Tarn, sécurité routière
Bilan 2010
Publié le 08/01/2011 08:08 | Propos recueillis par P.-J. Pyrda
49 tués : le chiffre noir de l'année 2010
Les axes accidentogènes apparaissent clairement sur ce document: RD 999, RD 631, RD 630, RD 612 et, plus étonnant, A 68. / Carte IGN, Préfecture, DR
Ce sont les Tarnais qui se tuent sur leurs routes, souvent celles qu'ils connaissent le mieux, lors de trajets domicile-travail : ce constat, les préfets qui se sont succédé dans le Tarn l'ont tous fait. Marcelle Pierrot, très impliquée dans le dossier de la sécurité routière, ne fera pas exception à la règle quand elle présentera, prochainement, les chiffres 2010 de l'accidentologie. Des chiffres qui sont déjà connus et dont le plus marquant est bien sûr celui du nombre de tués. 49 personnes ont perdu la vie en 2010 sur les routes du département… c'est 10 de plus qu'en 2009, année qui présentait il est vrai le meilleur bilan de l'histoire de la sécurité routière dans ce département.
À ceux qui l'auraient oublié, rappelons ce chiffre qui peut sembler irréel aujourd'hui : en 1999, la route avait fauché 90 vies.
40 des 49 victimes de la route en 2010 résidaient dans le Tarn. La plupart (35) ont été tuées dans un accident de voiture.
Mais dans cette répartition des tués selon leur mode de déplacement, ce sont deux autres chiffres qui retiennent l'attention : 5 victimes étaient des piétons et 8 se trouvaient sur un deux-roues, moto ou cyclomoteur. En 2009, seuls 4 piétons et 5 conducteurs (ou passagers) d'un deux-roues étaient décédés sur la route.
Le scénario le plus fréquent d'accident : une perte de contrôle sur l'itinéraire domicile-travail. Pas étonnant donc que 50 % des accidents mortels constatés en 2010 se soient produits en journée, principalement dans le créneau 9 heures-15 heures.
Les seniors plus touchés que les jeunes
Sur la répartition par âge, un élément retient l'attention : les personnes âgées ont payé un plus lourd tribut que les jeunes. 14 des 49 victimes avaient plus de 65 ans . En 2009, elles n'étaient que 5. A contrario, seuls 8 jeunes conducteurs (la tranche 18-24 ans) ont perdu la vie. Une malédiction a frappé la route départementale 999 avec 6 victimes dont 4 pour le seul tronçon situé entre Gaillac et la frontière du Tarn-et-Garonne. Les RD 631 (axe Réalmont-Graulhet), 630 (Saint-Sulpice-Lavaur) et RD 612 (Albi-Castres) restent aussi des axes accidentogènes. Plus inhabituel, l'autoroute A 68 a été endeuillée deux fois.
Le chiffre : 180 accidents corporels > en 2010. Le bilan est de 49 tués et 229 blessés dont 152 hospitalisés. Pour comparaison, en 2009, il y avait plus d'accidents (198) et de blessés (264) mais moins de tués (39).
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Publié le 08/01/2011 03:51 | Propos recueillis par P.-J. Pyrda
Jean-Pierre Malinconi :
«Inculquer aux jeunes une culture sécurité routière»
Jean-Pierre Malinconi, ici lors d'un atelier de sécurité routière à Laboutarié./Photo DDM, archives P.-J. P.
Pour la première fois, en 2010, la France est passée sous le seuil des 4 000 morts. Une réaction ?
Globalement, ça nous satisfait. Mais je constate que le Tarn va toujours à l'inverse des tendances nationales. C'est difficile d'en comprendre les raisons. Toutefois, cette année, je sais qu'il y a eu beaucoup d'accidents qui ont fait plusieurs victimes.
Un chiffre étonne dans le bilan tarnais : 14 victimes avaient plus de 65 ans, c'est presque trois fois plus qu'en 2009. Qu'en pensez-vous ?
Il y a de plus en plus de personnes âgées au volant, étant donné que le poids démographique des seniors ne cesse d'augmenter. Mais on ne peut pas dire que ce soit tous des dangers. Beaucoup de seniors conduisent aussi bien que les jeunes. En tout cas, il s'agit d'un des enjeux majeurs en matière de prévention routière. Il faudrait un petit recyclage pour ces conducteurs âgés. Certains prennent conscience qu'ils ne sont plus au courant des nouveaux panneaux. En 2011, avec notre nouveau directeur Bernard Stasiowski, nous allons poursuivre les actions auprès des seniors.
En 2010, les 2-roues ont payé un lourd tribut avec 8 tués, surtout des jeunes. Comment faire baisser ce chiffre ?
C'est justement l'objectif des pistes éducation routière animées par la police et la gendarmerie dans les écoles et collèges. Il faut inculquer le plus tôt possible aux enfants une culture sécurité routière, leur apprendre le partage de la route.
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Publié le 22/12/2010 11:53 | P.-J. P.
Sécurité routière : le Tarn, mauvais élève
La route a déjà ôté 49 vies depuis le début de l'année dont celle d'un jeune de 19 ans, qui a percuté un camion le 3 décembre sur la RD 999 à Lisle-sur-Tarn./ Photo DDM, J.-M. Lamboley
Pour prévenir les accidents, qui ont déjà tué 49 personnes depuis le début de l'année, les gendarmes multiplient les contrôles d'alcoolémie, stupéfiants et vitesse.
Ce n'est pas un palmarès très glorieux. Avec 49 morts depuis le début de l'année, contre 37 en 2009, soit une hausse de 32,4 %, le Tarn figure dans le trio de tête des départements de France où le nombre de victimes d'accidents a le plus augmenté en un an. Certes, la préfecture relève que les autres indicateurs suivent la courbe inverse : il y a eu moins d'accidents corporels (174 contre 189 l'an dernier) et moins de blessés (209 dont 140 hospitalisés contre 249 dont 164 hospitalisés en 2009).
Le chiffre noir est donc bien celui des tués : la courbe 2010 semble épouser très exactement celle de 2008 où l'on avait déploré 51 morts. « Malgré les campagnes de prévention et la présence des forces de sécurité sur les axes les plus accidentogènes, le constat est désolant et reste très préoccupant », reconnaît le chef d'escadron Bernard Blondeau, officier adjoint commandement au groupement de gendarmerie. « Les Tarnaises et les Tarnais doivent impérativement prendre conscience que la route se partage et que des comportements déviants (alcool, stupéfiants, vitesse) ne peuvent que générer des accidents et ôter des vies à des pères et mères de famille mais également à des jeunes gens. A l'aube de la nouvelle année, avec des routes le plus souvent glissantes, les consignes de sécurité restent d'actualité afin de ne pas endeuiller à nouveau d'autres familles.»
Les gendarmes ne vont pas relâcher la pression sur le terrain. Dimanche matin, le groupement a organisé plusieurs contrôles coordonnés « pour prévenir les accidents et éviter des comportements inappropriés voire irresponsables ». Sur 347 dépistages d'alcoolémie, 13 se sont révélés positifs dont 8 délictuels. Ces conducteurs-là ne doivent s'attendre à aucun cadeau.
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Publié le 23/11/2010 07:07 - Modifié le 23/11/2010 à 10:16 | P.-J. P
Les radars fixes flashent moins souvent
Le radar fixe de Cunac contribue à faire baisser la vitesse sur la D 999. / Photo DDM, archives Jean-Marie Lamboley
Le Tarn n'échappe pas à la tendance nationale : les conducteurs sont de moins en moins nombreux à se faire prendre aux radars automatiques. Sur les dix premiers mois de l'année, les 20 radars automatiques ont enregistré 6 000 infractions de moins que l'an dernier : 24 414 contre 30 923. Paradoxal si l'on considère que l'État installe toujours plus d'appareils CSA (contrôle-sanction automatisé) au bord des routes (1) ? La réponse est plus compliquée qu'il n'y paraît.
Destins contraires pour les radars jumeaux de Lescure
On s'habitue à l'emplacement d'un radar, surtout si on passe devant deux fois par jour, encore que la routine peut se traduire par une érosion de la vigilance. Mais n'oublions pas que de plus en plus de véhicules sont équipés de GPS avec avertisseur de radars. En principe, les nouveaux appareils CSA (effet de surprise oblige) scorent plus que les anciens, mais il y a des contre-exemples. Ainsi, les radars de Moularès et Giroussens : en service depuis plus de 3 ans, ils flashent plus cette année qu'en 2009. Curiosité dans notre palmarès : les radars jumeaux de Lescure connaissent un destin opposé. Celui, habilement caché derrière un platane dans le sens Albi-Carmaux, reste le plus redoutable du département. On ne peut pas en dire autant de son voisin, qui flashe par l'avant les véhicules arrivant trop vite de Carmaux : en un an, il a constaté deux fois moins d'infractions.
Les radars fixes ont incontestablement joué un rôle important dans le changement de comportement au volant. La vitesse moyenne a baissé… du moins en amont des sentinelles automatiques. Pour gommer ce travers, l'État a décidé de créer des zones radars. Il faudra lever le pied sur des portions de 2 ou 3 kilomètres. Dans la traque aux excès de vitesse, gendarmes et policiers ont d'autres outils à leur disposition : les radars mobiles qui équipent notamment les brigades motorisées (la BMO de Castres vient d'enregistrer un « record » avec une vitesse de 234 km/h relevée à Puylaurens par un radar CSA embarqué) et bien sûr les jumelles qui, face à l'armada des radars automatiques, présente un immense avantage : le contrevenant est informé dans l'instant de la sanction puisque son véhicule est intercepté par la patrouille. Ces derniers mois et encore ce week-end (lire ci-dessous), ces contrôles d'initiative, visant aussi bien les excès de vitesse que l'alcool et tout comportement dangereux, se sont multipliés pour tenter d'enrayer la courbe des accidents mortels.
(1) Quatre nouveaux radars fixes seront prochainement installés à Sainte-Croix (RD 600), Graulhet (RD 964), Le Fraysse (RD 999) et Albine (RD 612).
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Publié le 14/11/2010 03:49 | P.-J. P.
Routes sous très haute surveillance
Les policiers d'Albi ont contrôlé les usagers hier après-midi sur la route de Millau./ Photo DDM, Emilie Cayre
En ce doux samedi d'automne, il n'y a pas que les feuilles qui tombent le long de nos routes départementales. Les contraventions pleuvent sur les usagers qui, par négligence, étourderie voire inconscience, ont zappé telle ou telle règle du Code de la route. Car la préfète du Tarn a donné une mission claire aux gendarmes et policiers pour ce long week-end du 11 novembre : occuper au maximum le terrain, de jour comme de nuit, pour pacifier un réseau routier qui a (re) pris un bien mauvais chemin en 2010. 46 morts depuis le début de l'année, alors qu'on n'en avait déploré que 39 en 2009 : Marcelle Pierrot dit « stop ». « Depuis jeudi et jusqu'à dimanche soir, ce sont 101 points de contrôle qui sont programmés. » Hier, elle s'est rendue sur deux de ces contrôles, à Réalmont et à Albi.
Au giratoire des RD 612 et 631 à Réalmont comme dans la traversée de Laboutarié, les gendarmes étaient bien visibles. « C'est voulu, afin que les conducteurs sachent que des contrôles de vitesse sont effectués et prennent conscience de l'impérieuse nécessité de respecter le code de la route », explique le capitaine Damerval, commandant la compagnie d'Albi. Sur cet axe Réalmont-Graulhet, l'automne a été meurtrier avec 3 jeunes tués en deux accidents seulement. Rouler en toute tranquillité, pour soi et pour les autres, c'est aussi avoir un véhicule à jour du contrôle technique et doté de tous les équipements de sécurité. Intercepté par les policiers route de Millau, ce conducteur aveyronnais tractant une voiture de sport n'avait pas vérifié la connexion des feux à la remorque. « D'ici Bordeaux, il aurait eu le temps d'être percuté à l'arrière. On lui a évité un risque d'accident », souligne le capitaine Frayssinet, du commissariat d'Albi. Pas de PV par contre pour ce retraité de Cunac, au volant d'une Clio noire. « J'ai le permis depuis l'âge de 18 ans, j'en ai 60 ans et je n'ai jamais eu d'accident. Les radars, les contrôles, tout ça contribue à faire baisser la vitesse. Mais il y a encore des points noirs en agglomération. Tenez, route de Saint-Juéry, j'en vois qui roulent comme des tambours. » Ces « tambours »-là feraient bien de faire attention à leurs points. Douze, c'est vite envolé sur un permis !
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Publié le 09/11/2010 08:29 | Propos recueillis par Alain-Marc Delbouys
Sécurité routière : «36% d'accidents de travail»
Jean-Gabriel Delacroy, directeur de cabinet de la préfète et Bernard Cayre (gilet fluo) lors de la pose d'une silhouette noire./Photo DDM, JML
Aujourd'hui au parc expos d'Albi-le-Séquestre se tient le forum régional de sécurité routière consacré au risque présenté par les trajets professionnels. Interview
Tables rondes et animations gratuites à l'intention des entreprises mais aussi du grand public sont proposées aujourd'hui au parc expositions d'Albi par la Dreal et la Carsat (ex-Cram). Interview de Bernard Cayre, coordinateur départemental de sécurité routière à la préfecture du Tarn.
Que représente le nombre d'accidents de trajets professionnels dans le Tarn ?
L'observatoire départemental de sécurité routière a établi des statistiques entre le 1er janvier 2005 et le 31 décembre 2009. En cinq ans, on recense près de 500 accidents (495) liés à l'utilisation professionnelle (217) et domicile-travail (278). L'addition des deux catégories représente 36 % du total des accidents soit plus du tiers, 16,6 % des tués et 14,6 % des blessés hospitalisés. C'est relativement important et cela représente un coût énorme pour la collectivité, car tous ces drames sont des accidents du travail.
En quoi ce forum peut contribuer à lutter contre ce risque ?
Le but est de sensibiliser les entreprises à ce risque routier et de voir ce qu'on peut faire. Une circulaire impose aux entreprises de mettre en place des plans de prévention du risque routier. La Poste par exemple en a un en cours. Un facteur s'arrête de très nombreuses fois. Il peut être tenté de ne pas reboucler chaque fois sa ceinture ou son casque. Il s'agit aussi d'éviter de trier du courrier en roulant… Pour les routiers, on a imposé des disques qui limitent la durée hebdomadaire de travail. On ne peut pas en faire autant avec les voitures. Les représentants notamment ont tendance à rouler longtemps, ce qui entraîne des risques de somnolence.
En quoi les trajets domicile-travail sont-ils à risque ?
Ils se font souvent sur un itinéraire habituel. Les gens connaissent la route. Ils sont moins attentifs.
Le forum a lieu aujourd'hui, de 8 h 30 à 17 heures. Les stands proposent des démonstrations sur l'arrimage des charges sur les voitures, la signalisation des engins agricoles, le danger des angles morts. À noter de 13 h 45 à 15 heures une table ronde sur « la somnolence au volant ».
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Publié le 22/09/2010 09:00 | V.V.
Albi : Maîtriser un scooter ça s'apprend
Semaine de la sécurité routière
Hier, 14h30. Sur le circuit d'Albi, les pilotes du superbike réalisent les premières prouesses de pilotage et d'équilibristes. Quelques dizaines de mètres plus loin, la préfecture organise sur les abords de la piste, une manifestation qui n'a vraiment rien, d'une recherche effrénée de vitesse.
Toute la journée, deux classes du centre de formation des apprentis de Graulhet et de Fonlabour, déjà titulaires d'un brevet de sécurité routière, ont participé à des ateliers de perfectionnement, dans la maîtrise de leurs deux-roues.
« Il est important d'organiser une telle journée. Elle s'intègre à la semaine nationale de la sécurité routière, dont la thématique principale, pour cette année, concerne les deux-roues » commente Marcelle Pierrot, préfète du Tarn.
Elle ajoute : « L'action d'aujourd'hui (N.D.L.R hier), permet de sensibiliser ces jeunes apprentis, qui sont proches du monde du travail et possèdent très tôt un véhicule. »
Pompiers, gendarmes, policiers et moniteur moto-école servent de guides.
« Nous sommes étonnés de montrer encore, comment on attache correctement un casque. On est là aussi pour leur apprendre à respecter les distances de sécurité. À cet âge, ils n'ont pas vraiment conscience qu'en deux roues, le moindre choc peut être fatal » renchérit le capitaine Gilles Bussi, chef d'escadron départemental de sécurité routière du Tarn.
Du côté des sapeurs-pompiers, le lieutenant-colonel Florian Souyris du Codis et son équipe, expliquent les premiers gestes vitaux de secours, et plus explicitement, la position latérale de sécurité sur un blessé. « Un quart des accidents dans le département concerne les deux roues. C'est un chiffre vraiment alarmant » confie l'officier. Le temps passe. Les jeunes apprennent à anticiper les risques. Puis, c'est la pose des scooters. Direction, le bus de la police nationale. Objectifs : apprendre les méfaits des addictions (drogues, alcool) avec le brigadier-chef Phillipe Séveré.
Reste à connaître le sentiment de ces jeunes conducteurs. « C'est toujours mieux que les cours », glose provocateur l'un d'eux. « Arrête de dire des conneries », rétorque un de ses copains de classe. « Évidemment qu'on apprend. Le freinage, l'anticipation c'est important. Tout est important sur la route ».
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Publié le 13/04/2010 08:15 | Pierre-Jean Pyrda
Le parc des radars va encore s'agrandir
Fous du volant et fanas de vitesse, vous n'êtes pas les bienvenus dans le Tarn ! Compte tenu de sa population, le département était déjà le plus richement doté en radars de la région Midi-Pyrénées. La tendance n'est pas près de s'inverser. Aujourd'hui, un automobiliste équipé qui sillonnerait le réseau tarnais du nord au sud et d'ouest en est aurait 20 occasions de faire couiner son avertisseur. Dans quelques mois, les « Coyote », « Inforad » et autres « Snooper » auront encore plus de boulot dans le Tarn car de nouvelles implantations d'appareils CSA sont à l'étude.
« En ce début d'année, le ministère de l'Écologie et du Développement durable nous a sollicités pour refaire des propositions à la Dipica », indique Jean-Gabriel Delacroy, directeur de cabinet du préfet. C'est cette fameuse Dipica (direction de projet interministériel du contrôle automatisé) qui, au final, donne son feu vert à l'implantation d'un radar. « On doit lui proposer quatre ou cinq sites possibles et elle devrait en retenir un ou deux avant l'été. Ce nouveau programme est en cours d'expertise au niveau départemental. »
Il est donc trop tôt pour savoir quels seront les sites éligibles. Mais on sait déjà qu'un site, au moins, a été disqualifié : celui de Sauveterre, sur la RD 612, qui attendait pourtant un radar depuis 2008 (lire ci-contre). Il est vrai que les conditions techniques pour implanter un radar sont très contraignantes. « On se heurte souvent à des impossibilités techniques », reconnaît le directeur de cabinet du préfet. Ainsi, le lieu-dit « La Détente » sur la D 612 à Lombers, pourtant très accidentogène, ne semble pas adéquat. Mais la préfecture étudie d'autres emplacements possibles sur cet axe Albi-Castres. Jean-Gabriel Delacroy cite notamment Dénat, là où une mère et sa fillette de 19 mois ont été grièvement blessées le 1er avril dans une collision. La route de Fauch (RD 13) aura-t-elle son radar ? Ceux qui empruntent quotidiennement cette départementale sont souvent effrayés par la vitesse de certains usagers… surtout sur des portions étroites comme entre Albi et Terssac où un accident mortel a eu lieu récemment.
Avec 5 019 flashs cumulés sur ce premier trimestre (contre 8 410 pour la même période l'an dernier), la force répressive des radars semble s'estomper. Mais c'est aussi leur rôle dissuasif qui intéresse les autorités.
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Publié le 28/11/2008 09:20 - Modifié le 28/11/2008 à 10:33 | Recueilli par P.-J. P.
La carte de tous les radars du Tarn
(en 2008)
Vitesse : Le premier appareil est entré en service il y a 4 ans tout juste. Il y en a une vingtaine désormais qui ont déjà flashé plus de 30 000 fois cette année.
La cartographie des radars du Tarn penche beaucoup à l'ouest. Trois appareils doivent encore être mis en service à Sainte-Croix (RD 600), entre Castres et Lautrec (RD 83) et à Lacabarède (RD 612).
La famille CSA (1) a la joie de vous annoncer la naissance de jumeaux, à Albi. Deux beaux bébés que l'on peut visiter sur le pont de Cantepau en empruntant la RN 88. « Souriez, vous êtes filmé »… non, ce n'est pas vraiment ce refrain qu'entendent les usagers.
Voilà 4 ans tout juste que l'ère des radars fixes a débuté dans le Tarn. Pour mémoire, les premiers boîtiers sont entrés en service en décembre 2004 au Garric (RN 88), à Massac-Séran (RD 112) et à Puylaurens (RN 126).
De trois, on est passé à 6 en 2005 puis à 8 en 2006. L'accélération est venue en 2007 où le parc des radars a presque doublé pour atteindre 14. Cette année a vu l'entrée en service de 5 nouveaux boîtiers à Técou, Palleville, Sorèze et, donc, à Albi avec les « jumeaux » de Cantepau… Aujourd'hui, la famille compte donc 19 membres.
Cela fait du Tarn, d'ores et déjà, le département de Midi-Pyrénées le mieux couvert… et ce n'est pas fini. L'infographie ci-contre en témoigne : trois autres radars doivent encore être installés à Sainte-Croix, Castres et Lacabarède. Celui de Sainte-Croix, sur la RD 600, se fait un peu tirer l'oreille. Il faisait partie du programme 2007…
« On attend que la Communauté de communes du Ségala carmausin déplace une voie d'accès », indique Pierre Larrey.
Le directeur de cabinet du préfet a quand même une bonne nouvelle : « Pour 2009, on n'a aucune demande supplémentaire d'installation de radar. On a équipé beaucoup d'itinéraires, de points noirs. ça s'est traduit par une baisse sensible du nombre d'accidents même si, cette année, on enregistre plus de tués (N.D.L.R. : 44 à ce jour), ce qui nous situe plutôt sur les chiffres de 2006 ».
Si la carte des radars penche très nettement à l'ouest, c'est que, explique Pierre Larrey, « il y a très peu d'accidents à l'est du Tarn, où les routes sinueuses contraignent les usagers à modérer leur vitesse. Et puis, compte tenu de la faible circulation dans ces zones de montagne, ça n'aurait pas de sens d'y mettre des radars ».
Les opposants aux radars ne retiendront qu'une réalité : celle du nombre d'infractions. En 2006, les radars du Tarn (ils étaient 8 en service) avaient flashé 10 667 fois. Sur les dix premiers mois de 2008, on atteint les 30 770. C'est fou à quelle allure les points s'envolent sur les permis !
(1) Contrôle sanction automatisé.
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Histoires et secrets au bord des routes
Poil à gratter voire cible pour les uns, objet de rumeurs pour les autres, les radars excitent l'imagination.
Le radar a été incendié avec des pneus et du carburant. Photo DDM, Jean-Marie Lamboley
La saga du radar de Técou. Depuis son installation en avril, sur la départementale 964 qui relie Gaillac à Graulhet, l'appareil CSA de Técou a connu bien des malheurs. Incendié à cinq reprises (sans parler des tentatives) entre avril et septembre, il a déjà coûté la bagatelle de 115 000 € à l'État. La préfecture a bien essayé de convaincre la direction des projets du ministère de l'Intérieur de l'installer sur un mât, pour le protéger des dégradations. En vain… Les pouvoirs publics ont préféré renforcer la surveillance. Pendant des semaines, les gendarmes de Gaillac se sont relayés chaque nuit, dans l'espoir d'arrêter le pyromane. Ils ont bien cru le tenir, le 30 septembre, quand ils l'ont vu sauter un fossé et jeter trois pneus au pied du radar qu'il était prêt à enflammer avec un mélange de gasoil et d'essence. Mais il a pu leur échapper dans la nuit et le suspect arrêté un peu plus tard a été disculpé. La traque continue.
L'étonnant record du radar de Lescure.
Mois après mois, il est presque le seul à noircir la colonne « excès de plus de 50 km/h ». En août, 50 véhicules y sont passés à plus de 120 (au lieu de 70). Ils étaient encore 37 en septembre et 27 en octobre à affoler la cellule. Trop gros pour être vrai ?
Pierre Larrey, directeur de cabinet du préfet a une explication : « Quand on sait que ce radar flashe en approche par l'avant, on peut imaginer que des motos s'amusent à le déclencher, sachant que leur plaque ne figurera pas sur la photo. »
Mais que ces « Fangio » ne soient pas trop sûrs d'eux. Dans ce même secteur, les jumelles des policiers sont souvent aux aguets…
Radars obsolètes. Tous les appareils ne sont pas aussi célèbres que celui de Técou. Certains vieillissent mal. Celui de Puygouzon, sur la D 612, est bien loin de son record de 2006 (4 996 flashs). L'an dernier, il s'est arrêté à 1 500. Cette année, pas sûr qu'il arrive à 1 000. C'est encore pire pour celui de Massac-Séran, tombé de 2 222 infractions en 2006 à 510 l'an dernier. Une désuétude qui menace le radar de Puylaurens depuis l'entrée en service de la déviation en juillet.
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Ce qu'ils en pensent :
LES PROFESSIONNELS
Jean Bélières, président de la fédération des taxis tarnais : « Je suis contre les radars. C'est surtout un attrape-sous. Il vaudrait mieux faire de la prévention. Si la signalisation était mieux faite, on aurait moins de problèmes. De plus, les radars ne sont pas forcément placés au bon endroit. L'exemple de Cunac est édifiant : on a baissé la limitation de vitesse pour qu'il flashe davantage. À Cantepau, est-ce que vous avez vu des accidents graves ? Les gens ne roulent pas aussi vite qu'on veut bien le dire. D'ailleurs, 80 % des flashs de radars se déclenchent pour des excès de moins de 10 km/h. »
Guy Doumayrou, président du syndicat des transporteurs routiers du Tarn : « Quand ils sont limités à 90 km/h, les radars ne nous gênent pas. C'est différents s'ils sont positionnés sur des portions limitées à 70 ou 50.
À titre privé, je sais par exemple qu'il faut compter 1 heure pour le trajet Castres-Toulouse. Je mets le régulateur sur 90, et voilà. Les radars ont contribué à faire baisser la vitesse, certes, mais je constate que ça repart un peu à la hausse. Je me fais souvent doubler alors que j'ai une voiture puissante. Je pense qu'aujourd'hui, moins de 50 % des usagers respectent vraiment les limitations de vitesse. »
LES ASSOCIATIONS
Claude Blanc (Prévention routière) : « Quoi qu'on puisse en dire, il y a quand même du bon s'agissant de l'impact des radars. D'une façon générale, les gens ont levé le pied. Je note aussi que ce ne sont plus les excès de vitesse qui sont la première cause de mortalité routière, mais l'alcool. On peut toujours faire mieux. »
Claude They, Automobile-Club du Midi : « On part d'un constat tout bête : la contribution des radars à l'amélioration de la sécurité routière est évidente. La mortalité a très fortement baissé depuis leur installation. Pour autant, la prolifération des radars n'est pas souhaitable. Il y en a qui commencent à devenir r obsolètes, comme celui du Garric sur la RN 88. Depuis l'ouverture de la déviation de Carmaux, il ne joue plus son rôle. Je pense que la limite des radars fixes, c'est leur manque de souplesse. Trop de contrôles et d'applications strictes de la limitation peuvent nuire à l'image de la sécurité. Les fixes ont au moins un mérite par rapport aux radars mobiles : ils sont signalés. Comme on dit, un homme averti en vaut deux. »
Bernard Galopet, Ligue contre la violence routière : « Beaucoup de gens crient contre les radars. Pour moi, les radars, c'est une nécessité, mais je mettrais un bémol : prendre 45 € d'amende et un point en moins pour avoir roulé à 53 km/h au lieu de 50, là c'est excessif. C'est un peu du racket. Avant, il y avait une tolérance de 10 km/h, on laissait passer. Je pense, par contre, qu'il faudrait être beaucoup plus sévères avec d'autres infractions graves comme l'usage du téléphone portable au volant. »
Textes et photos : La Dépêche du Midi
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