11 novembre 1916 : Il y a 100 ans

11/11/2016



   11 novembre 1916 : Il y a 100 ans   

Fac-similé de La Dépêche du Midi du 11 novembre 1916 / Photo DDM

Publié le 11/11/2016 à 07:36   | La Dépêche du Midi |  Recueilli par D. D.

Alexandre Lafon : «La guerre a pris une dimension industrielle»


Alexandre Lafon, Historien à l'Université Jean-Jaurès de Toulouse, Mission du centenaire. Auteur de : «La France dans la Grande Guerre» / Photo DDM

Si on se projette tout juste 100 ans en arrière, nous sommes au cœur de la Grande Guerre. Quelle est la situation en ce mois de novembre 1916 ?
Cela fait déjà plus de deux ans que la France, l'Allemagne, l'Europe, le monde sont en guerre. Depuis 1915, de nouveaux fronts sont apparus, en Italie, aux Dardanelles. La guerre en France a pris une dimension industrielle. Cela se traduit sur le terrain dans les équipements, avec désormais le casque, l'uniforme bleu horizon, et surtout, on note l'essor fulgurant de l'artillerie et de l‘aviation dans les combats.



C'est la période des grandes batailles, Verdun, la Somme…
Des millions d'hommes ont été engagés dans deux batailles majeures, Verdun et la Somme. Là encore, on va constater l'engagement très industriel des deux armées, en même temps qu'un engagement humain énorme : ce sont deux batailles de masse, avec des pertes dont on a du mal à mesurer l'ampleur : 300 000 morts pour Verdun, 140 000 côté français, 160 000 côté allemand. Quant à la Sommes, l'offensive commencée le 1er juillet 1916, avec les alliés français et britanniques est en train de prendre fin, de la manière la plus violente qui soit. Les Allemands ont réussi à récupérer quelques territoires, et le gain au final, est dérisoire, pour un engagement aussi massif et aussi violent, avec des millions d'obus qui ont été déversés sur les champs de bataille.



Verdun va bientôt se terminer…
L'année 1916 est en tout cas celle qui va le plus marquer l'imaginaire de la guerre de 14-18 : qui n'a pas fait Verdun, n'a pas fait la Grande guerre, pourraient résumer certains. Cela dénote du caractère infernal de ce que vivent les hommes au front, tandis qu'à l'arrière tout le pays est mobilisé C'est aussi l'époque où l'on commence à avoir les premières images des champs de bataille, avec des reportages dans des magazines qui montrent au public ce qui n‘avait jamais été montré auparavant. Verdun va vivre un tournant avec la reprise du Fort de Douaumont le 24 octobre pour s'achever à la mi-décembre, grâce aux généraux Pétain et Nivelle. On va récupérer la rive droite de la Moselle. Le bilan de cette année 1916 va être mitigé : Les Français ont tenu à Verdun, mais la Somme qui devait être une grande victoire ne débouche que sur un résultat dérisoire. Mais surtout, après tous ces sacrifices, la paix semble de plus en plus éloignée. Au contraire, on assiste à un accroissement de la violence.


Lille : Explosion des 18 ponts en 1916

Et à l'arrière ?
On subit le choc des deux offensives. La société française est très mobilisée, très tendue, et son industrie est tout entière tournée vers la guerre. C'est un moment difficile car les morts s'accumulent, avec des veuves et des orphelins. Et c'est en 1917 que l'on verra apparaître les mutineries.


Publié le 11/11/2016 à 08:43   | La Dépêche du Midi |  L.G.

Ariège :
La petite histoire des monuments aux morts



A Foix, le monument aux Morts a été inauguré avant d'être terminé. Il manquait les plaques en bronze définitives, qui seront posées deux mois après la cérémonie./Photo DDM, archives.

A comme… Ariège.
310 monuments aux Morts, dans notre département, rendent hommage aux victimes de la Grande Guerre.
B comme… batailles. Les Ariégeois ont participé aux grandes batailles de 14/18, comme Verdun en 1916. Les pertes du début du conflit sont épouvantables : 1 708 Ariégeois tués entre août et décembre 1914.

C comme commémoration.
Dans un premier temps, le jour de l'inauguration du monument aux morts sert de date de référence pour les cérémonies du souvenir. Puis, la loi du 24 octobre 1922 institue le 11 novembre, date de signature de l'Armistice, comme date de référence.
D comme dernier.Si le premier monument aux morts édifié en Ariège a vu le jour à Bonnac, dès 1916, le dernier est tout récent : il a été inauguré à Encourtiech, le 30 novembre 2013 (lire ci-dessous).


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E comme épargnée.
Cas exceptionnel, la commune de Sainte-Foi ne possède pas de monument aux morts… car elle n'a pas subi de pertes au cours de la Grande Guerre. Neuf autres communes ariégeoises n'ont pas édifié de lieu de mémoire, pour des raisons financières.

F comme financier.Au lendemain de la guerre, les communes ariégeoises sont en effet exsangues. Sans le sou. Roquefixade, par exemple, reçoit 280 F de l'État, alors que le monument qu'elle veut bâtir coûte… 7 000,00 F Certaines communes contractent un emprunt, d'autres innovent, comme Lherm, organisant la vente d'arbres.

H comme Hémorragie.
C'est un très lourd tribut. 8 735 noms sont gravés dans la pierre des monuments aux morts de notre département.
I comme inachevé. Certains monuments sont inaugurés avant même d'avoir été achevés. C'est le cas à Arignac, où manque la grille de clôture ou à Foix, où les plaques définitives, en bronze, ne seront posées que deux mois après la cérémonie.


Toulouse : Salle de St-Vincent de l'hôpital 312 du grand séminaire

L comme ... Lakanal.
Le collège Lakanal, à Foix, compte un lieu de mémoire qui recense plus d'une centaine de noms. Il a été inauguré en 1921 et financé par l'Association des anciens élèves. C'est le cas aussi dans les collèges de Saint-Girons et de Pamiers.
M comme… Malléon. Avec Carcanières, Malléon fait partie des rares communes ariégeoises où le nombre de noms portés sur le Monument aux Morts et celui établi par le Livre d'Or réalisé par le ministère des pensions sont identiques. Partout ailleurs, il y a des différences inexpliquées.

O comme opposition.
Le choix de l'emplacement du monument aux morts suscite parfois des débats agités. Au Port, par exemple, la population s'oppose, en 1926, à ce qu'il prenne la place d'un lavoir et d'une fontaine indispensables. Le préfet est alerté, des plaintes déclenchent une enquête de gendarmerie. Le monument sera érigé en 1930 près de l'église.


Saint-Gaudens : Groupe de blessés convalescents dans le jardin de l'hôpital temporaire

P comme professeurs. 
C'est l'un des symboles du prix payé par le monde enseignant lors de la Grande Guerre. Sur 180 instituteurs et maîtres-élèves ariégeois, un tiers a perdu la vie dans les combats. Dans de nombreux établissements scolaires, on trouve des plaques à la mémoire des élèves et des enseignants disparus.

R comme rugby…
L'équipe de rugby de Saint-Girons avait été sacrée championne de France en… 1 914. Après le conflit, un monument a été élevé en mémoire de ses disparus.
S comme… Soueix-Rogalle. Un monument cantonal a été érigé sur la commune de Soueix-Rogalle, à l'entrée de la vallée d'Oust, en 1995, après le constat d'un nombre de plus en plus faible de participants aux commémorations.


Enveloppe de correspondance militaire (Archives départementales de la Haute-Garonne)

V comme Voivenel.
La mémoire de la Grande Guerre est intimement associée au nom de Paul Voivenel, qui fut maire de Capoulet-et-Junac, dans le Vicdessos. Elle est aussi associée au nom du maréchal Pétain, qui viendra inaugurer le monument le 17 novembre 1935. Et à celui du sculpteur Antoine Bourdelle, dont l'œuvre «La Guerre aux figures hurlantes» orne le monument.

Y comme Saint-Ybars.
C'est une particularité du monument de Saint-Ybars, il porte le nom de Louis Flourac, «fusillé pour l'exemple», et gravé en 2007.
Anecdotes tirées de « Mémoires de la Grande Guerre en Ariège, une étude menée par Patrick Roques, chercheur du patrimoine, et éditée par la région Midi-Pyrénées.

Jusqu'au plus petit village, notre département porte la cicatrice de ce conflit si douloureux. «La Grande Guerre» a saigné plus particulièrement l'Ariège rurale. Dans notre département, édifices, à l'histoire parfois insolite, en témoignent.


Livret militaire (Archives départementales de la Haute-Garonne)

Le petit dernier a été inauguré en 2013
Nous sommes en décembre 2013, à Encourtiech, dans le Couserans. La petite commune ariégeoise a décidé, 99 ans après le conflit, de dédier un monument aux douze habitants de la commune fauchés durant la Grande Guerre. Une décision prise... «dans un souci de laïcité», expliquait alors le maire de la commune, Jean-Claude Dedieu. A la fin du conflit, les douze noms avaient été portés sur le momument de la commune de Lacourt. En dépit de la loi de séparation de l'église et de l'Etat, votée en 1905, c'est la paroisse qui avait dicté ce choix. En septembre 2012, à Montségur, est inauguré un monument rendant hommage aux enfants de la commune tué durant les deux conflits mondiaux et en Afrique du Nord.

Le chiffre : 310 monuments >Portent témoignages des blessures laissées par le conflit. Seules une dizaine de communes n'en ont pas, dont Ste-Foi, épargnée par le conflit.
En 1922, la date du 11-novembre est fixée pour les cérémonies du souvenir. Auparavant, la date d'inauguration du Monument aux morts primait.


Les Toulousains dans la Grande Guerre :
Le quotidien de nos soldats au front



Des soldats du Midi faisant la popote à quelques kilomètres du front / Photo : Côté Toulouse - PP


Graulhet :


Monument aux morts au coeur du cimetière Saint-Roch


Le Monument aux morts implanté initialement (en 1924) square de la gare (Foch) devant le Terminus
 

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