Décès de Pierre Fabre
Publié le 21/07/2013 à 10:48 || La Dépêche du Midi |
Pierre Fabre : disparition d'un grand patron
Pierre Fabre : mort d'un grand patron
Tout le monde, dans le Tarn et au-delà, redoutait cette annonce. Pierre Fabre s’est éteint à l’âge de 87 ans hier matin à 10h à son domicile de Lavaur des suites d’une longue maladie. On savait que le président-fondateur des laboratoires pharmaceutiques du même nom était très malade. Déjà de nature discrète, cet homme attachant et charismatique n’apparaissait plus en publique depuis plusieurs semaines. C’est dans un bureau à l’abri des regards qu’il a accueilli le président de la République François Hollande, venu inaugurer l’extension d’une unité de production dermo-cosmétique du groupe, à Soual, tout près de Castres le 30 mai dernier. Il n’était pas non plus présent au Stade de France le 1er juin pour assister à la victoire de l’équipe du Castres olympique qu’il soutient depuis 25 ans. Mais l’annonce de son décès a eu l’effet d’une chape de plomb, qui s’est abattue sur la sous-préfecture tarnaise où est implanté le siège historique de l’entreprise qui emploie 10 000 personnes partout dans le monde, dont l’essentiel en France et surtout dans le sud-ouest.
«Pour Castres et la région et pour tout le pays, c’est une grosse perte», lâche Pascal Bugis, le maire divers droite de Castres, qui venait de se recueillir auprès du défunt, entouré par ses proches, notamment ses enfants adoptifs et sa compagne. Car ce «self-made-man» à la française a bâti en 50 ans un empire pharmaceutique international tout en restant ancré à son territoire où tout avait débuté en 1961 dans sa pharmacie du centre-ville de Castres. Contre vents et marées, à l’heure des délocalisations, Pierre Fabre a, lui, toujours voulu développer son activité depuis son territoire pour y maintenir l’emploi. «Il réfléchit global mais agit local, indiquait Pierre-Yves Revol, l’un de ses plus proches collaborateurs. Il pense en cercle concentrique, il commence par le Tarn, puis la Région, puis la France». «La fibre régionale est pour moi plus forte que tout», nous avait confiés Pierre Fabre récemment pour expliquer son action et son combat pour le désenclavement routier du sud du Tarn. «On a tous l’impression de perdre un membre de notre famille», a reconnu Laurent Labit, l’ex-entraîneur du CO champion de France, en rendant hommage à Pierre Fabre. Un sentiment partagé par tous les Castrais qui défilent depuis hier à l’Hôtel de Ville où a été installé un registre de condoléances.
Industrie - Les labos Fabre : 10 000 emplois dont 4 000 dans le Sud Ouest
Les laboratoires Fabre emploient des milliers de personnes./ DDM
Il aura fallu à Pierre Fabre plus de cinquante années de labeur, le plus souvent dans une grande discrétion, pour construire une entreprise qui force aujourd’hui l’admiration. Cinquante années de croissance obstinée qui ont fait de l’inventeur du Cyclo 3 dans son officine en 1961, le capitaine du second groupe pharmaceutique indépendant français. Aujourd’hui, toutes branches confondues, les laboratoires Pierre Fabre emploient un total de 10 000 collaborateurs dans le monde dont 6 700 en France et plus de 4 000 dans le Sud-Ouest. Dans le seul département du Tarn, berceau de l’entreprise, ce sont 2 700 salariés qui y sont employés.
Les activités du pharmacien Pierre Fabre couvrent l’ensemble de ce qui touche à la santé en trois branches principales. Le médicament reste la pierre angulaire de cette aventure industrielle dans lequel le groupe investit chaque année près de 20 % de son chiffre d’affaires autour de trois axes de recherche prioritaires à savoir l’oncologie, la dermatologie et la neuropsychiatrie.
Les produits dermo-cosmétiques d’autre part, dont l’activité a dépassé celle du médicament depuis le début des années 2000, sont forts de grandes marques, toutes distribuées exclusivement en pharmacie, telles que Avène, A-Derma, Ducray, Galénic, Klorane et bien d’autres. La seule marque Avène par exemple, leader en Europe, au Japon ou en Chine, est commercialisée dans plus de 100 pays.
C’est dans cette logique d’ailleurs que Pierre Fabre vient d’achever le doublement de son site de production de Soual (Tarn) qui assure la fabrication et le conditionnement de produits de soins cosmétiques et capillaires de plusieurs marques. 50 millions d’€ y ont été investis dans le site industriel le plus important des Laboratoires P. Fabre qui occupe à lui seul 575 collaborateurs pour une production de 13 000 tonnes de vrac par an et une capacité de conditionnement de 600 000 produits par jour.
Pierre Fabre, c’est aussi le fabricant d’une gamme de produits d’automédication qui comporte tout ce qui touche à l’homéopathie, la phytothérapie (tisanes, plantes), ou encore le traitement de la dépendance (patch arrêt du tabac) etc.
Une articulation en trois branches, crée par un homme qui a toujours inventé et cherché à développer son action économique en mettant au centre de ses priorités le pharmacien d’officine.
Le tout a pesé 1,98 milliard d’€ de chiffre d’affaires en 2012. Les ventes à l’international représentent 54 % du total. Pierre Fabre est ainsi présent dans 42 pays et ses produits sont distribués dans plus de 130 pays.
Pour alimenter une telle capacité d’innovation et de production, l’entreprise compte 1 400 personnes en Recherche et Développement sur un total de 10 000 salariés. C’est ainsi, par exemple, qu’on retrouve sa présence sur les grands sites de recherche dont celui du campus de l’Oncopole à Toulouse qui abrite un laboratoire de recherche oncologique exceptionnel où il mutualise sur un même site les équipes et le matériel nécessaires au développement et à la production de nouvelles molécules.
Penser sans cesse au moyen voire au long terme et toujours avoir un coup d’avance : Pierre Fabre en a fait de même pour l’avenir de son groupe international en léguant ses actions à la Fondation Pierre Fabre, reconnue d’utilité publique, et qui sera maintenant chargée de poursuivre l’aventure.
Dès 2008 en effet, Pierre Fabre avait ainsi préparé sa succession au travers de la Fondation qui, avec 65 % des parts, est devenue l’actionnaire majoritaire du groupe. Mais comme la Fondation ne peut contrôler directement la gestion du groupe, Pierre Fabre a créé une société holding (Pierre Fabre Participations) qui elle-même contrôle de façon majoritaire Pierre Fabre SA. «Lorsque je ne serai plus en mesure de présider, ce sont les administrateurs de cette société qui valideront la stratégie du groupe» avait écrit en son temps Pierre Fabre à ses salariés. Ce montage juridique, une première en France, a pour objectif de garantir la pérennité de l’indépendance de l’entreprise et de ses valeurs, la pluralité des métiers, ses implantations régionales et l’investissement nécessaire en recherche et développement.
Une façon de verrouiller et sécuriser l’avenir qui reflète bien la façon dont Pierre Fabre a toujours organisé sa gouvernance. De la même façon, l’ouverture du capital de l’entreprise aux collaborateurs à travers un plan volontariste d’actionnariat a été lancée depuis 2005 et à ce jour, 9 salariés sur 10 sont actionnaires et détiennent collectivement près de 7 % du capital au travers d’un fonds commun de placement entreprise. Un cercle vertueux voulu par le président-fondateur et qui doit, aujourd’hui plus que jamais, prendre en mains son propre destin après que Pierre Fabre en a tracé le chemin pendant plus de 50 ans.
Rugby : Cette année, il avait été champion de France
Pierre Fabre, aux côtés de Pierre-Yves Revol, venait régulièrement assister aux rencontres du CO au stade Pierre-Antoine. / Photo DDM.
Rien ne le rendait plus heureux que de «donner de la fierté» à la population de sa ville et à ses collaborateurs. Pierre Fabre était donc aux anges lorsque le Castres olympique est devenu champion de France le 1er juin dernier, 20 ans après son précédent titre. «Soutenir le rugby, c’est participer au dynamisme d’une ville, la valoriser, la faire rayonner, nous confiait-il juste avant la finale. Donc l’entreprise soutient le club et je l’aide aussi, à titre personnel, car cela me semble être d’intérêt public». Car Pierre Fabre, qui avait repris les rênes du club en 1989, ne retirait aucun intérêt personnel à ce soutien inconditionnel. «Il peut se passer du Castres olympique mais le Castres olympique ne peut pas se passer de lui», affirmait Pierre-Yves Revol, le représentant de Pierre Fabre au CO. S’il n’était pas «physiquement» présent au sein du club, son ombre planait constamment. Et pas seulement parce qu’il finançait.
Ses valeurs, son humilité et sa discrétion étaient reprises comme une charte au CO. «Il était toujours dans le travail, toujours dans la rigueur, mais il savait être à l’écoute, indique Laurent Labit, ex-entraîneur et également champion de France, en tant que joueur, avec le club tarnais en 1993. En dépit des réussites tant professionnelles que sportives avec le CO, pour lequel il s’est beaucoup investi, il n’a jamais voulu profiter des succès et est toujours resté dans la modestie». Laurent Labit et Laurent Travers lui ont amené le bouclier de Brennus à son domicile de Lavaur il y a quelques semaines. «Il était heureux, il a voulu être pris en photo avec», témoigne Laurent Travers. «Je suis terriblement affecté, cela d’autant qu’il y a peu, la ville de Castres partageait un bonheur intense avec ce titre et qu’elle s’apprête à vivre un long moment de tristesse. Sa disparition risque de provoquer un marasme dans la région à tel point il était aimé, apprécié ou respecté», a résumé Romain Teulet, arrière du CO depuis 2001.
Le destin d’un pharmacien
La pharmacie est toujours là. Place Jean-Jaurès. Au cœur de Castres. Un peu agrandie. Forcément repeinte. Plus moderne sans doute puisque les rues et la vie ont bien changé. Mais les vitrines arrondies, sans outrance, presque modestes, lui conservent cette impression sérieuse des pharmacies d’autrefois. C’est là qu’en 1950, Pierre Fabre entre dans le métier, jeune potard de province sans fortune excessive, blouse blanche entre balances et cornues, déjà attentif aux humeurs de la clientèle, et déjà soucieux de ce qu’on appelait le travail bien fait. «Pharmacien, le plus beau des métiers», disait-il. «Mais à condition de vivre au milieu de son officine, d’avoir bonne réputation, c’est-à-dire la confiance de sa clientèle. Important, la confiance ! Le client n’a qu’à pousser la porte, mais le pharmacien, lui, est responsable de la santé, de l’avenir de son client. Il a l’autorité, il ne doit pas faire n’importe quoi».
Le «flair»
Castres, éloignée des grandes villes, était dans les années 50 une sous-préfecture qui vivait de l’industrie du tissu. Germain Fabre, son père, était donc marchand de tissus. A son fils qui venait d’obtenir le diplôme de pharmacien, il a prêté une petite somme pour qu’il s’installe dans la vie. C’est ainsi que Pierre Fabre a débuté ce qui allait ressembler à une extraordinaire aventure.
«Je suis d’une race rurale», nous disait-il, lors d’une rencontre. «Une race rurale» : ne pas chercher plus loin les explications. Ses grands-parents travaillaient la terre. Lui gardait de ses origines cette démarche de terrien, devenue un peu lourde avec le temps, mais foncièrement assurée. On appelle ça : avoir les pieds sur terre. Et s’il est une qualité qu’on prêtait alors aux paysans du Midi, c’était avant tout l’intuition, l’art de deviner ce qu’il fallait. Autant dire «le flair».
«Le flair» : l’expression le faisait sourire. Mais il en admettait l’importance : «Dans l’action industrielle ou commerciale, si on ne prend des décisions qu’en fonction d’éléments cartésiens, rien ne vous différencie des autres. Toutes les entreprises possèdent les mêmes données. Toutes, à l’extrême, pourraient adopter la même solution, fabriquer le même produit. C’est là que l’intuition intervient».
1960, place Jean-Jaurès. Pierre Fabre commençait-il à s’ennuyer dans sa pharmacie ? Ce qu’il aimait avant tout, c’était son petit labo, installé à la hâte dans un coin, du côté de l’arrière-boutique. Une vieille paillasse, quelques tubes à essai… Là, dans ce recoin, il rêvait de découvertes.
Le Cyclo 3
ça tombait bien, il avait une idée en tête. Une intuition. «À l’époque, beaucoup de femmes se plaignaient de ce qu’on appelait «les jambes lourdes». C’était l’expression d’une fatigue». Pierre Fabre se mit alors en tête d’inventer un produit qui soulagerait ces «jambes lourdes», mais un produit à lui, qui viendrait d’abord de la nature. Pendant des jours et des jours, jusque tard dans la nuit, lui, le passionné de botanique, va élaborer ses théorèmes à partir d’une plante, le «petit houx», un arbuste des sous-bois, dont on prétend qu’il avait des vertus pour améliorer la circulation du sang. «J’y travaillais dans mon labo, mais je n’avais pas encore de grands moyens. Le dimanche et le lundi, j’allais à la faculté de Toulouse pour mieux m’informer». Et, au bout de son travail, la première réussite : le veinotonique Cyclo 3 venait de naître de ses propres mains ! «Que voulez-vous, je suis un créatif !», souriait-il. «Il faut sentir qu’un produit a de l’avenir. Nous sommes dans un métier où il y a tellement de risques ! On ne vend tout de même pas des macaronis !»
À l’entendre, c’est comme si c’était hier. Il en parlait avec un regard de jeunesse. «J’ai recruté trois visiteurs médicaux pour commercialiser mon Cyclo 3. On produisait avec les moyens du bord. Mais, en moins de cinq ans, on a réussi». Au-delà de ses rêves. Le trop petit labo de la place Jean-Jaurès pouvait enfin devenir le Laboratoire Médical Pierre Fabre.
Tarnais d'abord !
L’autre secret, c’est le travail. «Je n’aime pas la facilité». Alors, pendant des années, jusqu’à ce que l’âge ne trahisse ses forces, Pierre Fabre travaillait dans les dix heures par jour. «À peine un peu moins le dimanche». Il nous souriait ce jour-là. Ses yeux noirs vous fixaient comme pour scruter le dedans des hommes. Son regard alternait entre bienveillance et autorité. Il vous tenait le bras pour mieux convaincre. Nous étions aux Cauquillous, aux portes de Lavaur, le siège de son activité dermato-cosmétique : le bâtiment a l’élégance d’une immense vague, toute de verre, dans laquelle se reflètent les nuances des arbres et des plantes qui descendent du vallon. Et il nous expliquait comment, avec un tapis biodégradable, fut réalisé tout le paysage, l’étang, les plantations, le choix des essences. «L’été, c’est toujours merveilleux». Même si ça coûte un peu cher, Pierre Fabre voulait que la nature entre si possible dans les bureaux de ses salariés, qu’elle soit à portée de leurs regards.
À l’écouter, on comprenait vite pourquoi cet industriel conquérant - un des trente plus riches patrons de France, qui avait su bâtir en un demi-siècle le deuxième laboratoire français indépendant, une multinationale implantée sur tous les continents et dont on vantait encore récemment la passion toujours vivante d’entreprendre et d’innover -, oui on comprenait pourquoi Pierre Fabre était, avant toute chose, un homme d’ici, un Tarnais d’abord qui, par méfiance et grande pudeur, se gardait comme de la peste des mondanités en tous genres. Quand son ami Jacques Chirac lui a remis la Légion d’honneur, c’était à l’Élysée, mais dans l’intimité, entre quelques amis. De même lorsqu’il reçut des mains de Nicolas Sarkozy les insignes de Grand-Croix. Enfin, quand François Hollande visita au printemps dernier les Laboratoires, Pierre Fabre préféra le recevoir en tête-à-tête dans le secret de son bureau. Fuir ainsi les foules, les réceptions trop voyantes, les interviewes tapageuses, c’est contraire aux usages médiatiques des nouveaux capitaines d’industrie qu’on voit dans nos talk-shows. Lui, avec un petit sourire moqueur, se contentait de glisser : «Que voulez-vous ! ils ont tellement plaisir à se montrer !»
S’il se montrait, ce n’était donc pas au Tout-Paris mais au Tout-Castres, c’était parfois en ville où il rencontrait ses vieux amis de toujours et d’anciennes clientes de la pharmacie. Ou encore dans les tribunes de «son» cher stade Pierre-Antoine à l’occasion d’un match de «son» Castres Olympique - ah ! la petite équipe de sous-préfecture sacrée cette année meilleure équipe française ! «C’est vrai quand même ! Je ne sors pas souvent». Son seul luxe en vérité, c’était un «Falcon» qui lui appartenait, manière de réduire le temps qui sépare le Tarn du reste du monde.
Une histoire de cœur
Il aurait pu tout aussi bien entrer en politique, endosser les habits d’un grand seigneur de province. Peine perdue : s’il finançait des petits projets, aidait quelques amis tarnais ou les enfants des amis, il le faisait sans communiqué de presse. Mais, pour défendre la construction d’une autoroute qui relierait enfin Castres à Toulouse, alors Pierre Fabre frappait à la porte des ministères. «Pour des affaires aussi importantes que l’oncologie, pour nous relier à nos laboratoires du Cancéropôle, il n’y a pas d’outil rapide jusqu’à la capitale régionale ! Invraisemblable !»
Sinon, même quand il s’est agi de développer son groupe, il a préféré rester à deux pas de chez lui. Le Tarn, le Sud-Ouest. Exemple unique dans cette industrie pharmaceutique où les géants investissent aux quatre coins du monde !
Pour lui, le monde, c’était surtout une histoire de cœur qui avait commencé en Afrique. Révolté par l’exploitation de ce continent, par les trafics de médicaments. Un jour, il assistait à une campagne de vaccination dans un village africain, et il eut l’audace de faire analyser le contenu de la seringue. Ce n’était que de l’eau distillée ! Scandalisé, il eut alors l’idée de sa Fondation. Permettre à l’Afrique, à l’Asie d’accéder à la santé, à l’hygiène et aux médicaments.
«Allez dans certaines régions, c’est tellement douloureux !» Disant cela, Pierre Fabre hochait la tête avec un gros soupir. «Un jour, une petite femme a frappé chez moi. Personne ne la connaissait. Elle s’appelait Nathalie Ouattara. Elle voulait que je l’aide dans son village du Mali pour faire du baume de karité. J’ai dit oui. On l’a aidée. Elle a mobilisé toutes les femmes de son village. Aujourd’hui, elles produisent du baume de grande qualité». Et, juste à cet instant-là, on devinait à sa façon de vous prendre la main que le Président fondateur du Groupe Fabre était heureux.
Publié le 21/07/2013 à 08:00 |
Pierre Fabre en son Tarn
Tellement discret tant il voulait rester humble, à l’image de ce tempérament propre aux sud-tarnais. Et pourtant omniprésent dans la vie de ce département et en particulier dans le bassin castrais où il est né un 16 avril 1926. Pierre Fabre a marqué de son empreinte ce territoire auquel il a énormément donné. On compte en effet dans le Tarn 2 700 collaborateurs du groupe, à Castres évidemment, à Soual, à Mazamet, à Lavaur ou à Gaillac. Sur une trentaine de sites au total dans le Tarn Pierre Fabre a toujours voulu imprimer sa marque : au Carla, à Théron-Périer, aux Cauquillous où à la Chartreuse, c’est à chaque fois une signature architecturale, une exigence d’aménagement qui accompagne la création d’emploi, le développement d’une branche ou une extension d’activité. Pierre Fabre aurait pu concentrer ses activités en un seul site surdimensionné ou bien se laisser absorber par la métropole toulousaine. Il a préféré apporter sa touche ici et là dans le Tarn ou pas très loin, en se comportant comme un aménageur finalement.
Énormes retombées
Au-delà de cet impact direct sur l’emploi et donc la richesse du territoire, les retombées de la présence du groupe dans le Tarn sont énormes. En termes de ressources directes, via la taxe professionnelle reversée aux collectivités. Mais aussi dans la construction, le BTP, la sous-traitance ou l’emploi intérimaire. Certains de ses fournisseurs sont même venus s’installer ici pour être au plus près (flaconnage, cartonnage, informatique). L’entreprise, qui reçoit plus de 10 000 visiteurs chaque année venant du monde entier, et donc autant de nuitées sur Castres et alentours, est aussi le plus gros utilisateur de la ligne aérienne Castres-Paris. Le groupe est ainsi toujours resté centré sur son métier de la santé. Même si Pierre Fabre, à titre personnel, a pu réaliser quelques diversifications d’activités.
Le pharmacien Pierre Fabre, toujours dans la discrétion même dans le secret, a souvent apporté un coup de pouce à des familles ou des communes touchées par une catastrophe ou tout simplement permis de mettre le pied à l’étrier à un jeune entrepreneur innovant ou une association créative. L’homme Pierre Fabre n’aimait guère se montrer en public. Pas plus à Castres qu’ailleurs. Mais son oreille était toujours attentive à ce qui pouvait permettre à son territoire de se développer.
Publié le 13/12/2009 à 08:21 |
Les secrets de laboratoires de Pierre Fabre
Dossier : Le premier groupe industriel privé de la région est présent dans 140 pays, mais son cœur bat toujours à Castres. C'est l'histoire d'une fantastique aventure économique et humaine comme il en existe peu.
Pierre Fabre, c'est un peu le rêve américain mais version tarnaise. L'histoire d'un pharmacien castrais parti de rien et qui a construit une entreprise prospère de 10 000 salariés présente dans 140 pays du monde.
Moins de 50 ans après avoir créé son premier produit, le veinotonique Cyclo 3, Pierre Fabre est en effet aujourd'hui à la tête d'un des plus gros groupes pharmaceutiques français et l'un des leaders européens en cosmétique dans les pharmacies. Car le Cyclo 3, premier médicament destiné à améliorer la circulation du sang, allait en appeler beaucoup d'autres. Toujours avec des solutions thérapeutiques originales, en utilisant les ressources naturelles de plantes dénichées au fin fond de pays du tiers-monde qui trouvent ainsi une voie de développement économique.
Au fil du temps, depuis le centre de recherche de Péraudel à Castres, les Laboratoires Pierre Fabre vont en effet étudier et lancer des dizaines de médicaments dans de nombreux domaines, de la cardiologie à l'urologie en passant par la rhumatologie, la gynécologie ou encore le système nerveux central. Mais c'est dans l'oncologie que les Labos vont être en pointe avec des anticancéreux. Pas étonnant que Pierre Fabre ait pris une part active dans la création du futur Canceropôle à Toulouse. Le groupe a par exemple produit dans les années 90, le premier anticancéreux agréé aux États-Unis. Un marché américain conquis à nouveau aujourd'hui par un nouveau produit découvert à Castres contre la fibromyalgie qui connaît un succès au-delà de toutes prévisions outre-Atlantique.
Les trois branches
Mais, dans le même temps, Pierre Fabre va avoir la présence d'esprit de diversifier ses activités à la fois pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier mais aussi pour coller aux besoins des pharmacies. Il va même forger son entreprise comme une officine, un peu comme s'il reconstruisait sa pharmacie des débuts à l'échelle de son groupe.
L'entreprise a développé trois branches que l'on retrouve dans les rayons des pharmacies : le médicament, l'automédication familiale et la dermo-cosmétique. Une activité qui va donner une autre dimension au groupe. Il va ainsi racheter et développer quelques marques déjà existantes comme Klorane, Ducray ou Furterer et va en créer d'autres comme Galénic, A-Derma et Avène (lire notre encadré page suivante). Mais en changeant la conception de la simple crème de beauté en un véritable produit de soins, calquant les procédures drastiques du médicament à la dermocosmétique. Ce qui a amené aux produits Fabre, une image de qualité et une réputation qui dépasse aujourd'hui largement les frontières françaises puisque la moitié du chiffre d'affaires du groupe, toutes branches confondues, se fait à l'international.
Réfléchir « global », AGIR « LOCAL »
Et de la même façon qu'il n'oublie pas d'où il vient professionnellement, en voulant être l'interlocuteur privilégié des pharmaciens, il n'oublie pas non plus où sont ses racines. « Il réfléchit global mais agit local », indique un de ses collaborateurs. « Il pense en cercle concentrique, il commence d'abord au Tarn, à la Région, puis la France ». Alors que le groupe aurait eu tout intérêt, économiquement, à délocaliser certains sites de productions pour se rapprocher de ses marchés internationaux, au contraire tous les produits sont élaborés et fabriqués en France.
Mieux, les Laboratoires Pierre-Fabre n'ont jamais été autant ancrés que sur leur terreau d'origine. C'est depuis la sous-préfecture tarnaise que tout est dirigé. Le groupe dispose de 13 sites à Castres, 46 sur le Tarn, 57 dans le Sud-ouest. Des lieux souvent chargés d'histoire et à grande valeur patrimoniale. Que cela soit la vieille pierre, la nature ou la biodiversité, le patrimoine est une notion très importante pour Pierre Fabre qui a façonné son groupe à son image. Il est d'ailleurs très difficile de distinguer l'homme de son entreprise.
Repères :
9 700 salariés dans 140 pays du monde dont 4 000 en région Midi-Pyrénées. Un nombre d'employés qui a presque doublé en 15 ans.
276 millions d'€ de budget Recherche et développement, soit 25 % du chiffre d'affaires médical
1,750 milliard d'€ de chiffre d'affaire l'an dernier. Un chiffre d'affaires qui ne cesse de progresser qui était de 0,68 milliard d'€ en 1992 .
Implantations dans la région de Castres
Le Carla (Direction générale, centre de réceptions), La Michonne (Administration), Péraudel (Centre de recherche), Sidobre (Administration), La Chartreuse (centre de distribution pharmaceutique, bureaux Pierre Fabre Médicament); Soual (production dermocosmétique), Les Fontaines (Pierre Fabre Santé, Plantes & Médecine), Théron-Périé (Centre de formation, Fondation), Lévézou (Association sportive), Cambounet (Conservatoire botanique).
Implantations à Toulouse
Cancéropôle, Hotel Dieu (recherches sur la peau), Ramonville (Centre d'innovation et de développement), Vigoulet ((Centre de recherche dermocosmétique), Labège (Centre de développement).
Implantations dans le Sud-Ouest
Aignan (Productions), Lavaur-Les Cauquillous (Pierre-Fabre Dermo-Cosmétique), Pau (productions), Muret (centre de distribution), Gaillac (productions), Sorèze (Carla université), Cahors (productions et conditionnements), Lavaur (Imprimerie), Ussel (centre de distribution) Avène (Station thermale), Mazamet (productions).
ToulÉco Tarn | 21 juillet 2013 21h31 | Anne-Marie Bourguignon
Disparition de Pierre Fabre, l’homme à l’incroyable destin
Pierre Fabre, le pharmacien de Castres qui a bâti un empire / lefigaro.fr
Pierre Fabre est mort ce samedi 20 juillet à l’âge de 87 ans, des suites d’une longue maladie. La disparition de cet emblématique capitaine d’industrie laisse le Tarn en deuil.
Pierre Fabre, l’emblématique patron et fondateur des Laboratoires Pierre Fabre, est décédé ce samedi 20 juillet au matin, des suites d’une longue maladie. Celui qui était également propriétaire du club de rugby du Castres Oympique, champion de France en titre, était âgé de 87 ans.
Le 4 juin dernier, le président François Hollande avait rendu un hommage appuyé à ce capitaine d’industrie, lors de sa visite dans le Tarn. Pierre Fabre avait en effet réussi à ériger un empire pharmaceutique qui pesait l’an dernier près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 10.000 salariés.
ToulÉco vous propose de relire la saga que nous lui avions récemment consacrée :
Jacques Limouzy aux côtés de Pierre Fabre, ici au stade Pierre-Antoine./photo DDM DR.
Pierre fabre, un Fabuleux destin
C’est ici, à Castres, entre les monts du Sidobre et la Montagne Noire dans le Tarn, que tout a commencé, le 16 avril 1926, par la naissance de Pierre Fabre, fils de Germain, un modeste négociant en textile. À une époque où le déclin de l’économie locale va s’amorcer, touchée de plein fouet par la révolution industrielle après une apogée brillante du secteur. À l’instar d’autres personnalités du cru, le fils du pays puisera ses forces et forgera ses convictions sur les bords de l’Agoût, dans un contexte économique local difficile.
Pourtant, c’est de cette terre natale que le jeune Fabre, timide et réservé, va tirer la substantifique moelle dès la fin de ses études de pharmacie dans les années 50. Il s’ y installe dans une officine à l’ombre portée de Jean Jaurès, au coeur de la ville, avec l’aide familiale. Très à l’écoute de ses premiers clients, il identifie leur mal des maux dans son apothicairerie, avant de se mettre en quête d’y remédier.
Mal aux jambes ? Le Petit-houx qu’il propose, au début en sachets de tisanes, empaquetées dans son atelier d’herboriste, a justement des vertus circulatoires. Et, en pays castrais, le généreux « ruscus aculeatus » se plaît. Il est même de tradition séculaire de manger ses jeunes pousses, comestibles crues ou cuites, au printemps, comme les « respounchous », tant prisés par les Tarnais. Alors même que les baies de cet arbuste rhizomateux, ramifié, qui fleurit de septembre à avril, sont toxiques. Ce vasoconstricteur surnommé « plante des jambes légères » va être le premier succès et le point initial de la création des laboratoires Pierre Fabre. Le Cyclo 3, son produit mythique.
De flops en tops
En 1961, Armand Lattes vient de terminer son doctorat d’État. Maître de recherche à la faculté des sciences de Toulouse, il s’apprête à partir au service militaire quatre mois plus tard. Un de ses amis lui dit connaître un jeune pharmacien de Castres, inventif, ayant eu l’idée d’un nouveau produit pour faciliter la digestion, mais qui n’avait pas les moyens techniques de le mettre au point : le dicitrate de bétainate de choline. « C’était une idée excellente ! J’ai réussi la synthèse à l’Institut de chimie de Toulouse, alors rue Sainte-Catherine. Un exploit, car on n’avait pas beaucoup de matériels à l’époque. Et surtout, pas d’appareils pour travailler sous pression. Alors on s’est servi d’une vieille bouteille de bière à chapeau en céramique. Je l’ai entourée d’amiante…et chauffée dans un four », raconte ce professeur émérite de l’université de Toulouse, président honoraire de la Société française de chimie.
Cinquante ans plus tard, l’ingénieur chimiste et pharmacien se souvient avec amusement : « Quand j’ai été obligé d’intégrer le régiment de Montauban, quatre mois après, Pierre Fabre venait me voir le soir, au volant de sa Simca de sport, et nous travaillions à la rédaction de ce brevet… sur la table du bistrot, en face de la caserne. Nous avons finalisé ce produit, mais jamais utilisé, car il présentait des effets secondaires curacés ».
Un flop qui n’a en aucun cas freiné l’enthousiasme des deux hommes de sciences, ni atténué l’admiration pour son dynamisme et son foisonnement que lui porte le scientifique. « Pierre Fabre avait tellement d’idées, qu’il m’impressionnait, autant qu’au volant de sa voiture. Il a toujours su réunir les gens et les compétences avec finesse et discrétion », souligne t-il. Au fil des années, les deux hommes ont continué ces échanges prolifiques, en travaillant de concert : « Cela fait cinquante ans que nous tissons des liens scientifiques, à travers également l’embauche de mes doctorants dans ses laboratoires pour les aider à la mise au point de produits ».
Lavaur (Tarn), le 8 décembre 2000. Le centre d'innovation et de développement Pierre Fabre dermo-cosmétique. (AFP/Pascal Pavani.)
Des maux mis à mal
Directeur de recherches au CNRS à Toulouse et du programme national « Chimie verte pour le développement durable », Isabelle Rico-Lattes, son épouse, a d’ailleurs mis au point le TriXiera+ (qui fait un tabac en pharmacie), à base de sucre naturel, utilisable contre l’eczéma et commercialisé par les laboratoires Pierre Fabre. Pour la première fois, c’est une femme qui a reçu en 2010 le grand prix Chéreau Lavet, du Conseil national des ingénieurs et scientifiques français, pour ses formulations thérapeutiques bioactives, à l’origine d’une nouvelle génération très prometteuse de remèdes interagissant de manière positive avec l’organisme.
Bien loin du petit houx, des découvertes notoires continuent de jalonner le parcours du groupe, grâce à plus d’un millier de chercheurs qui innovent sur l’ensemble des segments de la santé : des médicaments éthiques et de santé familiale (OTC) aux soins de dermo-cosmétique (Avène, A-derma, Ducray, Elancyl, Galénic, Glytone, Klorane, René Furterer). Une éthique dont Pierre Fabre a toujours fait son cheval de bataille, en aidant les pays du tiers-monde à disposer de médicaments de qualité, aussi bien qu’en formant leurs scientifiques à leur contrôle. En atteste un épisode épique, survenu lors d’un de ses voyages au Nigéria, avec son ami Jean- Baptiste Doumeng, industriel de l’agroalimentaire, communiste, surnommé « le paysan de Noé » ou « le milliardaire rouge ». « Nous étions à Lagos, la capitale, quand nous sommes tombés sur une vaccination d’enfants contre une épidémie… avec de faux vaccins à base d’eau distillée. Repérés par la mafia qui procédait à cette opération, nous n’avons dû notre salut qu’à la fuite, protégés par les gardes du corps de Doumeng », racontait-il alors au Quotidien du médecin.
Les laboratoires Fabre. Toulouse se place en pointe dans le domaine du soin et de la recherche. / Photo DDM, Michel Labonne
Des rachats en cascade
Petit retour en arrière. Une fois le pied à l’étrier, plus rien n’arrête Pierre Fabre. Avec une frénésie époustouflante, le pharmacien de Castres se révèle un homme d’affaires redoutable, jusqu’à devenir le boss du deuxième laboratoire pharmaceutique indépendant français. Un positionnement dû également au rachat, en cascade, de nombreuses marques populaires (Inava en 1963, Klorane en 1965, Ducray en 1969, Galenic en 1977, Furterer en 1978 et même un laboratoire américain, Genesis, en 2002 et le brésilien Darrow en 2006). Pierre Fabre a investi 22,5 millions d’euros dans le site d’Avène, marque phare du groupe tarnais, créée dans les années 90 pendant cette décennie de consolidation, et 75 millions d’euros à Castres pour l’agrandissement de son usine de production dermo-cosmétique de Soual.
Ainsi propriétaires de centaines de produits cosmétiques et de médicaments innovants toujours en tête de gondole dans les pharmacies de France ou ordonnancés par les praticiens, les laboratoires Pierre Fabre ont-ils diversifié leurs domaines de compétences thérapeutiques (cancérologie, urologie, cardiologie, psychiatrie, gynécologie, rhumatologie etc.). D’où le choix stratégique de consacrer 17% du chiffre d’affaires réalisé dans le médicament à la R&D. Aujourd’hui, le groupe compte plus d’une vingtaine de molécules en phase de développement.
Les Laboratoires Pierre Fabre sont, par ailleurs, un des acteurs du Cancéropôle Grand Sud-Ouest né du premier Plan cancer. Situé sur le campus de l’Oncopole à Toulouse, le Centre de recherche et développement Pierre Fabre abrite un laboratoire de recherche oncologique exceptionnel. Il mutualise sur un même site les équipes et le matériel nécessaires au développement et à la production de nouvelles molécules. S’appuyant sur des partenariats publics et privés, en tissant des relations avec écoles et universités régionales, ses efforts de recherche portent sur des molécules d’origine naturelle, chimique ou biologique.
Pour mettre son oeuvre à l’abri des spéculateurs, le pilote, habile, a finalement choisi de mettre en place un conseil de surveillance Toujours pour assurer son indépendance économique, l’entreprise a créé une fondation, à laquelle le chef a donné 65 % de ses actions. C’est aussi une des rares sociétés non cotées à avoir ouvert son capital aux salariés en 2005, avec un abondement calculé sur l’ancienneté.
Photo : www.pierre-fabre.com
Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné
Si elle s’est sacralisée autour de ses activités pharmaceutiques, la saga Pierre Fabre relève d’une autre dimension, celle du renvoi d’ascenseur. Fin stratège dans le maniement des troupes, il sait aussi leur faire passer le Rubicon. En 1998, le chef d’entreprise va plus loin dans ses désirs de conquête. Il crée une holding « Sud communication » en prenant 15% de Midi-Libre, 6% de la Dépêche du Midi et des parts dans d’autres médias, radio et télé. Jamais mieux servi que par Le Journal d’ici. Le comble pour un « intouchable » qui ne prend jamais la parole en public et s’entoure d’une garde rapprochée hermétique à toute communication, hormis le corporate.
Bien bordé par de valeureux pions stratégiquement mis en place, le fief territorial est ainsi maîtrisé. Que ce soit en matière de désenclavement géographique, avec la liaison autoroutière Castres-Toulouse ou de développement économique, sur la ZAC du Causse (Philippe Leroux, président de la technopole Castres-Mazamet, est médecin au laboratoire), l’entrepreneur intuitif est toujours en alerte pour placer « ses cartes » au bon endroit, au bon moment.
Jusque dans le rugby, que sa passion a amené à sauver du naufrage. Car, c’est bien lui qui a sauvé le Castres Olympique de la disette sportive en s’investissant dans le club en 1988, pour le ramener dans l’élite deux ans plus tard, jusqu’à la reconnaissance suprême du bouclier de Brennus en 1993 Jusqu’à cette année 2013, où le Castres Olympique re-devient champion de France du Top 14 et ramène l’emblème sur les rives de l’Agoût. Ancien président du CO, toujours directeur de la holding qui gère le club, Pierre-Yves Revol, a été président de la Ligue nationale de rugby qui gère le secteur professionnel du rugby à XV, de 2008 à 2012 . Il a fait toute sa carrière dans les laboratoires (dont il est aujourd’hui vice-président), puis dans la branche médiatique.
Tout comme Jacques Fabre, le neveu, 61 ans, pharmacien de formation, nommé directeur général en 2011, après 33 ans passés dans le groupe. Après une série de prestigieux prétendants, le fondateur avait finalement opté pour l’assise familiale, plus encline à respecter son enracinement et ses stratégies. Puis, en octobre 2012, Didier Miraton fut nommé directeur général du groupe. Avant qu’en janvier 2013, Eric Ducournau ne soit ensuite nommé à la tête de la branche dermo?cosmétique. Les deux hommes ont ainsi succédé, à Jacques Fabre, parti à la retraite, à la tête du groupe.
HISTOIRE :
(Source : www.pierre-fabre.com)
Pierre Fabre / Photo DDM
Fondés au début des années 60 par Pierre Fabre, pharmacien d'officine à Castres (Tarn), nos laboratoires se développent depuis plus de 50 ans autour de trois activités complémentaires : médicament, santé et dermo-cosmétique...
QUELQUES GRANDES ÉTAPES
1951 : achat de la pharmacie Pierre Fabre, place Jean Jaurès à Castres (Tarn)
1959 : lancement de Cyclo 3, veinotonique issu du petit houx (Ruscus aculeatus)
1962 : assemblée générale constitutive des Laboratoires Pierre Fabre
1965 : début de l’activité dermo-cosmétique
1968 : inauguration du 1er centre de Recherche
1970 : ouverture de la 1ère filiale en Espagne
1974 : rachat de la station thermale d’Avène-les-Bains (Hérault)
1989 : lancement de l'anti-cancéreux Navelbine
1990 : lancement de la marque Eau Thermale Avène
1999 : création de la Fondation Pierre Fabre reconnue d'utilité publique
2005 : ouverture du capital de l'entreprise aux salariés
2010 : ouverture du centre de R&D sur le campus de l'Oncopole à Langlade (Toulouse)
1950/1960
1951 : achat de la Pharmacie Pierre Fabre, place Jean Jaurès à Castres (Tarn)
1959 : lancement de Cyclo 3, veinotonique issu du petit houx (Ruscus aculeatus)
1960 /1970
1961 : le succès de Cyclo 3, amène Pierre Fabre à créer les Laboratoires éponymes.
1962 : assemblée générale constitutive des Laboratoires Pierre Fabre
1963 : acquisition des Laboratoires Inava (hygiène et soins bucco-dentaires)
1965 : acquisition de la marque Klorane : début de l'activité dermo-cosmétique
1968 : création du 1er centre de Recherche Pierre Fabre à Péraudel (Castres )
1969 : acquisition de la marque Ducray
1969 : ouverture de la première unité de production à Soual (aux portes de Castres)
Déjà, l’entreprise repose sur les mêmes piliers qu’aujourd’hui : complémentarité des activités, investissements soutenus en R&D, efficacité et sécurité des produits par la maîtrise de leur cycle de vie...
1970/1980
1970 : ouverture de la première filiale internationale en Espagne
1973 : ouverture de filiales en Italie et en Suisse
1974 : rachat de la station thermale d’Avène-les-Bains (Hérault)
1974 : premier centre de distribution à Muret (près de Toulouse)
1976 : création d’une unité d’extraction végétale et de chimie fine à Gaillac (Tarn) pour la production d'actifs pharmaceutiques et dermo-cosmétiques
1978 : lancement de Galénic
1979 : acquisition de René Furterer
1979 : création d'une joint-venture au Japon avec Shiseido
1980/1990
1980 : ouverture d'une filiale en Grèce
1982 : Permixon® (traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate)
1985 : première convention cadre avec le CNRS
1986 : création de Pierre Fabre Japon
1987 : ouverture du centre de recherche dermo-cosmétique de Vigoulet (Toulouse) et du centre de culture de la peau
1988 : ouverture d'une filiale au Portugal
1988 : lancement de Plantes et Médecines (qui deviendra Naturactive)
1989 : acquisition du laboratoire suisse Robapharm
1989 : création de Pierre Fabre Oncologie et lancement de Navelbine®
1990/2000
1990 : lancement de la marque Eau Thermale Avène
1990 : ouverture du Centre de Recherche en Immunologie de Saint-Julien-en-Genevois
1991 : ouverture de l'usine de Pau (injectables en milieu stérile)
1992 : ouverture de l'usine de Gien (médicaments)
1992 : lancement de Nicopatch® (sevrage tabagique)
1994 : création de l'Institut Klorane
1995 : Navelbine® obtient son autorisation de mise sur le marché américain
1997 : lancement d’Ixel® (troubles dépressifs)
1999 : la Fondation Pierre Fabre est reconnue d'utilité publique
2000/2012
2001 : création d'Orfagen (maladies orphelines)
2001 : création du Centre Océanologique de Banyuls (partenariat avec le Laboratoire Arago, CNRS)
2001 : ouverture du Conservatoire Botanique de Soual
2002 : rachat des Laboratoires Genesis (marque Glytone®) aux Etats-Unis
2005 : ouverture du capital de l'entreprise aux salariés
2006 : rachat des laboratoires et de la marque Darrow au Brésil
2007 : lancement de Xelevia® (diabétologie) en co-marketing avec Merck Sharp & Dohme-Chibret
2008 : accords avec Forest pour le développement et la commercialisation aux Etats Unis et au Canada du levomilnacipran, molécule issue de la recherche Pierre Fabre dans le traitement de la dépression
2008 : technologie D.E.F.I, système de conditionnement breveté qui garantit la totale stérilité du produit tout au long de son utilisation
2009 : autorisation de mise sur le marché pour Javlor® dans le traitement du cancer de la vessie
2009 : partenariat scientifique avec l'Université et le CHU de Bordeaux pour le développement d’une molécule dans le traitement de l’hémangiome infantile
2010 : accord avec Abbott Laboratories pour le développement et la commercialisation d'un anticorps monoclonal
2010 : ouverture de notre centre de recherche et de développement sur le campus de l'Oncopole à Toulouse
2012 : construction d’une Unité de Biotechnologie des Anticorps (production de lots cliniques) au Centre de Recherche de Saint-Julien-en-Genevois
2012 : extension de l'usine de Soual et démarrage de l'unité de production de cosmétique stérile
(Photo : Élite)
Castres : L'émouvant adieu à Pierre Fabre
Publié le 25/07/2013 à 08:04 || La Dépêche du Midi | Brian Mendibure
Des centaines de Castrais s'étaient rassemblés sur la place Jaurès.
Des obsèques d’exception pour un homme qui ne l’était pas moins. Près de 5 000 personnes sont venues rendre un dernier hommage à Pierre Fabre hier matin à Castres.
C’est dans un silence pesant, empli de respect et d’admiration, que près de 5 000 personnes ont assisté hier, massées sur la place Jean-Jaurès à Castres, aux obsèques de Pierre Fabre retransmises sur deux écrans géants depuis la cathédrale Saint-Benoît, située à deux pas, mais trop petite pour contenir une telle foule. Castres, le Tarn, la Région et tout le pays ont rendu un dernier hommage au président fondateur des laboratoires pharmaceutiques, décédé samedi matin à l’âge de 87 ans à son domicile des suites d’une longue maladie. De nombreuses personnalités ont fait le déplacement des quatre coins de la France et même du monde entier pour assister à la cérémonie célébrée par l’archevêque d’Albi Jean Legrez. Personnage «hors du commun», homme «exceptionnel», Pierre Fabre avait côtoyé les plus grands durant les 50 ans où il a bâti, depuis son Tarn natal, une entreprise multinationale qui emploie 11 000 personnes - sa «maison», disait-il.
Salariés et anonymes ont pu suivre la cérémonie sur un écran géant./ Photo DDM, Nathalie Saint-Affre
Hommage bouleversant de Revol
Bernadette Chirac ou l’ancien ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy étaient présents aux côtés de sa famille, ses proches, ses amis, ses principaux collaborateurs, des grands patrons, des professeurs renommés et des élus de toute la région. Jean-Michel Baylet, Marie-France Marchand-Baylet, Jean-Nicolas Baylet, Eric Laffont et Bernard Maffre, dirigeants de La Dépêche du Midi sont aussi venus témoigner de leur profonde amitié envers Pierre Fabre. Le 8e RPIMa a rendu les honneurs militaires à celui qui était Grand’Croix de la Légion d’Honneur, patriote et passionné par Bonaparte. «Au combat, disiez-vous fréquemment, avec une armée de patriotes on peut soulever des montagnes», a raconté Pierre-Yves Revol, vice-président des laboratoires Pierre Fabre, au cours d’un hommage bouleversant qui a fait couler beaucoup de larmes parmi l’assistance. «Il a eu les honneurs que la République sait accorder aux Français éminents, qui par leur labeur acharné, leurs talents exceptionnels, leur altérité d’autant plus remarquable qu’elle n’est pas mise en avant, ont bien mérité de notre pays. Ces honneurs qui lui ont été rendus par le régiment de sa ville, c’est aussi le symbole de la conscience de la perte mais aussi de la reconnaissance que ressent tout le pays, à l’unisson du Tarn», a indiqué Josiane Chevalier, la préfète du Tarn au nom de l’État français.
Le cercueil était porté par des anciens joueurs du CO/photo DDM, Nathalie Saint-Affre
"Vous allez rester notre guide"
Le Tarn aurait été différent sans lui. Car ce grand capitaine d’industrie, pharmacien d’origine, aura consacré sa vie à «aider, sauver et améliorer la qualité de vie à travers ses actes et ses produits», selon les mots de son petit-neveu Paul Fabre. «Nous continuerons à nous battre pour porter tes valeurs qui sont devenues les nôtres», a ajouté le jeune homme.
«Ce qu’il a entrepris et créé était destiné à servir au bien commun», a ajouté l’archevêque d’Albi parlant d’un homme «aux immenses talents, discret, simple et bienveillant». Un visionnaire qui se battait «contre vents et marées» pour imposer ses intuitions. «Ici à Castres, l’émotion est à la hauteur de ce qu’a été votre vie, immense», a conclu Pierre-Yves Revol. «Vous allez rester notre guide et nous donner la force de poursuivre l’aventure. Un homme comme vous ne peut pas être remplacé dans sa maison. Un homme comme vous ne peut pas disparaître de sa maison».
Des registres de condoléances étaient à disposition devant la pharmacie de Pierre Fabre et sous les arcades de la place Jean-Jaurès. / Photo DDM
Castres : Des milliers de personnes ont rendu un dernier hommage à Pierre Fabre ce matin / Photo DDM Eric Cabanis