Centenaire 14-18 : Ces objets qui racontent la vie des Poilus
Publié le 11/11/2014 à 08:42 | La Dépêche du Midi | Pierre Challier
Ces objets qui racontent la vie des Poilus
La plaque à la mémoire de Louis Duplan et le reliquaire avec la balle ayant sauvé son frère./ Photo DDM, P.C.
Dans presque toutes les fermes, ils étaient posés sur la cheminée. Art des tranchées…. Des vases sculptés dans les douilles d'obus par les Poilus. Partie visible de la guerre où l'on mettait des fleurs sans réussir à effacer l'horreur. Mais dans toutes les familles de France, il y avait aussi l'intime. Ces carnets de souvenirs, ces lettres, ces portraits, ces objets racontant le front, le père, le fils, le mari, le frère et pieusement gardés dans un tiroir, une armoire ou… oubliés au grenier.
Avignonet-Lauragais (31) - Expo : Claude Bouche et Richard Lafont présentent un casque de biffin français transpercé par un projectile allemand./Photo DDM, L. G
Cette somme de «petites choses» ? Celles qui disent la vérité de l'humain et racontent la Grande Guerre à l'échelle de ceux qui l'ont vécue, qui y sont morts ou qui lui ont survécu, des femmes qui l'ont subie au quotidien ? Tout l'objet de la Grande Collecte lancée en novembre 2013 par la Bibliothèque Nationale de France, les Archives de France et la Mission du Centenaire. «Vos archives sont une part de l'histoire de France !» disait alors l'affiche : l'appel a été entendu aussi dans le Grand Sud . Des dizaines de particuliers ont prêté ou donné aux archives départementales les trésors de leur histoire familiale, parfois singuliers voire extraordinaires, afin qu'ils soient sauvegardés, pérennisés et que s'approfondisse le travail des chercheurs sur 14-18. Une Grande Collecte 2013-2014 dont nous vous présentons aujourd'hui quelques belles découvertes, mais qui va se poursuivre, cette semaine, et dont il faut sans doute rappeler en ce 11-Novembre, tout l'intérêt mémoriel, justement.
Montauban (82), 14-18 : une nouvelle collecte de souvenirs est lancée - En déposant vos trésors, vous pourrez profiter de l'exposition qui se tient jusqu'au 11 janvier à l'espace des Augustins./Photo DDM, Chantal Longo.
Correspondances, photographies, dessins, croquis, poèmes… c'est en effet la diversité de ces sources – non officielles — qui permet aux historiens d'éclairer sous un jour nouveau une guerre que les archives administratives désincarnent lorsqu'elles ne la tronquent pas. Quotidien des Poilus au front, réalités de l'arrière et multiples zones grises entre l'héroïque et le sordide : tout ce que donnent à découvrir ces nouvelles sources qui enrichiront autant le travail des historiens que celui de la création artistique, car c'est aussi par là que les nouvelles générations accèdent à la Grande Guerre, par le théâtre, les lectures publiques nées d'un courrier, d'un journal retrouvé chez grand-père…
Saint-Martory (31) : Se souvenir de la Grande Guerre - Jean -Jacques Navarro en pleine préparation de l'exposition./Photo DDM Jal
Publié le 05/11/2014 à 03:52 | La Dépêche du Midi | Recueilli par J. P.
Vic-en-Bigorre (65) : «14-18», l'uniforme de l'oncle Firmin
La tenue retrouvée dans la cantine de Firmin a été réalisée par un tailleur de Reims (les officiers se faisaient confectionner leur tenue de sortie à leurs frais, dans la ville la plus proche de leur lieu de cantonnement). Si nous savons aujourd'hui que Firmin a endossé cet uniforme lors de sa dernière permission, c'est que son ordre de permission — document imprimé sur un papier vert et comportant les tampons des différents lieux de passage obligatoire, dont la gendarmerie de Vic-en-Bigorre — se trouvait encore dans la poche de hanche droite de sa vareuse. Il est retourné au front le 2 août 1917 avec sa permission dans la poche, a plié soigneusement sa tenue dans sa cantine avant de revêtir sa tenue de combat constituée d'une capote de soldat en gros drap bleu horizon dans laquelle il trouvera la mort trois semaines plus tard. Détail émouvant : dans sa poche de poitrine droite, une rose, séchée, peut-être ramenée du jardin familial, était toujours là, quatre-vingt-dix-sept années après…
Dans la cantine aussi : une paire de bottes lacées, une culotte, un bonnet de police, un équipement complet en cuir fauve. Le mannequin présenté dans le cadre de l'exposition du centenaire est donc équipé d'un ensemble homogène porté par le même homme, Firmin, Jean Pey, né à Vic-en-Bigorre, en 1891, sous-lieutenant commandant la 6e compagnie de mitrailleuses au 288e régiment d'infanterie de Mirande, mort au combat le 23 août 1917. Son corps, tout d'abord inhumé au cimetière de Vailly-sur-Aisnes, sera rapatrié en 1922, au cimetière de Vic.
Cocarde en tôle peinte
La cocarde en tôle peinte du Souvenir français qui ornait la croix de bois de sa sépulture provisoire a, elle aussi, été récupérée ainsi que la plaque de cuivre gravée indiquant son nom et sa date de décès. Josette Belin, née sept années après le décès de son oncle, a toujours vécu dans le souvenir du frère de sa mère qui ne perdait pas une occasion d'évoquer le destin tragique de «ce jeune homme aimé de tous, qui était licencié au Sporting-Club vicquois, toujours vêtu élégamment et toujours de bonne humeur, comme l'attestent les photographies conservées par la famille».
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