Aveyron - Tarn : le viaduc du Viaur en rénovation

7/4/2014

Publié le 07/04/2014 à 08:30 | La Dépêche du Midi |  J.R.
 
Le viaduc du Viaur se fait une beauté : des travaux prévus jusqu'en 2015

Inauguré , le «Viaur» culmine à 116 m avec une portée de 220 m. Il subit actuellement une rénovation qui s'achèvera fin décembre 2015./ DDM.JPC.

Né en 1895 de la pensée de l'architecte Paul Bodin et achevé après six ans de travaux titanesques, ce sublime pont à poutre-caisson de 450 m de long et d'une hauteur de 116m fait actuellement l'objet d'une rénovation jusqu'en décembre 2015. L'occasion d'en conter l'histoire.

Dans les brumes matinales ou sous un soleil éclatant, le viaduc du Viaur dessine une frontière naturelle entre l'Aveyron et le Tarn. Plus d'une centaine de mètres plus bas, la rivière éponyme aux crues parfois redoutables surnommée «la voie de l'or» par les Romains, se fraie un chemin entre les massifs des Palanges et du Lévezou. A l'époque, c'est à dire il y a 135 ans, Paul Bodin, le «papa» de cet ouvrage qui depuis défie le temps, imagine un pont pour enjamber la vallée du Viaur et ainsi relier Rodez à Toulouse.

En 1879, la construction d'un viaduc sur le Viaur est donc déclarée d'utilité publique. En 1887, soit huit ans plus tard, un concours est lancé. Parmi les huit participants, on retrouve le célèbre Gustave Eiffel, déjà bâtisseur de plusieurs ponts métalliques et qui vient de lancer le chantier du viaduc de Garabit en 1884. Et pourtant, c'est un ingénieur de la Société de Construction des Batignolles qui est choisi. En 1895, la première pierre est posée. En juillet 1902, une réalisation d'essais de charge aboutit à l'homologation du viaduc juste avant son inauguration en le 5 octobre 1902.

Un million de rivets
Cent onze années après son acte de naissance, le «Viaur» est toujours aussi majestueux avec sa portée de 220m et sa hauteur de 116m. Ce pont en acier riveté a traversé trois siècles sans subir ou presque les outrages du temps (lire encadré). Paul Bodin pourrait donner aujourd'hui encore bien des leçons aux architectes contemporains. Construit selon la technique dite des arcs équilibrés, le viaduc présente deux poutres en porte-à-faux articulées, totalement indépendantes l'une de l'autre qui reposent sur une clé centrale et non soudées à l'origine. La construction en porte-à-faux donne la possibilité d'édifier des ponts avec des portées bien supérieures à celles des ponts suspendus.

Autre fait unique sur l'édifice pensé par Paul Bodin, le voie de chemin de fer le traverse en son sommet et non au milieu. 200 hommes ont travaillé à son érection durant six ans. leur ouvrage a consisté à assembler des poutres métalliques et fixer un million de rivets au final. L'ouverture de la ligne de chemin de fer entre Toulouse et rodez a ensuite permis le développement économique. Depuis plus d'un siècle, solide et immuable, le viaduc du Viaur émerge chaque matin de la brume entre Tarn et Aveyron. Il réside en bonne place au palmarès des plus beaux ponts du monde.

Rénové pour fin décembre 2015
Suite à l'appel d'offres lancé en février 2013, le marché de rénovation du viaduc du Viaur a été attribué en janvier dernier au groupement Lassarat, Maes, Baudin-Chateauneuf, dont le mandataire est l'entreprise havraise Lassarat. L'opération consiste à repeindre l'ensemble de l'ouvrage, effectuer quelques réparations métalliques et remplacer les rails et les traverses. Un chantier titanesque qui nécessitera six mois de fermeture de ligne, du 31 mars au 28 septembre, pour repeindre le tablier de ce géant de métal avant de s'attaquer aux arches, jusqu'à fin 2015, tout en laissant circuler les trains.

L'objectif de cette rénovation est de refaire la protection anticorrosion de l'ensemble de l'ouvrage. Les travaux de rénovation ont débuté le 31 mars dernier, date de fermeture de la ligne à la circulation ferroviaire commerciale. Après la dépose de la voie ferrée sur l'ouvrage, des zones de confinement seront réalisées, permettant de décaper et de repeindre les structures métalliques en toute sécurité. La protection anticorrosion sera constituée de trois couches de peinture de couleur «gris lumière». Les travaux de rénovation des arches seront réalisés sous circulations commerciales d'octobre 2014 à fin décembre 2015.

Le chiffre : 450 mètres > de long. dont 410 mètres de pont métallique, c'est la longueur du viaduc du Viaur érigé de 1895 à 1902.



Publié le 11/01/2014 à 08:37 | La Dépêche du Midi | Jean-Marie Decorse
Viaduc du Viaur : deux ans pour rénover le géant d'acier

Des travaux de haute technologie vont être nécessaires pour rénover ce géant plus que centenaire. /Ph DR

Deux ans de chantier et six mois d’interruption de la circulation des trains entre Albi et Rodez. Le viaduc du Viaur va subir des travaux à sa dimension. L’ ouvrage majestueux est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1984.

C’est du Meccano grandeur nature qui, par sa dimension, son envergure, son originalité, va nécessiter l’ouverture d’un chantier phénoménal qui durera deux ans en tout, et sera marqué par la fermeture de la ligne pendant six mois, du 28 mars au 28 septembre. La dernière campagne de restauration, entre 1979 et 1981, avait nécessité quelque 80 tonnes de peinture. Mais cette fois-ci, il faudra, non pas une, mais trois couches de revêtement !

On connaît depuis hier le nom de l’entreprise qui va s’atteler à cette lourde tâche : c’est la société Lassarat du Havre qui est sortie vainqueur de la procédure d’appel d’offres.

Mais, avant les opérations de remise en peinture de l’ouvrage, l’étape la plus difficile sera sans aucun doute le décapage de l’ensemble de la structure métallique. Il va falloir gratter l’ancienne protection bitumineuse à base de plomb, à laquelle avait été adjoint un produit anticorrosion à forte teneur en amiante. L’établissement en 2011 de nouvelles normes européennes en matière d’environnement, avait obligé à durcir le cahier des charges et à retarder d’autant l’ouverture du chantier. «Pour éviter que ces substances ne se volatilisent dans l’air, le viaduc du Viaur va en partie disparaître sous de gigantesques bâches, comme Christo avait emballé le Pont Neuf en 1985», rappelle Michel Béziat, chef du pôle Renouvellement des voies à RFF. Les travaux de décapage se dérouleront donc sous confinement

Une facture de 26,50 M€
Mais le projet ne concerne pas que la peinture intégrale de l’ouvrage, il exige aussi la réfection du tablier et de la voie ferrée elle-même, ainsi que la rénovation de la charpente, les changements ou reconstitutions de rivets. Au total, une facture de 26,50 M€ dans le cadre d’un financement Etat-Région et de Réseau Ferré de France qui a piloté le dossier technique en tant que gestionnaire des infrastructures.Quant à la commune de Tenus, elle se désespère un peu. «Le 15 décembre, les trains s’arrêtaient à nouveau dans la petite gare communale. Le service n’aura donc été que de courte durée…», expliquait hier encore la maire Rolande Azam.

Le viaduc, ouvrage à voie unique de 460m de long, surplombe la vallée du Viaur à 116 mètres. Il représenta à l’époque un véritable défi humain. Inauguré en 1903 par Émile Loubet, président de la République, et Émile Maruejols, député de l’Aveyron et ministre des Travaux publics, le pont assemblé par rivets est le dernier chantier de Jean Compagnon qui travailla sur les viaducs de Garabit, Maria Pria et sur la Tour Eiffel. Débauché de chez Eiffel par Paul Bodin, Compagnon le bien nommé mourut en 1900 avant la fin du chantier et c’est son successeur, Gaboris, qui acheva l’ouvrage qui devait ouvrir de nouvelles perspectives agricoles pour le Ségala, en acheminant notamment la chaux utilisée en complément des engrais phosphatés.

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