La grande grève de Graulhet

15/1/2022


Publié le 31/12/2021 à 05:12  | La Dépêche du Midi |  Richard Bornia

En décembre 1909 débutait la grande grève des moutonniers


En ce mois de décembre 1909, la colère gronde dnas les rues de la ville./ DDM

Les "moutonniers" désignaient les ouvrières et ouvriers des mégisseries. Ils entament, en décembre 1909, une grève pour l’amélioration de leurs conditions de travail. 147 jours de lutte, magnifique moment de résistance et de solidarité.

Le 4 décembre 1909, les ouvrières cessent le travail. Elles sont payées deux fois moins que les hommes. Le lendemain, les hommes rejoignent le mouvement. Malgré quelques petites avancées salariales, la grève générale illimitée est votée à main levée. Le 1er janvier 2010, l’Humanité consacre un long reportage à l’événement. 



"Les blessures, mains coupées ou écrasées, sont quotidiennes. Et la plupart des travaux s’accomplissent dans l’eau […] Ils pataugent dans des liquides sales et malodorants qui ont baigné dans les peaux de mouton", écrivent les frères Bonneff, chroniqueurs et dénonciateurs infatigables de la condition ouvrière. 
Détermination des grévistes d’un côté, intransigeance du patronat de l’autre, le conflit s’envenime.



Manifestations, actions coups de poing, incendie d’une usine : l’Etat envoie près de 3 000 soldats et gendarmes. Des affrontements violents auront lieu entre forces de l’ordre et manifestants. La solidarité patronale est immédiate : les grands patrons de Mazamet, où sont dépoilées les peaux avant de partir pour Graulhet, tiennent leur revanche. 

Quelques mois auparavant, ils avaient cédé aux revendications de leurs salariés. La solidarité de classe est aussi active du côté des ouvriers. Les commerçants font crédit et des "soupes communistes" sont organisées.



Chaque jour, plus de 3 000 personnes sont nourries gratuitement. La municipalité et des syndicats de toute la France apportent aussi un soutien financier aux foyers les plus nécessiteux. "Des familles de mineurs carmausins ou decazevillois se proposèrent d’accueillir les enfants des grévistes graulhétois et les ouvriers verriers d’Albi suivirent leur exemple" rapporte G.Rouyre, dans son ouvrage "Graulhétois d’autrefois". 

Privés de salaire, début avril 2010, la grève s’étiole peu à peu. Le 28 avril, la reprise du travail est votée. Quelques jours plus tard, l’ensemble des moutonniers reprend le chemin de l’usine. Ces 5 mois de grève laissent, à beaucoup, un goût amer : de nombreuses revendications sont restées lettre morte. 



Malgré tout, à l’origine du mouvement, les femmes obtiennent 25 centimes de plus par jour. Quant aux hommes, leur temps de travail connaît une légère réduction. Désormais, les moutonniers ne travailleront plus le samedi après-midi, d’avril à septembre. 

Concernant les conditions de travail dans l’industrie du cuir, un décret concernant l’hygiène et la sécurité, est signé en août 1 910. Il reconnaît notamment le charbon, maladie infectieuse présente chez les moutons et transmissible à l’être humain, comme maladie professionnelle.



Pour garder trace de cette révolte, il existe dans la ville un "Parcours des grévistes", jalonné par des plaques commémoratives. Vous pouvez télécharger, sur le site internet de la ville, l ‘itinéraire de ce sentier urbain : www.ville-graulhet.fr/patrimoine.


Jaurès accueilli par les grévistes à la gare de Graulhet. / DDM
 

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