On dit chocolatine ? Des régions et des mots !

16/11/2021

 On dit chocolatine ? Des régions et des mots ! 

Publié le 15/11/21 à 11:29 | Dernières Nouvelles d'Alsace |  Par V.M.M

On dit chocolatine ?
Ces mots qui font débat selon les régions



Pain au chocolat ou chocolatine ? / Photo d'illustration Tito Pasini/Pixabay

Il n'existe pas de forme correcte ou incorrecte, ni de norme unique, mais bien une richesse et des usages différents... Tour d'horizon avec dix dénominations qui font débat.

Les régionalismes font partie de l’identité des Français, de leur culture, de leur patrimoine. Cette diversité lexicale engendre des combats linguistiques parfois étonnants ! Or, il n'existe pas de forme correcte ou incorrecte, ni de norme unique, mais bien une richesse et des usages différents. Retour sur dix dénominations qui diffèrent selon les locuteurs francophones et leur territoire à travers l'atlas "Comme on dit chez nous" (1).



1-Pain au chocolat / chocolatine / croissant au chocolat...
Grâce à la chanson de Joe Dassin, le "pain au chocolat" est ancré dans la culture populaire, au détriment de la "chocolatine", une appellation créée par une langue régionale, l'occitan, qui fait de la résistance dans les régions bordelaises et toulousaines. La dénomination de cette viennoiserie rectangulaire, élaborée avec une pâte levée feuilletée dans laquelle le boulanger glisse une ou deux barre(s) de chocolat, divise depuis plus d'un siècle. Elle a refait pas mal de bruit sur le web depuis que Jean-François Copé n'a pas su en donner le juste prix (10 à 15 centimes selon lui) ou qu'une boulangerie de Tokyo a tranché pour "chocolatine". Il faut ajouter à cette confrontation binaire des variantes, puisque dans le Nord, on dit "petit pain au chocolat", ou "couque au chocolat", comme en Belgique, alors que dans l'Est et la Suisse romande, on évoque plutôt le "croissant au chocolat", un dérivé de l'allemand "schokoladencroissant".



2-Pain aux raisins / schnäck / escargot...
Si vous n'arrivez pas à trouver un consensus avec vos interlocuteurs à propos du "pain au chocolat", vous pouvez ouvrir la conversation sur le "pain aux raisins" qui, en Alsace, en Moselle et une partie de Bourgogne-Franche-Comté, peut s'appeler "schnäck" ("escargot" en allemand). En Suisse et dans l'est de la Lorraine, on dit d'ailleurs "escargot" alors qu'en Belgique, on parle davantage de "couque suisse" ou "brioche suisse". Dans les villages d'Auvergne-Rhône-Alpes, vous pourrez commander un "pain russe", et sur la pointe bretonne, une "alsacienne".



3-Bugnes / merveilles / oreillettes...
La pâtisserie de mardi gras par excellence, c'est un beignet plongé dans la friture puis recouvert de sucre en poudre. Mais comment l'appelle-t-on ? Dans et autour de Lyon, son berceau de naissance, on déguste des "bugnes", alors que du Languedoc à la Provence, il s'agira d'"oreillettes" en raison de leur forme. Dans l'ouest de la France et en Suisse romande, on croque dans des "merveilles" alors qu'en Lorraine, des "beignets de carnaval", qu'on prononce "beugnets" dans les Vosges. Localement, vous pourrez tomber sur des "bugnettes" ou "bougnettes" (Perpignan), des "bottereaux" (Poitou), des "rousseroles" (Touraine), des "schankala" ou "schenkele" (Alsace), des "frappes" (Corse), des "ganses" (Nice), des "fantaisies" (Dijon), des "crottes d’âne" (Champagne-Ardennes), des "tourtisseaux" (Vendée), etc.



4-Quignon / croûton / cul...
La France métropolitaine ne sait plus à quel pain se vouer... Dans la partie nord de l'Hexagone, vous allez vous disputer pour savoir qui va avoir le "croûton", c'est-à-dire l'extrémité du pain. Mais dès que vous traversez la ligne allant de La Roche-sur-Yon (Vendée) à Lons-le Saunier (Jura), ce sera le "quignon". Dans le nord et en Belgique, on parlera de "cul", mais de "croustet" vers Tarbes, Narbonne et Foix, de "crotchon" en Suisse romande et en Haute-Savoie ou encore de "crougnon" dans le Poitou.



5-Serpillère / panosse /patte...
Dans une grande partie de l'Hexagone, on passe la "serpillère". Mais à l’Est, c'est plutôt la "panosse", surtout en Rhône-Alpes, ou encore la "patte" en Bourgogne-Franche-Comté et autour de Lyon. Dans le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et les Ardennes, on fait le ménage avec un "torchon", une "wassingue", une "loque" ou encore une "bâche", alors qu'en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, on utilisera une "pièce", dans l'ouest une "cinse", au nord-ouest une "toile" et dans le sud une "peille" ou une "frégone".



6-Etendoir / étandage / tancarville 
Votre machine est finie, les vêtements lavés sont prêts à être étendus pour sécher à l'air libre sur un "étendoir" à linge. Dans le grand ouest, on appelle cette structure métallique un "tancarville" (en référence à la forme d’un pont dans la région Seine-Maritime), et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce sera un "étendage". Ce terme est aussi connu et employé dans la partie méridionale de la Suisse. Certains emploient un "étend-de-linge", autre variante d'étendoir à linge.



7-Sac / sachet / poche...
Il disparaît peu à peu en raison de la pollution qu'il génère mais le "sac plastique" a eu son heure de gloire...  Enfin, il s'agit d'un "sachet" dans une partie de l'Alsace-Lorraine et en Belgique, d'un "nylon" dans le Haut-Rhin, d'une "bourse" vers Perpignan, d'une "poche" dans le sud-ouest et d'un "pochon" c'est-à-dire une "petite poche", de la Bretagne jusqu'à la région Centre. En Suisse romande, on parle même de "cornet", qui s'est exporté du côté d'Epinal... et pourtant communément employé chez nous pour désigner la pâte à gaufre croustillante servie avec des boules de glace.



8-Carafe /cruche / pichet...
Une petite soif ? Servez-vous un verre d'eau avec la "carafe" qui trône sur la table... Cet objet du quotidien est désigné de maintes manières selon les foyers. Dans l'ouest et le Nord-Pas-de-Calais, ce sera un "pichet", alors que dans un petit quart nord-est, qui englobe la Belgique, et la Seine-Maritime, on opte pour une "cruche". Dans la région lyonnaise, les Alpes, la Drôme-Ardèche et le Vaucluse, on parle plus simplement de "pot d’eau" ou "pot à eau". En Île-de-France, dans la Somme, le Puy-de-Dôme, le Cher et le Var, on se passera le "broc" pour désigner ce récipient.



9-Pinte / sérieux / binche...
Avant tout, rappelons que l'alcool est à consommer avec modération ! Pour demander au comptoir un verre de 50 cl de bière, on dit en général une "pinte", ou plutôt une "grande bière", un "cinquante", une "canette" ou une "chope" du côté de la Belgique ou de la Suisse, un "baron" en Champagne et en Normandie, un "sérieux" dans le Centre et l'Est, un "véritable" en Vaucluse, une "binche" dans le Nord... Notez que si certains commandent un "demi", le verre ne contiendra que 25 cl de bière. En réalité, un "demi" ne veut pas dire une demi-litre de bière mais correspond à l'abréviation de "demi-pinte". La "bibine" et la "binouze" sont des formes argotiques du mot "bière".



10-Crayon à papier / crayon de bois / crayon mine...
Si la forme la plus répandue pour le désigner est "crayon à papier" ou "crayon de papier" dans la majorité des régions françaises, le "crayon gris" est employé couramment dans les Alpes du Sud-Est, en Bretagne et en Ariège. Dans le Nord-Pas-de-Calais et une partie des Pays-de-la-Loire, on parlera de "crayon de bois", alors que le "crayon-mine" est particulièrement utilisé du côté de Châlons-en-Champagne. En Belgique, ce sera le "crayon noir", "crayon ordinaire" ou juste "crayon".



"Comme on dit chez nous : le grand livre du français de nos régions", de Mathieu Avanzi, Alain Rey et Aurore Vincenti, éditions Le Robert, 240 pages, octobre 2020, 24,90 euros.
 

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