Toulouse : Capitale du rugby ce week-end

1/6/2012

Publié le 01/06/2012 09:41 | Patrick Louis, Guillaume Atchouel et C.L.

Demi-finales du Top 14 à Toulouse : bienvenue dans la capitale du rugby

Supporters toulousains./Photo AFP - Gérard Julien

La Ville rose n'a pas attendu ce grand week-end de demi-finales pour coiffer la couronne de capitale du rugby. Ils seront des dizaines de milliers de spectateurs au Stadium pour Toulouse-Castres et Clermont-Toulon, mais peut-être dix fois plus sur les bords de Garonne.

Tant pis si l'étiquette « terrain neutre » se décolle un peu sur les bords de l'affiche. Tant pis si les supporters des trois équipes « visiteuses » n'apprécient pas plus que ça de voir le Stade Toulousain jouer sa saison, et la leur, à la maison. Quelle autre ville que la rose capitale de Midi-Pyrénées pouvait afficher autant d'arguments pour accueillir ces demi-finales ?

Une région toujours plus ovale

Pour remplir le cahier des charges, il faut de l'aficion bien sûr, une capacité hôtelière suffisante, et un stade assez vaste pour digérer les dizaines de milliers de supporters attendus. Le Stadium n'est pas extensible, les organisateurs auraient aimé pouvoir disposer de quelques palettes de billets supplémentaires, mais la double confrontation des demi-finales va quand même se dérouler dans un cadre très rugby. Au cœur d'une région toujours plus ovale. De toute façon, si l'on attend que le Stade Toulousain s'éclipse pour avoir le droit de monter ce type de manifestation sur les bords de Garonne, il faudrait être très patient puisque la formidable machine « rouge et noire » et quasiment qualifiée chaque année… au mois d'août. Le dernier « échec » remonte pratiquement à deux décennies. Au printemps 1993 précisément, quand Grenoble avait sorti le Stade en quart de finale (19-17), sur la pelouse de Clermont-Ferrand. Les joueurs de Guy Novès ne donnent pas l'impression de gagner leur place dans le dernier carré, au fil des ans, ils semblent l'avoir acquise une fois pour toutes.

Clermont, Toulon, Castres, les autres héros de la saison 2012 ont donc rendez-vous dans l'antre de leur ogre préféré.

Deux fois quatre-vingt minutes (peut-être un peu plus), que l'on ose espérer de folie sur le pré, mais pratiquement soixante-douze heures de rugby dans les têtes et les cœurs. La plus belle victoire des Toulousains sera donc de transformer cet ambitieux essai sur l'ensemble du programme, des comptoirs de Saint-Pierre aux tables du Capitole, des pièges de la rocade à l'île du Ramier. Patrick Louis

3 jours de fête au Capitole

Il n'y a pas que sur l'île du Ramier, où se situe le Stadium, que le rugby va battre son plein. Un peu partout en ville des animations autour du Top 14 et du ballon ovale sont organisées.

Place du Capitole, place Saint-Cyprien, place Saint-Pierre, place Wilson ou encore derrière la Halle aux grains, les matchs seront retransmis sur écrans géants dans des bars ou en terrasse. Samedi, le stade Ernest Wallon, aux Sept deniers, ouvre ses portes à 18 h 45 pour permettre aux supporters qui n'auraient pas de place pour le stadium, de se réunir et de voir le match sur écran géant. La capacité d'accueil est limité à 17 000 personnes.

Au Capitole, place également au rugby. Un village de la Ligue nationale de rugby a été déployé hier sur une surface de 4 500 m2. A compter de ce midi, un terrain en gazon naturel accueillera de nombreuses démonstrations avec la

participation de joueurs professionnels comme Florian Ninard ou Patrick Tabacco , plusieurs tournois de rugby à toucher destinés au associations et clubs. A côté, un terrain synthétique pour des animations ludiques.

La municipalité a également voulu saisir la balle au bond. Elle organise «Le Toulouse so rugby», nouvelle appellation pour le Fest'Oval. Ce soir, une soirée Rugbyvores est organisée au cinéma Gaumont Wilson. Sur le principe de la Nuit des Publivores, projection de vidéos et spots publicitaires sur le thème du rugby. Des places gratuites sont à retirer à l'Office du tourisme, au Donjon du Capitole. Pendant le week-end, les amateurs pourront joindre l'art au sport en allant voir l'exposition «2e ligne», accrochée dans les couloirs du métro. Un des photographes de la ville de Toulouse, Frédéric Maligne a fait les portraits de joueuses et joueurs de deuxième ligne de clubs toulousains amateurs.

Et parce que la fête ne peut se faire sans musique, une Mégabanda déambulera dans le centre-ville demain dès 18 heures et dimanche à partir de 14 heures. Dix autres bandas suivront le rythme et feront sonner les cuivres aux quatre coins de la ville.

Top 14 : l'argent fait le bonheur...

Ne jamais ressembler au football, à ses dérives, à l'explosion des budgets et aux caprices pervers de l'argent roi… C'était le vœu pieux de la grande famille du rugby à l'entame du vertigineux virage du professionnalisme en 1995. On ne peut affirmer qu'il ait été complètement exaucé. Contrairement au football cette année (Montpellier sacré avec une modeste tirelire de milieu de tableau malgré les montagnes d'euros du PSG et des Qataris), le rugby, d'après les pronostics et malgré la présence du « petit » Castres dans le carré final, devrait sacrer un des plus riches du championnat de France. Le Stade Toulousain et Clermont, les deux poids lourds financiers du plateau ont ramené trois des quatre derniers boucliers de Brennus, le quatrième, celui de Perpignan ayant été conçu plus « artisanalement » par Maître Brunel).

Sur la balance comme sur le terrain, personne ne peut lutter avec les Stadistes. Ils disposent, notamment pour faire leur marché, un des secteurs clés désormais, de 10 M€ de plus que le deuxième plus riche, Clermont. Et si l'on compare avec le sixième club classé sur l'échelle des finances, Montpellier, Toulouse peut compter pratiquement sur le double (voir infographie ci-contre). Bien sûr ça ne marche pas à tous les coups (entre 2001 et 2008, les supporters « rouge et noir » se demandaient bien s'ils reverraient un jour le bout de bois), le Stade Français, plutôt bien loti n'a même pas su composter son ticket pour les barrages, mais il n'y a pas de secret. Comme sur le reste de la planète, si l'argent ne fait pas le bonheur, il permet de l'approcher avec moins de soucis. Sans le chéquier de Mourad Boudjellal, le Pilou-pilou serait sans doute resté encore un bon moment au musée de la rade… Et l'on voit où se retrouve Bourgoin depuis que son intraitable traiteur ne passe plus de plats aussi copieux.

La spécificité du rugby, son ancrage dans des villes de moindre importance, a permis à ce sport de mieux résister que d'autres au poids de l'argent lourd. Derrière l'épatant CO , Brive hier, Mont-de-Marsan demain illustrent à merveille cette porte encore entr'ouverte aux petits. Mais ils ne peuvent aujourd'hui rêver que de maintien et d'exploit occasionnel. Battre le Stade « pour rire », faire un nul à Clermont… Plus aucun dirigeant, y compris aux étages inférieurs ne peut espérer un miracle s'il n'a pas la capacité de « s'aligner ». On peut le déplorer, regretter, de temps en temps seulement, quelques belles envolées toujours bonifiées par le temps et les faiblesses de notre mémoire, reconnaissons que le rugby d'en haut nous offre un spectacle d'une rare intensité, et tout particulièrement en France où le championnat reste un vrai objectif.

Pour bénéficier des fameux droits télés (toujours ridicules par rapport à ceux du foot), il faut proposer des rencontres piquantes, des affiches glamour. Ce sera le cas ce week-end à Toulouse, où le rugby va offrir un autre visage de son précieux business. L'époque du «simple spectateur» est révolue, elle aussi. Une partie des sésames est réservée à ceux qui s'offrent (ou à qui l'on offre) de nombreuses prestations supplémentaires. «Je suis du métier pourtant j'estime qu'on ne doit pas dépasser 10% du total des places» précise Didier Lacroix l'ancien champion de France. «Et j'ajouterai qu'il faudrait mettre une sonnerie comme à l'opéra ou au théâtre et que tous les invités des loges soient de nouveau à leur place à la reprise du match. Les sièges vides après la-mi-temps au Stade de France, pour moi, c'est une insulte au jeu et aux acteurs...»

Côté joueurs et là, le professionnalisme n'a pas changé grand-chose, il faut toujours plaquer, courir, pousser, se battre. Gagner ou perdre. Rire ou pleurer... P. L.

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