Évolution des prix : 1970 - 2021
Évolution des prix : 1970 - 2021
Publié le 15/11/2021 | Ouest France | Emile BENECH
Essence, baguette, voiture… Ces produits coûtent-ils plus cher aujourd’hui qu’en 1970 ?
Vos francs vous manquent ? Vous trouviez la vie moins chère avant ? Ce n'est pas si simple ! / OF, Getty images
Avec la reprise économique, le prix de l’énergie et des matières premières augmente fortement, se répercutant sur les produits industriels. Mais si l’inflation est bel est bien en hausse aujourd’hui, les produits dits « essentiels » coûtent-ils plus cher qu’avant ?
Qui n’a jamais entendu cette fameuse phrase : « C’était moins cher avant » ? On a beau comparer le prix des crocodiles Haribo ou de la bouteille de lait que nous achetions avec nos francs et ceux que nous achetons avec nos euros, la conversion et le manque de prise en compte de l’augmentation des salaires et de l’inflation nous fait tourner en rond. Une autre méthode de calcul, s’appuyant sur le coût en temps de travail d’un produit, peut permettre d’y voir plus clair.
François-Xavier Oliveau, directeur associé du cabinet de conseil Initiative et finance, auteur de La crise et l’abondance (paru aux Éditions de l’Observatoire, mars 2021), opte pour cette méthode de calcul afin de mesurer les prix sur ces cinquante dernières années.
« C’est la méthode qu’utilisait Jean Fourrastier, cet économiste français notamment à l’origine de l’expression « les Trente Glorieuses », nous explique-t-il. Il a permis l’évaluation de prix à long terme [dont un index est disponible en ligne, NdlR] , et sa méthode est encore valable aujourd’hui. Pour ce faire, il faut prendre en compte le salaire minimum de 1970, celui d’aujourd’hui, et estimer ainsi le temps de travail nécessaire pour acheter un produit. »
/ OF, CHARLES PLATIAU/REUTERS
10 minutes de travail pour acheter une baguette en 1970, deux fois moins aujourd’hui
Au 1er juillet 1970, le salaire minimum de croissance est de 3,5 francs par heure de travail.
La même année, la baguette vaut environ 0,57 centime de franc, selon le site internet france-inflation.com. Il faut donc compter environ 10 minutes de travail pour pouvoir s’acheter une baguette en 1970.
Au premier trimestre 2021, la baguette de pain vaut environ 0,89 €, et le Smic horaire est de 10,48 €. Pour pouvoir se payer une baguette, en étant payé au salaire minimum, il faut donc travailler 5,2 minutes.
Infographie: La baguette coûte-t-elle vraiment plus cher qu'avant ? | Statista Vous trouverez plus d'infographie sur Statista
L’essence, deux fois moins chère aujourd’hui également
Autre constat, paradoxal : l’essence coûte deux fois moins chère aujourd’hui qu’en 1970. Elle coûte 1,10 franc en 1970. Il faut donc travailler 19 minutes au salaire minimum pour s’offrir un litre d’essence.
Aujourd’hui, avec un litre à 1,65 €, il faut travailler 9,5 minutes.
« Malgré les lourdes taxes sur l’essence, deux crises pétrolières et l’Opep, l’essence coûte deux fois moins cher aujourd’hui qu’en 1970, souligne François-Xavier Oliveau. Elle est en outre de meilleure qualité (pas de plomb), et permet de rouler plus grâce à des moteurs plus performants. »
L’essence coûte deux fois moins cher en temps de travail aujourd’hui par rapport à 1970. Et ce, malgré la hausse des taxes et les deux crises pétrolières que le monde a connu depuis. (Photo d’illustration : Pixabay)
Quid de la voiture ?
Les voitures, si elles se sont considérablement améliorées aujourd’hui, coûtaient quand même plus cher il y a cinquante ans !
En 1967, pour s’offrir une 2CV, il fallait dépenser 5 079 francs, soit 2 360 heures de salaire minimum. Aujourd’hui, on peut s’offrir la Dacia Nouvelle Sandero pour 9 900 €, soit moins de 1 000 heures de travail.
Et ce, « avec des conditions de confort, de sécurité et de consommation très très largement supérieures », précise François-Xavier Oliveau.
La 2CV vous manque ? Son côté vintage, peut-être, mais pas son prix ! (Photo d’illustration : Pixabay)
Une baisse des prix due au « progrès technologique »
Toujours selon ce dernier, « la baisse des prix est une réalité généralisée, liée aux gains de productivité et aux progrès technologiques. Ce n’est pas un propos idéologique, mais un constat objectivable et mesurable. Ces gains de pouvoir d’achat n’ont pas été distribués de manière uniforme. Il y a dans notre système économique d’énormes facteurs inégalitaires, notamment dans les politiques monétaires ».
Une boulangerie lorraine dans son jus dans les années 1970 / RL
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