Les forces de notre nouvelle région : Agriculture
Les Forces de la nouvelle région (3/6)
Publié le 08/10/2015 à 07:53 | La Dépêche du Midi | Arnaud Boucomont (Midi-Libre)
Le premier vignoble de France
Vendanges manuelles dans le vignoble de Saint-Mont dans le Gers./Photo DDM
Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussilon sont des régions rurales où l'agriculture demeure un des points forts. En exemples : la viticulture et l'agroalimentaire.
Le 29 septembre dernier, à l'Assemblée nationale, cocorico ! le ministre de l'Agriculture rendait un hommage appuyé à notre viticulture régionale qui a su, selon lui, structurer sa filière. «Il y a 20 ans, où en étions-nous en Languedoc-Roussillon, avec une viticulture à la limite de la disparition ? Des efforts majeurs ont été faits par les viticulteurs. On voit bien que quand on fait un choix, quand on s'organise collectivement, on arrive à répondre au marché national et on exporte des produits à l'étranger.»
Voilà pour le verre de vin à moitié plein, voire à ras bord à en croire le ministre.
Récolte de raisin à Rivesaltes. / Photo DDM, Raymond Roig - AFP
Des hectares rayés de la carte
La réalité est plus contrastée et d'aucuns pourraient voir le verre à moitié vide. La gouvernance régionale, vantée par le ministre, elle est encore imparfaite : les querelles de clochers n'ont toujours pas cessé, les quatre interprofessions peinent à mettre en place une stratégie efficace de promotion des exportations.
Des dizaines d'hectares de vignes ont été rayées de la carte du Languedoc-Roussillon ces dernières décennies. Le scénario noir d'une viticulture régionale concentrée sur 150000 hectares avait été avancé dans les années 2000, au plus fort d'une crise viticole qui voyait disparaître ceps de vigne et propriétés. «Nous avons perdu plus d'un tiers de notre production, mais on va vers un phénomène de stabilisation qui pourrait même encourager des jeunes à s'installer», assure Jérôme Despey, président de la chambre d'agriculture de l'Hérault et du conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer.
Première coopérative viticole en France, Val d'Orbieu-Uccoar poursuit son plan de développement (site de Carcassonne) / Photo DDM
Le recul de la production a aussi ses bons côtés
Le contexte de la décennie écoulée a permis de marquer des points : de gros négociants ont émergé, comme Val d'Orbieu, Chais beaucairois, Castel, Jeanjean, Grand chais de France. Ils sont parvenus à truster le marché de la GMS (grandes et moyennes surfaces). «La grande distribution, c'est un moteur par rapport à l'érosion de volume», insiste Bruno Peyre, responsable du développement des ventes France pour Jeanjean.
La région Languedoc-Roussillon produisait 20 millions d'hectos en 2000. Elle n'en fait plus que 13,5 millions aujourd'hui (+7 % par rapport à 2014, qui avait enregistré 12,7 millions d'hectos), même si elle reste la première région de France en surface de vignoble. En rajoutant les 2,5 millions d'hectos de Midi-Pyrénées (Cahors, Fronton, Marcillac, Gaillac... pour 37 000 hectares), la production de la future grande région avoisinera les 16 millions.
Le recul de la production, synonyme d'arrachage et de déclin, a aussi ses bons côtés : «La diminution du potentiel de production vient aussi des efforts que nous avons faits pour arracher les cépages très productifs, et préférer un travail qualitatif», insiste Jérôme Despey. Et les carences d'approvisionnement ont fait partir les prix à la hausse, dans un contexte mondial de production stabilisée et de hausse de la consommation.
Quand le volume manque, les négociants veulent s'assurer d'avoir un quota suffisant. Et du coup, les viticulteurs du Languedoc-Roussillon se retrouvent en position de force. Voilà pour le yo-yo : les négociants, qui avaient longtemps tenu les producteurs à leur merci, doivent désormais être un peu plus conciliants.
Enfin, l'Organisation commune des marchés (OCM) viticole permet aux caves coopératives et aux vignerons indépendants de se restructurer, d'investir. La région Languedoc-Roussillon concentre près de 30 % des 280 M€ d'enveloppe annuelle de l'OCM.
Depuis dix ans, le Château Beauregard-Mirouze à Bizanet élabore une gamme de vins allant du vin de Pays d'Oc à l'AOC Corbières / Photo DDM
Zoom : Bio : heurs et malheurs
Le marché du vin bio est à la croisée des chemins dans la région, qui est passée d'un peu plus de 6 000 hectares en bio ou en cours de conversion en 2007 à près de 21 000 cinq ans plus tard... 240 % d'augmentation !
Une véritable marche forcée vers le bio dont la conséquence fut l'envolée des stocks, et, du coup, le début d'une érosion des prix.
C'est là que le bât blesse pour de nombreux vignerons qui avaient pu optimiser leur production. Car le vin bio revient plus cher.
«On estime que les coûts de production du bio sont supérieurs de 30 % à ceux de la viticulture conventionnelle mais franchement, je ne pouvais pas augmenter mes prix dans ces proportions», insiste Karine Mirouze, du château de Beauregard, à Bizanet, dans les Corbières.
«Nous sommes la première région en bio, explique Jérôme Despey, pour FranceAgriMer, mais les contraintes dans ce domaine sont assez fortes et cela dépend beaucoup des aléas climatiques.» Pour ces vendanges 2015, une partie du vignoble a été victime de la maladie du Black Rot, proche du Mildiou. Aucun produit bio n'est efficace pour contrer cette maladie-là et certaines propriétés ont été «victimes d'attaques assez importantes, avec parfois des pertes totales», rajoute Jérôme Despey.
Publié le 08/10/2015 à 07:53 | La Dépêche du Midi | P.C.
L'agroalimentaire, c'est le n° 1 de l'emploi
Fabrication des biscuits des Pyrénées chez Védère à Mongaillard, dans les Hautes-Pyrénées./Photo DDM
La fusion Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon va donner naissance à la troisième région de France dans le domaine agroalimentaire, secteur qui sera le premier employeur de la nouvelle entité.
Treize départements sur 73 000 km2 : au 1er janvier 2016, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon fusionnés deviendront la deuxième région de France quant à la taille... et quant à l'agriculture, avec 3,5 millions d'hectares de superficie agricole utilisée et 140 000 emplois permanents.
Maraîchage bio à Canavières, Albi /Photo DDM, Marie-Pierre Volle
Premier en bio et vins
De fait, le secteur agroalimentaire y occupera donc aussi une part prépondérante, en troisième place au niveau national partie intégrante de ce paysage sur lequel on recensera alors 78300 exploitations, la première production «bio» nationale, le premier vignoble mondial en superficie pour les vins d'origine (lire ci-dessus) ainsi que des grandes cultures de blé et de maïs, au premier plan également.
Au-dessus de la moyenne nationale
En chiffres ? L'Association régionale des industries alimentaires de Midi-Pyrénées (ARIA) résume ainsi ce futur poids-lourds : 1500 entreprises (800 en Languedoc-Roussillon (LR), 700 en Midi-Pyrénées (MP)) qui pèseront 36000 emplois (20000 en LR, 16000 en MP) pour un chiffre d'affaires de 14,5 milliards d'euros (8,5 milliards en LR, 6 en MP). Données qui ne prennent en compte «que» l'industrie.
Les grasses matinées de Gimont dans le Gers débutent le 1er novembre et se poursuivent jusqu'au 27 mars. / Photo DDM
Car, au-delà, en ajoutant les commerces de gros aux professionnels qui transforment et conservent les produits de l'agriculture et de la mer... on atteindra les 7000 établissements pour près de 45000 emplois, selon les prospectives de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt ( DRAAF) de Languedoc-Roussillon ; grande région qui sera alors au-dessus de la moyenne nationale avec 4% d'actifs dans la filière agricole contre 2% sur le reste du territoire.
Un secteur économique qui sera d'autant plus important, qu'il ne reposera pas sur ses seuls géants tels que Nestlé Waters dans le Gard, Andros dans le Lot, pour les fruits, ou Euralis Gastronomie dans les Hautes-Pyrénées, leader du gras... mais sur un réseau d'acteurs diversifiés et complémentaires, d'établissements nombreux, mais de petite taille, les PME et TPE de moins de 20 salariés étant majoritaires à 80%.
Montagne, mer, régions céréalières ou maraîchères... La force de cette filière restera ainsi d'être implantée sur l'ensemble du territoire et de proposer une très large gamme de produits.
Depuis 50 ans, l'Inra travaille à l'amélioration de la brebis laitière de race lacaune./Photo DDM
Bonne notoriété
Élevage, lait, grandes cultures prépondérants en Midi-Pyrénées ; viticulture, fruits et légumes ou poisson en Languedoc-Roussillon : ses produits transformés continueront aussi à avoir pour atout, sur le marché, d'être le reflet d'un patrimoine culinaire reconnu et bénéficiant d'une bonne notoriété, côté «authenticité», avec ses huîtres, ses anchois, son cassoulet, ses salaisons, ses fromages ou ses vins... dans un contexte de demande croissante et rapide de plats cuisinés et de produits élaborés estampillés «terroir».
Une image et une dynamique positives qui se retrouve à travers un autre chiffre : en 2014, l'agroalimentaire a créé des emplois, + 2,5% et conserve donc un gros potentiel de développement, a fortiori s'il sait répondre aux attentes sociétales de respect de la qualité et de l'environnement.
Deux mille personnes pour le pique-nique géant des Qualivores./Photo DDM Michel Viala
Zoom : Qualité
En Midi-Pyrénées, l'IRQUALIM est un outilde référence qui est depuis 1992 au service de la qualité agroalimentaire de sa région. Avec un souci de préservation du patrimoine et d'aménagement du territoire, il accompagne les démarches de qualité telles que la structuration des filières, la promotion de leurs produits et leur signalétique et la sensibilisation des consommateurs locaux.
La qualité : ce qui est aussi au cœur de la SISQA, la Semaine internationale sur la qualité alimentaire, devenue en fait le Salon de la qualité alimentaire se tenanten décembre, à Toulouse. C'est le plus grand marché du genre et la vitrine des 200 produits de qualité de Midi-Pyrénées, dont les 120 produits sous signes d'Identification de la Qualité et de l'Origine (SIQO). En Languedoc-Roussillon ? La marque Sud de France représente désormais les produits et la destination, rassemblant ses produits viticoles, agroalimentaires et de bien-être obtenus grâce aux richesses naturelles du terroir. Deux démarches qui bientôt trouveront sans doute des synergies dans le nouveau cadre régional.
Sisqa : tout est bon dans le salon / Photo DDM Frédéric Charmeux
Sélection d'articles réalisée à partir du site : http://www.ladepeche.fr
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