Saint-Lary : Quand la montagne avance

28/4/2019


Mis à jour le 26/04/2019 à 20:14  | La Dépêche du Midi |

À Saint-Lary, un nouveau pont pour lutter contre l'avancée de la montagne


Une fois l'explosion de la paroi, il faut déblayer rapidement la chaussée. / Photo DDM, Andy Barréjot

Le chantier du pont d’Ayguesseau, sur la route de l’Espagne en vallée d'Aure, est entré dans sa phase active avec les premiers tirs. Un investissement appuyé par les fonds européens, indispensable pour faire face à l’un des plus gros glissements de terrain d’Europe.
C’est un mouvement singulier, imperceptible et pourtant inexorable. A la sortie de Saint-Lary, en direction de l’Espagne, le pic de Mont avance d’un centimètre par an en moyenne. « Par le volume de mètres cubes déplacés, c’est l’un des plus gros glissements de terrain d’Europe », pointe Stéphanie Thabaud-Donadille, à la direction des routes du conseil départemental. Des mouvements qui ont fait pression sur le premier pont maçonné, aujourd’hui en situation précaire et qui pourrait, en cas d’affaissement, faire peser une menace sur le deuxième ouvrage en béton, actuellement utilisé pour la circulation, mais qui a déjà dû être conforté par des travaux à deux reprises en quarante ans.


/ Photos CD 65

Avec le soutien de l’Europe qui finance 3 des 4,5M€ de chantier dans le cadre du programme Poctefa Securus pour la sécurisation des biens et des personnes contre les risques naturels, le conseil départemental des Hautes-Pyrénées a donc entrepris de créer un nouveau pont, dans ce secteur exigu où s’entassent les contraintes. À commencer par l’impossibilité de mettre en place une déviation puisqu’il s’agit du seul axe reliant Aragnouet et Tramezaïgues. « C’est aussi le cordon ombilical vers l’Europe, note Stéphanie Tabaud-Donadille. Il faut aussi prendre en compte les habitations situées à proximité (les agents EDF du bâtiment voisin ont déménagé de quelques mètres), de la ligne très haute tension au-dessus de l’ouvrage, de la loi sur l’eau, de la circulation que nous nous sommes engagés à maintenir au maximum, à l’exception des phases de minage, mais aussi de l’activité touristique qui ne doit pas être perturbée. »



La culée pourra bouger d'un mètre
La collectivité a missionné un bureau d’études spécialisé pour la conception de cet ouvrage très particulier, qui devra répondre également aux normes antisismiques. « Le pont va être éloigné du pic de Mont, détaille Stéphanie Thabaud-Donadille, en charge du chantier. On s’est inspiré du système utilisé un peu plus loin, sur le pont de Lette, afin de permettre le déplacement de la culée, sans que le tablier en béton de 60 m ne bouge. » Des appuis élastiques, en somme, qui vont permettre un déplacement de la culée d’1, soit au rythme du glissement de terrain, une durée de vie espérée d’un siècle.



Mise en circulation cet hiver
Concernant le déroulement des travaux menés par plus d’une dizaine d’entreprises, alors que le minage a débuté pour permettre de passer plus à l’ouest, la charpente métallique va être assemblée d’un côté de la rive avant d’être lancée, à l’automne, via un système de poulies et de treuil. Une fois le nouveau pont dressé, il s’agira de démolir les deux anciens ouvrages, tout en confortant provisoirement les berges. Au total, seize mois de travaux sont prévus, avec une mise en circulation attendue pour la fin de l’année2019. « Le tout en assurant la circulation en toute sécurité pendant la durée du chantier. »



Quand la montagne fait "boom"
14 heures,  ce vendredi. Des klaxons résonnent à la sortie de Saint-Lary où la circulation est interrompue. Puis un grand boom et la montagne dégringole. Afin de permettre le positionnement plus à l’ouest du pont, il y a lieu de procéder à un minage « à la petite dentelle » de la paroi. Au total, près de 15.000 m3 sur une longueur de 120 m vont ainsi être purgés, d’ici fin juin prochain, par des tirs réguliers. « Il faut le temps de forer les nouveaux explosifs, d’évacuer les rochers, détaillent Éric Sans d’Agut et Patrick Oletchia, de l’Agence des routes d’Arreau. On procède à des tirs de mine mais aussi à du microminage, à cause du gros enjeu que représentent les pylônes RTE à proximité et pour lesquels il y a un seuil de vibration à ne pas dépasser. » De même, des tapis de protection empêchent toute projection dans les airs  pour éviter tout contact avec les câbles électriques. Les prochains tirs, entraînant des coupures de circulation, auront lieu mardi 30 avril et vendredi 3 mai, entre 14 heures et 16 heures, sauf imprévu de chantier.


/ Photo NR

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