Massif Central : Vivre avec la neige
Publié le 29/12/2020 à 22h27 | La Montagne | Chemcha Rabhi
Saint-Paul-de-Salers (Cantal), un village au fin fond des neiges
Michel retourne au Vielmur, par la côte de la Pierre, ensevelie sous la neige et jonchée de troncs d'arbres © Jérémie FULLERINGER
Totalement cernés, le village de Saint-Paul-de-Salers et ses hameaux, au pied du puy Violent, se sont retrouvés isolés par une barrière blanche, au réveil, ce mardi 29 décembre. La neige, qui s’est accumulée sur les branches depuis dimanche soir, a fait chuter des arbres sur les routes. Les habitants se sont organisés et ont pris leur mal en patience. L’employé communal, en charge du déneigement, était sur le pont depuis 4 h 30 du matin.
Impossible de rejoindre Saint-Paul-de-Salers par la côte de la Pierre. Méconnaissable, la petite route à lacets a totalement disparu sous la neige tandis que des arbres jonchent le chemin. Arrachés à leur terre par ce flocon gras qui, à force de tomber en abondance depuis dimanche soir, a fini par peser son poids.
Un homme se contorsionne entre les branchages et les troncs pour se frayer un chemin. « Il faut faire attention qu’il n’y en ait pas un qui nous tombe par le nez. »
Michel s’en retourne au « Vielmur », où l’attend son amie, après être venu à Salers, « chercher du pain et des cigarettes ». « Il me faut une heure, une heure et demie, je ne fais pas le biathlon. Je suis descendu vers 10h30, ce matin, à pied, ça fait cinq, six kilomètres à peu près », calcule de tête, le Cantalien, qui presse le pas pour se mettre au chaud et s’occuper à bricoler dans la maison en attendant des jours meilleurs.
« Cela faisait longtemps... »
Il a beau être natif de Saint-Paul-de-Salers, qu’il va retraverser avant d’arriver chez lui, la blancheur spectrale du pays l’étonne. « Cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé?! », dit-il, avant de se rappeler… « Avant, il y en avait des couches comme ça, c’était encore pire. Et ça durait deux mois. »
Si Michel a choisi de passer par la départementale, barrée à la circulation, au fur et à mesure de la matinée, une autre petite porte de sortie s’offrait à Saint-Paul-de-Salers, par la route vers Saint-Martin-Valmeroux, mais il aura fallu de la persévérance au chasse-neige du Département.
Un cantonnier sur tous les fronts
« De ma fenêtre, je vois quand même un peu de goudron. » En ce début d’après-midi, bien avancé, Andrée, qui habite le bourg, crierait presque victoire, grâce au travail sans relâche du cantonnier, depuis 4h30 du matin.
« Ce matin, quand il a voulu déneiger la vallée du Rat, il ne pouvait pas passer. La route se termine en cul-de-sac au hameau du Malrieu, à huit kilomètres du bourg », rapporte Régis Joudrier, le maire de Saint-Paul-de-Salers.
« On est pratiquement coupé du monde »
Sollicité en continu par les habitants, l’employé communal ne savait plus où donner de la tête face à la situation dantesque si bien que l’édile a dû sonner le rappel des pelleteurs bénévoles et leurs tracteurs pour lui prêter main-forte.
« On est pratiquement coupé du monde », sourit le maire. Et d’ajouter malicieusement :
En douze ans de fonction, il n’avait jamais été confronté à un tel épisode météo même si les flocons ont l’art de se manifester quand bon leur semble dans le pays, comme, par exemple, en plein mois de mai. « Les gros problèmes étaient surtout ce matin, avec des arbres qui se sont couchés sur la route, notamment entre le bourg et Le Vielmur » À force de passage, l’employé a pu libérer une voie en début d’après-midi. « Il y a des gens qui habitent là-haut et qui doivent aller au boulot. »
Andrée, elle, profite de cette journée blanche. « Saint-Paul, sous la neige, c’est pas vilain?! Je le vis d’autant mieux que je suis en vacances ». Cette habitante avoue qu’elle n’aurait pas tenu le même discours s’il avait fallu se rendre à Mauriac.
« Quand on part le matin, il est 8 heures, quand on rentre le soir, il est 18 heures, 18?h?30, ça peut être compliqué, même si le secteur est bien déneigé. » Mais elle ne s’en plaint pas, cela fait partie de la réalité hivernale quand on a fait le choix de vivre en montagne.
Au lendemain de Bella, une journée dans un chasse neige au chevet des petits villages du Cantal : « On vient parfois déneiger cinq ou six habitants ! »
Des congélateurs pleins
Comme tous ceux qui habitent dans ces endroits éloignés, les congélateurs sont pleins, personne ne se laisse prendre au dépourvu par la météo, que la tempête soit annoncée ou pas. « On anticipe, ce n’est pas comme si l’épicerie était à côté. On a fait les courses pour Noël, on a vu grand, il y a des restes », sourit-elle. Et pour les bricoles, elle envoie Serge, son mari. « Il a un 4x4, il a l’habitude de la neige, il aime ça, il est né dans la haute vallée, à Récusset. »
Coincés au Couderc
C’est entre ce hameau, où il est tombé quatre-vingts centimètres, et Saint-Paul-de-Salers, que vit la famille Grenier. Cela fait deux jours qu’Isabelle et Jérémie, pâtissier, se terrent chez eux, dans le hameau du Couderc. « On est coincé là, depuis lundi?! Je suis rentrée dimanche soir, à 18h40, et depuis, on n’a pas pu sortir, car il neige, il neige, il neige. Et les hameaux ne sont pas dégagés. C’est vraiment impressionnant, c’est exceptionnel », répétait Isabelle, qui évalue l’épaisseur de couche à cinquante centimètres, au moins.
/ Photos LM, Jérémie Fulleringer
« Devant la porte de la maison, je dois avoir un mètre vingt avec ce qui tombe du toit. » En début de matinée, le couple, qui a une boutique de pâtisseries à Salers, et leurs trois enfants, chaussent les après-skis pour aller déneiger, un sport devenu national dans le Cantal, ces deux derniers jours.
Pas isolé pour autant...
« C’est assez impressionnant, cette année. Les villages coupés du monde à cause de la neige, c’était le quotidien en hiver, par le passé. Il n’y avait pas les mêmes moyens. Maintenant, on arrive à ouvrir », souligne Régis Joudrier, lié à ce village depuis l’enfance. Malgré tout cet enneigement, les habitants prennent leur mal en patience. « Mais on ne se sent pas plus isolé que d’habitude », nuance Andrée. Elle s’apprête à prendre son café d’après-midi, quand elle remarque par la fenêtre : « Tiens, il re-neige… »
|Publié le 28/12/2020 à 22h27 La Montagne | Chemcha Rabhi
« La neige faisait partie du quotidien » à Pailherols (Cantal)
Des bénévoles et l'employé communal déneigent les abords de l'église en prévision d'un enterrement. © Agence AURILLAC
Cela faisait longtemps que la neige n’était pas tombée avec autant de vigueur sur Pailherols, village d’altitude. Certains habitants ont retrouvé leurs vieux réflexes de montagnard.
C’est un réveil en musique qui attendait Claude Prunet, ce lundi matin. Pas le meuglement matinal, avant la traite, si doux à son oreille d’agriculteur et s’échappant de l’étable où il a mis à l’abri ses vaches. Mais plutôt le chant plaintif qui accompagne les réveils du Cantal sous la neige. « Ce matin, ça téléphonait de partout dès 7 heures », confirme le maire du village de Pailherols, emmailloté dans un épais manteau blanc, tricoté durant la nuit de dimanche à lundi, par Dame nature, avec le soutien de la tempête Bella.
« Les gens m’appellent pour le déneigement, pour les coupures d’électricité, il aurait presque fallu que j’aille appuyer sur le bouton pour rallumer », rigole cet élu de campagne, tout terrain, dévoué à sa commune natale et ses 130 âmes qui vivent, calfeutrées dans leurs intérieurs, par cette rigoureuse journée d’hiver.
À la force des bras
Pendant ce temps, Claude Prunet était au four et au moulin. Ce matin, il a rameuté une dizaine de gars du village, toujours partants pour aider. « On a déneigé devant le cimetière et l’église parce qu’il y a un enterrement, mercredi. On va continuer pour que ce soit bien propre. »
Sitôt fini de donner ce coup de main, Jean-Paul Soubeyre enfile les skis de randonnée. Au moins cinquante centimètres de neige sont tombés sur le village d’altitude, l’offrande ne se refuse pas. Sans attendre le passage de la dameuse, il file vers les hauteurs, encore vierges de tout passage. « Faire la première trace, c’est un sentiment inexprimable », soupire-t-il, de joie, après deux heures d’une balade au cœur de la partie boisée du domaine, abritée du vent. « C’était magique, c’était génial… », s’enflamme-t-il.
« Avant, un hiver sans neige était l’exception »
Derrière lui, Pailherols devient d’une blancheur presque uniforme, la brume se glissant entre les maisons. « Avant, un hiver sans neige était l’exception, maintenant, un hiver avec de la neige, c’est exceptionnel », constate cet habitant, surpris de voir que les natifs du pays ont parfois le réflexe montagnard rouillé. « Les gens ont perdu l’habitude. Si le déneigement n’est pas fait dans l’heure qui suit, ça râle. Avant, on prenait la pelle et on allait déneiger. Avant, la neige de décembre restait tout l’hiver?! Elle faisait partie du quotidien. »
C’est d’ailleurs cette abondance de matière qui a conduit à la création du foyer de ski de fond, les Flocons verts, dans les années 80. Derrière la banque d’accueil, Rachël, qui s’occupe aussi du gîte, s’affaire aux derniers préparatifs. « On est ouvert depuis cet après-midi », précise la salariée du foyer.
« Ne pas s’énerver… »
Pour venir au travail, ce matin, cette habitante de Vic-sur-Cère a emprunté une petite route de montagne, encombrée au sol. Sous le poids de la neige, des branchages se sont affalés par endroits, sur la chaussée enneigée et glissante. « Je suis partie un peu plus tôt. Il fallait rouler doucement et ne pas s’énerver », résume Rachël, avant d’être sollicitée par les premiers randonneurs de l'après-midi tandis que la neige se remet à tomber.
Parmi eux, Lucas, venu de Paris : « Entre les parents et les frères et sœurs, on est là pour les vacances de Noël dans une maison de famille. On savait qu’il y avait ce foyer, donc on en profite… » Raquettes au pied, cette famille de Parisiens s’éloigne tranquillement vers le grand blanc…
Publié le 29/12/2020 à 13h01 | La Montagne | Pierre Chambaud
Au lendemain de Bella, une journée dans un chasse neige au chevet des petits villages du Cantal : « On vient parfois déneiger cinq ou six habitants ! »
Qu’il neige ou qu’il vente, ils viennent avec leurs chasse-neige ouvrir les villages les plus reculés du Cantal, pour deux ou trois maisons parfois. Hier, les hommes chargés de l’entretien des routes départementales, à Murat, n’ont pas chômé : il neigeait et il faisait un vent à décorner une salers…
«Cette route, ça fait vingt ans que j’y passe. Je n’y ai jamais vu une congère… » Christophe Faucillon sait de quoi il parle, au volant du gros chasse-neige blanc siglé Conseil départemental du Cantal. Avec Frédéric Fabre en copilote, ils ont une mission : déneiger les routes au lendemain de la tempête Bella, venue avec 50 centimètres de neige, au bas mot.
Là, ils viennent de passer Auzolles, entre Albepierre-Bredons et Laveissenet. Une heure avant, c’était la tempête, à 1.400 mètres d’altitude, au col de Prat-de-Bouc. La route est à peine décelable à 14 heures, alors que le précédent passage a été fait à 10 heures. Pourtant, Christophe Faucillon pose ses roues avec confiance, vient s’appuyer sur une glissière de sécurité pour élargir au maximum le passage : « Je sais qu’elle est là. Ces routes, on y est en permanence, au printemps on bouche les trous, on fait de l’élagage, de la maçonnerie, on les connaît par cœur. » Il a le sourire aux lèvres : « Cela me plaît de pousser la neige, je suis comme un gamin… »
« Il y a de la vie dans nos villages ! »
Avec une spécificité : ces hommes-là vont déneiger les derniers recoins du Cantal. Leur secteur, c’est celui de Murat, Prat-de-Bouc, jusqu’à Paulhac d’un côté, Coltines de l’autre. « On part à 4 h 30 le matin, explique Dominique Lafon, chef d’équipe. Le soir, si le temps est correct, on arrête à 19 heures, mais ça peut aller jusqu’à 22 heures sur la D3 (la route de Riom-ès-Montagnes, NDLR), ou la RD 926 (la route de Saint-Flour, ndlr). »
Les hommes du département ne posent pas l’étrave sur la RN122, où c’est la DIR Massif Central qui intervient. Leur mission, c’est le petit réseau secondaire. « On commence par les routes où il y a le ramassage scolaire, puis les tournées des infirmières libérales, ceux qui travaillent… et on termine par nos retraités, histoire qu’il puisse aller chercher le pain ! Nos villages vivent, parfois on vient déneiger cinq ou six habitants, mais ils ont les mêmes besoins que les autres… »
Retour dans le camion. Après Prat-de-Bouc, jusqu’aux « Eschamps », puis Valuéjols, jusqu’aux « Ché », le périple continue vers Coltines et Paulhac, sans dépasser les 30 km/h. « On ne va pas vite, explique Frédéric Fabre. Après, la neige passe sous l’étrave. » Ils sont deux dans le camion, sujet sensible dans la petite communauté des conducteurs de chasse-neige : la CGT soupconne le département de vouloir faire des économies en passant à un seul homme par camion.
Le deuxième « répond au téléphone, gère la saleuse, regarde les bas-côté, énumère Christophe Faucillon. C'est quand même plus agréable d'être à deux dans ces conditions, on a des routes dangereuses ! » Dominique Lafon ne rentre pas franchement dans le débat, mais note qu'avec les conditions ces derniers jours, « c'est nécessaire. »
De fait, le téléphone sonne tout le temps. À chaque fois, le camion s'embarque pour une nouvelle tournée, change d'itinéraire, au gré des personnes qui appellent, ici un infirmier pour un malade à Paulhac, là une voiture échouée... Dehors, les conditions sont impossibles : le vent gifle le visage de l'imprudent, et des congères se forment sur une route pourtant déneigée quelques minutes plus tôt. C'est l'hiver, le vrai, sur une planèze battue par Eole. Dans le camion, Christophe et Frédéric continuent la tournée, poussent la neige comme Sisyphe pousse son rocher...
Avec quatre camions pour 200 km de routes, au bas mot, ils ont bien conscience de ne pas pouvoir être devant la voiture de tout le monde. Alors ceux qui râlent… « Il faudrait qu’il n’y ait pas de neige du tout sur la route », soupire Frédéric Fabre. « Il y a beaucoup moins de neige qu’avant, il suffit de voir les photos, éclaire Christophe Faucillon. À l’époque, cela ne posait pas de problème. aujourd’hui, tout le monde est sur son portable. Il faudrait un bon hiver comme avant, ils verraient…
Dans le camion, à sillonner la campagne blanche, le duo semble seul… mais cela ne dure jamais longtemps. Outre le téléphone et Dominique Lafon, le camion est souvent hélé. Là, un homme arrête le chasse-neige pour savoir si le village sera déneigé le lendemain matin, ici, c’est un grand-père qui s’inquiète, sa fille n’ayant pas été déneigée.
Et un peu partout, ce sont des véhicules bloqués, qui sont rapidement sortis du fossé. La journée a été rude sur la Planèze, coin venteux du Cantal s'il en est, et inforoute15.fr est resté en rouge toute la journée. Aux « Eschamps », au bout de la tournée de Prat-de-Bouc, les deux agents sont remerciés par l'unique habitant du coin. Le reste de la tournée, ils sont les témoins privilégiés d’une forte solidarité qui se traduit d'un coup de tracteur ou d'un ripage au bord du chemin. « Dans nos campagnes, dès qu’il y en a un qui est outillé, il vient aider les voisins, continue le chauffeur. Cela fait plaisir à voir… »
De quoi remotiver, dans la nuit noire, au moment de lâcher le camion vers 19 heures. La tournée recommencera le lendemain, à 4 h 30, tant qu’il y aura de la neige à pousser…
Publié le 31/12/2020 à 17h09 | La Montagne | Pierre Chambaud
Ligne Aurillac-Clermont : la SNCF espère un rétablissement dès ce jeudi soir et a dégainé son « chasse-neige spécial »
Il n'y en a que quatre en France, dont un à Aurillac : les chasses-neige spéciaux, moyens de déneigement lourds pour la SNCF, sont rarement utilisés : l'étrave simple suffit avec nos hivers d'aujourd'hui. Sauf cette année. Un chasse-neige spécial est intervenu au Lioran, ce mercredi et ce jeudi, pour de vrai, comme au bon vieux temps...
Ces dernières années, il ne sortait plus tellement pour de vrai dans le Cantal. Parfois, il allait déblayer une voie peu utilisée au Lioran, pour le plaisir des photographes et des cheminots. Le chasse-neige spécial basé à Aurillac est une rareté : il n'y en a que quatre en France, un dans le Cantal donc, deux à Chambéry, et un à Besançon.
Les deux turbines peuvent propulser la neige à plusieurs dizaines de mètres (2019) / Photo LM, Baptiste Hilleret
Cette année, pourtant, il y en avait besoin. « Avec le soc classique, on ne fait que pousser la neige à un mètre, explique David Lhuilier, aux manettes. Mais avec autant de neige, elle retombe tout de suite sur la voie. » Là, le chasse-neige spécial, un Beilhack pour les puristes, projette la neige au loin.
Manque de bol pour chasse-neige spécial cantalien : il n'aura pas vu cette belle neige, il est en révision dans le Berry. L'appareil utilisé est donc venu de Chambéry pour débloquer la voie entre Aurillac et Neussargues, complètement bloquée depuis mardi matin. Une intervention lourde, et rare, au point que la SNCF a elle-même réalisé un reportage sur l'intervention.
Mais enlever la neige ne suffisait pas : il y avait beaucoup d'arbres sur les voies, aussi. On a passé beaucoup de temps avec une équipe de bûcheron, à enlever du bois, continue David Lhuilier. Les équipes sont fatiquées, c'est du 4heures - 20 heures depuis plusieurs jours ! »
En cette fin d'année, la gare de Saint-Flour est sans train, ni bus, mais avec des voyageurs
Avec un cadeau de Noël après l'heure pour ce cheminot passionné : l'occasion d'utiliser, pour de vrai, ce moyen peu conventionnel de déneiger. « On est tout excités, comme des enfants ! »
Quand on déneige les voies dans le Cantal, on ne fait pas semblant !!
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