Hommage : disparition de Mireille Darc

30/8/2017

Publié le 29/08/2017 à 10:53   | La Dépêche du Midi |   Dominique Delpiroux

Libre, belle, humaine Mireille Darc


Mireille Darc est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à Paris à l'âge de 79 ans / Photo DDM

«Le petit cœur de Mireille si tendre, si beau, mais si fragile, s'est arrêté de battre. Elle s'est endormie chez elle, aujourd'hui, après presque une année de batailles et de souffrances. Elle a rejoint les étoiles et tous ses amis. Elle a tellement aimé la vie, elle a vécu d'amour, cette eau fraîche qui court dans mes veines, me disait-elle. Au revoir Mimi, à bientôt.»

C'est avec ce message que Pascal Desprez, son mari, a annoncé hier le décès de Mireille Darc. Une disparition qui touche les Français qui adoraient cette grande bringue délurée qui les avait si souvent faire rire, émus, voire émoustillés.

Mireille Darc, c'était une belle plante dont tout un chacun, de film en film avait eu l'occasion de détailler l'anatomie irréprochable. Surtout, elle déclenchait un élan d'affection presque fraternel : contrairement à des Brigitte Bardot ou des Marilyn Monroe inaccessibles et quasi mythiques, Mireille avait des allures de bonne copine idéale, à qui on aurait pu claquer deux bises amicales.



Mireille Aigroz était née en 1938. En 1959, elle débarque à Paris avec un diplôme d'art dramatique en poche et ce qu'il faut de culot et de talent pour conquérir la capitale. À l'époque, elle est, selon elle « maigre, brune, et plate ». Elle décroche des petits rôles à la télévision et au cinéma. On la remarque dans « Pouic-Pouic », aux côtés de Louis de Funès. Mais c'est surtout avec Georges Lautner, qu'elle va exploser, avec « Des Pissenlits par la racine », et surtout « Les Barbouzes » où elle affronte un casting fabuleux : Lino Ventura, Francis Blanche et Bernard Blier. Elle est une fausse châtelaine, vraie coquine, flegmatique et amusée entre les explosions, les coups de revolver et les chausse-trapes d'une bande de faux espions. Un délice…

Dès lors, elle est une star. En 1967, Georges Lautner, toujours lui, lui offre le rôle de « La Grande Sauterelle », qui lui donnera un surnom pour l'éternité, et lui collera définitivement l'étiquette de femme libre, sans tabou ni complexes.



De la comédie, oui, mais de la comédie grinçante aussi : délaissant les amuseurs, elle tourne avec Jean Yanne (qu'elle retrouvera plusieurs fois) dans « Week-end » du provocateur Jean-Luc Godard, long et hallucinant travelling sur la France sauvage des routes.

Elle atteint le sommet de sa gloire avec un film d'Yves Robert « Le Grand Blond avec une chaussure noire ». On se souviendra éternellement de cette robe noire comme un fourreau, ras du cou par devant, ras des fesses par derrière, scène culte, qui a fait murmurer, s'extasier ou bien rire des salles entières. La robe était signée Guy Laroche et son partenaire était Pierre Richard : la grande blonde a éclipsé le Grand Blond.



Les années Delon
Pour Mireille Darc, les années suivantes sont les années Delon. En 1968, le beau gosse du cinéma français sent son mariage avec Nathalie s'étioler. Mireille est là. Entre eux, une tendre amitié et un profond respect seront scellés pour toujours. Ils sont un des couples emblématiques du cinéma français pendant une quinzaine d'années. Ils seront à l'affiche ensemble dans « L'Homme pressé », « Mort d'un pourri » ou « Borsalino ». Ils se sépareront au début des années 80. Delon aurait aimé avoir un enfant. Mais Mireille Darc souffre depuis l'enfance d'une malformation cardiaque qui la privera de toute maternité. Une méchante histoire de cœur qui la rattrape : en 1980, elle subit une première intervention chirurgicale. Une épée de Damoclès reste suspendue au-dessus de sa tête.



Les «docs» de Mireille
Dans les années 90 sa carrière sur le grand écran est révolue. Mais elle cartonne dans des séries télévisées, comme « Les cœurs brûlés », « Les yeux d'Hélène », « Terre Indigo », « Franck Riva ». Les téléspectateurs adorent retrouver la chipie d'antan mûrie mais toujours touchante, indépendante et humaine.

Cette humanité profonde, on va la découvrir d'une autre manière, avec Mireille Darc. Elle passe de l'autre côté de la caméra pour des documentaires sur le monde du cinéma X, sur les greffes d'organes, sur les femmes sans domicile fixe, sur la prostitution, le cancer, les détenues ou même les mystiques religieuses.

Ambassadrice de la chaîne de l'espoir, pour les enfants cardiaques, Mireille Darc n'a jamais été lâchée par la maladie, qui piquait cette grande sauterelle sur une épingle. Réopérée en 2013, hospitalisée trois mois en 2016, elle a rendu son dernier souffle et c'est la France entière, cette fois, qui a le cœur gros.


/ Photos FB, AFP


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