Tarn : Saint-Christophe, le temps s'est arrêté dans l'épicerie Bosc

24/8/2015



Publié le 23/08/2015 à 09:15  | La Dépêche du Midi |   E.-J.C.

Le temps s'est arrêté dans l'épicerie Bosc

Josette, dite «Zazy», derrière le comptoir de l'ancienne épicerie familiale de Saint-Christophe./ DDM, E.-J. C.

Le temps a suspendu son vol dans ce qui fut autrefois un lieu de vie fréquenté du village de Saint-Christophe, dans le nord du Tarn : l'épicerie Bosc, appelée «La Rouge» (1), ce qui ne laissait aucun doute sur les convictions politiques du propriétaire.

Josette Maurel nous a exceptionnellement ouvert les portes de l'épicerie fondée par ses arrière-grands-parents Jean-Baptiste Bosc et Rose-Marie, née Marty, originaires de Saint-André de Najac, dans l'Aveyron (2).

Tout est pratiquement resté en l'état du jour de la fermeture intervenue au cours de l'année 1967 ; l'ardoise qui affichait les prix pratiqués est restée accrochée à son clou, la balance occupe la même place, sur les murs figurent les publicités bien connues «Bouillon Kub», «Y a bon Banania», «Poudre Chantecler» sans oublier celle de La Dépêche du Midi.



Ce retour sur un passé vieux de 50 ans fait renaître bien des souvenirs à Josette, dite «Zazy», qui occupe les autres pièces de la maison. «Mes grands-parents Elie et Félicité Maria dite Lina ont tenu toute leur vie cette épicerie tabacs qui faisait également office de dépôt de journaux, de quincaillerie, de mercerie, de téléphone public mais aussi de café et à l'occasion de restaurant. Mon grand-père exerçait des métiers annexes comme coiffeur, joueur d'accordéon ; il tissait aussi du drap et torréfiait le café sur la place, embaumant tout le village. 

Tous les mois de septembre de mon enfance j'ai vécu dans un village très actif. Tous les dimanches matins, les hommes s'installaient au café situé au-dessus de l'épicerie, une salle avec 7 ou 8 grandes tables où ils jouaient à la manille pendant que les femmes se rendaient à la messe avant de venir faire les courses à l'épicerie qui ne désemplissait pas. Ils restaient là toute la journée ; sur le coup de midi, on leur montait le repas et après ils reprenaient leur partie de cartes dans une atmosphère bruyante et enfumée».



Réunion avec Jean Jaurès
«Zazy» se souvient d'un autre événement raconté par ses grands-parents mais aussi par son père qui avait 8 ans à l'époque : «Au début du printemps 1914, Jean Jaurès était en campagne pour les élections législatives et il était venu à Saint-Christophe. La réunion se tenait au premier étage, dans le café bondé de monde. Jaurès était debout sur une table et en bras de chemise. Au fil de son discours, il transpirait tellement que la chemise lui collait à la peau. Ce que voyant, ma grand-mère Lina alla en chercher une et l'invita à en changer, ce que fit Monsur Jaurès comme disaient les gens du pays».

La dynamique association Les Rencontres de Saint-Christophe, très attachée au patrimoine local, aimerait que ce témoignage du passé dans toute son authenticité soit préservé, celui d'une époque où la sociabilité et les relations de bon voisinage étaient des biens précieux.



(1) Il y en avait une autre surnommée « La blanche ».
(2) Leur fils Elie Bosc et son épouse Lina née Boubis ont tenu l'épicerie jusqu'en 1967 ; ils sont respectivement décédés le 19 février 1971 et le 23 février 1968. Leurs enfants Maurice, le père de «Zazy», et Jeannette deviendront instituteurs. «Zazy» est professeur retraitée d'anglais.


 
 

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