Publié le 25/04/2020 à 09:57 | La Dépêche du Midi | Andy Barréjot
Les bons plans pour des vacances en région : la montagne en Hautes-Pyrénées
L’air pur des montagnes de Bigorre, une bulle de bien-être à la sortie du confinement./ DDM, S.L.
"Les gens ont envie de revoir nos grands espaces, les cent lacs autour du camping, la vallée de Bergons où il n’y a jamais personne. Ils tiennent à l’air pur de nos montagnes, à la qualité de vie des bergers." Pour tout ça, Luc Dusserm, le responsable du camping écovillage Le Soleil du Pibeste, à Agos Vidalos, reste confiant. Pourtant, pour la première fois depuis 31 ans, ce camping familial, ouvert à l’année, a dû fermer ses portes. "Nous avions des pêcheurs pour l’ouverture, des propriétaires de mobile-home, mais on a fait appliquer le règlement à la lettre."
Au pied de la réserve naturelle du Pibeste, l’établissement est un acteur économique responsable depuis plusieurs années, avec son épicerie bio, ses cours de taï-chi, son potager en permaculture. "Sur nos deux hectares, le nombre d’emplacements a été considérablement réduit de 90 à 40, note Luc Dusserm. Il n’y a pas de promiscuité." Néanmoins, sur les séances de visio que le gérant met en ligne pour garder le contact avec ses clients, il rappelle comment seront mis en place les gestes barrières.
Déguster le fromage du Val d’Azun / DDM
"S’il faut porter un masque pour se protéger les uns, les autres, nous le ferons. Nous en vendrons d’ailleurs, fabriqués par une couturière du village. La désinfection entre les clients sera accentuée et élargie. De même, tout l’administratif, le paiement, devra être réglé avant l’arrivée des clients. Pour la restauration, on fonctionnera beaucoup à emporter et avec des commandes à distance livrées, y compris pour l’épicerie. Pour les animations, on ne sait pas trop encore mais donnera de la vie différemment…"
Malgré tout, des annulations sont arrivées jusque dans la vallée des Gaves. "Essentiellement des tour-opérateurs. Les gens en direct ont confiance." Alors qu’à Lourdes, 1,7 million de nuitées ont déjà été annulées, les 661 campings et hôtels bigourdans espèrent que la montagne gagnera les touristes français.
Publié le 26/04/2020 à 05:13 | La Dépêche du Midi | Thierry Jouve
Les refuges rouvriront-ils cet été ?
Laetitia Heluin, gardienne du refuge de Larribet./ Photo archives DDM. Thierry Jouve
Le tourisme est le secteur d’activité sur lequel planent le plus d’incertitudes. Les cafés, restaurants et hôtels ne rouvriront pas le 11 mai et on ignore quand ils pourront le faire. Qu’en sera-t-il des refuges de montagne pour ce prochain été dans nos Pyrénées ?
Les refuges de montagne pourront-ils rouvrir bientôt et fonctionner cet été ? Dans ces cabanes, d’utilité publique, qui proposent de la restauration, de l’hébergement, les mesures de distanciation sociale semblent cornéliennes à mettre en place. Sauf à réduire considérablement la capacité d’hébergement dans des dortoirs confinés, on a du mal à imaginer comment ils pourront accueillir du public. "Il y a plusieurs scénaris qui sont étudiés par le bureau fédéral de la FFCAM, mais c’est l’incertitude qui domine. Le plus tôt sera le mieux, mais on ne sait pas du tout quand les refuges vont pouvoir rouvrir", estime Florent Roussy, en charge des refuges des Pyrénées de la FFCAM.
"En premier lieu, il convient de savoir si on pourra aller en montagne et quels types d’activités on pourra y pratiquer. Si à partir du 11 mai, tout le monde peut aller en montagne, les parties hiver des refuges risquent d’être prises d’assaut, cela va être compliqué", ajoute Florent Roussy. Faudra-t-il que les gardiens montent pour éviter les éventuelles dégradations ? Julien Miniton, président de l’association des gardiens de refuges des Pyrénées élargie cette interrogation à l’été : "Si on autorise les gens à aller en montagne mais que l’on nous interdit d’ouvrir, faudra-t-il garder les refuges ou pas ?" Il estime que oui. Mais pour le reste, il a essentiellement des interrogations et fait part de réflexions échangées avec les gardiens.
"On va s’adapter aux contraintes"
"Comment va-t-on faire pour accueillir du public en respectant la distanciation sociale, c’est la question à 1 000 points. Est-ce que l’on doit y répondre maintenant ? Est-on sûr qu’il faudra respecter la distanciation sociale, on n’en sait rien ? Si on peut ouvrir de manière classique, les gens voudront-ils vivre en collectif ? Si on pense que ce sera compliqué au niveau sanitaire, on risque d’avoir des contraintes mais on ne les connaît pas encore. Nous, on va s’adapter aux contraintes qui nous seront imposées".
Sur le Pic de Labas (2947 m)/ Photo DDM, A. Reteau
Rappelons que la majorité des refuges des Pyrénées ouvrent en principe entre la mi-mai et la fin mai. Cette année, dans le meilleur des cas, ils ouvriront peut-être courant juin. "Si on ouvre à partir de la mi-juillet, qui est le vrai démarrage des vacances, et que l’on enchaîne, août et septembre, on sera content. Si on a une belle arrière-saison, on arrivera à sauver les meubles", estime Julien Miniton. Il explique que les gardiens ont envisagé différentes solutions possibles. "On voulait acheter des tentes pour faire un matelas sur deux dans les dortoirs. Après, on s’est dit que le virus reste dans les draps, ce qui signifie qu’il faudrait qu’on les change tous les jours, mais c’est impossible. Nos machines à laver n’en auront pas la capacité. On a pensé que les gens montent avec leurs duvets en installant des alaises jetables sur les matelas. Mais peut-être aura-t-on seulement le droit d’exploiter en ne proposant que des repas à emporter, comme on le fait déjà, mais sans proposer d’hébergement ?".
Il est probable que les randonneurs effectuent majoritairement des courses à la journée et que les refuges aient plus de monde à midi. Mais rien n’est moins sur car en principe, le montagnard apporte son casse-croûte. On peut aussi penser que les personnes effectuant un circuit ou un raid sur plusieurs jours transportent leur propre tente et campe et bivouaque à proximité (ou pas ) des refuges et que ces derniers vendent ainsi quelques paniers-repas et boissons. Il y a fort à parier que les ventes de tentes vont exploser. D’autres opteront aussi pour des cabanes non gardées.
Gestion du ravitaillement compliquée
Julien miniton ajoute que l’ouverture d’un refuge avec des contraintes, va se révéler un casse-tête pour la gestion des stocks de ravitaillement. "Cela risque d’être compliqué car on ne sait pas quelle fréquentation on aura. Il faudra effectuer plusieurs ravitaillements. Tout va nous coûter plus cher. Ensuite, on ne sait pas comment on va embaucher le personnel".
Enfin, Julien Miniton, a une certitude : "Si les gens ont le droit, ils auront envie d’aller en montagne lorsqu’ils seront déconfinés. Je pense même qu’il y aura beaucoup de monde en montagne car les gens auront envie de prendre l’air et ce dans des espaces protégés et sains". Et si les Pyrénées, cet été, avaient une carte à jouer, notamment avec la clientèle de proximité ? Les Français, s’ils peuvent partir en vacances, vont rester en France - ils n’auront probablement pas le choix - et privilégier la campagne et la montagne, plus aérées au détriment des villes et des plages, plus confinées.
À l’hôtellerie de la Reine Hortense à Cauterets / DDM