Vaucluse, balades au pays des ocres
Publié le 06/06/2013 | Le Dauphiné | Jeanne Palay
Vaucluse : Roussillon, un village haut en couleur
Tout le village de Roussillon est paré d’ocre, offrant un contraste flamboyant. / DL, OTI Pays d'Apt Luberon
Au cœur du massif des Ocres, Roussillon (Vaucluse) étincelle de couleurs. Orange, rouge, beige ou rose, les façades des maisons arborent une harmonieuse palette de nuances. L’ocre est d’ailleurs à l’origine de l’essor du village. Et de sa belle renommée aujourd’hui.
Entre Ventoux et Luberon, Roussillon (Vaucluse) ressemble à une palette de peintre.
Alors que la pierre calcaire domine l’architecture des villages de la région, ici c’est l’ocre qui enduit et orne les maisons. Tandis que les portes et les fenêtres s’habillent de couleurs différentes des façades. Tout un art du contraste.
Le sentier des ocres, avec ses falaises, permet de découvrir des reliefs exceptionnels. / DL, OTI Pays d'Apt Luberon
Du jaune pastel au rouge flamboyant, en passant par le beige, l’orange, le marron ou le rose. Parfois même le violet. Toutes ces déclinaisons de l’ocre donnent un cachet unique au village.
D’autant qu’il est perché au-dessus de falaises. D’ocre, bien sûr ! Au milieu d’un paysage de lavandes, de pins, de vignes, et d’oliviers.
Un pigment naturel résistant
Le massif des Ocres du Luberon est un îlot sableux qui s’étend sur 25 kilomètres. De Goult à Gignac, en passant par Roussillon.
L'ocre, un trésor orange vieux de 230 millions d’années / DL
Ses couleurs éclatantes ont toujours attiré l’homme. Dès l’époque romaine, l’ocre est acheminée jusqu’au port de Marseille, et embarquée vers l’Orient.
À la fin du XVIIIe siècle, l’ocre devient un produit industriel, grâce à l’ingéniosité d’un habitant de Roussillon : Jean-Étienne Astier.
Il a l’idée de laver les sables ocreux pour en extraire le pigment. L’ocre obtenue est séchée, puis broyée. Ce qui produit un pigment naturel résistant.
Cette industrie fait vivre le village jusqu’au milieu du XXe siècle.
Créé depuis plus d’un siècle, le Sentier des ocres propose un décor surréaliste, au sein du parc du Luberon. / DL, O.B.
Le sentier des ocres
Fortement concurrencée ensuite par les colorants synthétiques, l’ocre naturelle est peu à peu délaissée.
Mais l’ancienne exploitation a trouvé une autre vocation : touristique. Un sentier des ocres a été aménagé dans l’ancienne carrière, tout près du village.
Ce sentier révèle des reliefs exceptionnels, sculptés par l’eau, le vent, et la main de l’homme : cheminées de fées, falaises verticales… Leurs couleurs chatoyantes contrastent avec la verdure de la végétation, qui a repris ses droits sur le site. Notamment une belle pinède.
Une balade fascinante. Un dépaysement total.
Ôkhra, l’écomusée de l’ocre, a été créé dans l’ancienne usine de Roussillon. / DL, OTI Pays d'Apt Luberon
L’écomusée de l’ocre
Un écomusée de l’ocre, appelé Ôkhra a également été créé dans l’ancienne usine de Roussillon. On y apprend l’origine géologique de l’ocre. Et l’histoire de son exploitation par l’homme.
Cet écomusée propose aussi des stages, ateliers et animations sur le thème de l’ocre. Et même des formations professionnelles.
Vaucluse : zoom sur Roussillon, ce village au décor de carte postale / DL, A. Surel
Le village
Le visiteur qui parcourt les ruelles et admire les façades de Roussillon est plongé dans cette histoire fusionnelle entre l’homme et son environnement.
Ses pas le conduisent tout en haut du village, vers l’église Saint-Michel. Datant du XIe siècle, cette église est enduite d’ocre sur sa façade depuis le XVIIe siècle. Elle recèle des œuvres du sculpteur roussillonnais Alexis Poitevin.
La mairie elle-même arbore un beau pigment rose foncé. Elle est entourée de maisons du XVIIIe siècle. Multicolores.
Ce village unique a séduit d’illustres visiteurs, comme Jean Cocteau ou le peintre Bernard Buffet. Et inspire toujours les artistes et artisans d’art qui y posent leur atelier et leur palette.
Publié le 04 juil. 2020 | Le Dauphiné | Jeanne Pelay
Colorado provençal : le Far West existe aussi...
en France
Rustrel : Les impressionnantes falaises du Colorado provençal laissent apparaître un camaïeu de couleurs. / DL Carine Saussol
Les paysages exceptionnels des ocres de Rustrel (Vaucluse) sont le fruit de l’action des hommes et de la nature. Les gisements d’ocres ont longtemps été exploités comme pigments, avant de devenir un magnifique site touristique. Un site appelé Colorado provençal, en raison de ses couleurs et de ses reliefs si dépaysants.
Colorado signifie “rouge” en espagnol. D’où le nom du fleuve américain qui a creusé le Grand Canyon dans une roche multicolore, où domine le rouge.
Un peu moins de gigantisme à Rustrel, dans le Vaucluse, mais tout autant de couleurs et de beauté. Le Colorado provençal porte bien son nom !
Colorado signifie “rouge” en espagnol. / DL Carine Saussol
Rouge, orange, jaune…
Le gisement d’ocres s’étend sur une bande de 25 kilomètres de large au pays d’Apt. Entre les villages de Roussillon, Gignac et Rustrel.
Il provient d’un temps où la Provence était baignée par la mer, il y a 230 millions d’années.
Les calcaires formant le fond des eaux ont été progressivement recouverts par des sédiments sablo-argileux.
Après le retrait de la mer, les pluies ont provoqué l’altération de ces sables. Le minerai d’ocre est donc une argile chargée d’oxydes de fer, mélangée à du sable. D’où le camaïeu de teintes du massif : rouge, orange, jaune…
Des vestiges de l’activité des carrières sont encore visibles. / DL, Carine Saussol
Le Colorado provençal est une ancienne carrière d’ocres. Le premier coup de pioche a été donné en 1871.
Pendant plus d’un siècle, les ocriers ont extrait et raffiné ce pigment argileux pour en faire des colorants expédiés vers tous les continents.
L’extraction du sable ocreux se faisait principalement à ciel ouvert. Et avec des moyens artisanaux : la pelle et la pioche.
Les Mines d'ocres de Bruoux à Gargas (Vaucluse). / DL, Arcano
Une fois le minerai extrait, l’ocre était séparé du sable par lavage et décantation. À la fin du parcours, l’eau chargée de pigments se déversait dans des bassins de décantation.
Ensuite, le contenu du bassin était découpé en briques, que l’on faisait sécher. Ces briques étaient apportées à l’usine pour y être broyées et tamisées. Et produire des pigments appréciés dans le monde entier.
L’ensemble du massif est désormais classé et protégé. / DL, Carine Saussol
Les colorants artificiels ont sonné le glas de Rustrel
Avec l’arrivée du chemin de fer à Apt, les carrières se multiplient. En 1885, 12 chantiers d’ocres cohabitent à Rustrel. En 1925, 22 chantiers occupent 84 ouvriers.
Mais l’industrie ocrière décline avec l’arrivée des colorants artificiels. Après la Seconde Guerre mondiale, les chantiers ferment progressivement. Le dernier coup de pioche est donné en 1991 à Rustrel.
En cheminant sur le sentier, vous rencontrerez les pittoresques colonnes appelées cheminées des fées. / DL Carine Saussol
Une œuvre d’art à ciel ouvert
Depuis l’arrêt de l’exploitation ocrière, la nature a repris ses droits. Le paysage façonné par la main des ouvriers est en constante évolution sous l’effet de l’érosion. L’ensemble du massif est désormais classé.
À Rustrel, deux sentiers balisés permettent de s’immerger dans ces reliefs surprenants aux couleurs éclatantes, contrastant avec le vert de la végétation. Une œuvre d’art à ciel ouvert.
Les Cheminées des fées offrent un spectacle fascinant et magnifique. / DL, Lucie TOLLON
Vaucluse (84) / larousse.fr
Balade dépaysante et colorée sur le sentier des ocres à Roussillon / DL
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