L'hiver 1956

18/1/2021


Publié le 26/12/2006 à 08:35 | La Dépêche du Midi |  J.-M.D

Grand froid : 56, l'hiver de tous les records


Sur le Canal du Midi gelé / DDM

La vraie bataille contre le froid, ce sont nos parents qui l'ont livrée il y a cinquante ans. Le 12 février 1956 notamment. Ce jour-là, en Corrèze, la température tombe à -35°.
Record d'Europe battu. Et ça fait quinze jours que ça dure.
Jugez plutôt ! Les frileux ont déjà sorti le bleu de chauffe fin janvier. A Saint-Tropez, les habitants sont ravitaillés en traîneau depuis Saint-Raphaël.
À Nantes, la Loire charrie des glaçons de 1 mètre sur 50 cm.


1956 : Le Dadou gelé à Graulhet

80 % des vignes gelées
A Toulouse, on fait marcher la solidarité entre voisins à défaut des robinets gelés (lire ci-dessous). Et quand on ne se préoccupe pas de la meilleure façon d'manger, on s'émerveille devant les fontaines gelées. A défaut, on échange les derniers potins, en patins sur le canal, sans penser que, dans la région, les vignerons vont bientôt pleurer à chaudes larmes lorsqu'ils découvriront fin février que 80 % de leurs vignes ont été détruites par le gel.

Plus triste, deux ans après l'appel de l'abbé Pierre, on dénombre 147 victimes du froid en France, au soir du 18 février 1956, et 611 dans toute l'Europe. Eh oui, le plan grand froid n'existe pas encore. Cette année, il n'a pas empêché quatre SDF de décéder mais, au regard du passé, il fait quand même chaud au cœur.


-15° en Agenais en hiver 1954, un manteau conséquent… Deux ans plus tard -22°. Record battu./ DDM, Archives R. C.


1956-2006. Qui osera dire aujourd'hui « c'était mieux avant » ? Pas les météorologues, en tout cas, qui pronostiquent le glas des hivers froids… au moins pour cette année.
Tant que les records se contentent de faire froid dans le dos, ça va. Chaud devant, chaud !

Témoignages : « Des souvenirs extraordinaires »
Odile Castex, L'Union : « J'habitais Thermes-Magnoac. Avec 1m20 de neige, à la campagne, on ne peut rien faire. Alors mon père fabriquait des luges, avec des douves de tonneaux, pour tous les enfants de l'école et après la classe, on se retrouvait dans le pré, devant la maison. Ça a duré un mois. Quel souvenir extraordinaire ! »


Les quais de Bordeaux sous la neige, 22 février 1956. © Crédit photo : Archives Sud Ouest

Marie Clouzet, Toulouse : « La Save était recouverte de glace. Un jeune Toulousain, que nous avions à la maison, a été faire de la patinoire dessus. La glace a craqué. Il est passé dessous et le courant l'a emporté. Il s'en est sorti avec une belle frayeur. »

Louis Gally, Pins-Justaret : « J'étais marinier et je conduisais une péniche, Le Lauragais. A Narbonne, le thermomètre marquait -15°. Je me suis retrouvé avec les pétroliers venant de Frontignan. On se relayait tous les 30 à 50 m pour casser la glace. Comme j'avais le plus petit moteur, je fus stoppé par la glace à l'écluse de la Domergue. Je restais tout le mois de février 1956 sur place. Tous les jours, je cassais la glace à la flottaison car elle faisait pression sur la coque. »

Louise-Marie Marton : « Il a commencé à neiger le jour de la chandeleur. Nous habitions aux Minimes à Toulouse. Seule notre maison avait de l'eau. Plusieurs fois par jour, les voisin venaient avec des seaux se ravitailler.»


Février 1956 : la fontaine de la place du Pin à Agen pétrifiée sous l'effet du gel. / Photo DDM archives

Odette Moro, Fleurance : « Je devais assister mes grands-parents qui étaient âgés, ils habitaient une maison chauffée uniquement par une petite cheminée et pour la chambre nous allumions un petit poêle en fonte « godin » que j'ai conservé. Il nous fallait faire chauffer de l'eau pour arracher les poireaux en dégelant la terre. »

Liliane Garcia, Carmaux : « Je venais d'accoucher et il faisait très froid, -20°, peut-être plus. Mon fils était enveloppé dans des langes jusqu'aux orteils, il n'avait que la figure qui dépassait ! »

Robert Viguier, Goudourville : « J'allais tous les jours à vélo au lycée à 9 km de chez moi. Avec le froid, j'ai pris le bus mais il n'a pu franchir le pont des Minimes car la chaussée était recouverte par la glace. Je suis arrivé en cours à 10 heures au lieu de 8 heures Le professeur m'a demandé d'arriver à l'heure. J'ai donc repris le vélo tous les autres jours avec une chute mémorable. Je me souviens aussi des gens qui jouaient aux cartes installés sur quatre chaises et une table sur le canal gelé.»


Ambiance glaciale sur les quais à Tulle © Archives La Montagne

50 ans de records
L'hiver 1956: a été particulièrement froid. Le thermomètre descend jusqu'à moins 35°en Corrèze et -19,2 °C le 15 févier à Toulouse.
L'hiver 1962-1963 a été remarquable par la persistance des grands froids pendant trois mois.
Les gelées ont commencé le 13 novembre 1962 et se sont poursuivies jusqu'au 6 mars 1963.Le bassin d'Arcachon avait été pris par les glaces sur près de 2 Km et la banquise s'est étendue de Dunkerque aux plages belges. -26°C à Vichy le 23 Janvier.


D'énormes chutes de neige survinrent fin février (80 cm à Bordeaux, 1 mètre à Arcachon) / SO

31 décembre 1978. Paris enregistre la chute la plus brutale du mercure le 31 décembre 1978. En 24 heures, la température passe de +11,8 ° à -10,3 °. C'est un des réveillons les plus froids du siècle.
Hiver 1985. Le mois de janvier connaît une vague de froid exceptionnelle sur l'ensemble de la France. A Toulouse la Garonne et le canal sont gelés durant plusieurs jours. Il y a fait -18,6°C le 16 janvier. Février 85 fut également froid dans le nord de la France.
Hiver 2005-2006. Pour le XXIe siècle, il est pour l'instant l'hiver le plus froid avec un écart à la normale sur la saison de -1,50° pour la France.


Lyon : Déjà des difficulté de circulation aux premiers flocons / Photo d'archives Le Progrès
 

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