Conflans : Effroi et consternation
Conflans : Effroi et consternation
L’Histoire contre l’islamisme
Il faut dire l’abjection, et essayer de ne pas désespérer.
Il faut pleurer Samuel Paty, professeur de collège, décapité par un terroriste islamiste, et essayer de ne pas désespérer de la nature humaine, de ses dévotions indignes, de ses croyances insupportables, de ses agenouillements abrutis.
Il faut saluer la grandeur d’un enseignement dispensé pour éclairer les consciences, et essayer de ne pas désespérer de parents d’élèves qui, pour des raisons religieuses, contestent la connaissance et le savoir, la raison et la libre pensée, le droit au blasphème et à la satire.../...
Il faut saluer la mémoire du professeur assassiné et faire le nécessaire pour que l’Education nationale puisse continuer à enseigner paisiblement le Big Bang et Darwin, la reproduction sexuée et la natation, aux filles comme aux garçons, de toutes origines, de toutes confessions.
Afin d’essayer de ne pas désespérer.
Luc Le Vaillant / Libération
Samuel Paty, enseignant d'histoire-géographie, a été tué ce vendredi 16 octobre en sortant du collège où il enseignait / DDM, AFP - ABDULMONAM EASSA
Rester fraternels
Nous sommes ce professeur martyre parce qu’il portait en lui le métier essentiel de notre humanité, qu’il enseignait comme tant d’autres à des enfants un savoir, une disposition d’esprit, une façon d’être raisonnable et citoyen, une envie d’être éventuellement des hommes libres.
C’est pourquoi nous pensons aussi à tous ces enseignants qui, souvent dans le silence, avec flegme et courage, affrontent parfois les regards brutaux de l’obscurantisme et tentent d’y faire face.../...
Nous aimerions forcément que ces cauchemars n’aient jamais existé, qu’ils aient été de mauvaises pensées, des songes sanglants, mais nous les avons tous vécus à travers leurs mille détails qui auraient pu détruire notre bonheur de vivre selon nos désirs.
Nous avons résisté, serré nos mâchoires, nous avons continué nos vies malgré ces blessures, nous avons multiplié des lois – et la dernière encore imaginée contre les séparatismes –, mais, en bout de course, nous sommes demeurés debout, unis, peut-être fraternels.
Il faudrait le rester.
Jean-Claude Souléry / La Dépêche du Midi
Hier matin, un émouvant rassemblement en hommage au professeur tué s’est déroulé devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine. / DDM, AFP
Faire corps, faire nation
Les mots aussi ont leurs limites.
Ils peuvent qualifier l’horreur et l’abjection, qui elles n’en ont pas, mais ils ne peuvent dire l’indicible.
Il n’y en a aucun pour traduire exactement cette colère sourde et cette douleur mêlées qui saisissent une communauté comme on étreint un cœur.
L’attentat de vendredi laisse sans mot parce qu’il laisse sans voix.
L’idée même qu’au XXIe siècle, dans notre pays, un professeur d’histoire puisse être exécuté au motif qu’il œuvrait à dessiller les consciences est intolérable, au sens premier du terme.
Ce meurtre, aussi abject qu’il soit, ne change pourtant rien à une réalité : la France est une république laïque et elle le restera quoi qu’il en coûte.
Il y a d’autres modèles, celui-ci n’est sans doute pas parfait, mais il est le nôtre. La France est une république laïque, elle est une, indivisible et l’école est son creuset.../...
Comme tous ses collègues enseignants, Samuel Paty était un éclaireur. Il est mort parce qu’il apportait la lumière de la connaissance.
Il est mort en martyr. Il n’y a pas d’autre mot et celui-ci a un sens.
Pascal Coquis / Dernières Nouvelles d'Alsace
"Monsieur Paty", un prof "engagé", "super gentil", "à fond dans son métier" / DDM, AFP
Chérir plus que jamais l’école
L’école, vendredi soir, a été frappée au cœur. Et il n’y a aucune question à se poser: il faut plus que jamais l’aimer, la choyer, la protéger.
Et oui, il faut, depuis ce sinistre, 16 octobre être #tousdesenseignants.
Le choc, l’émotion, l’angoisse, la colère, dans la communauté éducative sont tels qu’il est impératif de se rassembler devant ses préaux, sous ses frontons, ses cours bitumées, ses gymnases blafards, ses cantines bruyantes, dans les lycées huppés, les classes uniques de montagnes, les REP de banlieue, les écoles, les collèges, les lycées, généraux, techniques ou professionnels, pour dire oui, nous sommes avec vous, vous les profs d’histoire-géo, d’éducation civique, de sciences naturelles, de maths, d’arabe, de français, de philo, de mécanique, de sports, de gestion, d’économie, de tout.
L’école représente ce que les terroristes exècrent: le savoir, la connaissance, la science, le débat, le partage, la culture, l’apprentissage du libre-arbitre, l’acceptation de la critique, le vivre-ensemble malgré nos différences, les livres plutôt que le livre, quel que soit son nom.
C’est à tout cela que s’est attaqué le terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, c’est tout cela qu’il faut protéger, aujourd’hui plus que jamais, pour lutter contre l’obscurantisme, le fanatisme, la barbarie...
Paul Quinio / Libération
Samedi, des centaines de fleurs ont été déposées devant le collège où exerçait Samuel Paty. / DDM, AFP - BERTRAND GUAY
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