Intempéries Grand Sud (27-30 nov 2014) -4-
Intempéries Grand Sud (27-30 nov 2014) -4-
Publié le 02/12/2014 à 08:56 | La Dépêche du Midi |
Les pluies ont fait de gros dégâts sur les monts de Lacaune
Pont de Narulle : il gardera le dessus sur Grelle et Viau. / Photo DDM
Durant dix heures, ce sont des averses orageuses d'une rare intensité qui se sont abattus dès le vendredi 28 novembre à 3 heures du matin sur une partie des Monts de Lacaune. Après une accalmie de trois heures, sans doute salvatrice, en début d'après-midi, les averses ont repris, soutenues, jusqu'au dimanche 30 à midi. Les chiffres de Météo Tarn concluent à un cumul de 15 centimètres environ durant cette période, soit plus d'un dixième des précipitations annuelles. Avec des disparités importantes à quelques kilomètres d'intervalle : pour vendredi Murat-Montégut (60 millimètres) et Lacaune (45 mm) ont été nettement plus arrosés que Murat-Fraîsse (16 mm), tandis que pour la journée de samedi, le cumul, plus important, était relativement homogène : 85 mm à Montegut, 66 mm à Fraïsse et 60 mm à Lacaune.
Prairies inondées dans les Monts de Lacaune / Photo FB Photos des Monts de Lacaune
Les salaisons de la Trivalle à nouveau inondées
Durant cet épisode, des routes ont dû être coupées, tout en gardant un accès à chaque hameau. Les voiries communales ont souffert. En particulier sur les routes à forte déclivité, ravinées par les flots, car fossés et buses ne parvenaient pas toujours à absorber l'intensité des précipitations. Au soir du vendredi 28, journée orageuse sur Lacaune et Moulin-Mage, les pompiers de Murat étaient intervenus à deux reprises pour des opérations courantes. Sachant que la Trivalle, aux portes de Lacaune, est couvert par leurs collègues lacaunais.
Le Grelle, ruisseau anodin en temps ordinaire, a encore fait des siennes, juste avant de traverser la D622, soit un kilomètre avant Narulle et sa jonction au Viau. Comme le 17 septembre dernier, les salaisons Saint-Georges, principal employeur de la commune de Moulin-Mage, ont été inondées. Saint-Georges, c'est l'ancienne charcuterie Granier qui, après avoir été le quotidien de trois générations, placée en liquidation, a été reprise en juin 2011 par Hervé Tristant, charcutier de métier. Outre les dégâts matériels, si l'on ne peut parler de drame en regard des dévastations sur certaines régions voisines, devant ces coups du sort répétés, le préjudice humain est important. Car pour le chef d'entreprise, au moins à chaud, le découragement prend le pas sur la ténacité.
Publié le 02/12/2014 à 09:12 | La Dépêche du Midi | M.F.
Saint-Juéry (81) : On a nettoyé aux Avalats
On a nettoyé aux Avalats / Photo DDM
Le Tarn a débordé dans la nuit du 29 au 30 novembre et cette forte crue a touché le quartier des Avalats à Saint-Juéry. Après un week-end agité, la situation est doucement rentrée dans l'ordre. Voici les propos du maire Jean-Paul Raynaud : «Merci aux pompiers, employés municipaux, à la Croix Rouge et à tous les habitants et bénévoles, qui ont œuvré tout le week-end pour évacuer les maisons touchées et nettoyer la boue qui a envahi les Avalats. Grâce à cet élan de solidarité, les dégâts ont pu être restreints et aucun blessé n'est à déplorer».
Dès le vendredi après-midi, avant la crue dont le pic a été atteint dans la nuit, pompiers et services techniques municipaux étaient à pied d'œuvre pour évacuer l'électroménager et surélever les meubles dans les habitations menacées. Ainsi, les traces de la crue ont été limitées. Samedi et dimanche, l'eau a progressivement laissé la place à une épaisse couche de boue. La mobilisation est restée forte pour nettoyer les berges, les rues et les habitations. Devant certaines maisons sont apparus des amoncellements d'affaires endommagées par l'eau, qui ont été emmenées par bennes à la déchetterie. La mairie a servi des repas chauds aux habitants et aux équipes samedi midi et soir et dimanche midi, bien au sec dans l'ancienne école des Avalats. Les équipes municipales étaient encore au travail en ce début de semaine pour effacer les traces de cette crue spectaculaire, la plus forte depuis 2003.
Publié le 03/12/2014 à 07:34 | La Dépêche du Midi |
Ambialet panse ses plaies après la crue
Une vingtaine d'habitations ont été inondées sur la commune d'Ambialet./ Photo DDM, J.-P Lefloch
Jean-Pierre Le Floch, maire d'Ambialet, fait le point sur l'état de sa commune après les intempéries du week-end dernier. L'occasion de rendre hommage au travail sans relâche des pompiers du Tarn et de remercier tous les citoyens qui ont apporté leur aide aux sinistrés.
«Suite à la crue des 28 et 29 novembre une vingtaine d'habitations ont été inondées sur notre commune, notamment à La Condomine, la Ville Basse, Bonneval et Blazou. Au plus fort de la montée du Tarn, le samedi vers 5 heures du matin, ce sont 2 700 m3 à la seconde qui ont traversé Ambialet, soit l'équivalent d'une piscine olympique chaque seconde !
Le maire tient à remercier les nombreuses personnes qui se sont manifestées pour venir en aide aux sinistrés de la commune pour leur réactivité et leur efficacité. Remerciements aux pompiers venus des centres de secours d'Alban, Valence d'Albi, Carmaux et même Murat qui ont œuvré pendant deux jours entiers, à la communauté de brigade de gendarmerie de Villefranche, aux Américains du Prieuré (élèves et encadrants), aux agriculteurs ambialétois venus avec leur matériel, aux employés communaux Thierry et Sandrine, aux nombreux habitants de la commune (et des environs) et à l'ensemble du conseil municipal qui a prévenu l'ensemble des habitants et organisé la logistique pour le nettoiement (certains ont même hébergé une famille) Toutes et tous ont apporté leur aide pour que les sinistrés et notre village puissent rapidement retrouver une vie normale.
Le maire a demandé à la préfecture la reconnaissance pour la commune de l'état de catastrophe naturelle, de manière à accélérer et faciliter le règlement des dossiers avec les assurances. Nous demandons à toutes les personnes sinistrées de contacter sans tarder leur assureur et de conserver des éléments de preuve de leur sinistre (photos, factures…) afin d'être indemnisés au mieux.»
Publié le 03/12/2014 à 07:50 | La Dépêche du Midi |
Le quai de Gaillac inondé à l'heure du nettoyage
Nettoyage du quai de Gaillac / Photo DDM
L'heure est au nettoyage au quai Saint-Jacques. À peine la décrue amorcée, et alors que la boue recouvrait la rue et les rez-de-chaussée (non habitables), les pompiers du centre de secours avec leurs lances d'arrosage, les services techniques de la ville et les habitants du quartier avec leurs pelles ont uni leurs efforts pour rendre au quai son aspect habituel. Beaucoup de travail, mais dans une ambiance amicale et une reconnaissance des riverains envers les professionnels qui s'exprimait par une poignée de main, une tasse de café et beaucoup de gratitude. «Tous sont intervenus très vite et avec une grande efficacité», indiquait une riveraine. «On peut leur dire merci». Sous différentes formes et avec beaucoup de chaleur, tous les habitants du quartier Saint-Jacques l'ont dit aux pompiers et aux employés ou élus de la ville.
Publié le 03/12/2014 à 07:48 | La Dépêche du Midi | Y.G.
Des inondations et des dégâts à Curvalle (81)
Le maire et quelques habitants impuissants devant les dégâts des eaux./ Photo DDM
La vigilance météo annoncée sur le département recommandait d'être attentif face aux précipitations à venir lors du dernier week-end. Le phénomène ou épisode cévenol grossit et rougit habituellement les eaux du Tarn. Mais cette fois-ci, en amont de St-Sernin, c'est le Rance qui a cueilli dans son cours tous les reliquats d'un amoncellement de berges chargées, branches, arbres morts et plus.
Et sur la distance, c'est au pont St-Pierre, ce pont sans rambarde qui enjambe le Rance, qui a vu affluer tous ces débris végétaux s'agglutinant comme un écran au prorata des mètres cubes seconde sans cesse grandissants. L'ensemble a constitué un rempart qui a fait sortir la rivière de son lit, submergeant le tout et les alentours. «Il y a peut-être la valeur de 50 camions de bois qui se sont agglutinés au confluent du Rance et du Tarn», explique, atterré, le maire Joël Marquès.
Sur la rive droite du Rance, la route départementale 665 (commune de Solages en Aveyron) a été emportée sur plusieurs dizaines de mètres mais malheureusement aussi côté Tarn, rive gauche, sur la commune de Curvalle. «La voie communale aux abords du pont du Rance a disparu suite à ce barrage de branches, d'arbres et d'objets divers», répertorie Flavien Roussel, conseiller municipal, sur place aux côtés du 1er élu. Des observations de désolation devant la furie des éléments, relativisées cependant car il n'y a pas eu de victimes. La commune va demander et souscrire à la déclaration d'état de catastrophe naturelle.
Publié le 02/12/2014 à 09:07 | La Dépêche du Midi | Dominique Delpiroux
Après le déluge, la colère et les questions
Grand nettoyage à Saint-Affrique / Photo DDM Benoît Garret
De la peur et de la boue. Voilà ce qui reste trois jours après. A Saint-Affrique dans l'Aveyron, à Sigean dans l'Aude, à La Londe-des -Maures, dans le Var, les pluies se sont espacées, et la faible lumière de ces courtes journées de décembre laisse entrevoir l'étendue des dégâts.
Dans l'Aude, on est encore sous le choc. Jamais on n'avait vu la Berre, modeste rivière d'ordinaire étique, se gonfler de la sorte. La plupart des habitants de Durban-Corbières, Portel-des-Corbières ou Sigean estiment que la crue a été encore plus violente qu'en 1999. De très nombreuses maisons ont été dévastées : l'heure est donc désormais au grand nettoyage, avec des tonnes de boue qu'il faut évacuer, et des meubles, vêtements, ustensiles, qu'il faut mettre à la décharge.
L'heure est aussi à la colère : le maire de Durban a annoncé qu'il allait porter plainte contre le syndicat chargé de l'entretien de la rivière La Berre et contre l'État, rappelant que malgré ses demandes, le cours d'eau n'a pas été curé.
Crue de l'Agly au pont à Rivesaltes (Pyrénées-Oientales) ce dimanche matin vers 13 heures. / Photo ML Jimmy5957 Via Twitter
Colère aussi à la Réserve de Sigean : la digue censée protéger le site n'a pas été réparée. Plusieurs animaux sont morts et les responsables craignent que ceux qui restent ne tombent malades et meurent à cause de l'eau et du froid. Le parc zoologique est régulièrement inondé et devant l'inaction des autorités, les responsables du parc envisagent une délocalisation en Espagne : la réserve accueille 330 000 visiteurs par an…
La vie a pu reprendre à peu près normalement dans les Pyrénées-Orientales, sur les rives de l'Agly, après une évacuation massive de 3 500 personnes, dans la nuit de samedi à dimanche. Dès hier matin, la plupart des sinistrés avaient pu regagner leur domicile.
«Les cours d'eau sont repassés en vigilance jaune», a indiqué la préfète, Josiane Chevalier. La préfecture a néanmoins décidé de «fermer les transports scolaires» hier en raison de la difficulté de circulation sur certaines routes ou d'écoles fermées à cause des dégâts. La préfète devait hier réunir «l'ensemble des maires pour faire le point et préparer le dossier de catastrophe naturelle». Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est engagé dimanche à lancer la procédure de classement en état de catastrophe naturelle pour l'Aude et les Pyrénées-Orientales, «dès lundi matin».
Nettoyage à Saint-Affrique / Photo FB Site officiel de la ville de Saint-Affrique
À Saint-Affrique, on manie le jet, la pelle, on remplit des bennes pleines de déchets. La «Vilote» est encore sous le choc de cette brusque crue de la Sorgues. Même sentiment à quelques kilomètres de là, à Vabres l'Abbaye, où le Dourdou a bondi hors de son lit. Heureusement, les Aveyronnais sinistrés ont pu compter sur la solidarité des voisins et amis.
L'épisode pluvieux est donc terminé. Mais il faudra sans doute tirer les leçons de ces catastrophes, surtout après le drame de La Faute-sur-Mer. Car le changement climatique risque de renforcer la fréquence et l'intensité de tels phénomènes. Il faudra donc s'adapter et revoir les plans d'urbanisme avec davantage de réalisme. La nature vient de montrer qu'elle était capable de reprendre très vite les territoires qu'on croyait lui avoir gagnés.
Publié le 02/12/2014 à 08:57 | La Dépêche du Midi | Benoît Garret
L'hôpital de Saint-Affrique en «suspension temporaire d'activités»
Depuis vendredi, les personnels de l'hôpital de St-Affrique sont mobilisés et assurent le nettoyage des dégâts laissés par la crue./ Photo DDM
St-Affrique se remet lentement de la crue qui a ravagé 20 % de la commune entre vendredi et samedi dernier. Si aucune victime n'est à déplorer les dégâts sont considérables, chiffrés à plus de 15 millions d'euros par le maire Alain Fauconnier.
Depuis vendredi, les sapeurs-pompiers qui étaient plus de 200 venus en renfort en sud Aveyron en plus des locaux ont réalisé plus de 427 interventions et effectué 11 sauvetages.
Les gendarmes et les agents des collectivités sont également mobilisés pour venir en aide aux sinistrés. Une armée de bénévoles s'est associée à l'effort collectif de nettoyage de la ville qui demandera un travail de longue haleine. Partout des solidarités se créent pour panser les plaies.
Hier, Monique Cavalier, directrice générale de l'Agence régionale de santé (ARS Midi-Pyrénées), s'est rendue à l'hôpital de Saint-Affrique durement touché par la crue de la Sorgues. Certains bâtiments en rez-de-chaussée ont vu l'eau monter à 1,80 m.
En conséquence, groupe électrogène, transformateur, central téléphonique, laboratoires d'analyse médicale, onduleur de la radio, cuisine, lingerie, service technique… étaient hors-service. Ce qui a conduit à évacuer intégralement l'hôpital Emile-Borel samedi soir. Seuls restent sur place une antenne du SMUR pour prendre en charge les patients qui se présenteraient spontanément aux urgences et l'EHPAD de La Sorgues, dans un bâtiment à part, où sont accueillis 84 résidents et où le chauffage a été remis en fonctionnement hier.
Nettoyage à Saint-Affrique / Photo FB Site officiel de la ville de Saint-Affrique
Faire revenir les patients
La directrice de l'ARS a tenu à rassurer sur cette «suspension temporaire de l'activité de l'hôpital de Saint-Affrique pour des raisons de sécurité» : «Il ne s'agit pas là de tirer des conséquences expéditives».
En clair, il n'est pas question de fermer l'hôpital que toute la population a protégé à plusieurs reprises contre de tels desseins.
«Nous allons travailler avec les équipes médicales pour remettre en route et d'ici là il faut s'organiser avec les voisins» a-t-elle ajouté. Avec la directrice d'Emile-Borel, Dominique Sauvaire, le docteur Jean-Jacques Morfoisse et la déléguée territoriale de l'Aveyron Edwige Darracq, la directrice de l'ARS compte faire revenir plus près de leurs familles les patients mutés ce week-end dans les hôpitaux de Millau, Rodez, Villefranche, Albi, Montpellier… en particulier les malades de long séjour.
En l'état actuel, ce qui préoccupe le plus les tutelles, ce sont l'équipement de sécurité incendie hors service et la défaillance du système des gaz médicaux.
En attendant, Monique Cavalier invite la population à composer le 15 avant de se déplacer jusqu'aux urgences de l'hôpital : «Il sera indiqué quel est l'endroit le plus approprié.»
Aucun chiffrage précis n'a été fait pour évaluer le coût des travaux de remise en route de l'hôpital de Saint-Affrique.
Pour prendre en charge les gens choqués par la crue, Edwige Darracq a indiqué que l'antenne du centre médico-psychologique va être renforcée.
Publié le 02/12/2014 à 09:00 | La Dépêche du Midi | Benoît Garret
Saint-Affrique : «La maison de toute une vie est foutue»
Dans le lotissement des Bleuets, la Sorgues en crue a ravagé plusieurs maisons dont celle d'André Chiniard./ Photo DDM, Benoît Garret
«Si vous me trouvez un appartement, je prends…». Lundi 1er décembre, rue Georges-Caussat, dans le quartier des Bleuets à Saint-Affrique, André Chiniard est abattu par cette nouvelle crue de la Sorgues qui a dévasté sa maison du sous-sol à l'étage d'habitation. En 1992, seul le garage avait été touché. Cette fois-ci, le coup est beaucoup plus rude à digérer. «Et surtout, j'ai 22 ans de plus et moins d'entrain pour me relever d'un tel événement», souligne le sinistré assis dans son salon souillé par l'eau et la boue.
Entouré d'amis venus aider sa femme et lui à nettoyer les traces de ce sinistre, cet homme de 72 ans raconte sa journée de vendredi : «Dès l'alerte lancée au matin, je me suis mis à la fenêtre avec mes jumelles pour suivre les flots de la Sorgues. Et là, c'est venu de l'autre côté, de la gravière. Les arbres coincés devant la passerelle ont fait barrage et n'ont certainement pas arrangé les choses. Nous avons juste eu le temps de sortir les deux voitures. Quand la vague est arrivée, nous avons eu plus de 50 cm d'eau dans le salon, la cuisine, les chambres… La maison de toute une vie est foutue.»
Saint-Affrique, les dégâts après la crue / Photo FB Site officiel de la ville de Saint-Affrique
Quand les sauveteurs aquatiques sont venus les chercher, André Chiniard et sa femme avaient déjà recueilli les voisins particulièrement touchés lors de la crue de 1992. Ils ont tous fini leur nuit à l'hôtel. «Aujourd'hui, des amis nous ont prêté un appartement, mais pour la suite, nous en avons discuté avec ma femme, pour nous c'est fini» ajoute-t-il, bien décidé à partir du lotissement. «Lors de l'achat du terrain pour construire la maison au début des années quatre-vingt, personne n'avait dit que cette zone était inondable. Nos voisins d'en face ont eu 1,50 m d'eau chez eux et certains venaient de tout rénover.»
Colère et sentiment d'injustice assaillent ce sinistré, désemparé face à cette crue et heureusement entouré d'amis pour le soutenir.
«La psychologue des pompiers est passée nous voir et il y a du travail», ajoute André Chiniard.
Publié le 02/12/2014 à 09:01 | La Dépêche du Midi | Christian Goutorbe
Sigean (11) : Après le déluge, un froid glacial
Gaël Viot au camping du Pavillon / Photo DDM Topsud
Au premier jour après la grande crue, la Tramontane qui balaie la cuvette de Sigean (Aude) a dégagé le ciel de nouvelles menaces orageuses.
Mais elle a glacé le fond de l'air en cette journée d'après la submersion des lotissements et des maisons en contrebas du village, une zone boueuse transformée en ruche humaine pour déblayer, jeter et nettoyer.
Et réconforter aussi. À l'hôtel-restaurant Saint Anne, Anne Carraud hésite entre désespoir et détermination. «Avec mon fils, nous sommes ruinés. J'ai tout perdu, sauf ma carte d'identité.
Déjà, avant l'inondation, c'était dur de boucler. On était à la mine. Alors là, c'est pire. Heureusement aujourd'hui, il y a tout ce monde pour nous aider, ces bénévoles venus spontanément pour nettoyer, les pompiers et puis ceux de la sécurité civile» explique-t-il en nettoyant méthodiquement les meubles de la cuisine.
En 2013, déjà, dans un autre restaurant, Alain Carraud, 62 ans, avait connu une autre submersion de même importance. C'était à Lourdes.
Ce dimanche matin dans les rues de Sigean (Aude) à 9 heures. / Photo ML Willy
«Là, cette fois-ci, c'est allé très vite. Nous n'avons pas eu le temps de réagir. J'ai perdu beaucoup, des livres anciens du XVIIe siècle qui sont dans la boue, ma collection de bandes dessinées. Et dire que nous avions tout remis à neuf cet été, les peintures, la décoration» s'exclame-t-il encore.
Lui et sa famille ont été évacués dimanche matin, à 4 heures avec ce qu'ils avaient sur le dos, juste avant l'arrivée de la grande vague de la Berre. Sur la route de Port-la-Nouvelle.
Au camping résidentiel du Pavillon, l'eau est encore là, sombre, hypnotique, avec des reflets de gasoil dans le soir qui descend lentement. Ici l'eau est montée jusqu'à deux mètres. «Dans notre mobile-home, nous avons pris plus d'un mètre. À l'intérieur tout est foutu. Le frigo américain tout neuf a été basculé par la force du courant. Pour l'instant on dort dans un camping-car» se désole Gaël Viot.
Comme chaque année, il avait décoré sa parcelle avec des Pères Noël lumineux, des nounours et des guirlandes.
«Il n'y a plus d'électricité. Et puis, on n'a plus le goût à ça» poursuit-il alors que les autres propriétaires cherchent un logement. Lydie, en sanglots dimanche à la porte du centre d'accueil, ne reviendra pas. Cette mère d'un enfant handicapé était locataire. Elle a perdu le peu qu'elle possédait dans son mobile-home et sa voiture a été submergée. Elle cherche un toit pour se réchauffer pour passer l'hiver, loin de la Berre et de la cuvette de Sigean.
Publié le 02/12/2014 à 09:21 | La Dépêche du Midi |
Intempéries à Sigean : les sinistrés revivent le cauchemar de novembre 1999
Irène Abalada (à gauche) et sa famille nettoyaient leur domicile ce lundi matin./Photo DDM, Roger Garcia.
L'état des lieux était loin d'être terminé, hier, à Sigean où plus de 200 personnes ont été évacuées au cours du week-end dans les les quartiers bas de la commune.
Dimanche vers 6 heures du matin, Irène Abalada a quitté son domicile dans une barque des sapeurs-pompiers. Depuis plusieurs heures cette Sigeanaise s'était réfugiée dans les combles de son habitation, rue de la Clause. «Il s'est passé la même chose que dans la nuit du 12 au 13 novembre 1999. Le ruisseau qui coule à quelques mètres de notre domicile, qui est un ancien cours de la Berre a quitté son lit. L'eau est montée si haut dans la rue qu'on ne voyait plus le portail», raconte cette victime dans ce quartier des contrebas de Sigean qui a particulièrement souffert. Depuis la nuit de samedi à dimanche, cette partie de la commune est privée d'électricité.
En milieu d'après-midi, ce lundi, l'heure est au bilan dans les locaux de la mairie. Pas tout à fait. En guise d'état deslieux, Michel Jammes, le maire, lâche à le sortie de l'hôtel de ville : «Nous avons 250 personnes évacuées, et environ 200 habitations sinistrées». Béatrice Obara, sous-préfet de Narbonne, entraîne derrière elle les élus locaux, le sénateur Roland Courteau, la députée Anne-Marie Fabre, Jacques Bascou président de la communauté d'agglomération du Grand Narbonne pour une visite des quartiers et des entreprises qui ont été inondés.
Une fois encore des pluies torrentielles et des vents violents venus de la mer ont ouvert des plaies dans les Corbières méridionales et maritimes. En remontant le lit de la Berre, des traces de cette fureur sont visibles partout. À Portel, à Saint-Jean de Barou, à Portel l'heure était au nettoyage et à l'état des lieux. Les habitants sinistrés attendaient le feu vert de leurs compagnies d'assurances pour se débarrasser de leurs effets irrécupérables. Des visions apocalyptiques avaient ressurgi au sein des ces populations qui tremble, depuis 1999, à la moindre alerte orageuse dans cette région.
Les secours en action à Sigean (Aude). / Photo ML M ESDOURRUBAILH
La gendarmerie largement mise à contribution
110 gendarmes ont été engagés tout au long de l'épisode d'intempéries, dont deux embarcations nautiques et un hélicoptère. 342 personnes ont été mises en sécurité par mesures de précaution.
200 interventions ont été réalisées dont 50 par la gendarmerie et 372 personnes ont été évacuées.
18 hélitreuillages ont été effectués, dont 15 par l'hélicoptère gendarmerie ( 3 enfants et 2 personnes handicapées ). 25 routes départementales ont été coupées, dont deux axes principaux, la D6009 et la D6113. Les autoroutes A61 et A9 sont restées praticables. L'ensemble du dispositif de déviation et délestage a été mis sur pied et coordonné par le groupement de l'Aude.
Enfin, en plus des unités locales, ont été mobilisés la brigade nautique de Leucate, la brigade de surveillance du littoral de Gruissan et l'hélicoptère de la Division Aérienne de Montpellier aux côtés des sapeurs pompiers.
Publié le 01/12/2014 à 16:36 | La Dépêche du Midi | © 2014 AFP
Inondations : à Portel-des-Corbières, la crue "a touché la vie du village"
Des pompiers volontaires aident à nettoyer une maison après la crue de la Berre, à Portel-des-Corbières dans l'Aude. - Eric Cabanis - AFP
Des habitants chaussés de bottes en caoutchouc et armés de raclettes, le mobilier et l'électroménager boueux sortis sur les trottoirs: à Portel-des-Corbières et Sigean dans l'Aude, l'heure était lundi au grand nettoyage après la crue exceptionnelle du week-end.
C'est dans une atmosphère hivernale que les habitants des parties basses des deux communes tentaient d'effacer les ravages de la crue de la Berre: au flux de sud venant du Maroc qui avait généré les très fortes précipitations du week-end et des températures très douces avaient fait place lundi une tramontane vigoureuse et des températures bien plus fraîches.
A Portel-des-Corbières, le maire Roger Brunel, 73 ans, à pied d'oeuvre depuis samedi soir, ne peut que constater les dégâts lundi.
Le long de la rivière, plusieurs voitures sont encastrées les unes dans les autres. En contrebas, deux véhicules ont été charriés par les flots tumultueux de la Berre et n'ont fait leur réapparition qu'à la décrue.
"Ça me fait mal au cœur parce que là, c'est la vie de notre village qui est touchée", explique le maire devant les vestiges du boulodrome, de l'aire de jeu pour enfants et d'un espace abritant normalement les manifestations culturelles de la saison touristique.
"On nous avait demandé de faire une mise aux normes de deux jeux de plein air pour enfants: je peux vous dire qu'elle est faite la mise aux normes. Il ne reste plus rien", ajoute M. Brunel.
Pourtant, explique l'élu, les leçons du passé ont été tirées et cette crue a été bien moins destructrice que la précédente crue de référence en 1999.
Des voitures endommagées par les inondations à Portel-des-Corbières, dans l'Aude, le 1er décembre 2014 / Photo DDM
"Il y a eu plus d'eau qu'en 1999 mais la différence, c'est que cette année, il y avait moins d’embâcles. Après 1999, il y a eu une prise de conscience et c'est l'entretien du cours d'eau (par un syndicat intercommunal) qui a permis de limiter les dégâts."
De fait, seuls des amas de roseaux charriés par les flots sont visibles dans le village. Le maire n'a pas non plus vu cette fois des cuves de mazout ou de vin emportées par la crue, signe que les riverains ont reculé leur installations à distance des berges depuis 1999.
Deux mètres en 15 minutes
Le système d'alerte a également bien fonctionné, souligne l'élu mais le scénario de cette crue a pris tout le monde de court.
Samedi en fin de soirée et malgré l'alerte météorologique, le niveau de la Berre en amont de Portel-des-Corbières ne suscitait guère l'inquiétude des habitants du village et de ses élus.
Mais un orage très localisé est venu gonfler le cours d'eau du Barou, qui se jette dans la Berre, et a provoqué une montée extrêmement rapide des eaux.
"On est passé de 3,97m à 6,12m en 15 minutes!", rapporte un employé municipal de ce village de 1.239 habitants.
Nettoyage d'une maison endommagée par les inondations à Portel-des-Corbières / Photo DDM
L'eau s'est alors engouffrée dans les maisons, comme dans la résidence secondaire de Luc Lapeyre, 60 ans.
Machine à laver pleine de boue, réfrigérateur hors-service: la porte en bois de la petite maison de village a bien résisté mais l'eau est également remontée par les toilettes...
M. Lapeyre, qui a découvert les dégâts en regardant une chaîne d'information en continu, a "dû briser la fenêtre du premier étage pour entrer car la porte était impossible à ouvrir, gonflée par l'eau".
Dans la commune voisine de Sigean, le constat est proche: la partie basse la commune a été durement affectée, comme ce lotissement bordant le Chemin du Pla et construit avant 1999.
Des murs effondrés témoignent de la violence du phénomène. Ici, on peine à lire sur les façades la trace laissée par la rivière: pour cause, certaines maisons de plain-pied ont baigné dans plus de deux mètres d'eau.
Depuis, l'eau s'est retirée et le quartier a pris l'allure d'une vaste brocante: tout le monde a sorti ses appareils électro-ménagers, ses meubles, y compris ses portes, dans l'attente des experts en assurances.
Publié le 02/12/2014 à 09:03 | La Dépêche du Midi |
Aude : Des milliers d'hectares de vignes et cultures noyées sous la boue
Une vigne sous l'eau près de Marcorignan - DDM
«J'ai eu la même vision qu'en 1999». Philippe Vergnes le président de la chambre d'agriculture effectuait hier une tournée sur les territoires dévastés par les crues en compagnie des principaux responsables viticoles et la directrice Marie-Hélène Forest. Le patron des agriculteurs audois a ainsi pu mesurer l'étendue de la catastrophe. «Il est trop tôt pour faire un bilan précis, mais les dégâts sont énormes, sur les vignes qui ont été envahies par la boue et les graves, mais aussi sur les cultures maraîchères, notamment au niveau d'Ornaisons où les serres d'hiver ont été détruites, mais encore sur les grandes cultures dans le Narbonnais.
La première estimation sur ce secteur fait état de 600 à 1 000 hectares irrémédiablement détruits les semis sont ensevelis et ne survivront pas tandis que beaucoup d'autres exploitations verront leur production gravement endommagée. Les pertes sur les cultures semences sont très importantes. On a visité la vallée de la Berre, on est passés à Villesèque et ici la vigne a beaucoup souffert. Il y a des embâcles dans les vignes qui sont envahies par les galets et les dépôts d'alluvions. À ces dégâts s'ajoutent ceux qui avaient déjà été constatés en début de semaine dernière autour de la vallée de l'Aussou et de Bizanet et Saint-André-de-Roquelongue.»
Ce vendredi, la Direction des territoires et de la mer, l'administration de tutelle de l'agriculture, effectuera une mission d'enquête en compagnie des responsables de la chambre d'agriculture sur les territoires sinistrés, rapport qui sera transmis à la commission nationale des calamités agricoles. La reconnaissance, dès hier, de l'Aude et des P.O. à l'état de catastrophe naturelle devrait abonder les demandes des agriculteurs qui paient un lourd tribut aux intempéries.
Publié le 02/12/2014 à 08:54 | La Dépêche du Midi | C.A.
Durban-Corbières (11) : Excédé par les crues, le maire veut porter plainte
Le pont a été grièvement endommagé par les flots à l'entrée du village à Durban-Corbières. ./Photo DDM, Roger Garcia.
Excédée par les dégâts causés par chaque crue de la Berre depuis 1999, la commune de Durban-Corbières, durement touchée ce week-end, va porter plainte contre le syndicat de bassin et l'État.
Cette fois la Berre n'a pas débordé dans le village. Mais cette fois le maire de Durban-Corbières n'en restera pas là. «Nous allons déposer plainte contre le syndicat de bassin du Rieu et de la Berre et contre l'État. Si nous en sommes là, c'est parce ces autorités refusent de nous écouter depuis les inondations de novembre 1999», déclare Christian Gaillard. À l'entrée du village, nul ne sait si le pont qui franchit le Barou tiendra encore longtemps. La confluence de ce cours d'eau et de la Berre a fait monter le niveau à trois mètres de hauteur. Si bien que l'ouvrage a été gravement fragilisé, et qu'il faut entreprendre rapidement des travaux afin de ne pas isoler le village en direction de Narbonne et Carcassonne. Sur le site des ateliers municipaux qui s'est retrouvé une fois encore sous l'eau, Yves Jasse, adjoint au maire, laisse parler sa colère.
Le ruisseau de Trémoine, qui a débordé à Rasiguères (Pyrénées-Orientales), a fait de nombreux dégâts samedi / Photo ML Jimmy5957 Via Twitter
«Nous avons remorflé. Après 1999 nous avions créé un collectif afin d'obtenir des pouvoirs publics des travaux de mise en sécurité du village. Nous voulions un enrochement pour le stade et que les graviers et les sédiments qui s'accumulent sur 1 mètre 50 dans le fond de la rivière soient drainés. On ne nous a jamais écoutés. Et voilà le résultat !». La colère est montée d'un cran supplémentaire dans cette commune, à telle enseigne que la municipalité envisage de saisir la justice pour se faire entendre. «Faire admettre que la sécurité des personnes et des biens est plus sérieuse que la défense de quelques poissons dans un cours d'eau asséché tous les étés», dit Yves Jasse. Aux dégâts causés aux bien communaux il faut ajouter ceux constatés dans le vignoble sur les berges et en aval de la Berre.
Cumuls de précipitations sur trois jours :
Embres-et-Castelmaure : 340 mm - Durban-Corbières : 256 mm - Mouthoumet : 200 mm
Publié le 02/12/2014 à 08:55 | La Dépêche du Midi | C.A.
Un impala s'est noyé, deux autres animaux ont disparu à la réserve africaine
Gabriel de Jésus montre le niveau atteint par l'eau dans la plaine africaine . /Photo DDM, Roger Garcia.
La Réserve Africaine déplorait, hier, trois victimes. Le brusque retour du froid, depuis hier et dans les jours à venir, fait craindre la mort d'une quinzaine d'animaux.
Sur le coup de deux heures du matin dans la nuit de samedi à dimanche, la rivière Berre s'est répandue avec la force d'un torrent sur la plaine de la Réserve africaine. Ce vaste espace sur 18 hectares a été englouti sous deux mètres d'eau. «Aucun des 3 800 animaux hébergés ici ne s'est échappé, raconte Gabriel de Jésus, responsable de la communication, malgré les clôtures couchées par le courant. Néanmoins le bilan nous inquiète une fois encore. Nous avons découvert un impala mort de noyade, coincé dans des branchages. Un gnou et une grue couronnée ont disparu». D'ici une dizaine de jours les dirigeants de la Réserve s'attendent à la mort de plusieurs autres animaux victimes du stress, du retour soudain du froid sur cette étendue toujours inondée par endroits. Gabriel de Jésus craint au final la mort d'une quinzaine de bêtes de pneumonie et des blessures qui ont pu être causées par l'inondation.
Le parc espère qu'il pourra rouvrir ses portes aux visiteurs ce mercredi. Les clôtures ont été redressées par les employés de l'établissement qui ne ménagent pas leurs efforts avec l'aide des sapeurs-pompiers. Colère et lassitude sont perceptibles. À côté d'un «monument aux animaux morts» depuis la crue centennale de novembre 1999, Gabriel de Jésus fait le compte. «Nous venons de subir la septième inondation consécutive. Tout ça parce que le déversoir sur notre plaine africaine n'a pas été reconstruit dans sa configuration d'avant novembre 1999. Depuis cette date, le parc est régulièrement inondé. Y'en a marre !», s'exclame Gabriel de Jésus. La Réserve africaine attend des pouvoirs publics qu'ils se décident enfin à édifier l'ouvrage qui s'impose pour protéger le site qui accueille plus de 300 000 visiteurs.
Montée de l'Agly à Rivesaltes (Pyrénées-Oientales) ce dimanche matin vers 10 heures. / Photo ML Jimmy5957 Via Twitter
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