Transports

Le Tramway à Toulouse

 

Publié le 30/11/2010 à 09:24 | Julie Vivier (DdM)

En 1881, le premier tramway toulousain

La ligne T1 doit accueillir 30 000 passagers chaque jour. A l’occasion du retour du tramway dans la Ville rose, Toulouse Mag lui consacre un dossier spécial de 20 pages. La rédaction a parcouru le trajet à la rencontre des riverains. Elle vous rappelle l’historique de ce moyen de transports, vous donne les infos pratiques et détaille les projets politiques et les retombées économiques.

Cinq décennies après la disparition des dernières rames dans la Ville rose, le Citadis d’Alstom vient boucler la boucle. C’est en 1881 que circule le premier tramway toulousain, sur la ligne Marché couvert-Gare Matabiau, par la rue d’Alsace-Lorraine. L’année suivante, près de dix lignes sont desservies par des tramways Ripert et côtoient les omnibus à impériale qui roulent, eux, depuis 1863.

Ces voitures Ripert, qui portent le nom de leur inventeur, un carrossier marseillais, sont en fait tout sauf des tramways : elles sont tirées par des chevaux et ne roulent pas sur des rails. Leur exploitation prend fin en 1913. Le dernier Ripert en fonction circulait d’ailleurs rue Saint-Rome, sur la ligne Capitole-Saint-Michel. Difficile, aujourd’hui, d’imaginer sa carcasse brinquebalante sur les pavés, avançant cahin-caha entre les maisons médiévales à pans de bois.

En 1887, le tram se modernise : Toulouse inaugure ses deux premières lignes de tramways hippomobiles sur rail : Lafayette-Saint-Michel et Lafayette-Amidonniers. Au total, la ville compte huit lignes de tramways à chevaux. On monte et on descend en route, grâce au long marchepied qui court le long du châssis.

L’hiver, la voiture est fermée. On y accède par l’une des deux plateformes, ouvertes aux quatre vents, sur lesquelles on s’entasse souvent à plusieurs, quand toutes les places sont occupées. En 1902, plus d’une centaine de ces véhicules sont en service à Toulouse.

La fée électricité

Quand, en 1906, le premier tramway électrique roule dans les rues toulousaines, après des années de tractations et de travaux, c’est une véritable révolution. Le 7 mai, les tramways électriques sont mis en service sur les lignes de Lafayette aux Ponts-Jumeaux, de la rue d’Alsace à la barrière de Paris et de la rue d’Alsace à la barrière Matabiau.

L’arrivée des tramways électriques modifie profondément la vie des Toulousains. Ils doivent notamment s’habituer à de nouveaux dangers, et observer de nouvelles règles de sécurité. Ce qui, évidemment, n’évite pas les accidents qui se produisent durant la longue carrière du tramway électrique.

Roger Gausseran, usager du tramway dans les années 30 et 40, se souvient : « Les conducteurs conduisaient bien et se servaient fréquemment de leur sonnette à pied. Ce qui arrivait, hélas fréquemment, ce sont des gens qui se faisaient couper les jambes. Ils descendaient ou montaient en marche, et malheur à eux s’ils trébuchaient : ils passaient sous le tramway.. »

Avec le tram apparaissent également les premières tentatives d’arrêts fixes. En effet, jusqu’à présent, l’arrêt se faisait traditionnellement au bon vouloir de l’usager. Des habitudes que les Toulousains ne perdirent pas facilement…

Le chouchou des Toulousains

Quand débute le conflit de 1914, Firmin Pons, directeur de la Compagnie des tramways, se sent extrêmement concerné par le sort de ses employés envoyés au front, et soutient financièrement les familles des soldats, sans parler de ses nombreux dons à la Croix-Rouge, à la Ville et aux services médicaux militaires…

Il distribue des milliers de « bons pour une course » dans les hôpitaux, afin que les blessés convalescents puissent voyager gratuitement sur le réseau. Des convois spéciaux de blessés partent jour et nuit de la gare Matabiau vers les hôpitaux militaires de Toulouse, aux frais de la Société des tramways. Selon les archives de la Compagnie, jusqu’en mars 1919, les convois ont transporté 9339 blessés, 11245 convalescents et 5259 réfugiés.

Des accidents et un attentat

On raconte encore de nombreuses histoires d’accidents. Le plus spectaculaire, mais heureusement sans victime, est celui de cette motrice qui, à la suite d’une dérive dans la côte de Guilheméry, a traversé le boulevard pour plonger tête la première dans le Canal du Midi, le 3 mai 1941.

On se souvient aussi de l’Attentat du 66 spécial, durant l’Occupation. A cette époque, les militaires de l’armée allemande sont cantonnés aux bords de l’aéroport, et prennent du bon temps à Toulouse lors de leurs permissions.

Pour cela, des services spéciaux de tramways sont organisés à leur intention. Au soir du 1er avril 1944, vers minuit, sur le chemin du retour, alors que le convoi passe devant l’hôpital Purpan, une explosion se produit au passage de la motrice, qui est pulvérisée. La Dépêche du 3 avril fait état de 19 morts dont 17 Allemands. Les employés paient aussi un lourd tribu : le wattman et le contrôleur meurent déchiquetés, et l’une des trois receveuses est amputée des deux jambes…

Le dernier tramway

Avec les années 50, le règne de l’automobile sans partage s’installe. Peu à peu, les lignes de tramway sont remplacées par des lignes d’autobus. Le 7 juillet 1957, le tramway toulousain effectue son dernier voyage sur la ligne Ponts-Jumeaux Saint-Michel.

C’est un jour de deuil pour beaucoup de Toulousains. Les perches des motrices portent toutes un crêpe noir. Les transports en commun sont désormais assurés uniquement par des bus, et ce jusqu’en 1993, date à laquelle ouvre la ligne A du métro.




 

 
 



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