Disparition de Michel Delpech et de Michel Galabru

5/1/2016

Publié le 04/01/2016 à 07:46   | La Dépêche du Midi |  P. C.

Michel Delpech : l'hommage unanime au chanteur disparu


Michel Delpech à Pause guitare à Albi, en 2007 / DDM, Jean-Marie Lamboley

Le répertoire de Michel Delpech a définitivement quitté le registre «tubes des années 60-70» pour celui de patrimoine populaire après la disparition du chanteur, samedi soir. Hier, les hommages se sont multipliés pour saluer sa mémoire.

Michel Delpech… Ses chansons avaient les airs des films de Claude Sautet, le dimanche soir à la télé. Une voix juste et posée qui disait les choses de la vie, graves ou légères. Avec ce talent des mots simples pour raconter à chacun un épisode de sa chronique personnelle, en forme de miroir tendu à l'époque. De fait, le chanteur disparu samedi des suites d'un cancer de la gorge, ne se résumait pas à ce beau gosse, “chanteur de charme” adulé par les filles, cette impressionnante “machine” à tubes que les photos montraient quelque part entre Mike Brant et Claude François, dans sa pleine gloire du début des années 70. Artistes, radios, télés, scène culturelle, monde politique : hier, les hommages se sont succédé qui l'ont rappelé en un ultime concert à l'unisson.

«Un hommage à une certaine forme de mélancolie heureuse» avec des chansons racontant «la vie des gens ordinaires plutôt qu'extraordinaires», pointait ainsi Didier Varrod, directeur de la musique sur France Inter, quand bien même… «Michel Delpech, c'est aussi l'histoire d'un répertoire qui n'était pas reconnu à sa juste valeur», rappelait-il.

Des textes qui avaient pourtant ouvert la voie à un Souchon, par exemple, dans le registre de la nostalgie, de l'intime, du garçon blessé mais sachant rester élégant dans la séparation. Futur ex-gendre idéal ou cousin de passage que les ondes venaient asseoir à table familiale ou au salon, Michel Delpech avait su rester aussi, depuis 50 ans, ce copain de lycée croisé au café, Chez Laurette, et surtout celui qui savait chanter l'air le plus difficile à cerner : l'air du temps.

Michel Delpech, chanteur à succès des années 70 / Infographie DDM, AFP

Wight is Wight, Pour un Flirt, Les Divorcés : de l'amour comme figure libre hippie ou comme jeu insouciant et sans lendemain après 68, de l'amour encore… mais jusqu'à sa rupture partagée et malheureusement ternie par une loi rétrograde, le divorce par consentement mutuel n'ayant pas encore été voté en 1973… les chansons de Michel Delpech, c'était aussi le constat que le monde changeait. Et qu'il devait continuer à changer bien au-delà de la longueur des cheveux. Car ces faits de société qui terrifiaient les petits-bourgeois de la France giscardo-pompidolienne… s'appelaient la vie, quotidienne.

«Il avait traduit mieux que personne les années 70, il est mort sans avoir vieilli. Ses chansons nous touchaient car elles parlaient de nous. De nos émotions comme de nos épreuves. Il n'a jamais été démodé. De Chez Laurette au Loir-et-Cher, il nous avait dit Que Marianne était jolie. Elle pleure en ce début d'année un de ses meilleurs chanteurs», a ainsi réagi le président François Hollande, après l'annonce de la disparition du chanteur.

«Triste réveil. Je ne me souviens pas d'une période de ma vie qui ne soit ponctuée d'une de ses chansons», twittait comme en écho Patrick Bruel. Mais au-delà, ce sont autant les chansons que le parcours de l'artiste, avec ses traversées du désert, sa dépression puis sa maladie qui auront également parlé au cœur du grand public, devait souligner hier Yves Bigot, le directeur général de TVMonde, expliquant «il y a sans doute une corrélation entre le timbre de sa voix, ses chansons qui ont chroniqué la vie et son parcours de vie».

Le chanteur Michel Delpech au Salon du Livre de Paris le 22 mars 2014 / Photo DDM

Sa voix ? Elle «aurait pu lui permettre de n'être qu'un crooner (...). Mais il (avait) su dépasser ce superbe don de la nature en réussissant à être aussi un témoin de son époque, de ces personnes qui nous aident à vivre», renchérissait le communiqué de la Sacem.

Des millions de disques vendus… parmi les reconnaissants, le président UDI du conseil départemental du Loir et Cher, Maurice Leroy, se devait aussi de saluer «un ambassadeur majeur» du département, à l'heure où radios et télés chamboulaient leurs programmes pour diffuser largement les titres du chanteur disparu, revenir sur sa carrière à travers un documentaire sur France 3 ou la rediffusion sur France 2 du Vivement Dimanche que Michel Drucker lui avait consacré en janvier 2007.

Michel Drucker, bouleversé, qui témoignait aussi, hier. Samedi, Michel Delpech l'avait appelé… «Je suis resté avec lui longtemps (...), il faisait preuve d'un courage inimaginable (...), il a voulu vivre jusqu'au bout. Il voulait qu'on parle de lui, il ne voulait pas qu'on l'oublie (...). Il s'est éteint comme un artiste, debout» racontait l'animateur. «Dévasté par la tristesse», l'entourage de Michel Delpech a confié qu' «il est battu, il est parti dans la dignité, c'est ce que l'on retiendra». Avec ses chansons. «Ma pauvre Cécile, j'ai 73 ans» contait Quand j'étais chanteur… La trahison de sa gorge ne l'aura pas laissé fêter ses 70 ans, le 26 janvier prochain.



Michel DELPECH " Chez Laurette "

 
 



Publié le 05/01/2016 à 08:20  | La Dépêche du Midi |  P.C.

Michel Galabru, clap de fin en plein sommeil

Michel Galabru / Photo DDM, Jean-Marie Guitter

Acteur boulimique, comédien insatiable, Michel Galabru s'est éteint hier matin dans son sommeil. Avec lui disparaît le dernier des célèbres gendarmes de Saint-Tropze et une immense figure populaire du cinéma et du théâtre français.

C'était en 2003, lors d'une tournée passant par Midi-Pyrénées. Michel Galabru allait monter sur scène. Les Affaires sont les Affaires, d'Octave Mirbeau… Comédie où il se montrait en prédateur cruel, dans cette histoire de parvenu sans scrupule ne croyant qu'au pouvoir de l'argent, à tort.

Toujours férocement drôle, avec son œil de vieux crocodile guettant sa proie dans le marigot, Michel Galabru. 81 ans à l'époque… On lui faisait alors déjà remarquer qu'il semblait éternel, enchaînant toujours les pièces au théâtre et les rôles au cinéma. «Vous savez, nous, comédiens, ne disons jamais que nous travaillons. Nous jouons. Ce qui représente une passion dont on ne se lasse jamais.» Sa réponse et son secret. Cette inlassable passion qu'il incarnait encore sur scène, il y a deux ans, dans La Femme du Boulanger de son cher Pagnol.

Boulimique, insatiable, infatigable… Hier, les adjectifs se sont succédé pour tenter de dire Galabru, en apprenant que le rideau venait de tomber sur sa dernière scène. Celle sans réplique et dont on ne revient pas. Celle que la mort a eu l'élégance de lui faire toute de simplicité. à 93 ans, Michel Galabru s'est éteint dans son sommeil. Le dernier des gendarmes de Saint-Tropez… et beaucoup plus que ça. Mais par où commencer ?

Le comédien français Michel Galabru le 26 janvier 2004 au théâtre Marigny à Paris / Photo DDM, JOEL ROBINE - AFP

Plus de 200 films dont une litanie de nanars aux titres invraisemblables, mais aussi pratiquement toutes les pièces du répertoire, un César de meilleur acteur en 1977 pour son interprétation exceptionnelle du criminel Joseph Bouvier dans Le Juge et l'Assassin de Tavernier et un premier Molière… 31 ans plus tard, en 2008, pour Les Chaussettes opus 124, où il interprétait avec génie un vieil acteur cabot, tentant un come-back… avant d'être l'inspecteur de Poussez pas grand-père dans les Cactus ou le Clarapède du Facteur s'en va-t-en guerre, Michel Galabru, né le 27 octobre 1922 à Safi, au Maroc, c'était d'abord deux premiers prix au conservatoire d'art dramatique suivi de huit années passées à la Comédie française où il avait joué Molière en sa maison, mais également Marivaux, Feydeau ou Courteline.

La notoriété ? Après une carrière entamée au cinéma avec Ma femme, ma vache et moi, elle avait commencé à poindre son nez en lui assignant une trogne dans La Guerre des Boutons, d'Yves Robert puis dans la série des gendarmes de Jean Girault, à partir de 1964, sous l'uniforme de l'adjudant Gerber. Et comme d'une rapide consécration populaire à une tardive reconnaissance de la profession, il n'y a qu'un pas, en France… a fortiori si l'on tourne dans de «l'alimentaire» ou pire dans du comique à succès, à l'instar du Viager de Pierre Tchernia ou de La Cage aux Folles, Michel Galabru avait dû apprendre à patienter.

«C'est vrai que je ne suis pas fier de certains films, mais je ne les renie pas», déclarait cependant le comédien qui n'avait pas oublié de remercier avec élégance «tous les mauvais textes qui m'ont souvent permis de vivre (…) J'ai eu quand même quelques beaux textes au cinéma, parmi beaucoup de navets, pour manger et échapper au fisc», au détour de ce Molière, enfin reçu à 85 ans… Certes. Mais il avait aussi su marquer de son empreinte quelques seconds rôles, dans Subway, Uranus ou Soigne ta droite, de Godard et bien sûr d'une réplique culte dans Bienvenue chez les Ch'tis… «C'est le noooord…»

L'acteur français Michel Galabru pendant une répétition de "Jules et Marcel" sous la direction de Jean-Pierre Bernard le 17 juin 2013 au théâtre Silvain à Marseille / Photo DDM

Hier, Alain Delon qui avait tourné avec lui dans Notre Histoire de Bernard Blier a salué «un très Grand» ; le comédien et ami Philippe Caubère a loué «l'un des plus grands acteurs français de tous les temps, au niveau de Michel Simon, de Raimu» ; tandis qu'Isabelle Adjani se résumait «orpheline». Un sentiment qu'auront partagé des millions de personnes, hier, pour qui Michel Galabru était beaucoup plus que ce nouveau Sacha Guitry que lui rêvait de devenir, mieux que cette «gueule», cette faconde à laquelle certains l'avaient réduit : un portrait de famille, chez chacun.

Le coup de képi des gendarmes
Les réactions sont innombrables. Pour François Hollande, Michel Galabru, «devenu pour plusieurs générations de Français une figure familière». La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a quant à elle, salué «la puissance comique» de l'acteur. «Dans Molière comme dans une série TV, il pouvait nous faire mourir de rire» assure Gilles Jacob, l'ancien président du festival de Cannes. «C'était un homme irremplaçable, bourru mais plein d'esprit», a affirmé Jean-Pierre Mocky «Nous avons tous grandi, ri et pleuré avec Galabru» a twetté NKM. Isabelle Adjani, Alain Delon, Marthe Villalonga, Elie Semoun, lui ont rendu hommage et également… la gendarmerie nationale : «#CoupDeKépi au dernier gendarme de Saint-Tropez ! #ILoveLesGendarmes.»


Jofroi avec Michel Galabru / Photo DDM
 
 

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