Albi : Comment doper l'effet Unesco ?

25/1/2015

  Albi : Comment doper l'effet Unesco ?  



Publié le 22/01/2015 à 08:05

Pour doper l'effet Unesco, que manque-t-il à la ville ?

Tourisme - Albi : États généraux de l'Albigeois


Les touristes visitent toujours Albi avec plaisir. / Photo DDM, Jean-Marie Lamboley

Plus de quatre ans après l'inscription de la cité épiscopale d'Albi au patrimoine mondial de l'Unesco (31 juillet 2010), la ville poursuit ses rencontres annuelles pour nourrir développement et dynamique à la hauteur du label mondial de la ville. «Ouverture de l'Albigeois à l'international, attractivité et enjeux locaux, étaient au centre des rencontres ouvertes, lundi et mardi dernier, avec les acteurs locaux du tourisme, de la culture des sports ou encore des loisirs.

Encore du travail
Le fruit de ces débats, présenté ce soir à 20 h 30 au théâtre des Cordeliers, devra permettre à la ville de poursuivre ses efforts d'attractivité pour être à la hauteur des attentes de touristes venus du monde entier

Pour nombre d'acteurs économiques et touristiques du grand Albigeois, le classement Unesco a eu un effet immédiat et positif avec des retombées sur leurs activités. Quel impact réel a eu cette reconnaissance mondiale et que manque-t-il encore à Albi pour satisfaire et enrichir cette nouvelle attractivité ? Ce sont les questions que nous avons posées à quelques acteurs économiques témoins pour qui il reste du chemin à faire.

1. On va ouvrir 7 jours sur 7


Entouré d'une maille métallique, le Grand théâtre d'Albi abrite deux salles de spectacles 900 et 250 places. Un belvédère est accessible gratuitement à 16 mètres de hauteur./ Photo DDM JM Lamboley

«Le classement à l'Unesco n'est pas la seule raison qui nous a décidés à créer ce lieu.
La proximité des Cordeliers a beaucoup compté, en particulier pour l'hôtel qui vivra grâce au tourisme et au tourisme d'affaires. C'est vrai que sans ce classement, nous n'aurions pas eu la même idée. Forcément, il rend la ville beaucoup plus attractive.

Je suis persuadée qu'il faut encore développer le tourisme d'affaires. Les entreprises extérieures viennent faire découvrir la ville. On a l'infrastructure, maintenant il faut pousser la ville à cette nouvelle dimension. Il ne faut pas que dire ; il faut faire, mais je pense que beaucoup de choses sont en train de se faire dans le bon sens.
Combien de fois les gens nous ont dit quel dommage que vous soyez fermés le dimanche et le lundi.
A partir du 2 février, on va ouvrir 7 jours sur 7. C'est une évidence et nous avons le personnel pour ça. N'ouvrir que l'hôtel et pas la brasserie 7 jours sur 7 ne serait pas cohérent.
Il faudrait pouvoir rendre cette ville encore plus attractive.»

2. Améliorer les moyens de communication

Gérard Bernhard, à l'Ecole des mines / Photo DDM Marie-Pierre Volle

Gérard Bernhart est enseignant à l'Ecole des mines d'Albi-Carmaux et responsable du nouveau mastère Ampas, en langue anglaise et destiné à des étudiants étrangers. Cette nouvelle filière accueille des ingénieurs du mond e entier de l'Inde à l'Argentine. «Albi n'est pas une grande métropole, c'est donc une bonne chose d'avoir l'Unesco comme argument. C'est un label qu'on met en avant dans nos plaquettes» indique l'enseignant qui vit à Toulouse mais travaille dans la ville-préfecture tarnaise. «Avant de choisir de venir ici, les étudiants regardent d'abord l'intitulé de la formation» indique Gérard Bernhart. Mais ils regardent aussi les partenariats de l'Emac (avec l'Institut supérieur de l'aéronautique notamment) et enfin «la qualité de vie et la localisation».

Y a-t-il des choses à améliorer ? L'enseignant répond d'emblée : les moyens de communication. «J'ai pas mal de collègues qui viennent en train de Toulouse. Les retards sont fréquents, ce n'est pas évident.» Autre souci : «Certains jours, il y a peu de restaurants ouverts. Le midi, beaucoup de commerces sont fermés.» Mais le prof toulousain le reconnaît : «Albi est une ville agréable et les étudiants étrangers sont très bien accueillis.»

3. Mutualiser nos moyens


Thierry Lafond, le directeur de l'hôtel Mercure. / Photo DDM

Thierry Lafond est le patron du Mercure. «L'inscription à l'Unesco n'a rien changé à l'hôtel Mercure mais elle a permis d'améliorer, pendant 2 ans, le taux d'occupation qui était bas dans tous les établissements.
ça a mis du baume au cœur avec du 63/64 % de taux d'occupation en 2011 et 2012. Et puis, ça redescend lentement.

Par rapport à 2011, on a perdu 8 points ! La faute à la crise, aux actions de communication qui ne sont pas suivies d'effets? Il faut continuer à parler de nous à l'extérieur, il manque un plan marketing de communication qui doit être plus mythologique. Il faut mutualiser nos moyens pour aller encore plus loin».

4. Pas une station balnéaire

Terrasses boudées par mauvais temps / Photo DDM, J.M. L.

«On s'est installé à Albi il y a cinq ans. On a trouvé une maison avec jardin en centre-ville. Ce n'était pas lié au classement à l'Unesco mais c'est ce qui m'a fait prendre la décision d'ouvrir des chambres d'hôtes. L'émission de télévision «Des racines et des ailes» qui a suivi a beaucoup fait connaître Albi. Il y a des gens qui viennent du monde entier et qui maintenant font le détour par Albi

Les gens viennent ici parce qu'ils cherchent une ville du sud, un peu comme en Espagne, et ici, le soir, c'est un peu tristounet. L'été, la ville a fait pas mal d'efforts, mais nous ne sommes pas une station balnéaire. Les commerces ferment à 19 heures et en septembre, le soir, c'est un peu triste. Les gens qui choisissent Albi, la cité épiscopale, le côté homogène des rues piétonnes, c'est très bien et la ville a bien été valorisée avec les Cordeliers, mais les touristes s'attendent à plus».

5. Il faut secouer le cocotier

Arthur Pais, PDG de Mécanuméric, heureux en son usine de découpe à Albipôle./ Photo DDM, R.R

Arthur Païs, PDG de Mécanuméric : «Qu'est-ce que l'Unesco a changé pour mon activité ? Directement, rien ! ça aurait dû, mais rien. Moi, ils m'énervent, il faut secouer le cocotier maintenant et bien se mettre dans la tête que le classement n'est pas pour les Albigeois mais pour les visiteurs du monde entier. J'ai beaucoup de clients de Chine, du Japon, des USA, du Canada. L'an dernier, nous étions 30. On a voulu visiter le musée en fin d'après-midi, on nous a dit que ce n'était pas possible. On a voulu faire un tour de gabarre sur le Tarn, en juin, impossible, le capitaine n'était pas disponible. Avec les restos fermés le dimanche et le lundi, une ville morte dès 19 heures, le manque d'hôtel de classe internationale, mes clients restent à Toulouse. Et ils dépensent leur argent ailleurs».


L'été, découverte d'Albi en gabarre / Photo DDM


«Place(s) aux artistes» sur la place Saint-Salvi, en août 2014 / Photo DDM


 
Publié le 23/01/2015 à 08:14  | La Dépêche du Midi |  Alain-Marc Delbouys

Les États généraux de l'Unesco font toujours recette

Michel Franques, premier adjoint au maire, Yves Gomez président des clubs Unesco et Stéphanie Guiraud-Chaumeil, maire d'Albi, lors des États généraux pour l'Unesco hier soir au Grand théâtre. Photo Émilie Cayre

«Moi, comme on dit par chez nous, ça m'espante !», s'est exclamé le député Philippe Folliot, «ambassadeur non officiel» d'Albi. Hier soir lors de la 4e édition, les États généraux locaux ont encore réussi à remplir la salle haute du Grand théâtre. Près de cinq ans après cet «événement fondateur», que fut le 31 juillet 2010 l'inscription d'Albi au patrimoine mondial de l'Unesco, c'est la preuve de l'intérêt réitéré des différents acteurs albigeois pour ce classement. Si pour d'autres, c'est un peu retombé et devenu banal, Stéphanie Guiraud-Chaumeil en tant que maire a listé tout ce que l'Unesco a déjà apporté : «La restauration du couronnement de Sainte-Cécile, qui a fait emballer la cathédrale façon Christo, en période de rigueur budgétaire, l'État n'y aurait peut-être pas consenti si le monument n'avait pas acquis une valeur universelle. 

De même sans ce label, le World monument fund n'aurait pas débloqué un million d'euros pour rendre ses couleurs au Grand chœur... Le Tour de France du centenaire, qui n'allait que dans des villes emblématiques, n'aurait pas choisi Albi. Dominique Miraille n'aurait pas créé son musée de la mode et Annie Jaurès son Académie des miniatures.» Et ainsi de suite.


Coup d'envoi des travaux du chœur de la cathédrale (avril 2014) /Photo DDM archives, Jean-Marie Lamboley.

«Appropriation citoyenne»
Cela dit et c'était le but de ces nouveaux États généraux, il ne faut pas s'endormir sur ses lauriers et son million de touristes de 42 nationalités, mais continuer à phosphorer et à agir. «Nous vivons dans un monde globalisé, qui est aussi une société du zapping. Les touristes — pardon, les visiteurs —, sont versatiles. Il va falloir les séduire», avertit Xavier Gollain, président du club Marketing territorial. De la démarche des États généraux étaient nés les Ambassadeurs d'Albi, plus de 620 aujourd'hui. «Une appropriation citoyenne magnifique», qui soulève en tant qu'observateur l'enthousiasme d'Yves Gomez, président des clubs Unesco et un des invités de la soirée. 

Ces clubs — un vient de naître au lycée Rascol — ont pour but de porter les valeurs de paix et d'humanisme de l'Unesco. Et, faisant un lien avec la barbarie qui s'est exprimée à Paris, Yves Gomez a noté que «le patrimoine, ce n'est pas que la conservation passéiste de vieilles pierres. Ce n'est pas que mercantile mais culturel. C'est aussi une façon de structurer une identité universelle .» Ce nouvel «Albigeois de cœur», qui projette de tenir à Albi en 2016 l'assemblée générale des territoires pour l'Unesco, en est persuadé : «Sur tout cela, Toulouse-Lautrec aurait eu beaucoup à dire.»

Dominique Miraille présente chaque année une exposition différente au Musée de la mode. / Photo DDM

Lien vers les articles de La Dépêche du Midi :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/22/2033951-doper-effet-unesco-manque-ville.html
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/23/2034652-les-etats-generaux-de-l-unesco-font-toujours-recette.html



Sur le belvédère du Grand théâtre./Photo DDM, Jean-Marie Lamboley.

 

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