Pourquoi le Stade Toulousain est-il si fort ?

27/2/2012

Publié le 26/02/2012 07:05 | J.-P.D. | La Dépêche du Midi

Pourquoi le Stade Toulousain est-il si fort ?

Avec dix-sept points d'avance sur Toulon, le troisième du Top 14 après dix huit journées de championnat, le Stade Toulousain écrase la concurrence et s'apprête, sauf cataclysme, à disputer une dix-neuvième demi-finale consécutive en championnat. Une réussite hors norme qui en fait aujourd'hui la référence à l'échelle européenne. Après des périodes moins fastes, le club le plus titré du rugby français a parfaitement réussi le passage à l'ère professionnelle. Visionnaire, il en est même l'un des pionniers dans sa faculté à sans cesse innover, fort de dirigeants pour qui la remise en question es une raison d'être. Aujourd'hui, et s'il pense déjà à demain, le Stade Toulousain récolte les fruits d'une politique de longue haleine, d'une rigueur sans égal, menée à tous les étages, sur et en dehors du terrain. Dans un club où rien n'est dû au hasard, les têtes pensantes n'ont rien laissé de côté. Décryptage.

Le stade Ernest Wallon, propriété du Stade Toulousain / Photo DDM

Des moyens hors normes

Le Stade Toulousain, qui compte cent vingt salariés, affiche avec 33 millions d'euros le plus gros budget du Top 14, identique à celui d'un club moyen de Ligue 1 de football. Il s'explique par une gestion en ligne directe, sans passer par des intermédiaires ainsi qu'avec un chiffre d'affaires généré par des produits marketing, des T-shirts aux ballons, en passant par la brasserie.

Les structures

« On est chez nous » s'enorgueillit le président du Stade Toulousain, René Bouscatel. Le club est l'un des rares en France à posséder ses infrastructures sportives, dont l'écrin Ernest-Wallon. Cette indépendance laisse une grande latitude aux dirigeants du Stade, notamment dans leur projet d'agrandissement avec la création du futur centre d'entraînement (3 M d'euros, cofinancés par les collectivités locales), dont les travaux viennent de débuter.

Yannick Bru et Jean-Baptiste Elissalde avant le test face à Castres./ Photo DDM

Le staff

Depuis de très nombreuses années, tous les entraîneurs ont porté le maillot « rouge et noir ». C'est l'une des spécificités du club, véritable clé de voûte d'un système résolument stable (Guy Novès atteindra la saison prochaine en tant que joueur puis entraîneur, la barre des 1000 matchs sous les couleurs toulousaines). Reconvertir des joueurs en entraîneurs, et donc faire perdurer la même culture au fil des saisons, voilà le credo du Stade Toulousain. C'est ainsi que William Servat s'apprête à remplacer Yannick Bru à la tête des avants et au côté d'un Jean-Baptiste Elissalde issu du même cursus.

Le jeu

Le Stade Toulousain a toujours puisé sa force dans l'essence même de ce sport : le respect des fondamentaux. Fort en mêlée, en s'appuyant toujours sur une excellente défense et une grosse discipline, il peut alors dans un deuxième temps mettre en place ce que l'on appelle communément le « jeu à la toulousaine ». Un jeu debout, fait de mouvement et au milieu duquel les individualités se fondent parfaitement. Et Guy Novès de préciser : « Ce dont je suis le plus fier, c'est que l'on dise qu'on est capables de s'adapter et de jouer toutes les formes de rugby. »

Yannick Nyanga, capitaine exemplaire (suivi ici par David, Lamboley, Maestri, Hoeft et Guinazu), a su fédérer autour de lui./photo DDM, Xavier de Fenoyl

Les joueurs

C'est une véritable piste aux étoiles avec entre autres les Servat, Dusautoir, Picamoles, Jauzion, Clerc, Médard mais aussi McAlister, Burgess, Albacete pour ne citer qu'eux. Des noms qui parlent et qui font du Stade Toulousain une équipe de niveau international, avec 75 % de ses joueurs « capés ». Malgré un effectif d'une extraordinaire richesse, et des joueurs capables de faire basculer un match à eux seuls sur leurs qualités individuelles quand le collectif déraille, ils s'effacent pourtant toujours au profit de ce dernier. Et malgré la pléiade de stars, des jeunes issus de la formation parviennent chaque année à percer au plus haut niveau. La recette pour maintenir une continuité dans la performance au fil des saisons. Certains s'en vont, d'autres arrivent mais le Stade, lui, est toujours là.

Le recrutement

Effectué de concert entre Jean-Michel Rancoule, Guy Novès et Jean-René Bouscatel qui détient les clés de la bourse, « il n'a jamais réservé une seule mauvaise surprise au cours de ces vingt dernières années » reconnaît fièrement Guy Novès. Arrivé de nulle part, et pour prendre un exemple récent, Matanavou, comme beaucoup d'autres, a pris son envol au contact du Stade Toulousain. À dose homéopathique ou plus massivement suivant les saisons, il reste toujours ciblé et d'une extrême intelligence, ce qui démontre chaque saison la faculté des « Rouge et Noir » à toujours anticiper leurs besoins.

Guy Novès est l'entraîneur français le plus titré / Photo DDM Xavier de Fenoyl

Novès : « La perpétuelle recherche de l'excellence »

Le rugby n'a pas échappé à l'évolution de la société, désormais adepte du « consommez-jetez ». Véritable « dinosaure », Guy Novès est un modèle de longévité et forcément l'un des mieux placés pour parler de la recette stadiste, après 37 ans au club.

Que vous inspirent les dix-sept points d'avance que vous possédez sur Toulon, l'actuel troisième ?

Si je ne fais que regarder le résultat, c'est exceptionnel, surtout dans les circonstances dans lesquelles on a travaillé, avec la Coupe du monde et les doublons. Malgré tout, plus on a de résultats, plus je suis inquiet car je sens le tsunami arriver. Cela a toujours été ma philosophie. Même si on n'a que ce qu'on mérite, je suis obligé de rester éveillé.

Quelle est la recette d'une telle réussite et surtout d'une telle longévité ?

Ce qui fait gagner le Stade, c'est de ne jamais se satisfaire de ces résultats exceptionnels, d'être dans l'autocritique et en la perpétuelle recherche de l'excellence. On ne peut pas s'extasier en permanence devant les résultats qui sont déjà acquis. Je ne veux pas que l'on s'endorme sur ce genre de lauriers. Il y a toujours tellement à faire que l'on met tout en œuvre pour améliorer ce qui ne va pas. Et puis, ma force a été de comprendre que pour avoir les meilleurs résultats, il fallait être entouré des meilleurs. Toutes les personnes à côté de moi, je les ai choisies, à part mon président, bien entendu. Il se crée un climat de confiance et de complémentarité. Il y a vraiment une osmose entre le sportif et l'administratif, avec une véritable progression dans chaque domaine. Le club s'est professionnalisé pour ne pas s'essouffler.

Avez-vous toujours entendu ce discours d'excellence ?

Pas du tout. En 75-76, j'ai joué dans une époque où l'on luttait pour ne pas descendre. Quand je suis arrivé au Stade, on aurait pu descendre et personne ne serait venu nous aider. On s'en est sortis de trois fois rien. J'ai aussi connu le Stade en 92 avec des soucis financiers énormes, qui en faisaient un club qui aurait pu déposer le bilan et à l'époque, les dirigeants ont œuvré pour trouver les moyens de le relancer administrativement. Parce que depuis 20 ans le club est devenu l'un des plus grands d'Europe, je suis effaré que les gens aient une mémoire sélective.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Dès 1993 et après le premier titre (Ndlr: 1994), les premiers mots que j'ai tenu à dire à mon président étaient de commencer à anticiper l'avenir. Repartir de rien, c'est se donner les moyens de pouvoir accéder de nouveau à un titre. La fondation du Stade est tellement importante qu'il en faudrait vraiment beaucoup pour nous déstabiliser. On n'a aucune certitude sur le résultat de demain et la force du Stade est de le comprendre. Seulement, c'est qui est sûr, c'est qu'on sera toujours là et qu'on se donnera toujours les moyens pour être compétitifs.

René Bouscatel - Yannick Bru : négociations en cours./ Photo DDM, Michel Viala

René Bouscatel : « Des héritiers »

Qu'est-ce qui explique la réussite du Stade ?

Une conjonction de phénomènes a fait la réussite du Stade Toulousain, depuis 30 ans. Cette durée dans l'excellence s'explique par la pérennité d'un système, au sein duquel, le secteur sportif a toute sa place. Un signe ? 18 demi-finales de championnat de suite et toujours qualifiés en H Cup !

Une indépendance financière très appréciable facilite les choses…

Absolument. Il n'y a pas chez nous, comme dans beaucoup d'autres clubs de rugby du Top 14, de mécènes. Cela provient entre autre de notre mode de fonctionnement. Deux associations, Les Amis du Stade, propriétaire du foncier et l'Association Stade Toulousain, tournée vers tout le secteur amateur, possèdent la majorité des actions. Le reste, tout le reste, est aux mains d'investisseurs privés. Qui ne peuvent posséder plus d'1 % du total disponible.

Et cela tourne sans trop d'à-coups, semble-t-il ?

Il existera toujours un esprit Stade. Celui des pionniers.

Depuis Ernest Wallon, doyen de la faculté de médecine, nous en sommes les héritiers.

13 novembre 2009 à Toulouse, face à l'Afrique du sud, Yann David fêtait sa deuxième sélection (quatre en tout). Photo DDM Xavier de Fenoyl.

Yann David : « Ici, tout est plus pointu»

Arrivé chez les « Rouge et Noir » en 2009 en provenance de Bourgoin, Yann David (23 ans, 4 sélections) avoue que « de l'extérieur, le Stade est une grosse machine qui ne fait que progresser, qui fait peur et qui impressionnera toujours ».

Malgré une fracture du tibia péroné à l'été 2010, le jeune centre a indéniablement franchi un cap en rejoignant le club le plus titré du rugby français, habité par la culture de la gagne et qui doit de fait amener les joueurs à un niveau extraordinaire. Comment ? « Je ne vais pas dire qu'on ne travaillait pas à Bourgoin mais chacun fait avec ses moyens. Il est clair qu'ici, tout est plus pointu, quel que soit le domaine, du travail aux structures en passant par le suivi. Dans l'état d'esprit et la rigueur, c'est une autre dimension et c'est grâce à ça que les joueurs évoluent. Je m'attendais à beaucoup de choses et je n'ai pas été déçu » confie-t-il au sujet de son changement d'air, véritable prise de risque mais aussi tournant de sa carrière.

Et d'expliquer également le rôle prépondérant d'un staff au discours qui ne s'étiole pas malgré le temps, complètement allergique aux maux dont souffre le rugby moderne. « Que ce soit Guy Novès, Jean-Baptiste Elissalde, Yannick Bru ou Philippe Rougé-Thomas pour ceux que j'ai connus, leur immense avantage est d'avoir eu un vécu sportif avec le club. Ce sont des personnes très compétentes, qui connaissent la réalité des choses et qui gèrent au mieux les différentes personnalités et individualités pour amener la cohésion au top. Ils ont une énorme aura auprès du groupe. »

Rêve de tout joueur de rugby, porter un jour le maillot du Stade Toulousain n'est accessible qu'à une poignée d'individus, ce qui explique aussi la mentalité dont font preuve les « heureux chanceux ». Et Yann David de conclure : « Le Stade est toujours en haut du tableau et l'on s'y habitue. On a envie d'y rester et donc de toujours faire mieux. » Vivement la suite ! M. Gh.

Le chiffre : 18 titres > De champion de France. Le Stade Toulousain est le club français le plus titré. Il a remporté 18 titres de champion de France (dont 8 au cours des 20 dernières années) et quatre titres de champion d'Europe. le Stade a par ailleurs disputé 18 demi-finales de championnat consécutives depuis 1994. Le club Rouge et Noir a également participé à toutes les saisons de Coupe d'Europe depuis sa création.

Témoins :

Laurent Labit entraîneur du CO : « du combat, du combat et du combat»./ Photo DDM, Xavier de Fenoyl.

Laurent Labit : « Le Barça du rugby »

« Le club a su très bien prendre le virage du professionnalisme en se structurant. Et ensuite, il a su garder une ligne de conduite en se remettant en question constamment et en se renouvelant. Mais tout en conservant une image de marque de jeu qui attire les jeunes joueurs et qui motive les joueurs professionnels qui savent qu'en cas de défaillance il y en a un autre d'aussi bon qui peut prendre sa place. Cet esprit-là est incarné essentiellement par un seul homme, Guy Novès qui, en dehors de ses compétences de manager, et un compétiteur dans l'âme. Il sait inculquer cela à tous les joueurs et à tout le club, de la cellule de recrutement au centre de formation. Cela leur permet de toujours vouloir aller chercher des trophées alors que l'on voit souvent d'autres clubs qui une fois champion ont du mal à se relancer. C'est ce qui fait que le Stade Toulousain a deux longueurs d'avance sur les autres grosses écuries et beaucoup plus sur des clubs comme nous. Ce n'est pas seulement une question de moyens financiers ou de pouvoir d'attraction de la grande ville. Car d'autres clubs ont les mêmes atouts et ont cependant plus de mal à arriver à avoir cette constance dans les résultats. Pour moi, Toulouse c'est le Barça du rugby. »

Christian Lanta et Christophe Deylaud ne seront plus Agenais la saison prochaine./ DDM

Christian Lanta : « Un autre monde»

Toulouse qui se balade en championnat et domine le rugby hexagonal depuis quelques années, ça n'est pas le fruit du hasard pour l'entraîneur agenais Christian Lanta (d'origine toulousaine) qui lève les yeux au ciel quand on évoque le Stade Toulousain. « C'est un autre monde. Il faudrait beaucoup de temps pour en parler ! »

Plutôt que les moyens (plus gros budget du Top 14), le coach d'Agen préfère évoquer le passé pour justifier la réussite actuelle du Stade : « Toulouse ça fait trente ans qu'ils sont en avance. C'est une vraie politique de club, ils privilégient les solutions internes (les entraîneurs, NDLR). Et ils ne sont pas non plus allés chercher un président qui ne connaissait rien au milieu du rugby ». Par ailleurs, selon Christian Lanta, « Toulouse est une grande ville et les partenaires viennent naturellement ». Pour le futur coach de Bayonne, le Stade Toulousain et le Sporting-Union Agenais sont séparés aujourd'hui par des années lumières.

 

Top 14 - Coupe d'Europe : le Stade Toulousain sur tous les fronts / Photo DDM

 

Le chiffre : 33 millions d'euros > Chiffre d'affaires du Stade Toulousain pour la saison 2011-2012. Il est en augmentation de plus de 3 millions d'euros par rapport à l'année dernière. C'est le plus important du Top 14. Il correspond à un budget moyen de Ligue 1 de football. Près de 350 partenaires assurent 40% du budget. Les recettes issues des produits dérivés représentent environ dix millions d'euros dont sept millions proviennent des boutiques. Le Stade est devenu un empire commercial avec des boutiques rue d'Alsace et à l'aéroport, des corners à Leclerc ou aux Galeries Lafayette, une brasserie etc. Par ailleurs, environ 11 000 personnes se sont abonnées en début de saison.

Gilian Galan, de la force et de l'intelligence au service du groupe... et de Luke Burgess./ Photo AFP

Le centre de formation inculque la culture stadiste

Pour le Stade Toulousain, outre la procuration d'une certaine fierté de voir éclore des jeunes issus de sa formation, posséder un vivier capable d'évoluer à terme en équipe fanion est surtout une nécessité. Et là encore, force est de constater que le club a eu du flair en étant le premier, en 1988, à créer un centre de formation. S'il avait dans un premier temps pour seul objectif l'accompagnement scolaire, le sportif allait venir compléter, en 1997, son champ de compétences. « Il fallait combler au maximum le fossé qui séparait l'équipe fanion des équipes de jeunes car ces derniers ont davantage besoin de s'entraîner », explique Michel Marfaing, responsable sportif depuis 2003. Un outil désormais devenu indispensable et qui permet de sortir un à deux joueurs suivant les années, comme ce fut le cas pour les Poitrenaud, Michalak, Jeanjean, Médard et plus récemment les Doussain, Bézy, Falefa ou Galan.

Les joueurs de Toulouse soulèvent le bouclier de Brennus à l'issue de la finale du Top 14 de rugby contre Montpellier le 4 juin 2011 au Stade de France

Séances de perfectionnement dès 12 ans

« Les résultats prouvent qu'on est dans le vrai en misant sur la formation. Et si ces jeunes ne sont pas dépaysés quand ils arrivent dans l'équipe professionnelle, c'est aussi grâce à la stabilité des repères de jeu. Que ce soit en Espoirs, Reichel ou Crabos, ce sont les mêmes, adaptés et déclinés au fur et à mesure que l'on descend dans les catégories » poursuit l'ancien ailier stadiste. Doté là encore du meilleur outil en la matière dans l'hexagone, et toujours avec la même envie de peaufiner les détails, le Stade continue d'innover, avec la mise en place il y a deux ans d'un programme dirigé par Philippe Rougé-Thomas, visant à faire progresser individuellement les plus jeunes. Et Michel Marfaing d'apporter un éclairage à ce sujet : « Guy Novès a constaté que dans les catégories de jeunes, le rugby était le seul sport à ne compter qu'un entraînement par semaine et que les jeunes manquaient cruellement de technique individuelle au poste. On a donc mis en place des séances à partir des moins de 13 ans, où l'on réalise avec les joueurs le travail que les entraîneurs ne peuvent faire dans les créneaux qui leurs sont attribués. Il faut toujours rester précurseur et en à peine deux ans d'expérience, c'est le jour et la nuit. On va rapidement en retirer les bénéfices, c'est certain. »

Centre d'entraînement ultra moderne

Le futur centre d'entraînement, un bâtiment de 1800 m2 dédié à la préparation physique des joueurs, devrait être opérationnel d'ici la fin de l'année. Il s'inspire en partie des structures du club néo-zélandais des Waikato Chiefs, que le staff toulousain avait visité début 2009. Situé à Ernest-Wallon à côté de la boutique, le centre sera sans doute l'un des plus luxueux de France avec des salles de muscu, cardio, kiné, balnéo etc. M. Gh.

La place du Capitole noire (et rouge) de monde dimanche 5 juin 2011. Comme un symbole de toute une ville qui s'est mobilisée pour fêter la victoire. / Photo DDM, Frédéric Charmeux

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site