Publié le 02/04/2012 08:14 | P S.
Sécheresse : le Tarn a déjà soif
Le niveau d'eau dans le Tarn est très bas à hauteur des Avalats. Les rochers sont à nu et le débit bien faible./Photo DDM, J-M Lamboley.
Première réunion du comité départemental de gestion de la ressource en eau et premier point pour le Tarn. La sècheresse pointe à l'horizon mais aucune restriction ou interdiction, pour l'instant.
On n'est pas encore dans le rouge. La tendance est plutôt au rose pâle en ce qui concerne une éventuelle sécheresse à venir dans le Tarn. Le comité départemental de gestion de la ressource en eau, qui s'est tenu mardi matin à la préfecture, a été mis en place et un premier point a été effectué. La préfecture n'a pas estimé bon de communiquer sur le débit des rivières, la gestion des barrages ou encore sur la pluviométrie. Un devoir de réserve sur la politique de l'eau, sans doute. Toujours est-il qu'à l'heure actuelle, aucun arrêté d'interdiction ou de restriction n'a été pris.
En ce qui concerne les réservoirs d'eau, certains barrages sont bien approvisionnés pour l'instant. Comme celui des Cammazes et du Saint-Peyre. D'autres, en revanche, comme ceux de Razisse, la Bancalié et Saint-Géraud ont moitié moins d'eau que l'an dernier à la même époque. Toute eau qui tombe du ciel est bénite en ces temps de disette. « Justement, confie Philippe Aliaga, le patron de Météo France 81, notre métier est aussi de faire le bilan de l'eau qui tombe du ciel. » Le problème, c'est que le bilan pluviométrique n'est pas brillant, voire déficitaire.
"Il faudrait 3 mois de pluie"
2 011 avait été une année difficile dans la gestion des ressources en eau. Pour ce début 2012, la situation est encore moins favorable que l'an dernier pendant la même période. Le déficit moyen sur le département est de 40 à 50 % sur l'Ouest du Tarn du 1er septembre 2010 au 31 août 2011 (dite période de recharge). Depuis le 1er janvier 2012, le déficit est de 40 à 60 %, voire plus en certains endroits. « Les pluies automnales n'ont pas été au rendez-vous et le temps froid de février n'a rien apporté. Le peu de neige reçu n'a pas rétabli l'équilibre et les barrages ont turbiné plus que d'habitude pour produire plus d'électricité,» explique Philippe Aliaga.
Pour exemple, en février et mars, il n'est tombé à Albi que 22 mm (valeur normale, 95 mm). La plus faible pluviométrie enregistrée depuis 1977. Seul espoir, il faudrait 3 mois bien pluvieux pour modérer le fort déficit en eau.
Même inquiétude du côté de la Chambre d'agriculture et des agriculteurs en pleine période de semis. « Il faut qu'il pleuve rapidement, c'est clair, lance Annie Tizon, la responsable du service environnement et filières. Nous allons faire rapidement un point précis sur les ressources en eau pour le soutien à l'étiage. Notre objectif est de leur donner tous les éléments pour qu'ils puissent prendre leur décision en connaissance de cause. Dès que la campagne s'enclenchera, nous organiserons des conseils au sein de la Chambre pour mieux gérer l'eau. Comme on le fait depuis plusieurs années avec nos conseillers agricoles et nos bulletins d'infos. »
Les pêcheurs suivent aussi de très près l'état des cours d'eau et des retenues.
L'inquiétude des pêcheurs
« Avec cette sécheresse qui pointe, nous avons déjà des cours d'eau qui sont mal », assure Didier Rey, le président de la fédération du Tarn pour la pêche et la protection du milieu aquatique qui compte 19 000 pêcheurs dans le Tarn.Stéphane Cabanne, membre du conseil d'administration, confirme. « Il y a beaucoup d'inquiétude sur les ruisseaux de moyenne montagne en première catégorie pour la pêche à la truite. Le résultats de pêche ont été très moyens, les niveaux sont bas tout comme dans certains barrages. Et encore , on n'a pas attaqué la période d'irrigation avec l'arrosage. Ce sera moins pénalisant pour l'ouverture du carnassier, le 1er mai, dans les grandes cours d'eau et les lacs.» Personne ne cache que la sécheresse à venir aura aussi des répercussions sur la gestion des repeuplements dans les petits cours d'eau.