Le rugby de "village"
Publié le 29/04/2013 à 09:22 | La Dépêche du Midi | Jean-Pierre Oyarsabal
Éditorial : L'essentiel
Rugby des villes et rugby des champs… Rugby spectacle et rugby cénacle… La vérité se dilue, la rivalité s'estompe, l'un servant de miroir à l'autre, et c'est une complémentarité pyramidale, une uniformité dans l'expression sportive, dictée par le temps, les mœurs, qui s'installe, étant entendu que l'argent, sang impétueux des sociétés humaines, irrigue communément les systèmes, y compris parfois les plus modestes (différence de volume pas de nature).
Larroque d'Olmes : Un bain de boue pour les beaux vainqueurs du jour./Photo DDM.
Si l'amour du maillot est devenu anecdotique, facultatif, au niveau professionnel en raison notamment d'incessants mouvements de joueurs (… et de maillot fantaisistes ?), on reste toujours plus sensible, aux étages inférieurs, à l'«honneur» d'une ville, généralement plus petite, d'un terrain, d'une histoire. Non pas que la carrière de joueurs, qui ne sont pas forcément plus vertueux, soit obligatoirement plus stable mais parce que ceux-ci vivent davantage autour du «clocher» de celle-là, ce qui facilite les «échanges» avec la «population», le ressenti des vibrations, l'imprégnation. La dimension physique moindre permet aussi de convier encore à ces niveaux-là tous les morphotypes tandis que les «piafs» Paillaugue ou Bézy apparaissent comme de sympathiques et braves incongruités du Top 14.
Globalement, en rugby aussi, prime à l'individualisme oblige, le centre du cercle de rassemblement s'est déplacé de la générosité (don/dépassement de soi en toutes circonstances) vers la solidarité (intérêts communs, fluctuants), le second moteur psychologique passant quelquefois par le premier, mais le cercle existe toujours grâce aux exigences collectives uniques de ce sport sans équivalent pour l'union charnelle (mêlée, ballons portés) et les sacrifices (défense, rucks) qu'il requiert à un moment ou à un autre. Voilà bien l'essentiel.
Le printemps des amateurs
Publié le 29/04/2013 à 09:20 Jean-Pierre Harispuru
Il n'y a pas que les pros./ Photo DDM
Tous les week-ends, ils sont des centaines, des milliers à se mobiliser autour d'un drôle de ballon ovale. Loin des projecteurs et des caméras, ils font vivre nos (petites) villes et nos campagnes.
L'hiver a été long, rude, froid, neigeux, boueux. Le printemps ne réchauffe pas encore nos corps, mais son arrivée est synonyme pour beaucoup de rugbymen d'embellie, puisqu'est venu le temps des phases finales, qui va apporter sur des centaines d'anonymes la lumière de la victoire ou l'enfer de l'élimination.
On est loin de la gloire du Top 14, ou de la Coupe d'Europe quand on supporte Lombez/Samatan ou que l'on joue à Muret. Mais n'est-ce pas là que se trouve la vraie vie, celle qui nous concerne au quotidien ?
C'est du rugby amateur qu'il s'agit, celui des divisions fédérales, des séries régionales, où l'argent, quand il circule, a perdu quelques zéros… C'est dans notre région, plus qu'un sport, presque une raison de vivre, en tout cas un lien très fort entre les gens tant le rugby est présent dans chaque commune.
Supporters de l'US Carcassonne / Photo DDM
Ce rugby mobilise autour des couleurs de son club, et quand vient l'heure des matches à élimination, on se regroupe autour des siens, on se reconnaît, on s'encourage.
Les enjeux sont bien différents, que l'on suive l'équipe de Montauban prête à rejoindre le monde professionnel, ou l'équipe réserve de Trie-sur-Baïse. Mais la ferveur est la même.
On sait quand même qu'au niveau de la Fédérale 1, les enjeux financiers sont importants, et les objectifs proportionnels aux budgets.
Les grosses écuries sont à la limite du professionnalisme auquel elles aspirent, espérant devenir le club phare d'un département, d'une région.
Nevers et ses 4,4 millions d'euros visent la Pro D2. Bagnères-de-Bigorre et ses 350000 euros sont fiers d'avoir juste assuré le maintien. Le budget moyen d'un club est de 1,2 million d'euros.
US Saint-Sulpice sur Lèze /Photo DDM Stéphane Méric
Les différences
En dessous, les autres essaient, pour la plupart, de préserver une certaine idée du rugby, un certain esprit, de rivalité quelquefois, d'identification à un clocher souvent.
Et tout cela crée un vaste mouvement social, sans étiquette, autour d'une équipe composée elle-même de joueurs tellement différents.
«Une équipe de rugby est composée de huit joueurs forts et actifs, deux légers et rusés, quatre grands et rapides et un dernier, modèle de flegme et de sang-froid. N'est-ce pas là la proportion idéale entre les hommes ?»
Jean Giraudoux disait cela. Henry Broncan qui connaît bien le sujet va plus loin : «Les avants ont leurs propres tâches, les trois-quarts les leurs. Elles sont différentes. Mais c'est cela qui est important.»
On en arrive à la solidarité entre les uns et les autres que seul le rugby génère à ce point-là. Sur le terrain, et autour comme nous le raconte par ailleurs Henry Broncan.
US Adé : Le bénévole déneige les lignes, pendant que les équipes ont commencé à jouer sur la pelouse blanchie ! / Photo DDM
«L'estime de soi»
L'individu et le collectif sont indissociables. Même le célèbre psychiatre Boris Cyrulnik y va de sa réflexion (dans le JDD du 17 février) : «La tradition du coup à boire s'amenuise. Nous, c'était une heure et demie de match, trois heures de restaurant et une semaine de vantardise. Cette semaine est d'ailleurs très bonne pour l'estime de soi, pour la résilience.» C'est-à-dire la capacité de régler un traumatisme passé.
Le monde serait-il meilleur s'il ressemblait à celui du rugby ? Ce serait tomber dans un angélisme aveugle que de le penser. La jalousie, la méchanceté existent aussi dans l'Ovalie, tout comme la tricherie, la vulgarité, la cupidité. Rien n'est parfait en ce bas monde. Mais…
«Quand j'ai eu mon problème de santé au mois de décembre, j'ai eu des messages énormes, même de gens avec qui je m'étais fâché pour des conneries de composition d'équipe. Le lien reste. Quand on a partagé un vestiaire, on n'oublie pas. Que ce soit avec des joueurs ou des bénévoles. C'est pour la vie.» Ce témoignage d'Henry Broncan vaut tous les discours…
Argelès-Gazost contre Bardos / Photo DDM
Le chiffre : 199 clubs amateurs > En région Midi-Pyrénées. Si l'on ajoute les clubs du comité Armagnac-Bigorre à ceux du comité des Pyrénées, séries régionales et fédérales, on atteint le chiffre de 199. On n'oublie pas ceux du Lot-et-Garonne et de l'Aude compris dans la zone de diffusion du Groupe Dépêche. On n'oublie pas non plus que certains clubs sont issus d'ententes ou de regroupements entre plusieurs communes. Cela représente au total un maillage géographique assez extraordinaire.
Après deux saisons à courir derrière ce «bout de bois», le bouclier de champion Armagnac-Bigorre Honneur rejoint Saint-Lary et son stade de Sainte-Marie./ Photo Rachel Barranco.
«Le ballon reste ovale, et la passe en arrière. C'est énorme. Il y aura toujours une part de chance. Ce qui fait la beauté de ce sport, c'est l'indécision.»
Henry Broncan
Publié le 29/04/2013 à 09:21 Recueilli par J.-P. H.
Henry Broncan : «Un lien social entre les gens»
Interview : Henry Broncan, manager du SC Albi / Photo DDM
Vous êtes en contact avec le rugby professionnel et en même temps très attaché au rugby de terroir. Pourquoi ?
Je suis le parrain d'un petit club gersois de 3e série, le VVALS (Astarac-L'Isle de Noé), et je vais les voir jouer le plus souvent possible parce que j'y prends un plaisir énorme. C'est un moment de fraîcheur. Et j'y tiens, parce que je pense que le rugby des villages, c'est un lien social énorme entre les gens, qui peuvent être d'opinion politique, de classe sociale différentes. Ce qui me plaît beaucoup aussidans ce rugby des villages, c'est que tous les morphotypes peuvent y jouer encore. Quand je vois des matches de Top 14 ou du Super 15, je ne sais pas distinguer un pilier d'un trois-quart centre. Là, je sais qu'il y a des piliers, il y a des gros, des maigres, des petits, des grands, des riches, des pauvres.
Le lien social, c'est ça l'important ?
Quand on a la grêle qui tombe sur le toit, toute l'équipe est là pour vous aider à boucher les trous. Quand vous avez un événement heureux, tout le monde est là pour le partager avec vous. Je pense que le rugby est le sport qui autorise le plus ça, et on en a beaucoup besoin, à l'heure actuelle, où l'individualisme prime. Dans le rugby pro, tu prends ton salaire. Et tant pis, pour la reconversion. Il y a Provale un peu, mais pour le reste, il y a très peu d'efforts pour s'occuper du joueur en dehors du terrain.
Match de promotion d'honneur / Photo Francis Fraresso.
Sentez-vous une part de mépris du rugby pro à l'égard de ces amateurs ?
Je me suis plusieurs fois trouvé à côté de dirigeants de haut niveau, en train de regarder des émissions de télé qui traitent de rugby amateur, comme celle de la 2 le dimanche matin. À plusieurs reprises, j'ai entendu le mot «ridicule», quand on voyait des images de ces matches-là, ou des reportages sur la façon dont ça vivait, dont ça partageait le repas d'après-entraînement. Sincèrement, la suffisance de certains dirigeants de clubs pros me choque. Je sais que ce que je dis est utopique, mais avant d'avoir le droit d'être présidents d'un club de Top 14, ils auraient dû en passer par ce chemin-là. Ils verraient combien l'aspect humain est important, et que c'est le plus important dans une société.
Que faut-il faire pour préserver ce rugby ?
Il s'accroche, il ne meurt pas. Ce n'est pas du grand grand rugby… Mais malgré les difficultés de la vie quotidienne, on a avec lui des moments de joie. Il y aura des clubs pros qui tomberont avant ces gens-là. Parce qu'ils ont des valeurs, dont la première est le bénévolat. J'ai rencontré des bénévoles vraiment extraordinaires.
Publié le 29/04/2013 à 09:22 J.-P. H.
L'Ayguette, 100% terroir
L'US Ayguette en 4e série d'Armagnac-Bigorre / Photo DDM
Témoignage : Les difficultés d'un «petit».
L'US Ayguette n'a pas gagné un match de la saison. Pas glorieux comme bilan, mais pas dramatique. L'équipe évolue en 4e série d'Armagnac-Bigorre et n'est donc pas menacée de descente. «ça nous était arrivé lors de notre première année d'existence, en 85-86, mais les deux tiers des joueurs n'avaient jamais touché un ballon» se rappelle Gérard Cuilhé, le président-fondateur du club. Mais aujourd'hui, à Esparros, ce magnifique village des Baronnies, entre Lannemezan et Bagnères-de-Bigorre, on a d'autres soucis, dont celui de gérer au mieux les 25000 € du famélique budget de la saison.
C'est là que se produit le fabuleux miracle qui se réalise souvent dans nos campagnes. Le club survit malgré tout. Et Gérard Cuilhé d'affirmer : «Ce qui nous fait vivre, c'est de se retrouver le vendredi après l'entraînement pour le casse-croûte. C'est le rugby, avec ses valeurs, la passion qui nous anime. Et ce plaisir de partager des moments forts.» L'US Ayguette dans toute sa splendeur : «Au départ, il y avait une demande de la jeunesse d'ici. En 1985, il n'y avait pas encore de gros problème démographique. Nous avons tout construit. Il a d'abord fallu trouver un terrain plat, et l'aménager…»
Aussonne : Un super bain de boue dont ils se souviendront./Photo DDM- M.V.
Le jour de gloire est arrivé en 1994 : «Trois anciens de Lannemezan nous ont rejoints, et nous avons été champions de France de 4e série.»
Ce qui n'a pas empêché de connaître des périodes difficiles parfois, une mise en sommeil en 2003-04. Et Gérard Cuilhé et ses amis ont retroussé leurs manches une fois encore, pour constater : «ça devient très compliqué pour les petits clubs comme le nôtre. Il y a trop d'exigences : les normes de sécurité, la réglementation, les assurances… Les licences ont augmenté. Elles valent 150 €. Il faut des arbitres… La fédération en demande toujours plus, et on n'a aucun retour de la fédé.»
Alors il faut batailler, pleurer auprès du comité pour obtenir l'organisation d'un match éliminatoire d'équipes réserves, démarcher les communes pour grappiller quelques subventions. «Et durant l'année, on organise des festivités, un pèle-porc, un cassoulet… On est plus souvent un comité des fêtes qu'un club de rugby…» relève le président.
Il est l'heure de préparer la saison prochaine, garder les joueurs (avec quoi ?), recruter (avec quoi ?)… «On regarde l'avenir avec inquiétude. On risque de s'essouffler» regrette Gérard Cuilhé. La rivière Ayguette («petite eau» en occitan) qui traverse les Hautes-Baronnies, continue pour l'instant de couler.
Publié le 29/04/2013 à 09:19 Michel Jammet
Colomiers : un cas d'école
Le président Alain Carré en touré de Philippe Hernandez et Pierre Niquet, un jour de montée en Pro D2./Photo DDM, Chantal Longo.
Rugby amateur ou pro ? Deux mondes aussi différents que l'eau et le feu se sont côtoyés dans la banlieue de Toulouse. Par la volonté notamment de deux dirigeants hors du commun…
Trois-quarts aile en son temps, aujourd'hui historique secrétaire administratif du club, Maurice Guibert a vécu de l'intérieur ce voyage en Ovalie. «Attention, prévient-il en souriant, je n'ai jamais joué en pro !»
Après plus de 30 ans de rugby au quotidien, il convient sans barguigner que «les choses sont très différentes. L'argent, le public, les stades, la médiatisation. Mais aussi les règlements, les méthodes d'entraînement, la vidéo, les pelouses».
Oui, il y a un cas Colomiers. Le club a été créé en 1915. Mais c'est à partir de 1963 que l'histoire s'est écrite, quand il n'était encore qu'en 4e série, pour gravir un à un les paliers jusqu'aux divisions nationales.
L'USC a bénéficié de micro-climats. Jusqu'au projet de Michel Bendichou, président historique, Colomiers 2000. «Dès la montée en 3e division, durant la saison 1975-1976, beaucoup a été obtenu, au prix de barrages, de play down etc. Cela a aussi permis l'éclosion de joueurs, comme Galthié, Sadourny, Dal Pos, Béchu, Fabre, Catala, les frères Udari, Pagès, Beyssen, Couffignal, Cabarrot, Peysson, Roques, Sieurac, De Giusti, Culinat, Dal-Maso, David Skrela. Mais aussi, plus près de nous, Mémain, Saout, Rioux…»
Avec les supporters de «Colomiers rugby»./Photo DDM
Physique ordinaire et talent certain
Sous la houlette de José Oses, Jean-Claude Skréla, Jacques Brunel, Jean-Philippe Cariat, Serge Milhas, Christian Deléris, des générations de joueurs, au physique ordinaire, mais au talent incontestable, ont trouvé à Colomiers un cadre pour exprimer leur talent. «S'entraîner de 19 à 21 heures, après le boulot n'était pas forcément la meilleure chose pour préparer le match du dimanche» fait-il remarquer. Jusqu'à la finale de la Coupe d'Europe en 1999, celle du championnat l'année suivante…
La préparation physique a tout modifié comme le suivi médical, la diététique. Mais ce n'est pas tout ! La Ligue a joué la carte de la protection des joueurs.» explique Maurice Guibert.
Dans cette révolution structurelle du rugby, l'USC est parvenue à digérer bon an mal an les montées/descentes qui en ont déstabilisé plus d'un.
Grâce aussi à un vieil ami de Michel Bendichou, le président actuel, Alain Carré qui a tenu le club à bout de bras durant les heures sombres démontrant si besoin était que l'USC est bien un club à part dans le monde professionnel.
Est-ce que pareille aventure serait possible aujourd'hui ? On n'en est pas sûr…
Publié le 29/09/2012 à 03:48 Jean-Pierre Harispuru
Jean Gachassin avec passion
Jean Gachassin connut son heure de gloire de rugbyman sous les couleurs du FCL
Fédérale 1 : Avant le derby Bagnères-Lourdes
Bagnères-Lourdes : de quoi réveiller quelques souvenirs, chez Jean Gachassin, actuellement président de la fédération française de tennis, qui connut son heure de gloire de rugbyman sous les couleurs du FCL, avant de rejoindre les «noir et blanc» : «Quand Bagnères est monté en 1re division en 1970, j'ai joué le 16e de finale, contre Lourdes. Nous avions gagné 18 à 9.»
Avant de battre Pau en 8e (8-5) et de s'incliner en quart (32-9) face au futur champion biterrois.
Thomas Lasserre et ses potes lourdais avaient dû brasser du Bagnérais à l'aller pour obtenir une victoire (24-15) acquise à l'expérience…/ Photo DDM, Laurent Dard.
Onze ans après…
Voilà que ce dimanche, on renoue avec le derby, plus de 11 ans après le dernier, qui avait vu la victoire de Lourdais (19-16), le 22 avril 2001, en fédérale 1.
Car les deux clubs ont quitté l'élite depuis un moment (1998). Le FCL s'est maintenu en fédérale 1, Bagnères est descendu jusqu'en fédérale 3 avant de remonter cette année dans l'élite… des amateurs.
Ce qui n'enlève rien à l'émotion de ces retrouvailles, Jean Gachassin en convient : «C'est vrai, c'est spécial pour moi. Mais étant maintenant en dehors de tout cela, mon cœur battra pour Bagnères.»
D'ailleurs, il sera présent dans les tribunes du stade Marcel-Cazenave, puisque son emploi du temps lui permet. Ce qu'il en attend : «J'espère que ce sera un derby correct.
En plus, il est télévisé. On démontrera qu'en fédérale 1 on peut bien jouer au rugby.»
Le Stade bagnérais ./Photo Rachel Barranco.
Le rugby des villages
De quoi envisager la montée chez les pros ? Jean Gachassin est lucide : «Non. Pour être en Top 14, il faut être dans une grande agglomération, une grande région économiquement riche.
Ni Bagnères ni Lourdes ne remonteront. Bagnères a 500 000 euros de budget. Même en fédérale 1, c'est juste. Ce qu'il faut, c'est recréer une certaine ambiance, ce que les présidents Bengochea et Carrasco mettent en place. Les joueurs viennent pour passer un bon moment. C'est l'ambiance qui sauvera Bagnères, et sans doute Lourdes aussi.
Les gens s'amuseront et suivront leur équipe.» La Bigorre battra donc au rythme de ce match, ce week-end. Avec passion : «C'est l'attrait du derby. Ce sont deux grands clubs, mais on en revient un peu au rugby des villages. C'est très émouvant.»
Publié le 23/04/2013 à 08:34 Walter Desplas
«Pros» et amateurs : les liens du rugby
Les «pros» du RCNM, tout comme ceux de Carcassonne, entretiennent de bonnes relations avec les clubs de rugby amateurs environnants./ Photo DDM, J-M.G.
Les liens entre le rugby «pro» et amateur ne sont plus ce qu'ils étaient, mais comme le reste ils ont évolué et les échanges sont toujours bien présents.
S'il y a encore une vingtaine d'années, avant l'arrivée du professionnalisme dans le rugby (pour la saison 1995-96), les équipes qui occupaient l'élite du rugby français, Carcassonne, Narbonne et Béziers, étaient composées des meilleurs éléments des équipes de villages environnants évoluant dans le rugby régional, ce fut par exemple le cas à Narbonne pour l'illustre Didier Codorniou, de Gruissan, au centre ; Franck Tournaire, natif de Sallèles-d'Aude, au poste de pilier ; Christian Labit, transfuge du FC Lézignan XIII, en troisième ligne ; Daniel Bustaffa dans les années «70-80» à l'US Carcassonne au poste de trois-quart aile, natif de cette même ville. C'était la contribution du rugby des séries et des divisions inférieures au rugby d'élite.
Supporters après le derby Carcassonne-Narbonne / Photo DDM
Mais en retour, les joueurs qui avaient une carrière bien remplie en nationale, rempilaient pour une, voire quelques saisons de plus en série ou en division inférieures. L'un des cas les plus marquants fut sans doute celui du Fleury Olympique, champion du Languedoc et de France honneur en 1987-88, avec dans ses rangs les ex-Narbonnais Magre (natif de Vinassan), Lanau, et l'ancien Biterrois Élie Vacquerin, pour ne citer qu'eux, rejoints l'année suivante en 3e division par le pilier Narbonnais Guy Colomine.
De l'ascenseur à l'échange
Aujourd'hui, ces ponts entre deux mondes qui ont de moins en moins de points en commun ne sont pas pour autant rompus. Si la problématique du trop grand nombre de joueurs étrangers dans le rugby professionnel français est devenue une réalité que l'on aura du mal à contourner, les deux rugbys ne sont pas pour autant hermétiques et les relations ne se font plus ou alors dans des cas très rares sous la forme de l'ascenseur, mais sous celle de l'échange. C'est le cas par exemple de l'US Carcassonne qui a délocalisé cette saison trois de ses entraînements, à Trèbes, Couiza et, dernièrement, à l'initiative de Philippe Guicherd, qui évoluait il y a peu à l'USC, maintenant à l'ECV XV en honneur, à Conques-sur-Orbiel, où il réside en compagnie de nombreux autres joueurs de l'USC comme par exemple le troisième ligne Barradat. Récemment, les vétérans de l'ES Vinassan, Les Pantigues, ont accueilli sur le terrain de la Prairie les «pros» du RCNM (lire ci-contre).
Publié le 01/02/2013 à 09:43 Thierry Dupuy
Montauban : Les Sapiacains, fiers de leur stade
En décembre dernier, lors de la venue de Limoges à Sapiac./Photo DDM, Chantal Longo.
Le quartier a donné son nom à l'arène mythique du rugby montalbanais. Et la magie opère ainsi depuis 110 ans maintenant…
On a beau aimer Ingres, Bourdelle ou encore Olympe de Gouges, Montauban, pour beaucoup, c'est Sapiac. La cuvette mythique a vu naître l'USM en 1903. Le vélodrome en 1908. Avec 110 ans de performances, d'émotions, de convivialité… à son compteur, elle n'a rien perdu de son âme. Elle représente plus qu'un simple stade. Urbain soit-il. Les premiers convaincus sont, bien évidemment, les habitants du quartier. «Lors des grands événements, on a l'impression que tout Montauban vient chez nous», explique fièrement Salvador Lopez, qui collectionne tout, vraiment tout sur l'USM et son quartier de Sapiac.
On a beau avoir une vue sur le stade, vibrer au cœur des plus grands événements sportifs d'une ville, on pourrait aussi se plaindre. Eh bien ! non. Rares sont les Sapiacains qui lâchent des doléances à propos de la cuvette. Tout juste s'ils pointent légèrement du doigt l'incivilité de certains visiteurs qui, en se rendant au stade, garent leurs voitures n'importe où, bloquant souvent de petites rues ou des accès à des garages privés. Les nuisances sonores ? Balayées. «Le stade, c'est la vie du quartier. C'est notre fierté.»
Fédérale 1. Supériorité affirmée pour les Sapiacains / Photo DDM
Enfin, l'USM a beau évoluer actuellement en fédérale 1, tout le monde bichonne, pomponne… la cuvette, ses 9 300 places, son terrain d'entraînement, sa salle de musculation, ses bureaux, ses deux chapiteaux, la maison de l'USM… Christophe Cazeneuve en est le concierge et loge sur place. 80 bénévoles assurent aussi l'organisation des rencontres pour l'USM durant la saison. Le service des sports de la ville est chargé encore de l'entretien. Le lundi matin, si la pelouse a été malmenée durant le week-end, pas moins d'une dizaine d'employés municipaux peuvent être mobilisés pour reboucher les trous, faire le ménage dans les tribunes, dans les vestiaires… Bref, ils sont nombreux à s'affairer autour de Sapiac. Que voulez-vous, les vieux démons resurgissent toujours…
Du côté du S.C.G.
(Coll. Eddy Lefebvre)
Publié le 18/02/1999 M. FAGOIS
« Bichette » : un Lourdais dans la mêlée
A la recherche de « L'équipe du siècle »
Demi de mêlée à Lourdes au coté de Jean Prat, « Bichette » est arrivé au Sporting en 47. Le Bigourdan est le témoin du jour sur une époque faste des rouges et noirs.
Au regard de leur histoire, le Sporting Club Graulhétois et le Football Club Lourdais ont un point commun. C'est une époque faste pour les deux formations ; Elle correspond à la fin des années quarante. En 1948, Lourdes gagne son premier titre de champion de France et le Sporting est champion en division promotion qui propulsera le SCG XV, un an après, dans l'élite fédérale.
Avec Monsieur Rugby
De Lourdes à Graulhet un homme a tout vu, tout vécu. Il s'agit de Robert Abadie dit «Bichette». C'est à 16 ans, que «Bichette» se lance dans le rugby. Rapidement, il s'est imposé sous les couleurs du Football Club. Il montre d'énormes capacités mais il avoue aujourd'hui, que sa carriere aurait pu être plus brillante s'il n'avait pas du partir au STO pendant la guerre.
Après avoir tout de même joué avec Jean Prat, Monsieur rugby, les St-Pastous, Soro ou Buzy, «Bichette» quitte sa Bigorre natale pour Graulhet, incité par un marchand de peau de la cité mariale. Il faut savoir que 4 autres Lourdais étaient du voyage.
«Bichette» intègre l'équipe du Sporting au poste de demi de mêlée : «Les équipes de 48 et 49 étaient très bonnes. C'est le moment ou Camille Bonnet est arrivé. L'ambiance était formidable. Le stade était toujours plein et les fêtes après les victoires étaient grandioses».
(Coll. Eddy Lefebvre)
Avant Guy Pauthe
«Bichette» n'est jamais reparti de Graulhet. Sa nouvelle famille portait des noms aussi prestigieux que Galibert, Ouvrery, Ferrasse, Combres ou Phalippot et Batigne, le cousin germain de son épouse. En 1949, Graulhet s'apprête à s'élancer vers la première division. Marcel Batigne prend en main la destiné du club.
L'histoire du plus lourdais des Graulhétois, nous rappelle quelques unes des plus belles heures du Sporting.
A Lourdes, c'est le grand demi de mêlée Labazuy qui a remplacé «Bichette». A Graulhet son successeur n'est autre que Guy Pauthe. C'est alors qu'une autre aventure a commencé pour le Sporting.
Louis Montels, l'historien du Sporting l'appelle «La grande fête avec l'élite». Décidément, cette équipe du siècle n'est pas facile à bâtir.
Publié le 12/02/1999
Graulhet : Tous des sélectionneurs
SU Agen - SCG 1973 (Coll. Émile Casals)
Graulhet : Premières pistes
Il va falloir passer à l'action, se mettre dans la peau d'un sélectionneur. Pour cela, il faudra régulièrement se rafraîchir la mémoire. Tout a commencé en 1910...
1910, le rugby voit le jour à Graulhet. De ces temps lointains dans les statuts desquels était spécifié que la pratique du rugby devait contribuer à fournir à la France de bons et loyaux soldats, il ne reste que quelques photos sépias de «troupes», pourtant sans aucune discipline de pose et d'habillement. Laurent Bourdariès était un fameux ailier, Louis Durand était polyvalent derrière, Bruyère et Bardou formaient une belle seconde ligne, Armengaud et Gabriel Satgé rayonnaient en troisième ligne.
(Coll. Simon Rodier)
L'entre-deux guerre vit l'avènement d'un meneur d'hommes, André Pauthe, dit «Le Tutu», à la mêlée, qui pouvait compter sur ses lieutenants tels les véloces Achille Calmès, Pélissier «lou col tort» et Alcide Durand, la paire de centres BalezoGuilhem, l'ouvreur Raymond, surnommé «Le Pradinou», l'arrière Grousset et le fameux troisième ligne «Le Lambret» Jean Alquier. L'année-1948 révèle deux fortes personnalités, Camille Bonnet, entraîneur, et «Le Carpan», indéracinable pilier. Avec eux, le talonneur Serra, Jean Stagé, ailier... puis pilier, «Bichette» Abadie, excellent n°-9, associé à Meaux à l'ouverture, Rouvellat et Lucien Phalippot en seconde ligne, Muret-Fabre au centre, De-Fanti et Vedel en n°-7 remportèrent le titre de champions de France excellence. Puis arrivent le solide Bénézet, l'indestructible André Larrue, encore une paire de centres complémentaires Planès-Ferraz, «Zizi» Vidal à l'ouverture et le joyau de l'équipe, les «trois-R» en troisième ligne, Francis RouzièresRoques-Rivals sur laquelle veille un seigneur du rugby, Guy Pauthe à la mêlée.
(Coll. Émile Casals)
Période moderne
Elle a débuté avec l'arrivée à la présidence de Marcel Batigne. Et le couronnement d'un autre pilier André Abadie à la tête d'une équipe dans laquelle figuraient Germinal Casals à l'arrière, une autre fameuse paire de centres Saby-Boué, Paul Batigne, puis Calman-Rouch aux ailes, Jean Andrieu à l'ouverture, Lamazouade et Baqué en troisième ligne, Puig et Pech en première ligne. Vinrent ensuite Alain Abadie au talonnage, Francis Bellot, n°-9, plus tard entraîneur charismatique, Joffre, Viel, qui inauguraient une génération... généreuse en individualités : Gasc-Amalvy en troisième ligne, Bonnet, Molinier, Mira en pilier, Hortal, Duffaut et Emile Casals en seconde ligne, Guiraud puis Faguet à l'arrière, RavariPassemar aux ailes, Barsalou ou Boutié à la mêlée, Alain Phalippot en-8, Laporte en-10. Du beau monde, sous la direction d'Henri Auriol.
Yannick Jauzion / Photo rugby 365
Au début des années-80, «Sam» Revallier arrivait au Sporting, imité par Gilbert Spanghero, Laroussinié et Sanz, catalyseur sans égal. Ils retrouvaient le bouillant talonneur Gontier, le grand François Andrieu, le percutant ouvreur Icart, un grand nom du rugby local, à l'arrière Pierre Rouzières à qui Lages succédera, les rudes Rodières et Pierre-Jean Pauthe et encore un inséparable duo de centres Alain SalséGauthier. Plus tard viendront les Pierre Bary, Siguier et Montels en troisième ligne, l'adroit arrière Marty, Geoffrey Abadie, ailier buteur, le solide JeanPhilippe Revallier, la flèche noire Okésie, Barbaste joueur complet, Sannou le gladiateur, le médiatique Moscato, puis Trémoulet au talonnage, Puginier en pilier, Benoît Bellot à l'ouverture, Garrigues à l'aile, Pelous en seconde ligne, Carré au centre, De-Guisti en troisième ligne, ou encore Auradou, pour en arriver à aujourd'hui.
SCG 69-70 -à Périgueux- (Coll. Émile Casals)
Une équipe actuelle au sein de laquelle des gars comme Bacanov, Griffoul, Ramade, Pessègue, Jauzion, par exemple, peuvent postuler au classement.
Bien sûr, les noms ci-dessus ne sont donnés qu'à titre de quantité et qualité parmi les présidents et les entraîneurs «du siècle». Parmi les premiers, dix-huit se sont succédés. Marcel Batigne, André Roumégoux, André Papaïx, Maurice Bardou, voire Roger Bousquet ont été à la tête du club lors de périodes fastes. Du côté des entraîneurs, le comptage est plus difficile au constat de la courte durée des mandats de certains.
Publié le 27/03/1999 G.D.
SCG : Six postes à pourvoir
SCG - Mont de Marsan 1975 (Coll. Émile Casals)
Rugby : L'équipe de Graulhet du siècle, J moins 6
Dans six jours, l'équipe du siècle sortira des urnes. L'extraordinaire engouement des supporters pour cette opération a déjà fait ressortir plus de 200 joueurs nominés. A certains postes, c'est encore la mêlée.
Régulièrement, les Graulhétois et les amateurs de l'ovale déposent leurs bulletins. Et à la rédaction, le dépouillement s'effectue semaine après semaine. Plusieurs centaines d'équipes du siècle ont ainsi été proposées. Et plus que la ville, c'est de tout le département qu'arrivent les réponses. En proposant de nommer un président et un entraîneur qui ont marqué 90-ans du Sporting, nous ne doutions pas du plébiscite. Marcel Batigne fait le plein de voix, laissant loin derrière tous ses devanciers ou successeurs. Et si Camille Bonnet retrouve de nombreux partisans, la confiance ou plutôt la reconnaissance accordée à Henri Auriol récompense le travail de ce technicien de l'ère moderne du rugby. Certains électeurs ont tenu à composer une liste 100 % graulhétoise.
Marcel et Henri en sont les plus emblématiques fleurons.
Demi-finale Dax - SCG (Coll. Christophe Fabriès)
Une saison au moins au club
A ce sujet, et Martin Fontès, auteur de «Cultures rugby», un ouvrage dans lequel une monographie du Sporting a pris place, pose la question. Doit-on prendre en compte les joueurs qui, comme Moscato, Pelous et autres J.-P. Revallier ont fourbi leurs armes au SCG avant d'atteindre leur plénitude sous d'autres couleurs ? Bien sûr, le fait d'avoir porté une saison au moins le maillot rouge et noir reste le seul critère de sélection.
Un écrivrain qui, d'ailleurs, a proposé une équipe proche, à coup sûr, de la formation qui sera présentée le 18-avril. Il y a élu André Abadie, Larrue, Sam Revallier, Rouzières, Gasc, Guy Pauthe, Laporte, Saby et «Germi» Casals. Et les six autres ? Là, est toute la difficulté ! La concurrence toutes générations joue à plein. Pour ce qui est des ailiers, les candidats sont au coude à coude. Une demi-douzaine de prétendants se disputent les deux places. Elles seront attribuées au «finish». Normal, me direz-vous, pour des sprinters.
André Abadie (Coll. Christophe Fabriès)
Que font les anciens ?
Démotivation, choix difficiles, manque de repères, la comparaison d'une génération avec une autre est un casse-tête.
Les habitués du foyer des vieux travailleurs auraient-ils oublié celles d'avant-guerre ? Très peu d'entre eux, trop peu ont déposé leur bulletin dans l'urne. Il serait dommage que nos anciens, par leur mémoire, ne plébiscitent un pionnier de l'histoire du rugby à Graulhet. Que l'équipe du siècle ne se résume qu'à deux seules générations, voire trois, de joueurs. Dommage, surtout qu'ils ne participent pas à l'élection de dix-sept hommes qui entreront dans l'Histoire.
Avec un grand H comme on les aime de chaque côté d'un terrain de rugby. Aux urnes !
Publié le 17/04/1999
Le panthéon rouge et noir
AS Béziers - SCG -8ème Du Manoir- (Coll. Émile Casals)
Graulhet : l'équipe du siècle
Entrer dans la légende. Le mot n'est pas trop fort. N'en déplaise à ceux qui l'attendaient autre, le résultat du scrutin donne une équipe de grands serviteurs du club et de l'ovale. Un «quinze» parfait qui mérite toute la considération.
La voici donc cette équipe du siècle, cette équipe que tout le monde connaît, mais que seuls trois supporters ont inscrit (sur 435-votants) sur leur bulletin dans son intégralité. Ou plutôt dans sa formule. Car, avec le doublage à certains postes, les solutions étaient multiples. En effet, comment départager Rouch et Batigne avec exactement le même nombre de voix ou encore Boué et Salsé avec trois bulletins de différence.
Idem pour Azémar et Pech.
SCG - Narbonne (Coll. Émile Casals)
D'autres l'auraient mérité
Quand l'idée de cette élection a germé, on se doutait un peu que la composition du quinze qui représenterait 90-ans de rugby à Graulhet, loin d'être restrictive, se limiterait à quelques seules générations récentes. Cinq sont représentées. Pratiquement une par décennie.
Les autres, celles que de rugueuses empoignades à Sirou ou à La Bouscayrolle ont permis au Sporting de s'affirmer en tant que place forte de l'ovale méritent tout autant la considération.
Bien sûr, et certains ne se sont pas privés de nous le dire, dégager quinze joueurs sur des centaines qui ont défendu, souvent dans l'intégralité de leur carrière, les couleurs du club, était osé et difficile. Des figures comme Francis Bellot (troisième à la mêlée et quatrième entraîneur) ; Jean Alquier à la longévité exceptionnelle, Jackie Ferraz ou José Planès qui avaient leurs partisans auraient pu figurer. Il s'en est fallu de peu !
(Coll. Émile Casals)
Toutes les facettes du jeu
Finalement, par la multiplicité des votes, cette équipe élue a fière allure. Plus fort encore, elle est complémentaire. Si le lecteur a du mal à la replacer dans le contexte du rugby actuel, une chose est sûre : avec un pack solide, une troisième ligne de bouchonneurs, des demis alliant finesse de jeu et précision, des trois quarts incisifs et un arrière à la sûreté jamais démentie, elle saurait s'adapter et procurer autant de joie à ses supporters que 90-ans du Sporting a pu leur en apporter.
Des images à conserver
Equipe du siècle ! Elire quinze joueurs dignes d'y figurer, la tâche était énorme. A l'image du travail accompli et de la trace laissée dans le rugby français par un club atypique.
(Coll. Simon Roider)
Tout autant que ses couleurs rouges et noires, les générations actuelles devront garder en mémoire le courage emblématique de René Azémar, les coups de pieds retournés d'André Abadie, les prises de balles en touche d'André Larrue, les rushes rageurs de Jacques Gasc, les passes lumineuses de Guy Pauthe, les drops gagnants de Guy Laporte, les folles chevauchées de Jeannot Saby, les arrêts de volée et les relances de Germi Casals ou les crochets meurtriers de Philippe Garrigues.
Comme elles devront se souvenir du labeur d'unification et d'éducation de Marcel Batigne et d'Henri Auriol. Ces images font partie du patrimoine d'un club, d'une ville et de son sport adoré. Une discipline empreinte de courage, de fierté, de solidarité et d'abnégation. Des traits de caractère et des vertus auxquelles Graulhet s'est toujours identifié.
Publié le 07/11/2009 à 03:51 G.D.
Graulhet - Rugby : en 2010 le club aura 100 ans
La photo qui atteste de la présence du Sporting en 1910. DDM
La décisions a été prise lors de la dernière réunion du comité directeur du Sporting. L'année 2010 sera celle de l'aniversaire du club, celui de ses 100 ans d'existence. Les premiers documents écrits et photos en attestent, le club a été créé en 1910 et les statuts d'alors, proposaient la pratique d'une sport à même de former de solides gaillards prêts à s'engager dans d'autres combats... Quatre-vingt dix neuf ans plus tard, les objectifs sont bien différents et ceux que se fixe la commission d'une quinzaine de bénévoles qui ont à charge autour du président P. Catahalau, d'organiser les festivités, sont simples et consistants à la fois: contacter et réunir un maximum d'anciens joueurs autour de l'événement. Il est prévu pour septembre-octobre 2010, mais, déjà, de nombreux contatcs ont été pris pour trouver des intervenants à même d'en assurer la réussite. Bien sûr, la commission pense à s'attacher de la présence de personnalités du rugby français et non des moindres, autour d'un Jean Claude Baqué, président international et ancien du Sporting au même titre que Jauzion, Pelous, Moscato, Sanz, Laporte, Abadie, Gasc ou Saby pour ne citer qu'eux.
Montauban - SCG 1967 (Coll. Émile Casals)
Recherche de documents
Les festivités devraient s'étaler sur 2 jours, entre un match de gala, un de championnat et autour d'une soirée repas-spectacle. Plusieurs animateurs ont été pressentis, tout comme les groupes de musique, Ontuak, Fiesta. De nombreuses animations satellites devraient être organisées afin d'attirer un maximum de public. Un Dvd souvenir est en cours de réflexion. Il présentera les générations, au travers d'images d'archives, de mini-interviews, et d'une bande son de chansons propres à chaque époque enregistrées spécialement. Le club recherche documents écrits, photos, films amateurs ou autres supports, qui peuvent être prêtés par des particuliers.
Publié le 23/07/2007 à 09:58 Jean-Louis Laffitte
Club Historique, Graulhet bien dans sa peau
(Coll. Émile Casals)
Chaque semaine un club «historique» de la région.
A jamais, les Graulhétois seront les « mégissiers », même si l'industrie qui fit la fortune et la gloire du club a périclité.
La mégisserie fut le sponsor unique, bien que le terme n'existât point encore, des années de gloire. Pape du Sporting, le président Marcel Batigne envoyait le courtier Charles Durand faire le tour des mégissiers et il récoltait 20 millions, une fortune ; bien avant les All Blacks, on revendait les billets d'invitation et on oubliait de couper les autres.
SCG - Agen 1973 (Coll. Émile Casals)
PASSER APRES BATIGNE
Avant Batigne, il y avait eu Maurice Sabin, son beau-frère et associé, celui qui avait fait venir d'Agen le champion de France Camille Bonnet : sous l'impulsion de ce capitaine-entraîneur, Graulhet s'éleva vers les sommets, remportant en suivant le titre de Promotion (1948) et de 2e division (1949) pour accéder à l'élite. « Passer après Batigne était impossible », répète depuis trente ans son successeur Maurice Bardou, président de 1973 à 1978, plus de 20 ans président de l'omnisports et toujours partenaire majeur du club. En 1976, le Sporting de Jacques Gasc, formidable avant-aile barré par Rives et Skrela, était en groupe B mais il réussit l'exploit de se qualifier pour la finale du challenge Du-Manoir, perdue devant des Montferrandais supérieurement motivés par le décès de leur ailier Phliponneau, foudroyé au Michelin.
(Coll. Émile Casals)
LES QUATRE GLORIEUSES
1957, 1966, 1967, 1986 : ce sont les quatre glorieuses du Sporting, quatre demi-finales perdues mais plus marquantes que plusieurs Coupes de l'Espérance. Le deuxième ligne André Larrue, encore très actif à 74 ans , a participé aux trois premières.
La première demi-finale, contre le Racing CF, Graulhet la perdit à cause de la moyenne d'âge des vénérables Villerouge, Daydé et Azémar qui encadraient les juniors de 52 Pauthe, Rouzières, Roques, Larrue et Planes. Cette clause infâme fut aussitôt supprimée. En 1966, la prolongation fut encore fatale aux Tarnais, arrachée par Dax grâce à un essai douteux de Contis . En 1967, Graulhet avait terminé n°1 des poules mais la fougue du futur champion montalbanais lui barra la route de Bordeaux. En 1986 enfin, les hommes de Guy Laporte subirent la loi du tenant toulousain, plus fringant sous le soleil brûlant de Maurice-Trélut.
(Coll. Simon Rodier)
JAUZION POUR 2.400F !
Comme en 1957 avec Pauthe-Vidal, le Sporting possédait alors une somptueuse charnière avec Sanz-Laporte. Venu de Rieumes en 1972, l'homme aux pieds d'or tint, durant plus de 15 ans, Graulhet à sa botte. André Abadie avait été du premier grand chelem tricolore, en 1968. La contribution de Laporte (déterminante) et de Revallier à celui de 1981 firent la fierté du club. De grands ouvreurs ont fait le succès de Graulhet, Vidal et Andrieu avant Laporte, Benoît Bellot après, fils du demi de mêlée Francis qui a marqué l'histoire du Sporting par une longue carrière de joueur et d'entraîneur exemplaires.
A partir de 1986, Graulhet a reculé d'un cran chaque saison, jusqu'à la descente de 1990. Il remonta certes aussitôt, avec le titre du groupe B 1991 à la clé, mais la réduction de l'élite à 20 clubs le laissa définitivement au bord de la route en 1995. Le Sporting compta tout de même dans ses rangs deux futurs deuxième ligne du XV de France, David Auradou et surtout Fabien Pelous. Graulhet a aussi formé Yannick Jauzion, parti avec la bénédiction d'un club auquel il demeure très attaché. Dédaigné par le recruteur de Castres, Jauzion prit la direction de Colomiers : comme il n'avait jamais été retenu avec les juniors tricolores, le club de Michel Bendichou versa une indemnité de formation de… 2.400F !
Dans les tribunes de Noël Pélissou (Coll. Émile Casals)
AU TOUR DE CATHALAU
En pleine récession économique, les présidents des années 70 et 80, les Bardou, Roumegoux, Bousquet et Calmont, avaient été des arbres cachant la forêt. Ceux de ce millénaire s'accrochent aux branches, en Fédérale. Jean-Paul Papaïs a pris la suite d'un ménage à quatre accepté par la FFR. A l'assemblée générale de la fin août, il passera le relais au pharmacien Pierre Cathalau, vingt ans de club, très près des joueurs et détenteur d'un gros carnet d'adresses. Il s'en est fallu de quelques heures, le mois dernier, pour que la fusion soit consommée ; les statuts du SU Gaillac-Graulhet furent déposés à la Préfecture et à la Ligue.
Le vieux Sporting, bientôt centenaire, continuera seul sa route, avec une école de rugby victorieuse du challenge Galau, avec 80% de seniors issus du club . Les demi-finales du Top 14 ne sont plus pour eux mais les « mégissiers » sont bien dans leur nouvelle peau.
Publié le 23/01/2000 Vincent VIDAL.
Tarn : Le temps béni des derbys
Lainiers contre mégissiers, un derby griffé haute couture / Photo DDM
L'histoire du rugby tarnais est nourri avant tout de derbys entre les clubs du département. Aujourd'hui, Mazamet et Albi se rencontrent. Mais ces confrontations de clochers ont-elles encore un avenir dans un monde tourné vers le professionnalisme.
Mazamet-Albi : Voilà une affiche rugbystique qui plaît aux Tarnais. Deux clubs représentants deux villes, deux manières de vivre, de penser et de travailler.
L'une est ouvrière, isolée, subissant de plein fouet la crise économique du délainage.
Battus à Mazamet, les Graulhétois veulent se relever face à Gaillac./Photo DDM Jean-Marie Lamboley
L'autre est administrative, aisée, puissante, riche.
Quoi de mieux que de faire rencontrer sur un terrain de rugby, deux cités opposées sociologiquement et économiquement et pourtant si proche géographiquement.
Les supporters de chaque camp se découvrent alors un sentiment de chauvinisme, porteur de la fierté d'une cité qu'ils ne retrouvent que durant un dimanche, derrière les barrières d'un stade boueux, où trente rugbymen se déchaînent pour l'amour du maillot. Gagner à tout prix face à l'ennemi juré, sortir la tête haute, le regard haut. Plus qu'une rencontre, plus qu'un sport, c'est l'honneur d'un club, d'une ville qui est en jeu.
Qui de Gaillac ou de Graulhet sera encore en position de jouer les phases finales./Photo DDM J.M.L.
Les temps changent
Mais ce temps épique n'est plus vraiment d'actualité. Les Graulhet-Castres des années 60, les Gaillac-Carmaux des années 70 sont terminés.
Les derbys n'engendrent plus la même ferveur des supporters, la même virulence des joueurs.
Plusieurs explications à ce changement. Le rugby, symbole d'un sport enraciné dans le terroir, ou les joueurs portaient le maillot d'un club durant toute une carrière, est révolue. Rencontrer un voisin représente simplement un match comme un autre, rien de plus.
Entre Mazamet et Graulhet, qui accédera au sommet ?/Photo DDM
Les clubs aussi, minimisent ces confrontations explosives.
Avec les nouvelles directives de la Fédération française de rugby, les actions «violentes» sont de plus en plus durement réprimées. Fini les bagarres sans sanctions. «Les boites à gifles» ne sont plus l'élément prépondérant du jeu. Si le physique des joueurs devient de plus en plus imposant, c'est pour servir le jeu et non pour briser celui de l'adversaire.
Mais cette «professionnalisation» des mentalités ne doit pas faire oublier que le rugby est avant tout un sport qui puise sa force dans l'amateurisme, dans les clubs de villages, dans des derbys comme celui d'aujourd'hui entre Mazamet et Albi. Et même si le terrain est boueux, le match mauvais et le public déçu, ce match ne sera pas comme tous les autres.
La boîte à souvenirs de «Sam» Revallier
SCG - USAP (Coll. Émile Casals)
C'est sous les couleurs de Gaillac que Daniel Revallier avoue avoir connu les derbys tarnais les plus explosifs. Déjà, la saison 72-73 lui rappelle un fameux GaillacCarmaux des plus âpres. «Je m'étais vengé d'un pincement... des plus bas par une morsure sur le premier maillot vert à portée dans un regroupement.
C'était celui de «Jo» DallaRiva, mais ce n'était pas lui le coupable. On s'en est expliqué en fin de match, amicalement !». Deux saisons plus tard, «Sam» encore Gaillacois rencontrait en amical les Graulhétois à Saint-Juéry avant de les retrouver en semaine dans le cadre des Pavois du Tarn chers au regretté Pierre Astié. Chez les «mégissiers», jouait un certain Alain Abadie. «Dès le début, il nous a annoncé la couleur. Aujourd'hui, vous allez prendre des points et mercredi des bouffes ! La violence du second match au stade du Travet, les anciens s'en souviennent encore».
/ Photo DDM
D'un Gaillac-Mazamet en 75, aussi. Onze licences retenues par l'arbitre. «A cette époque, Salvatgé, formé chez nous, venait de signer à Mazamet. Il était considéré comme un paria !». Le dernier test entre voisins qui l'ait marqué se jouait en septembre 79 à Laborie. Par les aléas d'une phase préliminaire de championnat, Gaillac recevait à la suite le «grand Béziers» de Vacquerin et Cabrol puis le «Graulhet tout puissant» de Laporte et Bellot.
«Nous avions perdu de peu face aux Biterrois. Le match contre Graulhet, nous l'avons joué deux fois dans la semaine.
On avait brisé le joug chargé de plusieurs tonnes. On se croyait prêts, tout Gaillac était derrière nous, mais on est passé complètement à côté le dimanche».
Résultat, 40-points en faveur des Graulhétois dont «Sam» rejoignait les rangs la saison suivante.
(Coll. Émile Casals)
Les adversaires se connaissent
«En fait, ma mutation a marqué l'arrêt des derbys à l'ancienne auxquels j'ai participé.
Le rugby au Sporting était appréhendé différemment.» Alors, les rivalités de clocher, l'actuel directeur technique des Graulhétois y croit-il encore ? «Si elles existent toujours, elles ont perdu de leur animosité.
Dès les cadets, les joueurs se croisent en sélections et se connaissent. Puis ils se rencontrent dans d'autres lieux que des terrains de rugby. Le temps des joueurs attachés et cantonnés dans leur village est révolu.
Une ouverture sur l'extérieur qui fait perdre pas mal d'intensité aux derbys et aux défis ancestraux».
(Coll. Émile Casals)
Publié le 22/03/1999 G.D.
Graulhet, le Rugby, une vie
Francis Rouzières n'a jamais été président du Sporting. Joueur international, entraîneur écouté, fondateur de diverses sections, il est le père de Jérôme à la tête du club aujourd'hui.
«Le rugby, une passion que j'ai vécue passionnément».
L'excès verbal témoigne de la foi, Francis Rouzières fait partie de ceux dont le coeur bat toujours et encore pour l'ovale. De ceux aussi dont le nom est intimement et solidement lié à celui du Sporting. Jean, le frère, aura été président délégué en 66-67, président des juniors ensuite ; Pierre, le fils aîné, a porté les couleurs de l'équipe de France juniors et Jérôme le cadet est aujourd'hui président du club. La trace est et restera indélébile.
Carrière de joueur éphémère
Francis Rouzières a débuté en 1950 à l'aile de la ligne de trois-quarts. Rapidement, il intègre la troisième ligne et retrouve Jean Alquier, le «Lambert» qui à 42-ans joue les derniers matches de sa longue carrière à La Bouscayrolle.
«Des gars comme lui ou comme André Larrue que la vie avait endurci sont des exemples. S'il fallait aujourd'hui que je reparte avec une équipe, ils en feraient partie !». Du haut de ses 1,86-m, Francis règne sur la touche. «Il y avait seulement dix types plus grands que moi dans le championnat». Au sein d'un trio de légende, les trois R, il est le fer de lance d'une formation redoutée de tous. Roques est plaqueur, Rivals-(1) plus joueur et Rouzières davantage sauteur et régulateur, dans le sillage de Pauthe, demi-demêlée au démarrage extraordinaire. En-54, Francis est appelé à combattre le All Black en tournée à Bordeaux avec l'équipe de France-B. «Nous les battons et je marque un essai. Mon meilleur souvenir en maillot».
SCG - TOEC 1966 (Coll. Christophe Fabriès)
L'aboutissement d'une éducation
Comme les stars, c'est en pleine gloire qu'il met un terme à sa carrière de joueur. A 25-ans. «Je n'aimais pas m'entraîner. Il m'était impossible sans cela de rester dans le coup». Il passe dans le camp adverse et enfile le survêtement.
Il éduque d'abord les juniors puis, dès l'année suivante, les seniors. Un bail qui durera dix ans, assorti de grandes joies.
«Je suis un nostalgique de l'aventure des petites villes, à l'image de Peyrehorade, de mon ami Gaston Dubois». Il hisse le Sporting de Marcel Batigne sur les sommets. «C'était un grand président qui, comme tel, ne s'ingérait pas dans la partie sportive. Paradoxalement, le club pour lui se résumait pratiquement à la seule équipe fanion». Francis Rouzières s'intéresse aux jeunes. Il lance avec Emile Mialet et Henri Auriol la première équipe cadets en-69 puis est à l'origine de l'ouverture de l'école de rugby l'année suivante. Les résultats sont au-delà des espérances.
L'une des équipes de Francis Rouzières entraîneur : "Zizi" - Daydé - Bénézet - Pagnoncelli - Larrue - Bégué - Baqué - Zarazola - Rivals - Rouzières. / Batigne - Planés - G. Casals - G. Pauthe - Tamon - Serres - Camman. (Collection Simon Rodier)
La génération qui l'a inaugurée se retrouve finaliste du championnat de France juniors en-77.
«Ils avaient battu des équipes bien supérieures. L'aboutissement d'une éducation».
Une des rares déceptions
Entre-temps, sous l'insistance d'André Pauthe, il aura fait des «piges», comme il dit en équipe-1. Sa dernière expérience date du début des années-90.
«Au bout de trois semaines, j'ai préféré me retirer. Pourtant, je m'étais investi sportivement et financièrement. Certains joueurs étaient des grandes gueules. Une déception !». Une des rares. «Ce qui ne l'empêche pas tous les dimanches soir d'écouter avec intérêt les résultats des Graulhétois», assure Jeanny son épouse. Un fils à la présidence. Francis en est très fier. Le Sporting aussi.
La stèle à la mémoire de Marcel Batigne, dans l'enceinte du stade N. Pélissou/ Photo DDM.G.D.