Top 14 :
Le CO champion 2013
 

 
Après le titre :
 

Retour sur l'aéroport de Castres dimanche © Laurent Frezouls

 
Publié le 03/06/2013 à 08:29 | La Dépêche du Midi |  Eric Théron
 
A Castres, la fête des héros
 
La photo de l'épopée 2013 qui restera dans la mémoire collective./Photo DDM
 
De l'aéroport de Castres-Mazamet au stade Pierre-Antoine, c'est une véritable marée humaine qui a déferlé hier après-midi sur Castres et sa périphérie. Juchés sur la plateforme d'un camion, les joueurs du CO ont paradé avec le Bouclier de Brennus portés à bout de gros bras sur plusieurs kilomètres. Les véhicules de police qui les escortait ont eu les pires difficultés à contenir cette foule en délire, peinturlurée et «perruquée» aux couleurs du club.
 
À 17 heures tapantes, les joueurs sont sortis du tunnel des vestiaires sous les décibels crachés par les cornes de brume et les flashes des appareils photos. Pierre-Yves Revol, Yannick Forestier, Rodrigo Capo Ortega, Mathieu Bonello et Michel Dhomps sont apparus en premier en portant le célèbre bouclier, aussi lourd à porter qu'à conquérir sur la pelouse… Pierre-Antoine jouait à guichets fermés avec 15 000 supporters assis en tribunes ou sur le terrain, où l'on ne distinguait plus que quelques brins d'herbe.
 
©Laurent Frezouls
 
Les colosses du CO ont alors investi l'estrade dans un joyeux tohu-bohu. En showman, Joe Tekori, Ibrahim Diarra et Rodrigo Capo Ortega ont assuré l'ambiance, tandis que le même Tekori, Kirkpatrick, Wihongi et Taumoepeau improvisaient un haka. Plus sobre, Matthias Rolland, futur manager, appréciait cette joyeuse débandade. «Hier, on parlait de ce titre entre nous et on ne réalisait pas. On ne se rendait pas compte de l'impact en ville. Devant tout ce public, on commence à réaliser. On n'a rien eu dans la facilité mais les phases finales se sont passées comme dans un rêve. Je suis hyper content pour Laurent Labit et Laurent Travers.»
 
©Laurent Frezouls
 
Un coquard à l'œil, scorie du combat de la veille, Yannick Caballero, pur produit tarnais, intériorisait son bonheur. «En 1993, je faisais partie des supporters en espérant être un jour sur l'estrade. On va réaliser petit à petit avec le temps. Ceux de 1993 nous ont dit de profiter de ces moments car ça ne dure pas longtemps…»
 
Les Castrais vont pouvoir encore en profiter aujourd'hui avec une réception à la mairie à 16 heures et surtout à l'occasion d'un barbecue entre eux. Il sera alors temps de saluer les partants et pour ceux qui restent de se donner rendez-vous début juillet pour se préparer à défendre ce titre de champion.
 
 
Publié le 03/06/2013 à 11:59 | Philippe Lauga
 
Castres Olympique, le bonheur après l'honneur
 
L'histoire de ce titre s'articule autour de belles valeurs.
 
Et toujours l'épreuve de vérité (Wihongi, Mach, Taumoepeau). /Photo DDM, Xavier de Fenoyl
 
Comment le 9e budget du championnat a pu devenir champion de France vingt ans après et souffler un vent de fraîcheur sur le rugby professionnel.
 
Elle est arrivée. Un peu plus tardivement qu'on ne l'avait envisagée. Mais elle est arrivée. La fameuse malédiction du numéro 2 qui veut qu'aucune équipe ayant terminé deuxième de la phase régulière n'aille en finale ou ne devienne championne de France.
 
©Laurent Frezouls
 
Cette année, il fallait donc jouer l'outsider, le numéro 4. Comme le quatrième champion de France pour les cinq dernières éditions du Top 14 (Perpignan en 2009, Clermont en 2010 et Toulouse en 2011 et 2012).
 
Le 9e budget
Numéro 4 à la fin de la saison régulière, numéro 9 au classement des budgets au début de la saison et numéro 1 à la fin. L'histoire est belle, rafraîchissante dans la mesure où elle jette exceptionnellement aux orties la fameuse sentence : dis-moi ton budget et je te donnerai ton classement à la fin de la saison. Une sentence vérifiée cette année chez les voisins du football…
 
Une histoire, un roman puis un best-seller dont les deux thèmes principaux constituent bien entendu le talent de beaucoup de joueurs (ne l'oublions jamais) comme en atteste le nombre sans cesse croissant de joueurs sélectionnés ; et le talent de deux entraîneurs qui ont mené leur projet jusqu'au bout malgré une situation contractuelle qui aurait pu peser et plomber le groupe.
 
©Laurent Frezouls
 
Et pour donner du corps et de la sensibilité au roman, il y a donc cette alchimie, cette communion entre joueurs issus pour la plupart de la Pro D 2. Cette division dont on dit qu'elle forge les caractères et conserve entières les valeurs de notre cher sport.
 
Humilité, authenticité
Oui, c'est un beau roman d'amitiés qui n'est pas sans nous rappeler l'aventure columérine de 2000. Avec le Brennus en plus. Il y a de la simplicité, de l'humilité, de l'insouciance, de l'authenticité dans cette équipe castraise. Il nous revient encore en mémoire quelques scènes pour décerner ce label fraîcheur. Cette demi-finale Toulon - Toulouse vue en commun dans un appartement parce que l'hôtel des Castrais n'était pas abonné à Canal +. Ou ces mises en place à Nantes et au Stade de France en toute décontraction.
 
Cette bande de copains a su tirer partie également de sa force de caractère. Exagérant son rôle de petit poucet pour mieux s'en servir. Mettant en avant sa faible médiatisation par rapport aux autres grandes écuries pour mieux activer un autre levier de motivation.
 
©Laurent Frezouls
 
La fraîcheur, c'est sûrement ce qui a manqué à Toulon. De la fraîcheur mentale après avoir déjà remporté un titre et avoir vécu une petite finale en éliminant le double champion en titre, le Stade Toulousain. Mais également de la fraîcheur physique, compréhensible après avoir enchaîné trois matches de très haut niveau (finale de Coupe d'Europe, demi puis finale de Top 14). Bernard Laporte a peut-être surestimé le potentiel physique de son équipe qui est restée quasiment inchangée (hormis Hayman absent en demi-finale). Surtout quand la moyenne d'âge est aussi élevée. Les Castrais avaient eux tous vingt ans dans leurs jambes et dans leurs têtes.
 
Le chiffre : 1 essai > encaissé par Castres lors des phases finales. Et encore ce fut à la dernière minute de la finale. Mais face à Montpellier puis Clermont, les Castrais avaient gardé leur ligne inviolée.
 
«La médiatisation? Maintenant, elle va arriver de partout. On s'attend à être invité par Télé Poche.»  Laurent Labit, co-entraîneur du CO
 
 
Publié le 04/06/2013 à 08:15   Brian Mendibure
 
« Dans l'histoire de Castres »
 
Joueurs, encadrement sportif, et staff administratif, toutes les composantes du CO ont été mis à l'honneur hier à la mairie de Castres./ Photo DDM
 
C'est sur «Jump», la chanson de Van Halen, que la mairie avait prévu un petit montage vidéo des scènes de liesses de la foule incroyable qui s'était réunie place Soult pour assister à la victoire du CO samedi soir. «On voulait vous montrer ce qui s'était passé à Castres pendant que vous étiez à Paris», explique le maire divers droite Pascal Bugis qui a reçu hier après-midi en mairie l'équipe castraise et son bouclier de Brennus.
 
©Laurent Frezouls
 
«Ce que nous vivons maintenant est immense, a lâché Laurent Labit, l'entraîneur castrais ancien champion de France avec le CO en 1993. C'est plus fort qu'il y a 20 ans. On le voit là sur ces images. Entre la place Soult et le Stade de France, il y avait plus de supporters que d'habitants à Castres. Et ce que les joueurs ont fait dépasse le rugby, c'est un message aux jeunes dans notre société actuelle difficile que quand on s'en donne les moyens ce n'est pas forcément le plus riche, le plus grand ou le plus beau qui gagne. Ce sont des garçons exceptionnels qui savent que peu importe ce que l'on devient si on reste ce que l'on est.» 
 
Michel Dhomps, le président du CO, a lui aussi salué «l'accueil et l'enthousiasme des supporters» notamment à Pierre-Antoine dimanche : «On ne s'imaginait pas çà, c'est beaucoup d'émotions». «Quand on voit le bonheur des gens, on voit que Pierre Fabre a atteint son objectif de faire rayonner la ville dans laquelle son entreprise est implantée et de donner de la fierté à la population qui en a besoin», a ajouté Pierre-Yves Revol, qui représente le principal actionnaire du club. Soulignant la ferveur au stade Pierre-Antoine dimanche qui «donnait les larmes aux yeux à tous», le maire a lui évoqué la «belle épopée» du CO qui fait «vivre des moments extraordinaires» à toute la ville. 
 
©Laurent Frezouls
 
«Et ce n'est pas du tout un hasard contrairement à ce que me demandait dimanche un journaliste d'une radio nationale un peu penaud de voir les pronostics désavoués. Il y a à Castres autant, voire plus, qu'ailleurs de talents. Et l'état d'esprit de cette équipe de copains a permis qu'une petite ville puisse rivaliser avec les grandes armadas», a-t-il ajouté affirmant que cette équipe restera «dans l'histoire du rugby français, dans l'histoire du club et dans l'histoire de la ville».
 
©Laurent Frezouls
 

 

 

 

 


Revivre la finale en quelques clichés :

(Photos FB "Par amour du rugby")
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La finale :


Publié le 02/06/2013 à 07:41 | La Dépêche du Midi  -  C.L.

 
Et Castres démonta la Tour Eiffel !
 


Les Castrais champions de France, vingt ans après, en battant Toulon (19-14).

 
Sur le coup, certains ont juré que le rocher du Sidobre a bougé. Vingt ans après, Castres est champion de France et c'est un petit tremblement de terre dans le monde du rugby professionnel. Un tremblement de terre ou plutôt une fissure en forme de grand sourire façon smiley comme nos adolescents en rédigent sur leurs textos.
 
Le doublé de Midi-Pyrénées
Oui, Castres l'outsider a encore terrassé un ogre. Et pas n'importe lequel. Celui qui, de tous, avait le plus gros appétit et l'a montré ostensiblement. Il n'y aura pas encore de doublé Top 14 - Coupe d'Europe cette année. Le seul doublé qu'on pourra signaler au service histoire de la FFR, c'est celui de deux défaites consécutives de Toulon en finale du Top 14… Ou celui du doublé du comité Midi-Pyrénées après le titre du Stade Toulousain l'an dernier.
 
Et encore une fois, comme face à Montpellier et Clermont auparavant, le CO fut impressionnant de maîtrise et de réalisme. La marque des grands. La marque des champions. Oui, des champions de France.
 
C'est ainsi que dans une première période qui s'est révélée fermée comme attendu, les Castrais ont été maîtres dans cet art en inscrivant leurs dix premiers points sur deux petites erreurs des champions d'Europe. Oui même les plus grands expérimentés n'échappent pas à la pression d'une finale. Matt Giteau a commis un en-avant de minime qui est indirectement à l'origine des trois premiers points castrais. Une égalisation venue comme un soulagement après dix premières minutes toulonnaises qui avaient laissé craindre le pire.
 

 
Rory Kockott  / Photo : France TV info
 
Kockott : un essai à… la Jérôme Gallion
Et sur la dernière action de la première période, Frédéric Michalak a laissé échapper un ballon qu'un benjamin de Tournefeuille aurait saisi sans problème. La conséquence fut terrible pour les Toulonnais avec cet essai de Rory Kockott sur une feinte de passe qu'on ne voit plus assez. Le Castrais a trouvé le seul espace de la première période pour inscrire un essai… à la Jérôme Gallion.
 
Et encore, le CO n'a pas joué le match parfait. Car Brice Dulin a manqué trois touches sur pénalités. Trois munitions en moins. Et dans la corbeille des déchets, on ajoutera quelques ballons rendus au pied sans pouvoir mettre une véritable pression. Et nous avons retrouvé les mêmes maux en seconde période.
 
Et parce que l'affrontement tourna au combat dans le petit périmètre, le jeu au sol a évidemment été sujet à beaucoup de pénalités et le grand écran du Stade de France a souvent affiché les deux phrases suivantes en guise d'explication de la faute de l'arbitre : «le plaqué garde le ballon au sol» ou «le plaqueur ne s'écarte pas».
 
Romain Martial / Photo Le Figaro - Panoramic
 
Menant à la pause, le CO avait sans doute fait le plus dur, obligeant Toulon à jouer ; ce qui n'est pas dans ses gênes. Il fallut alors résister à l'entame furieuse des Varois. Mais on le sait, la défense tarnaise, c'est du granit. «Granitiques» contre «Galactiques», le CO a limité la casse pour mieux finir en trombe quand l'ours s'est approché au plus près de la brebis (9-10).
 
Si on a craint un instant que Tales (retourné par Tillous-Borde sur la ligne) ait raté la balle de match, le Montois ajusta ensuite deux drops pour redonner de l'air. Et Kockott sut encore une fois asseoir ce succès historique du CO en dépit de l'essai pour l'honneur des Toulonnais.
 
Nous avions écrit que le CO était grand. Il l'est encore plus depuis hier soir. Depuis qu'il s'est hissé sur le toit du rugby français.
 
 
Toulon-Castres : Le jeu et les joueurs.
Kockott, Diarra, Tales et... Bastareaud sur le pavois
 

 
Rémi Talès, capitaine du CO, a pris de l'ampleur durant les phases finales./Photo DDM Xavier de Fenoyl
 
Rôles inversés par rapport à la finale de H-Cup et à la demie de Top 14… Toulon a le ballon et Castres à la pression… L'affaire a plutôt bien fonctionné pour les Tarnais (pas seulement en première période : 10-3) avec une défense pas toujours rigoureuse au départ mais généreuse, intelligente (remarquable redistribution) et qui s'est solidifié au fil des minutes.
 
Un peu trop de ballons rendus au pied tout de même et trois touches de pénalité manquées par Dulin (énorme déficit à un tel niveau) par ailleurs royal sur les ballons hauts.
 
En deuxième mi-temps, le volume de Toulonnais prenant totalement en charge leur rôle de «meneurs de jeu» a posé quelques problèmes à des Castrais toujours un peu trop prompts à rendre leurs ballons mais toujours intransigeants en défense. Elle fut leur grande force hier soir.
 
 
Dans ce registre, tout le monde a donné mais Diarra fut un terrible fer de lance… Il n'aura même pas à regretter sa négligence de la 51e minute lorsqu'il oublia Wihongi à sa droite en vue de la ligne toulonnaise.
 
De la même façon, Talès, a certainement pensé un moment avoir manqué l'essai de sa vie (56e) mais, preuve de sa solidité mentale, il fut, quelques minutes plus tard l'exécuteur des hautes œuvres finales (2 drops) condamnant Toulon… À la Wilkinson ! Il s'est en outre multiplié en défense et malgré sa dangereuse propension à infliger quelques plaquages hauts, il n'a jamais flanché.
 
Il serait indécent de ne pas en venir alors aux travaux d'un remarquable cinq de devant qui a creusé les fondations du succès. Après un début délicat, la mêlée s'est ressaisie à l'image de Wihongi qui a fini par avoir Sheridan au souffle. Le pilier droit tarnais a, lui, parfaitement «trimballé» ses 130 kilos presque jusqu'au bout tandis que Taumoepeau, ex-Toulonnais, a une nouvelle fois accompli un labeur sourd, essentiel. Mach, indomptable, Samson, «nickel-chrome» en touche et l'admirable Capo Ortega ont cimenté le tout.
 
 
Claassen a eu un peu de mal à trouver ses marques derrière une mêlée instable mais il a progressivement retrouvé sa justesse habituelle tout en montant en régime. Caballero, quant à lui, a couvert beaucoup de terrain et s'est accroché à tout ce qui passait.
 
Ensuite Kockott… L'inénarrable et inarrêtable Kockott, profitant d'un trou de souris pour assener le premier coup de gourdin sur les têtes toulonnaises (40e) et placer ses coéquipiers sur la voie royale. Il a ensuite obligé ses adversaires à une surveillance rapprochée fatigante…
 
Baï fut prépondérant en première période notamment, densifiant un milieu de terrain souvent mis à mal par Bastareaud. Cabannes, en revanche, a rencontré pas mal de difficultés face au char d'assaut de la Rade… Mais il n'a jamais abdiqué. Quant aux ailiers, Andreu (Monsieur 100.000 volts) et Martial (toujours élégant même en plein effort…) il leur a été demandé de verrouiller leur couloir respectif ce qu'ils ont réussi avec sérieux.
 
 
Bastareaud et ses 120 kilos, premier choix offensif systématique des Toulonnais, ont constitué un véritable problème pour les Castrais. Ils ont toujours avancé mais ça n'a pas suffi pour briser la digue tarnaise.
 
Autour du principal «argument» varois, les autres ont singulièrement manqué de vitesse, de réactivité, de fond… Ils ont payé cher leurs deux succès remportés sur Clermont et Toulouse. Physiquement et psychologiquement. Un peu moins de concentration dans la préparation et c'est un peu moins de concentration en match… Fatigue, usure mentale et voilà un wagon d'en-avants.
 
Même Wilkinson (3/8 dans les tirs au but), Michalak (touche directe à la 29e ; en-avant 40e) et Giteau (deux «gros» en-avant… et un oubli «monstrueux» pour un 2 contre 1 après lui à la 76e) ont été fades.
 
Devant, tout le monde s'est éteint progressivement, y compris Botha, Masoe et Fernandez-lobbe, les plus «en pointe» au combat. Ils ont tous fini par accepter la supériorité d'un soir du pack castrais tellement opiniâtre…
 
 
Un homme dans le match :
Rory le détonateur !
 

 
Rory Kockott sourit après la victoire de son club, Castres, contre Toulon en finale du Top 14 au Stade de France à Saint-Denis
 
Il reste quelques secondes avant la pause et comme on pouvait le redouter, les deux équipes se neutralisent au milieu du terrain. C'est le moment que choisit Rory Kockott pour sortir de sa boîte. À la sortie d'une mêlée bien négociée par le CO, un point de fixation d'Antonie Claassen profite au demi de mêlée sud-africain qui, en solo, prend toute la défense à revers pour aplatir entre les poteaux.
 
Beaucoup moins médiatique que l'icône Jonny Wilkinson, Rory Kockott a été l'un des artisans de l'ébouriffant succès castrais à l'instar d'un énormissime Rémi Tales. Remplaçant l'an passé en demi-finale face au Stade Toulousain au profit de Thierry Lacrampe, Kockott a cette saison écrasé la concurrence au point d'être le Castrais le plus utilisé en 2012-2013 (31 matches au total). Dans la quête de la quatrième place en phase régulière, le demi de mêlée sud-africain a beaucoup fait pour le CO. On se souvient par exemple d'une pénalité à 50 mètres qui avait permis aux Tarnais de battre Perpignan à l'ultime seconde.
 
 
Un poison constant
Pourtant, sa saison a été loin de s'écouler comme un long fleuve tranquille. À la trêve, il avait même menacé de rester dans son pays si le CO ne le libérait pas de sa dernière année de contrat pour répondre aux sollicitations que ses prestations avaient fait naître. Tout est rentré dans l'ordre et, loin de se décourager, la gâchette du CO a fait preuve de professionnalisme en mettant un point d'honneur à enquiller les tirs, à défendre avec la rugosité qu'on lui connaît et à profiter de la moindre faille dans les défenses adverses grâce à ses appuis et son côté imprévisible.
 
Auteur de 17 points sur les 25 inscrits en barrage face à Montpellier et face à Clermont en demi-finale, il est pour beaucoup dans le parcours extraordinaire des siens. En finale, c'est donc lui qui a été le détonateur de la victoire castraise. Il s'est avéré être un poison constant, notamment sur les mêlées fermées, l'une de ses rampes de lancement préférées. Il aurait même pu inscrire un nouvel essai lorsqu'il s'est échappé côté fermé (54e). Au final, il a encore glané 13 points. Et si ce ne fut pas son meilleur match dans le jeu au pied, à l'image de ce dégagement qui coûte une pénalité (67e), il aura bien mérité de la patrie. Si son avenir s'inscrit encore en pointillés, le CO ne perdrait rien au change en le gardant une saison supplémentaire, malgré les arrivées programmées de Tomas et Garcia.
 
 
Les Castrais sont parvenus à rendre Toulon fébrile en reproduisant à merveille ce qui avait fait la réussite du RCT.
 
Castres : l'imitation à la perfection
Au vu des dernières semaines, qui aurait pu croire que la machine à gagner toulonnaise puisse faire preuve de fébrilité ? A n'en pas douter les Castrais qui ont pris les champions d'Europe à leur propre jeu. Le poids du doublé était peut-être trop lourd à porter… Ou peut-être s'y voyait-il déjà…
 
Hier, même avec un jeu au pied déficient (en première mi-temps surtout), les Tarnais ont relevé le défi physique et ont tout simplement refusé la possession du ballon, misant sur une énorme défense. Car ce qui fait la force des uns peut aussi faire celles des autres quand on y met le cœur et l'envie. Sans oublier le combat acharné livré par les coéquipiers de Tales dans le jeu au sol. En gros, Castres a eu tout bon là où avaient échoué tour à tour Clermont et Toulouse. Et cela même avec 13 pénalités concédées.
 
Wilkinson tremble, Toulon déraille
 

 
Le Toulon stratosphérique et froid de réalisme est alors redescendu à une échelle plus humaine, montrant ses limites au moment de faire le jeu, maladroit et surtout incapable de trouver les failles. L'histoire, en quelque sorte, de l'arroseur arrosé… Le fait symptomatique du mal-être varois dans ce rôle vient assurément de l'immense peine connue par une charnière Michalak-Wilkinson à animer les débats. Le demi de mêlée est d'ailleurs sorti peu après la reprise et l'ouvreur, véritable baromètre, n'a pas porté sur ses épaules la destinée de ses hommes comme il en a l'habitude. Qui sait, tout a peut-être commencé dès l'échauffement quand l'Anglais a vu sa préparation contrariée par les stadiers et jardiniers du Stade de France… Venus officier dans sa zone, ils ont semblé copieusement agacer Sir Jonny, pourtant connu pour son flegme légendaire.
 
Cette fois-ci, c'est Castres qui punit
Tout s'est ensuite enchaîné. En début de match, Wihongi et Bai notamment se sont chargés de le «viser» en portant le ballon. Peu avant la pause, Tales en a remis une couche en défense.
 
 
Le mythe s'est effrité et ce qui devait arriver arriva : l'Anglais a tremblé. Toulon a déraillé ! En cause ? La réussite de son buteur bien en deçà de son taux habituel (3/8). Mais surtout des maladresses bien mal venues, signe d'une extrême fébrilité. Un en-avant de Giteau à cinq mètres de sa ligne : mêlée, pénalité de Kockott (3-3, 14e) ; un en-avant de Michalak à la sirène : mêlée, départ de Kockott, essai (10-3, 40e) ! Hier, c'était au tour de Castres de punir.
 
Au retour des vestiaires ? Rebelote, la mi-temps n'y ayant rien changé. Castres ne s'est certes plus nourri des fautes adverses, a subi, énormément parfois, mais Castres a tenu bon, au fil des en-avant toulonnais (13 au total). Et la fin, le sang-froid était bel et bien «bleu et blanc». Avec, signe du destin, des drops pour creuser l'écart. Mais cette fois-ci pour les taper et les rentrer, ce n'était pas Jonny mais Rémi. Une imitation à la perfection !
 
 
Le centre et le deuxième ligne castrais ont enfin soulevé le Brennus.
 
Baï et Samson ont vaincu le signe indien
> Combien de finales avait perdu Seremaïa Baï ? Le centre castrais avait perdu trois finales avec Clermont (2007, 2008, 2009) avant de conquérir enfin le Bouclier avec Castres. De son côté Christophe Samson avait déjà perdu une finale de barrage avec La Rochelle, deux finales de Top 14 avec Clermont et Toulon et un finale de challenge européen avec Toulon.
 
> Y a-t-il eu déjà un champion de France originaire d'Uruguay ? Non. Federico Capo Ortega est le premier Uruguayen de l'ère moderne à soulever le Bouclier de Brennus. Juan Carlos Bado, originaire tout comme le 2e ligne Castrais de Montevideo, faisait bien partie de l'effectif du Stade Français sacré en 2004, mais il n'a pas disputé la finale gagnée contre Perpignan (38-20). Il ne faisait même pas partie du groupe.
 
> Les joueurs ont-ils subi un contrôle antidopage ? Oui. Les noms de trente joueurs sur les quarante-six inscrits sur la feuille de match, ont été tirés au sort et ces joueurs ont été contrôlés après la rencontre.
 
 
> Combien y avait-il de spectateurs au Stade de France ? Le match s'est joué à guichets fermés et il y avait exactement 80 033 spectateurs. Le record a été battu hier soir. L'ancien était détenu par la finale Clermont-Perpignan de 2010 qui avait regroupé 79 869 spectateurs. Cette fois-ci la barre des 80 000 a été franchie.
 
> Dans quel état se trouvait la pelouse ? Après la finale, la veille, de la Coupe de France et la victoire des Girondins de Bordeaux sur Evian-Thonon-Gaillard, la pelouse de France a subi un lifting et se trouvait dans un parfait état pour accueillir la finale du rugby.
 
> Pourquoi le président François Hollande portait-il deux écharpes ? Pour éviter toute polémique et tout parti pris. Il portait une écharpe aux couleurs de Castres et une autre aux couleurs de Toulon. Après que François Hollande eut encouragé les joueurs du Castres Olympique lors de sa visite dans le Tarn jeudi, Mourad Boudjellal, le président toulonnais n'avait pas manqué de critiquer cette prise de position. Hier soir le président Hollande a bien fait attention d'afficher une totale neutralité, avouant même au micro de Canal + que son club de cœur était… Brive qui retrouve le Top 14.
 
 
> Combien de joueurs ont dû couper court à la fête d'après-match ? Ils sont huit à devoir s'envoler aujourd'hui pour la Nouvelle-Zélande où se trouve déjà le reste de l'équipe de France. Les Castrais Christophe Samson, Antonie Claassen, Rémi Tales, Brice Dulin et Marc Andreu d'un côté ; les Toulonnais Frédéric Michalak, Mathieu Bastareaud et Maxime Mermoz de l'autre. Les Castrais n'ont pu, ainsi, ramener le Bouclier dans la ville et défiler avec leurs coéquipiers.
 
> Pourquoi Delon Armitage a-t-il été sifflé ? Après les sifflets de Nantes lors de la première demi-finale entre Toulon et le Stade Toulousain (sifflets émanant des quelque 2 500 supporteurs clermontois venus assister au match, mais aussi des supporteurs toulousains), l'arrière toulousain a essuyé ceux du Stade de France et des supporteurs castrais. L'arrière toulonnais paie ainsi cash le moment où il a chambré Brock James en finale de H Cup. Mais les sifflets se sont tus lorsque l'Anglais a percé la défense tarnaise (42e). Quoi qu'il en soit cela n'a pas empêché l'arrière varois d'inscrire un essai lors des 3 dernières rencontres (finale de la H Cup, demi-finale et finale du Top 14).
 
> Combien de fois les buteurs ont-ils touché les poteaux ? Trois fois. Wilkinson dès sa première pénalité (5e) des 40 m à gauche des poteaux ; puis Kockott des 25 m à droite (52e) et enfin de nouveau Wilkinson des 50 m face (64e). Le buteur toulonnais a d'ailleurs été particulièrement maladroit (3 tentatives réussies sur 8) alors que le buteur castrais a connu 75 % de réussite (3/4).
 
 
 
Le demi de mêlée toulonnais félicite les Castrais.

Frédéric Michalak : «Ils ont gagné avec le cœur»
Laurent Travers (entraineur de Castres): «On a maîtrisé surtout défensivement, car on a subi les assauts toulonnais. J'ai longtemps eu peur que l'efficacité nous fasse défaut. Mais à Castres aussi il y a des joueurs, et des bons joueurs. Cette victoire représente un aboutissement, que cela soit pour les joueurs, quelque chose à vie et pour un entraîneur le travail accompli».
 
Rory Kockott (demi de mêlée de Castres): «Je n'arrive pas à trouver les mots pour exprimer les émotions qui ressortent. Tout le monde pensait que c'était David contre Goliath. C'est le travail de toute l'équipe, comme sur mon essai. Je marque grâce au travail des avants. C'est le rugby. (questionné sur son avenir) Je ne sais pas si je serai encore ici l'an prochain. J'ai eu une saison difficile. Mais on verra après, je veux profiter de cette victoire.»
 
Ibrahim Diarra (troisième ligne de Castres): «C'est une saison hyper longue, et là, on touche le graal. Je n'arrive pas à dire à quel point on est heureux: Pour des gars qui partent, comme Joe (Tekori), pour Matthias Rolland, qui arrête sa carrière de joueur, pour les coachs.»
 
 
Rémi Tales (ouvreur de Castres): «Je pense que la nuit va être très très courte: je suis champion de France, je vais en profiter au max ! On ne s'en rend pas encore compte, mais on a réalisé un truc énorme ce soir. J'ai eu de la réussite, mais j'ai surtout récompensé le travail des avants.»
 
Christophe Samson (2e ligne de Castres): «Je ne réalise pas trop, c'est magnifique. C'est la performance de tout un groupe. J'avais perdu une finale avec Clermont et une finale avec Toulon. Ca fait plaisir d'être enfin dans le camp des vainqueurs.»
 
Brice Dulin (arrière de Castres): «On a réussi à bien défendre. En première mi-temps, je rate 2, 3 pénaltouches et du coup on reste dans notre camp et on n'arrive pas à se dégager. Le groupe mérite ça, on a travaillé toute la saison.»
 
 
Bernard Laporte (manager de Toulon): «Il faut reconnaître que les Castrais ont été très performants, très présents athlétiquement avec beaucoup de fraîcheur. Leur victoire est méritée, il faut leur rendre hommage. Je crois qu'en première mi-temps on se met le match en l'air tout seuls. On fait deux-trois erreurs, des choses approximatives qui font que l'on est mené. La saison était longue, dure et la fraîcheur et l'enthousiasme aujourd'hui étaient castrais. Mais je n'en veux pas du tout à mes joueurs qui se sont envoyés aujourd'hui.»
 
Mourad Boudjellal (président de Toulon):
 
«Si on m'avait dit en début de saison qu'on serait champion d'Europe et en finale du Top 14 et qu'on serait déçu je ne l'aurais pas cru. On est déçu parce que ça passe pas loin. Mais je n'ai pas de raison de faire une colère particulière, pas comme l'année dernière. Ils ont gagné à la régulière. Quand j'ai vu les Castrais arriver à l'entraînement, je les ai vus affamés et nous, on a eu à manger y a pas longtemps, on avait un peu moins faim. C'est peut-être parce qu'on est champion d'Europe qu'on perd ce soir. On a manqué de carburant, de fraîcheur, on a fait de fautes de lucidité. Castres a fait un gros match. On n'a pas réussi à être champion du Tarn, c'est plus dur que d'être champion d'Europe.»
 
Frédéric Michalak, (demi de mêlée de Toulon): «On est tombé sur une très bonne équipe. On a essayé de mettre du mouvement mais ils ont très bien défendu et marqué un essai casquette, ça fait beaucoup pour qu'on puisse gagner. Ces finales se jouent avec le cœur et ils ont mis le cœur ce soir. Ils avaient très bien préparé ce match.»
 
 
Jonny Wilkinson, (demi d'ouverture de Toulon): «Il faut continuer avec le même état d'esprit l'an prochain en apprenant de ces leçons. On n'a pas joué assez bien pour gagner. On a fait quelques erreurs et manqué de rythme. Ils ont marqué des points pendant leurs temps forts et méritent de gagner».
 
Sébastien Tillous-Borde (demi de mêlée de Toulon): «On a déjoué. En première mi-temps, on n'a pas réussi à mettre notre jeu en place, on a fait beaucoup de fautes, beaucoup d'en avants. On espérait toujours en deuxième mi-temps, malheureusement Rémi Tales a marqué deux drops, qui nous mettaient à - 7. On savait que si on ne jouait pas collectivement, ce serait difficile car ils grattent bien les ballons, ils ont un beau jeu au sol. On a été défaillant dans ce secteur. Cette année on a fait un joli parcours, on a été champion d'Europe, mais, là, Castres a été au-dessus, il faut les féliciter.»
 
 
Gaillard, Magne, Ntamack : les glorieux anciens ont forcément apprécié.
 
Gaillard : «On a vu des morts de faim»
> Alain Gaillard : «Après une entame difficile pour Castres parce que Toulon a montré sa puissance sur la première mêlée et sur un maul toute sa force, on a vu des Castrais qui sont rentrés dans la partie et ont égalisé. À partir de là, on observe une meilleure conquête du CO, une mêlée qui tient le choc ; on sent aussi qu'ils sont très agressifs en défense, qu'ils ne laissent pas d'espace aux Toulonnais, lesquels ne parviennent pas à se servir de leur puissance - comme déjà évoqué. Le Racing-Club Toulon n'a pas trouvé de solution même si Mathieu Bastareau a parfois cassé un ou deux plaquages, sans pouvoir d'ailleurs enchaîner derrière. Les Castrais ont saisi la moindre occasion et avec cet essai de Rory Kockott à la dernière seconde Castres mène au score qui est dans son meilleur rôle, c'est-à-dire avec une très bonne conquête plus une très bonne défense. Ils sont dans la position idéale à la pause avec un Jonny Wilkinson qui n'a pas l'air dans son assiette. Mais je l'avais dit auparavant, le CO pouvait faire quelque chose, ils ont bâti cette victoire sur une touche impeccable, sur une bonne mêlée, une défense énorme, une solidarité gigantesque, de la générosité, mais aussi une grande qualité dans le replacement. On a vu des morts de faim n'ayant rien gagné face à une équipe qui semblait pouvoir tout gagner. Ils n'ont rien lâché, eu du réalisme un pragmatisme, et surtout de l'intelligence. Cette victoire, c'est la victoire de coaches et de joueurs intelligents.»
 
 
> Olivier Magne : «À la pause on pouvait penser que les Toulonnais étaient capables de revenir dans le match, il n'y avait que 7 points. Je pense qu'ils devaient attaquer, ils l'ont fait, contrairement aux Castrais qui ont su profiter des ballons rendus par Toulon. On a vu en première mi-temps la charnière toulonnaise en difficulté, peut-être à cause d'un petit peu de fatigue. Le coaching après la pause a apporté quelque chose, mais les Tarnais étaient dans leur match, ils ont su mettre à profit la moindre occasion de marquer. Et surtout ils ont fait barrage à toutes les tentatives toulonnaises. C'est difficile de faire un doublé, on en a pu s'en rendre compte. Castres a le grand mérite d'avoir su prendre sa chance.»
 
> Francis Ntamack : «Dans cette fin de championnat les favoris ne gagnent pas et les Toulonnais l'étaient en toute logique. Mais le doublé est une chose exceptionnelle, quelque chose de géant : Toulouse a réussi à le faire et depuis, on se rend compte de la difficulté à jouer sur les deux tableaux. Toulon a une équipe galactique, merveilleuse ; reste une superbe formation qui a offert un très beau championnat. Un parcours fabuleux, mais sur la dernière marche ils tombent face à une fabuleuse équipe castraise. Une équipe avec des joueurs évoluant en Pro D2 l'année dernière, une équipe-outsider, une équipe à qui on promet un bon match mais certainement pas un bouclier de Brennus. Ces joueurs avec beaucoup d'amour, beaucoup de mental, beaucoup de cœur ont fait vaciller la montagne toulonnaise. Bravo à Castres parce que ce n'était pas facile et personne ne s'y attendait.»
 
A l'image de leur équipe, les Castrais, décomplexés, ont gagné la bataille du public dans les tribunes.
 
Le Stade de France avait des airs de Pierre-Antoine
 

 
Les supporters Castrais ont donné de la voix et de l'énergie pour soutenir leur équipe de bout en bout. ils pouvaient laisser exploser leur joie et communier avec leurs joueurs portant le bouclier au coup de sifflet final. Eux aussi 'lavaient mérité./Photos DDM Emilie Cayre.
 
Venues du sud, après avoir traversé le pays, la marée bleue et blanche de supporters castrais et celle rouge et noire des Toulonnais ont déferlé sur le Stade de France. D'abord bras dessus, bras dessous dans les buvettes plusieurs heures avant le coup d'envoi, dans le pur esprit rugby de ces jours de fête, c'est dans les tribunes que le match des supporters s'est vraiment joué. Même si dans le concours des déguisements les plus farfelus aux couleurs de leur équipe, c'est les Castrais qui avaient déjà gagné. Un signe. Face à face, séparés par le terrain, ils se sont affrontés à coup de chants, de nuées de drapeaux et d'encouragements. Et à l'image de leur équipe, ce sont des Castrais complètement décomplexés, qui se sont accaparés le Stade de France pour la première fois, puisque les deux dernières finales du CO en 1993 et 1995 avaient eu lieu au parc des Princes. Lançant la première Ola et ne s'arrêtant jamais de soutenir leur équipe déchaînée sur le terrain, les Castrais ont remporté la rencontre du public. Les Toulonnais, un peu plus nombreux, un peu plus bruyants par à coup, se sont finalement retrouvés en rade. Les Castrais en liesse ont transformé le Stade de France en Pierre-Antoine. Et comme par magie le bleu et blanc a submergé le rouge et noire. Et Castres «champion du Tarn» est devenu champion de France. 20 ans après, le bouclier de Brennus revient sur les bords de l'Agout.
 
 
Publié le 02/06/2013 à 08:48
 
Récit d'une épopée inoubliable...
 

 
Top 14. CO : un titre pour l'éternité
 
Ils l'ont fait. Le cru castrais 2013 a rejoint dans l'histoire ses prédécesseurs de 1949, 1950 et 1993. L'épopée a définitivement pris le pas sur l'aventure. Comme un symbole, Matthias Rolland et Rémi Talés ont soulevé le bouclier de Brennus. Il fallait se pincer pour y croire, même si les maillots «Castres champion de France 2013», floqués à l'avance au cas où, semblaient bien être taillés sur mesure.
 
Sans faire injure aux glorieux aînés présents hier soir au stade de France, ce titre prend une ampleur singulière à l'heure du professionnalisme à tous crins. Dixième budget de Top avec quelques millions d'euros de moins que Toulon, Toulouse ou Clermont, Castres a fait triompher son modèle économique, sociologique, voire philosophique. Comme une revanche des petites villes sur les grandes agglomérations. Voilà vingt ans que tout un club rêvait d'une telle apothéose. Sans trop y croire. Qui aurait imaginé un tel dénouement lorsque les Castrais ont lancé leur saison en août dernier face aux Glasgow Warriors au challenge Vaquerin sur les hauteurs de Lacaune ?
 
 
À la régulière
Depuis l'avènement du Top 14, c'est la première fois que le bouclier échappe à l'un des trois premiers de la phase régulière. Montpellier avait bien tenté le coup en 2011, mais les Héraultais n'avaient pas tenu la distance face au Stade Toulousain. Mais il n'y a rien à redire. Castres a battu Clermont puis Toulon, tout juste sacré champion d'Europe, à la régulière. Cette fois, foin de polémique sur «l'essai volé» de 1993 face à Grenoble.
 
Le CO a mené sa barque comme un grand et, même si les Varois avaient sans doute laissé du gaz dans leurs précédentes aventures, les hommes de Travers et Labit ont géré leur match à la perfection, avec l'expérience de leurs trois dernières phases finales.
 
 
Labit et Travers justement. Difficile d'imaginer pour eux un tel happy-end pour leur dernière saison aux commandes du Castres Olympique. On imagine leur émotion au moment de monter en tribune présidentielle pour toucher du doigt les dividendes de quatre ans de travail. Leur choix de rallier le Métro Racing, annoncé dès l'automne, aurait pu fissurer l'édifice. Au contraire, force est de constater qu'il l'a plutôt consolidé. C'est dans ce terreau que le groupe a puisé les forces pour aller au bout de sa propre histoire. Compte tenu de la course à l'armement, pas sûr que le CO revive pareil bonheur, mais c'est toujours ça de pris.
 
Le chiffre : 5  castrais > Privés de fiesta. Tous les joueurs du CO n'ont pas pu fêter leur fin de saison extraordinaire. En effet, dès dimanche, Christophe Samson, Antonie Claassen, Rémi Talès, Brice Dulin et Marc Andreu devaient prendre un avion à Paris pour rejoindre l'équipe de France pour la tournée en Nouvelle-Zélande. Trois Toulonnais étaient dans le même cas : Bastareaud, Mermoz et Michalak.
 
 
Publié le 02/06/2013 à 06:42 | Éric Berger
 
Nuit magique à Castres
 

 
Que cela soit au départ des trains à Toulouse ou des bus à Castres (voir à droite), ou une fois au Stade de France, les supporters Castrais ne passaient pas inaperçus. Et ils ont fait sensation autour du Stade de France avec leurs déguisements tous plus originaux les uns que les autres./ Photo DDM E. C
 
Des cris de joie, une foule en délire, des embrassades et des larmes de bonheur… il est 22 h 45, l'arbitre vient de siffler la fin du match et la place Soult peut enfin exulter. Le CO l'a fait. Vingt ans après, les bleu et blanc ramèneront à nouveau en terre tarnaise le bouclier de Brennus au terme d'un match mais plein de suspense. Ici, comme au Stade de France, le public a vibré et poussé son équipe.
 
 
A 20 heures, la place Soult commence à se remplir. Les supporters sont là, maquillés aux couleurs de leur club. Sur scène, les pom-pom girls puis la banda des Shadoks de Brassac font monter l'ambiance. Au coup d'envoi, ils sont peut-être 12 000 ou 13 000 devant l'écran géant. Bien plus que la semaine précédente pour la demi-finale. Impressionnant…
 
La retransmission démarre. Une image parfaite comme si le Stade de France était tout proche. Premiers sifflets devant les images du vestiaire toulonnais. Premiers «CO, CO, CO» lorsqu'apparaissent à l'écran Claasen, Dulin et Capo-Ortega. «On est sur une dynamique, ils vont tout donner. Ils vont aller jusqu'au bout. C'est le résultat de quatre années de travail» assure Pascal, chanteur de l'hymne officiel des supporters.
 
 
«Ils méritent ce bouclier»
Les joueurs entrent sur la pelouse. «Ils sont dans leur match. On le voit à leurs mines. Ils sont vraiment concentrés» estime Pascal. Première mêlée, les milliers de supporters bleu et blanc poussent avec leurs favoris. Le match est serré, tendu, physique. Chaque action castraise est ponctuée de cris de soutien. Les pénalités de Wilkinson sont copieusement sifflées, tout comme les images du président ou du manager toulonnais. À la 30e, le suspense est à son comble. Sébastien dont la voix commence à s'affaiblir, est à fond dans la rencontre : «C'est dur, mais on va y arriver. Ils défendent vraiment bien.» Quelques instants plus tard, c'est la première grosse explosion de joie avec l'essai castrais de Kockott. Le public chavire, le bouclier se rapproche. À la mi-temps avec sept points d'avance, c'est déjà une ambiance de folie. «Toulon a l'air fatigué, ils sont fébriles et font beaucoup de fautes» constate Pascal, le chanteur.
 
Une charge de Claassen enchante les supporters. Plus tard, les décibels montent encore lorsque Tékori fait son entrée sur la pelouse. Sébastien n'a plus de voix : «Il reste 20 minutes à tenir, ils le méritent ce bouclier !»
 
 
10 à 9 au tableau d'affichage, Toulon jette ses dernières forces. Il reste 15 longues minutes. C'est alors que le miracle se produit et délivre les supporters plus tendus que jamais. Deux drops magnifiques de Talès donnent une avance de dix points.Plus que cinq minutes… Toulon est à nouveau près de l'en-but castrais. C'est l'essai des Varois: 14-19. Trop tard. Le chrono annonce 80 minutes. Sur scène, des supporters sont déjà montés avec un faux bouclier. Ils sont au paradis, la foule aussi. La nuit ne fait que commencer. Elle sera de courte durée.
 
Rendez-vous ce dimanche à 16 heures pour accueillir les joueurs au stade Pierre-Antoine.
 



Vidéo : résumé de la finale
 

 





AVANT
le STADE de FRANCE :



ALLEZ CO !!!
 
L'équipe du Castres Olympique, saison 2012-2013
 
Le XV de départ pour la FINALE : Taumoepeau, Mach, Wihongi, Samson, Capo Ortega, Diarra, Caballero, Claassen, Kockott, Tales (cap), Andreu, Bai, Cabannes,Martial, Dulin. Remplaçants : Bonello, Forestier, Tekori, Bornman, Teulet, Bonnefond, Kirkpatrick, Lazar.
 
Jeudi : J-2 ! Les joueurs se sont entraînés au stade de France sous la pluie...

 
Publié le 01/06/2013 à 06:53 | La Dépêche du Midi | J.-M.G.
 
Pour voir la finale à Castres, ils seront des milliers en bleu et blanc
 
Sur la place Soult comme dans les bistrots du centre-ville, tout est prêt pour la finale./ photo DDM,
 
Deux cœurs palpiteront pour le CO aujourd'hui: l'un sera au stade de France et l'autre en centre-ville de Castres et en particulier sur la place Soult où un écran géant sera installé. Bars et cafés s'organisent aussi pour accueillir le public.
 
C'est devenu un incontournable. Un rituel même. Depuis que le Castres Olympique accède aux phases finales ces dernières années, la ville installe un écran géant pour satisfaire ceux qui ne peuvent être du voyage.
 
© Laurent Frezouls
 
Ce soir, dès 19 h, c'est place Soult que l'on attend des milliers de spectateurs devant un écran gigantesque mis en place par la mairie. En attendant le coup de sifflet prévu à 21h, l'animateur Hervé Pardo devrait «chauffer la salle» : musiques, hymnes et pompon girls sont annoncés. Mais aussi quelques surprises inédites, des images d'archives ou d'extraits des matches de la saison à l'écran et même peut être un message vidéo d'encouragement inédit venant de l'hémisphère sud. 
Et il y aura aussi de très nombreux cadeaux et gadgets à gagner. Bref, il y aura tout ce qu'il faut pour faire monter la pression sur une place Soult en sécurité puisque la circulation sera barrée sur l'avenue de Gaulle. Des ateliers de maquillage sont prévus et les bistrots de la place se sont très bien organisés pour répondre aux besoins de la foule : la brasserie Marso ouvre une buvette après un «repas d'avant match», le Palmarium soigne sa décoration et le Côté Jardin se prépare a être envahi.
 
 
Mais les autres cafetiers castrais ne bouderont pas non plus le rendez-vous. Sur la place Jaurès, le restaurant l'Eden, les bars des Arcades ou l'Europe auront leur grand écran avec une carte un peu spéciale pour les assoiffés. Vers l'Albinque, le Zazou Bar offre carrément un buffet campagnard pendant le match. Entre deux, le pub The Quay s'offre même une rediffusion (16h et 18h) de la finale de 1993 contre Grenoble avant le lancement des hostilités. Et bien sûr les frères jumeaux Cocina/Divino sur les quais mettront les bouchées doubles : tapas, DJ, multi-écrans… etc.
 
© Laurent Frezouls
 
Pour l'occasion, la ville a accordé une autorisation exceptionnelle d'ouverture des débits de boissons jusqu'à 4 heures. Cela devrait suffire en cas de défaite mais ce sera un peu court en cas de victoire.
 
En tout cas, certains établissements ont déjà annoncé leur volonté d'ouvrir dimanche, victoire ou pas, afin de bien accompagner le retour des joueurs de Paris prévu en fin d'après midi à l'aéroport avant une belle fiesta au stade Pierre-Antoine. A Castres ou à Paris, tout est maintenant prêt pour que la fête du rugby soit belle.

 
Publié le 31/05/2013 à 08:18    Recueilli par Br. M.
 
Pierre-Yves Revol : «Pour moi, c'est une finale de rêve»
 
Pierre-Yves Revol peut se réjouir d'avoir fait venir Laurent Travers et Laurent Labit au CO./ Photo DDM, E. C.
 
Président de Castres lors du titre de 1993, Pierre-Yves Revol, représentant de l'actionnaire principal au sein du club, vit cette période avec beaucoup d'émotions.
 
À l'issue de la demi-finale victorieuse du CO samedi dernier, Pierre-Yves Revol avait l'impression d'être 20 ans en arrière au milieu de la liesse des supporters. Ses sentiments.
 
Président du Castres Olympique durant 20 ans avant de devenir Président de la Ligue Nationale de Rugby, Pierre-Yves Revol n'a jamais abandonné les affaires du club dont il est aujourd'hui le «patron». Il nous donne son sentiment avant la finale.
 
 
1993-2013 : 20 déjà et voilà le Castres Olympique susceptible de redevenir champion, un grand moment ?
 
Pour l'instant nous ne sommes que finalistes mais cela suscite un grand engouement. Peut-être que le public s'aperçoit que, compte tenu de l'évolution du rugby professionnel, des budgets des grands clubs, c'est sans doute encore plus difficile pour un club de notre dimension d'atteindre le stade de la finale et que notre cote de sympathie dépasse les limites de la ville car nous sommes un peu les représentants d'un rugby des villes modestes qui ne sont plus légion dans le Top 14.
 
 
Le Castres Olympique 2013 ressemble-t-il à celui de 1993 ?
 
Oui, par certains aspects. Un collectif très fort, des entraîneurs qui ont beaucoup d'influence. Ces deux facteurs prédominaient et sont toujours présents actuellement. Et puis ces deux groupes se sont construits sur plusieurs années dans la stabilité. C'était d'ailleurs plus facile à l'époque car les joueurs travaillaient pour la plupart et cela facilitait leur ancrage. J'ajoute que le parrain du club était le même, beaucoup de dirigeants aussi. Cette permanence est assez rare dans le rugby professionnel actuel.
 
© Laurent Frezouls
 
Vous vivez ces moments comme lors de votre présidence en 93 ?
 
Non, car même si nous avions été en demi-finale l'année précédente en 92, autre similitude d'ailleurs, il me semble qu'en 93 les choses sont allées plus vite et que la surprise était plus forte. Là, ce groupe est qualifié depuis 4 ans pour les phases finales et même si nous étonnons beaucoup d'observateurs, notre parcours cette année vient couronner 4 années exceptionnelles pour un club comme le nôtre.
 
© Laurent Frezouls
 
Deux titres à 20 ans d'écart, pour vous ce serait magique ?
 
L'acteur principal de ces épopées c'est Monsieur Pierre Fabre. Il peut se passer du Castres Olympique mais le Castres Olympique ne peut pas se passer de lui. Son soutien personnel, celui de son entreprise se font sans ostentation et parce qu'il veut faire exister la ville à laquelle il est attaché. Moi j'ai essayé de seconder au mieux, avec des hauts et des bas, mais beaucoup de passion les intérêts du club. Ce que je vis aujourd'hui avec d'autres qui étaient présents en 93 comme Gérard Cholley, est formidable. Sans oublier ceux qui nous ont rejoints plus récemment et notamment Michel Dhomps qui fait un bon travail avec l'équipe, qui gère au quotidien le club dans la discrétion, et son prédécesseur Jean-Philippe Swiadek.
 
 
Un mot sur le match ?
 
Pour moi c'est une finale de rêve que d'affronter le Champion d'Europe, sa constellation de joueurs internationaux de toutes nationalités, son Président très médiatique alors que nous ne sommes que «Champion du Tarn» avec 22 joueurs venant de Pro D2, dans notre effectif. C'est un honneur d'être là. Nous sommes les représentants d'une sous-préfecture enclavée. Notre équipe, nos entraîneurs, nos joueurs cherchent à se forger un destin tout en étant conscients de la tâche colossale qui les attend face au maître de l'Europe. En attendant nous montrons que d'autres modèles que celui des grandes agglomérations, peuvent encore exister dans le rugby professionnel. Et cela peut donner de l'espoir à d'autres clubs.
 
 
Publié le 29/05/2013 à 10:09 | Br. M.
 
Castres Olympique : c'est la ruée sur les billets, 7000 places déjà vendues
 
Après Nantes, les Castrais pensaient déjà à la finale de samedi à Paris et au bouclier de Brennus./Photo DDM
 
Sur les 9 000 places octroyées aux supporters castrais par la Ligue, il reste moins de 2000 billets à vendre aujourd'hui à la billetterie du stade Pierre-Antoine pour la finale.
 
De la folie ! 7 000 places ont été vendues hier pour le premier jour de la billetterie ouverte par le club pour ses abonnés aux guichets du stade Pierre-Antoine. Il reste donc à peine 2 000 places seulement pour le grand public à s'arracher aujourd'hui de 9h à 18h pour pouvoir aller supporter le CO en finale du Top 14 contre Toulon samedi à 21h au Stade de France. «Je suis venu installer les barrières à 5h45 du matin et il y avait déjà 4 personnes qui attendaient l'ouverture de la billetterie prévue à 9h et ensuite cela n'a pas arrêté de la journée», indique Jean-Bernard Trevisiol, fidèle bénévole du CO qui aidait à l'organisation de la vente des 9 000 places attribués aux supporters castrais pour ce match. 
 
© Laurent Frezouls
 
Les salariés et bénévoles du CO n'ont même pas pu s'accorder de pause déjeuner tellement le rythme était soutenu aux guichets pour répondre à la demande de billets et de transports pour le déplacement. À tel point que l'on bat les records de 1993 en terme de mobilisation. 28 bus sont déjà pleins pour aller à Paris. Un train de 20 voitures qui peut contenir près de 1 000 passagers, affrété par Havas Voyages La Dépêche pour le compte du club, était déjà rempli à 15h. Grâce à une aide du conseil régional, un second train au même tarif à 110 € aller retour (Toulouse-Paris ; Paris-Toulouse), est affrété. 
 
© Laurent Frezouls
 
Mais cela n'a pas été facile à la SNCF de trouver des rames disponibles. D'ailleurs ce train ne pourra compter que 450 passagers. Il sera possible de réserver sa place dans le train à la buvette à l'entrée du stade ce mercredi, comme aujourd'hui. Un avion avait été aussi mis à disposition des supporters par le voyagiste au tarif de 200 € pour un aller-retour Toulouse-Paris. Il a été rempli en moins de deux. Pour les partenaires, le club a aussi dû prévoir un troisième avion hier soir. Bref, c'est un véritable engouement. Il faut dire que les Castrais attendent un nouveau titre de champion de France depuis 20 ans.
 
© Laurent Frezouls
 
Une fête prévue dimanche
Ce dimanche 2 juin, au retour des joueurs (vers 15h30 à Castres), quel que soit le résultat, le Castres Olympique propose à ses supporters de se retrouver vers 16h au stade Pierre-Antoine pour fêter ensemble la fin de la saison ! Forcément avec le bouclier, comme en 1993, la fête serait encore plus belle.

 
Publié le 29/05/2013 à 08:02 | Br. M.
 
Même les vaches soutiennent le Castres Olympique
 
Les vaches des Julien font le buzz à Castres. Tout le monde se partage leur photo sur Facebook.
 
Dans la famille Julien, agriculteur de père en fils à Lagarrigue, on est supporter du CO depuis toujours. «On est né avec un drapeau bleu et blanc dans le biberon», lâchent Jérôme et David, les deux frères de 32 et 33 ans qui s'étaient dits un jour en plaisantant : «si le CO va en finale, on peint les vaches». «Bah, il a fallu le faire maintenant», explique Jérôme qui, avec sa femme Claire, 32 ans, et son père Henri, 63 ans, ont «décoré» une dizaine de vaches de leur troupeau. Peintes en bleu et blanc et arborant des CO et des cœurs, elles vadrouillent depuis mardi soir dans les prés du Gaec des Jonquilles au pied du Pioch de Gaïx. 
 
 
Et elles ont l'air aussi fières que leurs propriétaires de soutenir le CO. «Elles encerclent parfois la maison des Lapeyre, les parents de Benjamin qui joue à Toulon», s'amuse Henri qui a été éducateur pendant 15 ans au CO. «Nous, on y a joué jusqu'en Reichel», précisent les frères qui s'organisent pour aller à Paris voir la finale. «On a d'abord pensé au train, puis à l'avion et là on est plutôt parti pour y aller en minibus», lâche Jérôme. Et David de lancer un message aux joueurs : «Les avions qui décollent de Castres passent juste au-dessus du pré alors si les joueurs regardent par les hublots ils verront les vaches aux couleurs du CO jeudi matin en partant à Paris».
 
 
Publié le 27/05/2013 à 09:02   Matthieu Gherardi
 
Castres Olympique : les raisons d'une réussite
 
Dulin et Wihongi : deux individualités au service d'un collectif bien rodé./Photo DDM, XdF
 
Les Castrais n'ont pas l'effectif le plus clinquant du Top 14, loin de là. Ils se sont d'ailleurs souvent plaints d'un manque de reconnaissance, certainement un levier que ne se sont pas privés d'actionner Laurent Labit et Laurent Travers.
 
En place depuis quatre saisons, le tandem a patiemment bâti un groupe aujourd'hui capable de rivaliser durablement avec les grosses écuries du championnat.
 
© Laurent Frezouls
 
Après deux barrages perdus (12-35 à Toulouse en 2010, 17-18 contre Montpellier en 2011), celui-ci s'est peu à peu affranchi de son statut d'outsider, franchissant enfin le cap l'an passé (31-15 contre Montpellier) avant de céder à nouveau, en demie cette fois-ci, et en pouvant tout aussi bien gagner (18-24 à Toulouse). En progression constante, il ne restait alors plus aux Castrais qu'à acquérir la solidité mentale qui caractérise les grandes équipes dans les moments cruciaux d'une fin de saison. Celle-là même qui fait toujours défaut à Clermont…
 
Avec leurs récents succès en barrage contre Montpellier (25-12) puis en demie contre Clermont, et donc leur première finale à disputer depuis 1995, c'est désormais chose faite. Ouf, le palier est enfin franchi ! Avec en prime le respect et la crainte que peut susciter chez les autres une telle ascension.
 
 
Mais Castres, c'est aussi un projet de jeu cohérent et surtout en parfaite adéquation avec les hommes à disposition. Sans fioriture mais avec pour maître mot l'efficacité : conquête, défense, buteur.
 
Sur le papier, les individualités sont peut-être d'un niveau inférieur à celles des Toulonnais, Clermontois ou Toulousains. Seulement, lorsque certains sortaient du lot comme Masoe (parti au RCT l'été dernier) Tekori ou Andreu, les excès d'individualisme handicapaient bien plus qu'ils n'étaient bénéfiques.
 
© Press Association / Lynne Cameron - à Scotstoun Stadium .
 
Avant, pour obtenir son salut, le CO mettait son destin entre les mains d'un ou plusieurs hommes, ses leaders de jeu, dont il attendait monts et merveilles.
 
Il leur a certes fallu de la patience mais les entraîneurs tarnais sont aujourd'hui parvenus à rendre leur groupe homogène et conquérant. Au point d'être capable de franchir deux marches dans la même saison ?
 
© Laurent Frezouls
 
Talès sous surveillance médicale
L'ouvreur et capitaine du CO Rémi Tales, victime d'un choc à la cheville samedi, va passer une IRM ce matin à la clinique du sport à Toulouse. Il est possible que sa préparation de la finale s'en trouve un peu retardée.

 
Publié le 26/05/2013 à 03:48
 
Une mêlée de premier de la classe
 
Castres a bâti son succès avec une énorme prestation dans l'épreuve de force
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La mêlée castraise a fait souffrir mille maux à son adversaire. / photo DDM, Xavier de Fenoyl
 
«La mêlée ne fait pas gagner mais elle évite de perdre.» La citation est signée Laurent Travers, l'entraîneur des avants castrais, impériaux hier, avec quatre pénalités récoltées dans ce secteur, (9, 19, 40, 53). D'ailleurs, toutes ont été converties par Kockott, histoire d'enfoncer un peu plus le clou. La clé du succès castrais est bien là, au-delà d'une défense hermétique et d'un abattage monstrueux dans les rucks.
 
Les statistiques parlent d'elles-mêmes. Sur sept introductions, le CO en a assuré six (dont une pénalité) et concédé une pénalité. Et sur onze introductions clermontoises, il a récupéré un ballon et trois pénalités, soit plus d'un tiers de ballons subtilisés à ses adversaires.
 
© Laurent Frezouls 
 
Taumoepeau et Wihongi, les deux «gorilles»
On a d'ailleurs très vite compris que les Auvergnats allaient vivre un enfer dans ce secteur, quand le pack tarnais a emporté son homologue clermontois au point de récupérer le cuir sur une introduction de Parra (5e). «Elle nous lance dans le match», annonce Brice Mach, le talonneur «bleu et blanc», véritable joint entre Taumoepeau et Wihongi (quel coffre avec plus de 70 minutes à concasser du Clermontois dans le jeu également), ses deux «gorilles» comme il se plaît à les appeler.
 
Ceux-ci, notamment Wihongi qui a mis au supplice Chaume et Kayser, ont porté le CO vers le Stade de France. «Il ne faut pas oublier Samson et Capo Ortega, deux poutres, ainsi que nos troisièmes lignes, qui ne sont pourtant pas les plus gros gabarits du championnat», précise Mach. Il n'y avait pas trop de failles mais ils avaient changé les deux piliers. Il fallait mettre l'impact. Et quand le talon lève le pied, si tu pousses, il n'y a plus trop d'équilibre», analysait pour sa part Yannick Caballero.
 
© Laurent Frezouls 
 
«La mêlée, c'est l'humilité»
De son côté, Julien Bonnaire accusait le coup : «On savait que Castres était solide et on a eu du mal à les attaquer. On a beaucoup trop subi et ça ne pardonne pas.»
 
Pour autant, pas question de s'enflammer du côté de Laurent Travers. «J'ai souvenir de matches où l'on a subi. Un moment, on a même décrié notre mêlée. Alors on ne va pas se prendre pour d'autres. La mêlée, c'est l'humilité», tempérait le technicien, qui reconnaissait toutefois que «l'ascendant pris avait joué dans les têtes», qu'elles soient castraises ou clermontoises. Et peut-être aussi dans celles des Toulonnais…
 
 
Publié le 01/06/2013 à  08:40    J. A. et Br. M.
 
Travers et Labit : deux hommes, un destin
 
Les entraîneurs de Castres sont devenus inséparables sur le terrain comme dans la vie.
 
Labit et Travers / DDM  REMY GABALDA
 
Ils vont quitter le Castres Olympique en début de semaine prochaine, avec ou sans bouclier à leur palmarès, mais avec un très beau chapitre inscrit dans l’histoire du club. En quatre ans Laurent Labit et Laurent Travers ont hissé le club castrais sur les plus hautes marches du Top 14. Considérés comme parmi les meilleurs entraîneurs actuels, les deux Laurent, Toto Travers et Lolo Labit, leurs surnoms pour les distinguer, n’ont pourtant pas beaucoup de points communs. Mais leur duo est indissociable. « On est différent l’un et l’autre mais on se complète, lâche Labit. Et si on venait à se séparer, cela serait compliqué».
 
Laurent Travers, né à Sarlat, a hérité du tempérament de la France profonde. Laurent Labit, de Revel ville hésitant entre le Tarn et la Haute-Garonne, a reçu un naturel plus méditerranéen. Sur le terrain, chacun à l’extrémité de l’épine dorsale de l’équipe, Toto au talonnage, a travaillé dans l’ombre. Lolo à l’arrière sous les projecteurs, avait de surcroît le rôle exposé de buteur. D’ailleurs, la plupart du temps, ce dernier tient le rôle de communicant, avec l’humour et la dérision comme armes.
 
«Toto» et «Lolo» ont un travail à finir./ Photo DDM, Emilie Cayre
 
A Castres pour apporter de la sérénité
Après avoir raccroché les crampons, chacun a vécu son chemin d’entraîneur. Laurent Travers à Clermont avant de revenir à son premier métier dans la banque. En 2004, Laurent Labit qui fait ses armes d’entraîneur à Gaillac est appelé par Montauban. «Je cherchais un co-entraîneur pour s’occuper des avants», explique-t-il. Un ami commun les met en contact. « Cela a tout de suite fonctionné entre nous», confie Labit qui, huit ans après, sait exactement à l’avance ce que son compère va dire et inversement. Et le club de Sapiac a touché le gros lot. Il retrouve le Top 14 et ne cessera de progresser jusqu’au départ de ses deux entraîneurs vers Castres. Le président Pierre-Yves Revol a eu du flair, alors que le CO se débattait dans les profondeurs du classement et cherchait l’équilibre. «Nous sommes arrivés à Castres il y a quatre ans, pour apporter de la stabilité. Le président ne voulait plus voir le club faire le yoyo et de notre côté, on a vite senti le potentiel des joueurs qui végétaient un peu », affirment les coachs qui ont préféré cette étape castraise dans leur carrière pour ne pas se brûler les ailes alors que de grosses cylindrés leur faisaient déjà les yeux doux.
 
/ Photo DDM
 
Le sérieux et l’humour
L’humilité fait partie de leur méthode qui a métamorphosé le CO qui va jouer quatre phases finales de suite sous leur commandement. Rigueur, état d’esprit, goût du travail bien fait, ils montrent l’exemple aux joueurs qui ne peuvent qu’adhérer à leurs discours cohérents et francs. Sachant alterner le sérieux et l’humour, ils ont su créer un groupe solidaire, homogène et décomplexé qui va aujourd’hui tenter de décrocher le Brennus. «Par crainte d’un discours usé auprès de joueurs qu’ils entraînent depuis longtemps», les deux hommes ont décidé de rejoindre le Racing Métro la saison prochaine. Un vrai défi pour le duo qui va passer du confort de l’ombre de la sous-préfecture tarnaise à la pression de la lumière de la capitale. Mais la remise en question permanente est le secret de leur succès. Les deux hommes voient deux fois par un «coach pour les coachs», l’ancien basketteur Richard Bador qui a aussi de grands patrons parmi ses clients, pour faire évaluer leur travail et faire évoluer leur «couple». «On se met à nu avec lui tous les 6 mois», lâche Labit.
 
/ Photo DDM, Emilie Cayre
 
CV Express :
Laurent Labit > 45 ans. Joueur au poste d’arrière : Castres (1987-1996), Colomiers (1996-1999), Béziers (1999-2002), Bordeaux-Bègles (2002-2003), Gaillac (2003-2004). 
Entraîneur : Montauban (2004-2009), Castres (2009-2013)
Palmarès : champion de France avec le CO en 1993
 
Laurent Travers > 44 ans. Joueur au poste de talonneur. Sarlat, Brive.
Entraîneur : Clermont (2001-2003), Montauban (2004-2009), Castres (2009-2013).
Palmarès : champion d’Europe avec Brive en 1997.
 

/ Photo DDM, Emilie Cayre
 
© Laurent Frezouls
 
 
 
© Laurent Frezouls
 
© Laurent Frezouls
 

 
 
 
(Articles : La Dépêche du Midi + Photos FB / CO)


 

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