Pendant notre enfance ou notre jeunesse, chacun se regroupait dans son petit quartier de Graulhet et s'organisait en bandes en général pacifiques pour s'affairer autour de son pâté de maisons ! Il y avait ceux de la Mairie, de la Vernière, de Saint-Pierre, de la Résistance, du Château, de la Bouscayrolle... et d'ailleurs !
Quand à nous, les sept de la Janade dont les tranches d'âge s'étalaient sur 3 ans (ce qui nous permettait de partager nos jeux ou occupations), nous occupions régulièrement la rue éponyme que la maigre circulation de l'époque nous abandonnait bien volontiers...
A seulement 3 pas, voire 4, du seuil de nos maisons respectives, nos parents nous laissaient vaquer tranquillement à nos jeux sans contrainte de surveillance excessive dans la mesure où notre groupe ne comptait aucun "rambailleur" connu !...
A tout seigneur tout honneur, la partie de foot se mettait rapidement en place quand le temps nous était compté. Quelques bobines de fil proposées par les artisans voisins symbolisaient les buts disposés au milieu du goudron, vaguement gardés par un "goal-volant", et une simple balle remplaçait un ballon qui aurait pu avoir des envies d'évasion ! Le jeu était aussi simpliste que tonique : il n'y avait pas de touches dans la mesure où les murs d'un côté et le grillage de l'autre maintenaient en permanence la balle dans le champ de jeu...
Et si par cas nous n'étions pas suffisamment nombreux, place aux pénalties, un grand portail vert en bois se transformant en cage, le ballon étant alors positionné sur le trottoir d'en face...
Comme nous étions ouverts à toutes les pratiques sportives, nous nous risquions également à un ersatz de rugby à toucher, et bien sûr sur le bitume... Faute de ballon idoine, une vieille chaussette de taille 45 rembourrée de journaux ou de tissus divers le remplaçait efficacement...
Le jeudi après-midi, qui nous offrait une plage de temps plus importante, voyait l'apparition d'activités plus élaborées :
- la descente en traîneau par exemple procurait de nombreuses sensations... Il faut dire que la forte pente du haut de la rue Hoche proposait une piste particulièrement adaptée et rapide. Et tant pis si l'arrivée se terminait par un dérapage totalement incontrôlé, les 4 roulements à billes en l'air, contre un rebord de trottoir ou un pilier de clôture !...
- il y eut également la période échasses : après nos simplistes boîtes de conserve manipulées par une boucle de ficelle, nos pères respectifs se sont évertués à nous réaliser des beaux spécimens en bois, dont les repose-pieds se situaient à plusieurs dizaines de centimètres de hauteur, suivant la dextérité de l'échassier !...
- quand les parents étaient suffisamment accaparés par leurs occupations, nous en profitions pour organiser des courses de vélo autour du pâté de maison situé entre les rues de la Janade et celle des Boërs, prenant parfois le risque d'étendre le circuit jusqu'à l'avenue Victor Hugo ! Heureusement que les voitures étaient assez rares, et notre dextérité suffisante pour ne pas avoir à trop entamer la fiole de mercurochrome familiale !...
Parfois la pluie nous rabattait dans quelque garage ou atelier, et les pratiques physiques étaient alors remplacées par des réalisations hautement technologiques... pour l'époque :
- téléphone avec 2 boîtes de conserves reliées par 5 mètres de ficelle de cuisine,
- projecteur de diapositives en carton à l'aide d'une de ces grosses loupes semi-sphériques qui composaient les lampes de poche anciennes,
- réparation ou perfectionnement des traîneaux, fabrication d'ailettes à adapter sur les roues des vélos, réalisation de flèches polynésiennes, comètes ou cerfs-volants, etc...
Bien évidemment, jeux de cartes, billes ou boulards, osselets, chat-perché, ringuette, et autres petits jeux traditionnels figuraient aussi au programme des réjouissances !...
Ah ! j'allais oublier la fronde, fabriquée artisanalement avec un bon "fourcadel" et quelques centimètres d'élastique carré issu de chez Carel !... Trois conserves (vides) posées sur un mur, le choix attentif de cailloux bien adaptés, et c'est parti : feu à volonté... De mémoire, aucune vitre ni aucun chat du secteur n'eut à souffrir de nos tirs souvent approximatifs!...
Et puis il y eut quelques activités exceptionnelles :
- nuit passée sous une tente dressée sur la pelouse d'une famille,
- construction d'une cabane dans les massifs arbustifs des voisins,
- soirée spectacle organisée dans un garage avec public parental conquis à l'avance,
- puis, hors du quartier, premières brasses effectuées à la piscine de Fiac, sous réserve de la disponibilté d'une maman disposant d'un véhicule,...
Des évènements extérieurs venaient aussi parfois améliorer l'ordinaire :
- c'était tout d'abord l'envol de parachutistes qui sautaient sur l'aérodrome, et que nous allions observer depuis le chemin qui conduit au barrage,
- ou, par temps de neige, les parties de luge en douves de barrique que nous faisions sur les prairies pentues de la côte des Pieyrès, vierge à l'époque de toute construction...
A une période où les jouets étaient rares, la télévision et la voiture absentes de la majorité de nos foyers, nous avons malgré tout passé d'excellents moments ensemble, avant que les études, la vie active ou les déménagements séparent nos routes.