d'appartenir et d'intervenir sur ce territoire.»
Publié le 27/01/2011 à 12:49 | La Dépêche du Midi | Thierry Jouve
Parc national des Pyrénées : à la découverte d'un écosystème fragile
Le Néouvielle est un formidable terrain de pratique pour le ski de randonnée, mais il y a des règles à respecter./photo DDM Thierry Jouve
La pratique de la raquette et du ski de randonnée dans la réserve du Néouvielle exige de respecter certaines règles de conduite afin de préserver la faune. Reportage.
Le jour se lève. Dans des halos rouges, émerge la silhouette plate du Néouvielle (3 091 m) - le seigneur des lieux - coiffé de neige. Le soleil éclaire peu à peu le lac d'Aubert, pris dans la glace. Le cœur de la Réserve naturelle du Néouvielle est recouvert d'un léger manteau blanc. Le faible enneigement et les températures douces - ce mardi 18 janvier - sont dignes du printemps. Ces conditions facilitent la subsistance de la faune qui peut se nourrir plus aisément. Surtout, les animaux puisent moins dans leurs réserves pour résister à des conditions climatiques rudes. L'hiver, le mercure peut descendre jusqu'à moins vingt degrés.
Laquette d'Orédon, dominée par le massif du Néouvielle / Photo DDM, Arthur Compin
« Beaucoup d'animaux meurent. Même les plus forts perdent plus du tiers de leur poids en hiver », indique Didier Moreilhon, garde du Parc national des Pyrénées.
Affaiblis, les chances de survie des animaux sont encore amoindries s'ils sont sans cesse dérangés, car ils dépensent de l'énergie pour s'enfuir. L'hiver, l'accès à la Réserve naturelle du Néouvielle s'effectue en raquettes ou en ski de randonnée. Pas question d'interdire cet espace de liberté. C'est d'ailleurs impossible. En revanche, il y a des règles à observer. Tout d'abord, respecter la signalétique en place - elle va bientôt être enrichie-, rester sur les sentiers, les itinéraires hivernaux et les sillonner en silence.
Les gardes du PNP ont encadré les professionnels de la montagne dans la réserve du Néouvielle. / Photo DDM, Th.J.
Ne pas suivre les traces
« Respecter ce milieu, c'est prendre le temps d'écouter, de regarder. Il y a des zones à éviter. Il ne faut pas, par exemple, suivre l'empreinte d'un grand tétras. La trace d'un skieur conduira directement le renard ou la martre jusqu'à son site. Ce qui tue une espèce, ce n'est pas le passage de dix skieurs, une fois, mais si un skieur dérange l'espèce tous les jours », explique Didier Moreilhon.
Il convient donc de ne pas chercher à s'approcher toujours plus près. De toute façon, le plus souvent, on n'a même pas le temps de voir un grand tétras ou un lagopède quand il s'envole. En revanche, on peut apprendre à identifier les traces et indices des animaux, et avec de la patience, tomber sur un écureuil, un isard ou un chevreuil qui traverse le chemin. L'utilisation de jumelles ou de longues vues permet aussi l'observation à distance de la faune.
Les chiens sont interdits dans la réserve car ils peuvent perturber la reproduction. Il ne faut pas hésiter à recourir au service des guides et accompagnateurs, pour faire son apprentissage de la montagne hivernale. « Tout le monde doit profiter de ce milieu, dans le partage et le respect », conclut Didier Moreilhon.
Curée de vautours fauves sur une carcasse ./ Photo DDM,José Navarro.
Les animaux changent leur alimentation
L'hiver, les animaux changent de stratégie alimentaire. L'aigle devient charognard et la mésange insectivore en été, se contentera de baies et de graines. Reptiles, poissons ou amphibiens passent l'hiver en léthargie, enfouis sous la terre ou la vase. Le lagopède creuse des igloos dans la neige pour gagner jusqu'à 20° par rapport à la température extérieure. Les campagnols circulent dans des tunnels entre le sol et la neige. Grâce à l'hibernation, marmotte chauve-souris, loir, hérisson divisent par vingt leurs besoins.
La phrase :
« Ce qui tue l'espèce, ce n'est pas le passage de dix skieurs, une fois, mais si un skieur dérange l'espèce tous les jours » Didier Moreilhon, garde au Parc national des Pyrénées
Le chiffre : 3 091 mètres > L'altitude du Néouvielle. Le sommet éponyme de la réserve naturelle accessible en ski de randonnée : 980 m de dénivelé depuis le refuge et le lac d'Aubert.
Didier Moreilhon : « la protéger et la respecter… »
D. Moreilhon devant la table d'orientation du lac d'Aubert./ Photo DDM T.J.
Garde moniteur au Parc national des Pyrénées, maire de Camparan, paysan, loueur de gîtes, Didier Moreilhon porte plusieurs casquettes qu'il ne replie pas en fonction du vent. « Je prends toutes les étiquettes. Le plus dur pour moi, c'est de trouver le juste milieu, l'équilibre. » Une posture nuancée, pas évidente dans un monde où il faut être dans un camp, surtout dans des situations de tension, comme cela est parfois le cas entre les éleveurs opposés à l'ours et les gardes du parc qui viennent constater les prédations.
« Après la guerre, mon grand-père était bien content de travailler au barrage de Cap-de-long. Moi, je veux rester paysan, car c'est ce qui m'a fait vivre. J'ai aussi travaillé une dizaine d'années à la station de Saint-Lary. Pas question pour moi de cracher dans la soupe. Garde-moniteur au Parc, je ne suis pas un écolo pur et dur ».
Didier Moreilhon a une connaissance de tous les milieux : tourisme, pastoralisme, protection de l'environnement, gestion de la vie locale. « J'essaie toujours de penser à l'autre, de trouver un compromis. Je ne supporte pas les extrêmes ». Didier Moreilhon, c'est un peu une synthèse harmonieuse d'un enfant de la vallée d'Aure, soucieux de son développement et de la préservation de son patrimoine naturel.
Le barrage de Cap de Long au pied du Néouvielle / Photo DDM
Au quotidien, il arpente sommets et forêts. Au fil des saisons, il effectue le suivi naturaliste des espèces de la réserve naturelle du Néouvielle. Il ne conçoit pas la vallée d'Aure sans la biodiversité. « Le fictif n'attire personne. Les gens, tu ne leur vends que la réalité. Si un jour, un visiteur vous demande où se trouve un grand tétras et qu'on lui répond qu'il n'y en a plus, cela ne va pas. Un maillon économique et écologique du patrimoine disparaît ».
Didier Moreilhon mène une vie de partage. « La vie nous permet de profiter de la nature, mais c'est la nature qui nous a donné la chance de pouvoir la parcourir. Depuis mon tout jeune âge, le pastoralisme et l'économie de la vallée m'ont nourri et permis de pratiquer le plus beau métier au monde ».
Et d'ajouter, avec le sourire : « Bien avant celui de Nicolas Hulot. Aujourd'hui, je veux lui rendre ce qu'elle ma toujours donné. Pour moi la montagne est un joyau qu'il faut protéger et respecter, mais aussi savoir partager ». C'est ce qu'il fait au quotidien. Il encadre des formations sur le dérangement hivernal et estival des espèces. Il travaille sur une signalétique et une information adaptée au terrain. Il suit les aménagements de sentiers, les rénovations de cabanes.
« Limiter l'impact »
Éric Sourp, chef du service scientifique du Parc national des Pyrénées
Le refuge de la Glère est un merveilleux belvédère sur le massif granitique du Néouvielle./ Photo DDM
Qu'est-ce qui fait la richesse de la Réserve du Néouvielle ?
C'est une des plus anciennes de France. Des scientifiques toulousains, sur l'initiative de l'un des leurs, M. Chouard, ont loué les terrains dès 1 935 à la commune de Vielle-Aure. La réserve a été créée en 1968 et la gestion en a été confiée au Parc national fondé un an avant. Elle présente un patrimoine écologique extraordinaire avec une grande amplitude attitudinale (de 1 800 m à 3 100 m). On y trouve, les forêts (de pins à crochets) les plus hautes d'Europe, un complexe de tourbières et de lacs parmi les plus beaux des Pyrénées et de nombreuses espèces endémiques (grand tétras, desman, lagopède, etc.).
Comment développer le site et le protéger ?
Les enjeux sont multiples : assurer la conservation de ce patrimoine et son suivi, aller vers un aménagement durable du territoire. C'est un site important de fréquentation touristique. Afin d'en limiter l'impact, une navette a été mise en place l'été. Les véhicules stationnent à Orédon. Une politique d'accueil du public a été mise en place. Elle repose sur la pédagogie.
Daniel Verdot, berger sur les rives du lac d'Aumar / Photo DDM, M.L.
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