Carmaux : Boules de Noël 100% tarnaises

19/12/2017

Publié le 18/12/2017 à 07:35  | La Dépêche du Midi |   Camille Gillet

Boules de Noël 100% tarnaises 


Les salariés du centre Caramantis sont prêts pour le lancement de la saison 2019. / Photo DDM, M-P Volle

Elles sont rouges ou dorées, brillantes et incassables… Les boules de Noël Ary-France, fabriquées par des personnes en situation de handicap, sont les dernières à être produites en France. Depuis plus de 40 ans, le centre Caramantis, géré par l'association Asei, tourne à plein régime et exporte aujourd'hui en Europe.

«Ces machines, elles sont un peu comme notre Charles Aznavour à nous. En trente ans, elles nous ont fait des misères… Mais quelques réparations ont suffi pour leur redonner la pêche», plaisante Jean-François Brieugne, le directeur adjoint du centre Caramantis.
Arpentant les 2 000 m2 de locaux du site, c'est avec fierté qu'il explique comment, chaque année, sont fabriquées les quelque 300 000 boules Ary-France. Depuis cinq ans, les clients du fabricant sont uniquement des municipalités, des sociétés événementielles et des grandes surfaces.

De mars à décembre, encadrés par des professionnels du milieu médico-social, 50 salariés mettent la main à la pâte. Si l'entreprise tourne à plein régime depuis 1970, ce n'est que depuis deux ans qu'elle parvient à renflouer ses caisses. Des bénéfices qui seront prochainement investis «dans des infrastructures améliorant le confort des salariés», avance le directeur adjoint du site.


Carmaux : Ary France travaille pour le père-noël (2008) / Photo DDM

Les secrets d'une réussite
Absorbés par leur travail, blouses marron sur le dos, seuls les salariés du site Caramantis connaissent le secret du succès de ces boules de Noël. Une recette unique, que Jean-François Brieugne n'hésite cependant pas à exposer. «Ce qui fait la différence de notre produit par rapport à ceux proposés par nos concurrents européens ou asiatiques ? Sa brillance», se félicite le directeur adjoint. Les décorations de Noël se sont pliées à la tendance du plastique depuis son avènement dans les années soixante. «Il a alors fallu mettre de côté le verre et travailler avec de nouveaux procédés pour que les boules brillent toujours autant.»

Comment ? Le secret de cet effet luisant et vitrifié : les cloches à métalliser. Grâce à ces trois grosses machines, ces objets décoratifs brillent de mille feux.
L'étape suivante, celle du vernissage, donne à ces boules tout leur éclat. La couleur est ensuite appliquée sur la sphère par les six cabines de peinture et les quatre étuveuses de l'usine. Les teintes spéciales sont «cuisinées dans notre laboratoire en fonction de la demande du client». Cette année, le vert a eu le vent en poupe, «nous l'avons décliné à toutes les sauces».

Si les clients de la société Ary-France sont aussi friands de ces décorations festives, c'est avant tout en raison de leur solidité. «Nous ajoutons à nos produits 15 % en moyenne de matière. Ces boules sont donc certifiées antifeu et sont incassables», détaille Jean-François Brieugne.


Déstockage d'article de décorations de Noël (2011) / Photo DDM

Une histoire humaine
Des atouts certains qui permettent à l'entreprise d'exporter sur le marché européen, en Allemagne principalement. «Sur 600 000 euros de chiffre d'affaires annuel, environ 30 % sont réalisés grâce à ces exports.» A noter que les premières commandes se font dès le printemps. Dans un marché dominé par la concurrence asiatique, l'entreprise mise sur son savoir-faire : «C'est une des conditions pour assurer notre survie. Nous n'avons rien à gagner à avancer sur un terrain plus risqué, comme la fabrication d'objets plus tendances.» Forte de son succès, la société reprend cette année son stand au Salon international Christmasworld de Francfort.

Si la réputation de ces boules de Noël carmausines ne faiblit pas depuis plus de quarante ans, Jean-François Brieugne insiste toutefois pour privilégier la qualité et l'épanouissement des salariés plutôt que la production de masse. «L'histoire de cette boîte a une forte signification affective. L'association Asei et les salariés sont fiers de fabriquer ces objets. Depuis 1970, la magie opère. Ary-France, c'est une affaire qui marche, mais c'est surtout la formidable opportunité de conférer à des personnes en situation de handicap des compétences professionnelles singulières», se réjouit-il. Et d'ajouter : «Je ne suis pas là pour écouler le plus de stock possible. Je veux avant tout maintenir les emplois de nos salariés et assurer leur bien-être.»

Une belle aventure qui n'est pas près de s'arrêter. Dans les deux ans à venir, la direction envisage de reprendre la fabrication de boules à logo, de métalliser des sphères plus grosses, de diversifier sa palette de couleurs et de produire une gamme pour les particuliers. De quoi orner les sapins des foyers tarnais pour les prochaines fêtes de fin d'année.


Les copeaux de matière plastique sont chauffés et transformés en pâte puis soufflés (2010) / Photo DDM

Asei : intégrer par le travail
Depuis 1950, l'association a pour but la prise en charge, l'accompagnement, l'éducation et l'insertion des personnes en situation de handicap mental (adultes et enfants). Aujourd'hui, l'Asei gère 91 établissements, répartis sur 7 départements, dans la région Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Au total, 7 000 personnes sont accueillies dans ces infrastructures et 3 300 personnes employées. Les activités professionnelles proposées sont variées (cuisine, jardinerie, blanchisserie…).


350 000 boules de Noël sortent chaque année de cette usine située dans le Tarn / Photo © France 3 Occitanie
 

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