Pyrénées : Les 50 ans d'Ascou-Pailhères

21/2/2016

Publié le 05/02/2016 à 07:37  | La Dépêche du Midi |  Denis Slagmulder

Création d'Ascou-Pailhères : les souvenirs d'un pionnier


André Audoye est âgé de 84 ans. En compagnie de son épouse Marie-Jeanne, du maire d'Ascou Claude Carrière et de l'actuel directeur Éric Laurent (debout, de droite à gauche), il se souvient encore très bien de la création de la station d'Ascou-Pailhères, voilà cinquante ans. / Photo DDM, D. S.

La station d'Ascou-Pailhères a été inaugurée en février 1966. André Audoye en fut un des premiers employés. Cinquante ans après, il raconte son métier de perchman et n'a pas oublié grand-chose de cette époque. Rencontre.

Jour de fête, ce dimanche [5 février 2016], à la station d'Ascou-Pailhères qui va célébrer son cinquantième anniversaire. «L'inauguration a eu lieu en février 1966. Mais les travaux des bâtiments, du parking et des consignes en ski ont démarré à l'automne 1965. Et c'est en décembre que les deux premiers téléskis, Fontneuve et Régalecia, ont été installés».



André Audoye, 84 ans, se souvient bien de cette période. Il fut l'un des premiers employés de la station. «C'est M. Vigne, qui possédait une scierie à Garanou, qui a eu l'idée de la créer. Et comme à l'époque il y avait de la neige, et qu'Ascou a été créée juste en dessous du col de Pailhères, il fallait ouvrir la route jusque là-haut», raconte-t-il.

À l'époque, avec son épouse Marie-Jeanne, André était agriculteur. «J'avais une cinquantaine de brebis. Comme j'étais du coin, M. Vigne m'a demandé de venir à la station comme perchman. C'était vraiment une autre époque», rigole-t-il. Ainsi, tout en tendant les perches aux skieurs, il leur vendait les forfaits… et des bières ! «Il fallait poinçonner les cartes à chaque passage. Et les téléskis n'étaient pas électriques comme aujourd'hui, mais fonctionnaient avec un moteur thermique qui tournait au gasoil.»


Le village d'Ascou / CP Iris

Côté sécurité, également, les conditions de l'époque n'avaient pas grand-chose à voir avec celles d'aujourd'hui. «Aujourd'hui, on irait en prison pour des choses comme ça», glisse en souriant Claude Carrière, le maire d'Ascou.

À côté, André Audoye sourit : «Quand il fallait réparer une remontée mécanique — ça ne s'arrêtait pas, on savait au bruit quand il y avait un problème — on grimpait aux poteaux sur lesquels il n'y avait pas d'échelle. À la place, il y avait des petites barres plantées dedans et c'est avec ça qu'on montait avec nos chaussures de ski qui n'avaient rien à voir avec celles d'aujourd'hui».




Le damage se faisait en remontant skis aux pieds
Quant aux moyens de communication entre membres du personnel… «On prenait nos skis, on descendait prévenir les collègues et on remontait tous ensemble. Et quand il fallait, on prenait les deux gendarmes d'Ax-les-Thermes qui faisaient les secouristes», se souvient l'octogénaire qui n'oublie pas de rappeler qu'à l'époque, Ascou ne possédait pas de dameuses sur les pistes : «On damait les pistes en les remontant, skis aux pieds et en espaliers. Et pour la descente, on faisait une trace. Après, ça s'éparpillait à force que les skieurs passent…»

André Audoye possède des anecdotes à la pelle sur les premières années de la station d'Ascou-Pailhères. «J'y ai travaillé de 1966 à 1979. D'abord comme perchman et pisteur. Ensuite, avec mon épouse, nous nous sommes occupés du caravaneige pendant six ans. J'ai arrêté quand je suis entré à la mairie», détaille-t-il.



«La salopette, gelée, tenait debout toute seule»
Il garde également en mémoire des événements douloureux, comme l'avalanche de 1974 qui avait coûté la vie à des hommes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Savignac-les-Ormeaux. «Je n'ai jamais compris comment cela a pu se produire. Parce qu'on y allait tous les ans. On mettait dans la neige des bidons de 200 litres remplis de dynamite… et on n'a jamais rien pu décrocher», assure-t-il.

André Audoye se souvient également des hivers «terribles». «Une fois, il est revenu avec du gel dans la moustache. Et il a fallu que je dégèle la fermeture de son blouson avec une chandelle», raconte Marie-Jeanne. «C'est vrai que parfois, avec les collègues, quand on allait au restaurant, on retirait notre salopette et elle était tellement gelée qu'elle tenait debout toute seule ! Parce que là-haut, il y avait des moments où entre la neige, le vent et le froid, c'était vraiment l'hiver», renchérit son époux.

Ce qui explique qu'à l'inverse de bon nombre de stations de ski, Ascou-Pailhères s'est développée en descendant dans la vallée…


Panorama de la station d'Ascou-Pailhères de nos jours / Photo FB Ascou

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