Bien de chez nous

Cèpes & Champignons - 2

Publié le 04/10/2007 07:58 - Modifié le 09/10/2007 à 14:57 | Jean-Marie Decorse

Champignons : il faut payer pour ramasser

Lassé de voir ses parcelles investies par les cueilleurs, un groupement forestier privé a décidé que l'accès serait désormais payant. Dans la Montagne Noire, la mesure ne passe pas...

Et voilà maintenant qu'on veut taxer la cueillette des champignons en obligeant les habitants à acquitter un droit d'accès dans les forêts privées. Au pays des ceps et des cèpes où les cultures et les récoltes ancestrales s'accommodent mal d'un surcroît de réglementation, l'affaire est plutôt mal vécue. La révolte est née d'un courrier expédié le 12 juillet par Francis Fouet, le président du groupement interdépartemental de propriétaires forestiers et agricoles, dont le siège est à Montjoie-en-Couserans (09). Dans cette lettre, on apprend que « suite à la cueillette illicite et à la revente de champignons sur les propriétés adhérentes du groupement, ces territoires seront interdits d'accès ». Mais surtout, Francis Fouet souligne qu'une dérogation sera accordée aux habitants desdites communes à condition qu'ils acquittent un droit fixé à 50 euros (réduit à 25 euros après une lettre adressée par le conseil général de l'Aude). Un montant élevé, justifié par l'emploi de gardes forestiers salariés et la mise en place d'une signalisation sur les propriétés où prolifèrent le cèpe, la girolle, le pied-de-mouton, le rousillous…

Un impôt de plus

Lassé de voir ses parcelles investies par des collecteurs de champignons, le groupement a instauré cette sorte de péage qui autorise toute intrusion sur des terres non domaniales. En somme, un permis de ramassage au cœur de la Montagne Noire, sur 2 240 hectares répartis dans le massif du Sambres et la forêt royale de Gramentes.

Mais le maire et conseiller général de Roquefèrre n'apprécie pas. Francis Bels est même disposé à porter l'affaire en justice : « La population locale déplore de devoir de payer une carte pour exercer une activité traditionnelle dans le pays. Nous voulons la gratuité pour nos administrés ». L'élu rappelle au passage que ces forêts, au moment où elles ont été plantées, avaient bénéficié de subventions. « Les propriétaires se sont même vu exonérer de taxe foncière pendant 30 ans. Un effort budgétaire supporté par les habitants eux-mêmes », ne manque pas de rappeler l'élu Audois

« Affaire privée, on n'a pas à s'en mêler »

L'initiative relève d'un groupement interprofessionnel », souligne Françoise Rey-Reynier, directrice de cabinet du préfet de l'Aude. Ici comme ailleurs, c'est la règle des 5 kg par personne et par jour qui prévaut, sans dérogation possible. « Ce n'est pas en plein Grenelle de l'environnement qu'on va autoriser la cueillette dans des quantités déraisonnables. Il s'agit bien de préserver la reproduction des champignons », poursuit la représentante de l'État. Mais alors, des contrôles sont-ils opérés ? « Pas par nos services, on est trop peu nombreux », précise la direction de l'Agriculture et de la Forêt.

La guerre des champignons est rallumée, et elle est d'autant plus exacerbée cette année que le précieux végétal se ferait rare dans certains départements.

Un cas qui est loin d'être isolé

« D'accord, il faut condamner les ramassages collectifs organisés, mais faire payer des habitants qui ont cueilli des champignons toute leur vie, c'est tout de même un comble… » Jean-Claude Sibaud, premier adjoint de la petite commune de Saint-Alyre d'Arlanc, dans les Monts-Forez, a eu beau protester pendant des années, lancer plusieurs recours, rien n'y a fait. La mesure a fini par s'imposer. Les propriétaires se sont regroupés en association pour réglementer la cueillette. Résultat : les habitants de cette petite commune du Massif Central doivent adhérer à l'association et payer 15 € par an pour continuer à « champignonner ». Il faut dire qu'à Saint-Alyre, le champignon est tout un symbole. L'activité économique repose sur les deux sociétés concurrentes, Chapivradois et Mondiacèpes.

La décision prise par les propriétaires de la Montagne Noire est donc loin d'être un cas isolé. La mesure pourrait même s'étendre puisqu'elle aurait, dit-on aussi, des vertus écologiques en contribuant à réguler la cueillette dite sauvage.

Revente de cèpes: un marché juteux

Comme tous les Ariegeois, Michel est génétiquement programmé pour « aller aux » cèpes. Chaque année, il fait des cartons, surtout les années fastes… comme 2006.

La chasse, la pêche, le jardin potager et fruitier, le poulailler, font partie des bonheurs simples de la vie qu'il n'échangerait pour rien au monde.

Parmi les hobbies de cet ouvrier à la retraite : la pétanque et la cueillette quotidienne des cèpes quand la saison est bonne. Et dans ces deux domaines, Michel excelle. Cèpes tôt le matin, pétanque l'après-midi. Et entre les deux ? La réalisation de quelques conserves qui tapissent l'énorme garde-manger familial et le porte-à-porte pour revendre sous le manteau à un prix très avantageux quelques cagettes de beaux champignons à des marchands de légumes ou à des restaurateurs. « L'année dernière en un mois, je me suis quadruplé la retraite ».

de 400 à 600€

Tout aussi juteuse, la revente des cèpes à un collecteur peut rapporter 400 à 600€ à un bon ramasseur capable de cueillir 40 à 50 kilos en une seule matinée. La société «Meyer champi», qui revend ses champignons à Rungis, travaille avec des collecteurs du cru. Les cèpes revendus à Rungis viennent de nombreux départements du Grand-Sud, d'Auvergne, des Vosges, des Ardennes et de Sologne. « On installe dans les bois des panneaux indiquant les cèpes qui nous intéressent (blanc, jaune et vert) et le lieu de la collecte. Les ramasseurs sont des gens comme vous et moi. On leur achète les cèpes entre 6 et 15 € le kilo. On fait ça tous les jours pendant la saison. »

Mais qu'elle soit hyperlucrative pour les uns ou considérée comme un pur plaisir pour d'autres, la saison du cèpe tarde cette année. Le vent d'autan, la terre asséchée, c'est pas bon pour les cèpes. Sébastien, de «Meyer Champi», ne désespère pas. « La saison, c'est en octobre. »

N'empêche, comme le disent les chercheurs en restant très vagues sur leur « spot » de champignons : « Il s'en est fait ». Et il s'en fera. Affaire à suivre.

Martine Cabanne

  

Publié le 12/10/2006 10:26 | LaDepeche.fr

 Les bois et les forêts à champignons
autour de Toulouse

La cueillette devient plus incertaine en montagne où le froid arrive. En revanche, en plaine, elle commence à peine sur les coteaux de la Ville rose et dans les forêts de la région.

Dans la forêt de Bélesta (Ariège) la température ne dépasse pas 4 à 5 degrés au lever du jour. Autant dire qu'il fait maintenant trop froid pour les cèpes, ou pour la lépiote des Pyrénées. Les mycologues classent ce champignon de couleur roussâtre dans la catégorie des champignons douteux. Il faut le savoir car il pousse en montagne et aussi en plaine. Pour revenir aux espèces comestibles, c'est trop tard pour les Pyrénées mais le bon moment pour la cueillette dans la région toulousaine, c'est-à-dire bois et forêts dans un rayon de 50 km de la Ville rose. La période favorable se situe en plaine entre la mi-octobre et la fin novembre. Idem sur les versants méditerranéens de la Montagne Noire entre le Tarn et l'Aude où le réchauffement climatique retarde de plusieurs semaines la cueillette selon les spécialistes.

OÙ CHERCHER ?

Les connaisseurs gardent leurs habitudes dans les forêts de châtaigniers de Saissac et de Castans, dans l'Aude, à 30 km de Carcassonne. D'autres préfèrent les Monts de Lacaune ou la forêt de la Grésigne dans le Tarn. On peut trouver son bonheur plus près, dans la forêt de Bouconne (Haute-Garonne) en direction d'Auch. C'est la forêt domaniale la plus proche de Toulouse (entre 20 et 30 km) et la plus fréquentée. On y ramasse des fausses girolles comestibles en juin, et des bolets jaunes, et des lactaires délicieux en ce moment. Au Sud-Ouest de la Garonne, les cèpes sont parfois abondants dans les bois de chênes et de charmes dans la zone des sources des affluents du Touch, près de Bragayrac, en particulier dans « le bois de Saint-Thomas ». Mais beaucoup de bois de ce côté-là sont privés et une autorisation est obligatoire, contrairement aux forêts domaniales où une tolérance est accordée aux cueilleurs. Citons aussi le bois de Saint-Geniès Bellevue dit Bois de Preissac. Ce bois de feuillus est situé au Nord est de Toulouse et à moins de 15 km du centre ville. Les habitués y cherchent depuis des lustres bolets russules et lactaires délicieux. La forêt de Rieumes entre Lombez et Muret est connue des chercheurs de cèpes ; la forêt de Buzet pour les russules à partir de mi-mai et également les cèpes en automne ; celle de Montech, à 50 km de Toulouse dans le Tarn et Garonne est constituée de conifères et de chênes comme la forêt de Bouconne. Elle est surtout fréquentée par les Montalbanais. Les coulemelles y sont parfois très abondantes en octobre.

Andrée Brassens

Les quatre saisons de la cueillette

Au printemps, la morille délicieuse

De petite taille la morille délicieuse ou morille noire exhibe un chapeau de 4 à 6 cm de hauteur avec des alvéoles allongés. La morille délicieuse, la meilleure des morilles, se trouve en moyenne montagne et surtout en lisière de feuillus et de conifères et il faut la chercher en mars en plaine et en avril en montagne.

En été, le lactaire délicieux

On le trouve dans les forêts de pins et les endroits humides. C'est l'un des comestibles les plus recherchés (avec la girolle de juin à septembre) pour sa chair ferme qui exhale un parfum fruité. On peut le conserver dans du vinaigre et l'utiliser comme condiment.

En automne, le cèpe de Bordeaux

De la fin de l'été à l'automne sa vraie saison, le bolet comestible ou cèpe de Bordeaux avec son chapeau en forme de bouchon de champagne est un champignon de premier choix qui pousse dans les bois de feuillus, en plaine, et sous les chênes et les hêtres. En montagne on le trouve à l'abri des épicéas. Sa chair épaisse et ferme devient vite véreuse. Il faut le cueillir jeune.

En hiver le pied-de-mouton

On le trouve aussi en été, et en automne et jusqu'aux premières gelées. Il aime les feuillus et les conifères et il colonise tous les sols.

Un bon conseil

L' amanite phalloïde se reconnaît à son chapeau typiquement vert olive, finement strié de fibrilles rayonnantes mais la réalité est plus complexe car il existe des exemplaires tirant sur le jaune, voire même le blanc.En dépît de son aspect engageant , surtout n'y goûtez pas.Ce champignon est mortel comme l'amanita verna, une amanite qui pousse dès le printemps et aussi en été et en automne dans les sous-bois calcaires, les taillis et les côteaux ensoleillés. L'amanita virosa ou amanite vireuse au chapeau campanulé se trouve dans les bois humides de hêtres ou de sapins et est également mortelle.

On pourrait en citer d'autres mais la liste serait trop longue. En cas de doute, il vaut mieux se tourner vers son pharmacien ou consulter le Centre antipoison et de Toxico-vigilance de Toulouse. Ce service assure une information médicale par téléphone 24 heures sur 24. (Centre antipoison et de Toxico vigilance de Midi-Pyrénées, Hôpital Purpan (place du Docteur Baylac) à Toulouse, Tél. 05 61 77 74 47).

Cultivez vos cèpes

On prend des glands de chêne dénommés «Quercus Pubescent». On stérilise. On ajoute un substrat au PH plus acide, appelé « La motte Melfert ». Les glands germent et on amalgame dans la motte de la semence de cèpe. Tout ceci se passe dans une serre stérile, protégée des vents et des pollens.

La première étape de la culture du cèpe dure une année et est expérimentée à Montauban (Tarn et Garonne) par des trufficulteurs. Avant de commercialiser le procédé, il se passera beaucoup de temps.La première récolte est annoncée dans dix ans.

 

Publié le 18/09/2003 | LaDepeche.fr

Sale temps pour les champignons

La sécheresse a considérablement réduit
les zones de cueillette

Demander à un chercheur de cèpes de dévoiler son « coin à champignons » tient de l'exploit. Autant essayer d'apprendre la brasse papillon à une enclume. Il règne sur la cueillette des champignons cette part de mystère qui sied aux sociétés d'initiés. A fortiori cette année, fort peu généreuse pour les mycophiles.
 
Publié le 10/01/2003 | LaDepeche.fr

Principale raison de cette dèche : cette maudite sécheresse. « Le biotope a été considérablement modifié cette année », constate Gérard Bénichou, secrétaire général de la Société mycologique de l'Aude. C'est que le champignon, voyez-vous, préfère les sous-bois humides aux garrigues craquelées par le soleil. Monsieur Champi aime les milieux humides. Alors, entre les fortes chaleurs du mois d'août et les faibles pluies de cette fin d'été, le mycélium (1) s'est lyophilisé. Par endroit il a même été complètement détruit.

Résultat : les cueilleurs ont beau s'équiper de l'accoutrement idoine -bottes Aigle, chapeau de paille, panier d'osier-, ils rentrent la plupart du temps bredouilles à l'heure de Télé Foot. En deux ou trois sorties, Gérard Bénichou a ramassé quatre bolets. Une misère...

Roger, qui pousse le secret jusqu'à taire son nom, consent à dire qu'on trouve cèpes, giroles et rousillous du côté d'Axat, en ce moment. Son coin préféré ? « Vers Font-Romeu... » lâche-t-il quand même sous la torture sans plus de précisions. « Et encore, cette année il n'y en a vraiment pas beaucoup. Il faut monter à plus de 1.700 mètres pour en débusquer quelques-uns ».

MIJANES, AXAT, LES MARTYS...

En cette année sans champignons, la concurrence est d'autant plus rude. Les connaisseurs filent du côté de Mijanès, aux confins de l'Aude et de l'Ariège. D'autres ont leurs habitudes en Montagne Noire, aux alentours des Martys. « Attention ! prévient Gérard Bénichou. Le champignon est une vraie petite mine à recycler. Il concentre notamment la radioactivité ». Allusion aux présomptions de pollution au radon dont souffre la montagne Noire... « Un champignon a priori sain peut devenir toxique », prévient-il.

Les néophytes peuvent toujours se procurer le très utile « Où trouver des champignons? du Comminges aux Corbières », le petit ouvrage de Jean Maillat, mycologue averti (aux éditions Cépaduès).

Autre conséquence de la pénurie : les prix ont tendance à augmenter sur les marchés. On a ainsi pu constater des prix voisins de 30 € le kilo pour des cèpes de qualité médiocre importés de départements lointains.

L'avantage, remarque, c'est que l'arrêté préfectoral limitant à cinq kilos la cueillette maximale ne risque pas d'être transgressé...

Du coup, si tu voulais inviter les copains à partager une omelette aux cèpes, il ne te reste plus que les oeufs. Pour pleurer.

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(1) Le mycélium est l'appareil végétatif des champignons, formé de filaments souterrains et ramifiés. Leur matrice, quoi...

Jean-Louis DUBOIS-CHABERT.

Bien identifier les champignons

Certains champignons ont des noms rigolos, mais tous ne sont pas comestibles. Evidemment, les amateurs reconnaissent immédiatement un cèpe, un bolet, un rousillous ou une girole. Mais qui vous dit que l'amanite, l'entolome, le géoglosse, le clitocybe, la russule, l'hygrophore, la psathyrelle, l'helvelle ou le marasme ne sont pas vénéneux, hein? hein?

Radioactivité : faut-il avoir peur ?

Après les révélations sur la Montagne noire

Après les révélations de l'étude menée par le Criirad (1) sur la présence d'un fort taux de radioactivité dans la montagne Noire, une question se pose de façon plus aiguë encore : les taux importants de césium 137 mesurés dans le sol sur trois zones du massif peuvent-ils causer des problèmes de santé ?
 

Publié le 27/09/2002 | LaDepeche.fr

Les cueilleurs de cèpes
sous haute surveillance

La gendarmerie rappelle la législation

Depuis deux ans maintenant, la préfecture du Tarn a mis l'accent sur la prévention et l'information concernant la réglementation de la cueillette des cèpes et plus généralement des champignons dans les forêts sud-tarnaises. L'arrivée sur le marché d'acheteurs grossistes, mais aussi le nombre grandissant de cueilleurs dits « semi-professionnels » a conduit les autorités à simplement rappeler la loi existante et notamment le code rural, dont l'arsenal juridique est suffisamment complet pour fixer des limites aux ramasseurs trop tentés par une manne financière facile.

(Suite de l'article en bas de page : pb technique !) 


Publié le 05/10/2001 | LaDepeche.fr

Les cèpes attendent la pluie pour sortir

Pour l'instant, ce n'est pas encore la cueillette miraculeuse

 

Rien à faire ! Pour l'instant, les cèpes restent sous terre. Planqués, cachés, repliés sous la mousse. Tout ça, c'est la faute au soleil. Ou plus exactement, au manque de pluie.

A travers toute la région, des Causses du Quercy jusqu'aux Pyrénées, les coins à cèpes n'attendent qu'une seule chose : de l'eau ! Un bon arrosage qui ferait lever cette armée de carpophores, si convoités des poêles et poêlons.

Dans le Lot, pas le moindre bolet à l'horizon, tant dans la Bouriane, du côté de Gourdon, que dans le Ségala, dans les contreforts du Cantal. Même chose dans le Gers, sec comme tout, et dans l'Aveyron, d'ordinaire plus humide. Dans les Hautes-Pyrénées, « il manque au moins 40 mm d'eau dans une plaine à la limite de l'état de sécheresse » se plaignent les adeptes. En revanche, sur les flancs de montagne qui bénéficient de l'apport d'humidité, les cueilleurs ont eu plus de chance le week-end passé.

REGLEMENTATION PLUS RIGOUREUSE

Enfin, le week-end dernier, les promeneurs tarnais ont réalisé leurs premières véritables prises. Dans la Montagne Noire, les premiers paniers sont restés modestes mais de Murat à Lacaune, d'Anglès à Brassac, les cueillettes ont été plus fructueuses.

Pas beaucoup de cèpes donc, et une réglementation toujours plus rigoureuse. Par exemple, les Monts de Lacaune sont devenus des terres de prédilection pour les chercheurs de champignons et de cèpes en particulier. Ces dernières années, quelques grossistes se sont même installés à Lacaune ou Murat.

Ainsi, les brigades de gendarmerie sud-tarnaises traquent les abus de quelques chercheurs malveillants ou « semi-professionnels ». La maréchaussée surveille de près le respect des règles de stationnement sur les chemins ruraux, la dégradation des lieux et surtout la limitation des prises. Sur les forêts domaniales en effet, la tolérance en vigueur est de 5 kg par personne et par jour. Partout ailleurs, il faut obtenir l'autorisation du propriétaire de la forêt pour ramasser. Sinon, cela peut être l'amende...

Idem dans l'Aude : un arrêté préfectoral, datant de 1996, stipule que la cueillette ne doit pas dépasser 5 kilogrammes par personne et par jour. En Ariège, pas plus de 3 kilos.

Sur le plateau de l'Aubrac, en Aveyron, les gendarmes ont interpellé des ramasseurs de champignons. Oh, ils n'avaient pas dépassé les cinq kilos. Simplement, ils cueillaient du psilocybe, un champignon aux vertus hallucinogènes qui se plaît sur le plateau du nord de l'Aveyron !

De nos rédactions départementales.

 

Biscarosse : les secrets de la boletière

Rien n'est plus mystérieux qu'un champignon. Alors que l'on sait mijoter des tomates imputrescibles ou du maïs qui donne la colique aux insectes, on ne sait presque rien du cèpe...

« J'ai créé un site expérimental » explique Frédéric Placin. Ce chercheur au CNRS de Bordeaux, passionné de champignon, a acquis trois hectares clôturés, non loin de Biscarosse. Il l'a nommé « Bolétière expérimentale du Bosque ». Et là, depuis cinq ans, il étudie l'étrange vie des bolets.

« Je travaille essentiellement sur le cèpe de Bordeaux, le Boletus Edulis, une espèce noble ».

On sait que pour que le cèpe se développe, il doit être associé à un arbre: chêne, châtaignier...

Ensuite, c'est là que tout se complique. Il doit y avoir une symbiose entre le champignon et l'arbre. Que l'arbre accepte cette « mycose ». Et que le champignon jette son dévolu sur cette essence. Une alchimie presque amoureuse, un entortillement de radicelles souterrain qui va produire le délicieux carpophore, qui transcende nos omelettes...

« C'est une collaboration parfaite : le champignon vient aider l'arbre en remontant de la terre de l'eau et des sels minéraux. Il agit comme une racine supplémentaire. L'arbre lui, va offrir au champignon des sucs. »

L'on sait qu'il faut que l'arbre ait déjà une dizaine d'années pour accepter des cèpes. Et ensuite ?

« Nous commençons tout juste à comprendre le comment et le pourquoi de la pousse des champignons, avoue Frédéric Placin. Mais on est encore très loin de savoir comment les faire pousser à coup sûr. Il faudra à mon sens encore une dizaine d'années avant de réussir à les domestiquer. »

On garde la persillade au frais...

Dominique DELPIROUX

 

Vaïssac, capitale attitrée

Connaissez-vous Vaïssac? Non? Eh bien c'est la capitale tarn-et- garonnaise du cèpe. Elle voue au noble champignon un amour immodéré. A telle enseigne, que le maire a fait ériger, devant la maison commune, une énorme sculpture en bois de plus de deux mètres de haut représentant un cèpe. Ici, la « tête de nègre » est sous haute surveillance. Un arrêté municipal orchestre à la baguette le bal magique et imprévu de la cueillette et de la vente. Le maire ne veut plus, comme par le passé, arbitrer les bagarres, les crevaisons de pneus et autre agressions qui empoisonnaient l'air de la commune.

Les propriétaires de bois des six communes alentours ont désormais une carte qu'ils peuvent prêter à des parents ou à des amis quand ils sentent que l'heure de la grande rafle est arrivée. Mais tous les autres habitants, touristes ou voisins, sont interdits de cueillette. La revente aussi est interdite. Le garde-champêtre, rodé à toutes les vieilles recettes de resquille, veille et, à l'occasion, verbalise cher.

Les propriétaires de bois, veilleurs de nuit comme de jour sur ce capital naturel dont ils font leurs choux gras, avertissent le maire quand il y a des champignons en quantité. En cas de forte poussées, qui peuvent parfois atteindre plusieurs tonnes, le maire ouvre alors le marché toujours annoncé le jour même par « La Dépêche », selon un rituel parfaitement respecté. C'est toujours à 17 heures, n'importe quel jour dans la semaine, au coup de sifflet du premier magistrat, avec une fourchette de prix pré-établie pour réguler le cours, et jusqu'à épuisement des stocks. Hier après-midi, la mairie de Vaïssac confirmait: « Il n'y a pas de cèpes. Il n'y aura pas de marché ces jours-ci. ».

Mais attention, le jour où la pluie viendra... Ce sera la ruée.

Guy REVELLAT.

Cueillette citoyenne !

Ramasser des champignons, oui! Mais pas n'importe comment. Pour être un ramasseur citoyen, suivons donc les indications pertinentes relevées dans un arrêté préfectoral de l'Ariège.

On ne cueille pas les champignons la nuit.

On utilise exclusivement le couteau permettant de préserver le pied et interdiction de tout autre outil.

On s'interdit de détruire de façon systématique et volontaire les champignons (toutes espèces) non récoltés!

Et on évite l'emploi de tout véhicule hors des voies ouvertes à la circulation publique

A quoi on peut rajouter qu'il faut respecter les clôtures et les haies.

Attention : un peu partout, les gendarmes veillent et pourront vous rappeler à l'ordre !

 

Publié le 24/09/2000 | LaDepeche.fr

Cèpes : la ruée vers l'or des montagnes

Monts de Lacaune

Depuis une dizaine de jours, les cèpes sont de sortie ! Il s'en ramasse de bonnes quantités notamment dans les Monts de Lacaune. De quoi attirer de nombreux candidats à la cueillette des bolets qui peuvent rapporter de substantiels appoints de revenus aux plus vaillants.

Dans les Monts de Lacaune, sur les cantons de Brassac à Murat en passant par Anglès ou La Salvetat, on entretient une véritable culture de la cueillette des champignons. Comme chaque année, depuis la fin août, la question sacrée circulait comme on surveillerait la naissance d'un bébé : « Alors, ils sont sortis ? » A point nommé, il y a une dizaine de jours, la poussée mycologique est enfin arrivée. Les cèpes sont bien sortis sous les forêts de résineux et il s'en ramasse déjà de jolis paniers.

Très fermes et de bonne qualité

Aux côtés des vrais amateurs, ceux qui ne cherchent qu'à remplir une belle poêlée aux senteurs d'automne, les cueilleurs « semi- professionnels » qui ont aussi fait leur arrivée dans la montagne tarnaise.

A Murat-sur-Vèbre, Paul Rouquette, grossiste en fruits et légumes depuis 50 ans, achète tout au long de la saison de grandes quantités de champignons : « Il manque encore un peu de pluie mais la saison a commencé normalement. Les cèpes qui nous sont apportés par les ramasseurs sont de très bonne qualité, très fermes, même s'il y a encore un peu trop de petits calibres. » Jusqu'à fin novembre, la poussée des cèpes attire de nombreuses personnes qui cherchent à compléter leurs revenus. « On trouve dans les bois des chômeurs, des retraités ou même des gens qui travaillent ou prennent leurs vacances spécialement pour les champignons » assure un Muratais.

De 40 à 60 F le kilo

Car l'apport financier de la cueillette peut être conséquent : les précieux champignons sont achetés, en fonction du marché, de 40 à 60 francs le kilo. Paul Rouquette donne un exemple : « Avant hier, une famille m'a apporté 40 kilogrammes de cèpes superbes. De vrais connaisseurs ! » 2000 francs de gain pour une rude journée passée à galoper les bois pour trois personnes : de quoi arrondir les fins de mois...

« Il n'y a pas de règle, ajoute Paul Rouquette, mais un homme seul peut ramasser une moyenne de 5 kilos par jour. » Le grossiste tient à préciser: « Il ne faut pas interdire cette commercialisation. Cet argent profite souvent à des gens qui ont de faibles revenus. Et puis, il faut être vaillant et aimer ça ! » A Lacaune, ils sont quatre acheteurs à avoir désormais pignon sur rue. Geneviève Vialade en fait partie : « Les ramasseurs sont souvent des gens du pays ou du moins de la région. Mais personne ne pose trop de questions. Nous achetons légalement les cèpes que nous vendons ensuite sur les marchés de gros. » On retrouvera les cèpes de la montagne lacaunaise sur les étals des primeurs et des épiciers un peu partout en France et même à l'étranger comme en Italie par exemple ou ils sont appréciés pour leurs qualités gustatives et de conservation.

De savoureux bolets dont la destination finale, au creux de l'assiette, vient indiquer que l'automne est bien arrivé.

Jean-Marc GUILBERT.

Les Laotiens ne sont pas les plus nombreux

Parmi les nombreux ramasseurs de champignons, notamment dans le secteur Lacaune-Murat, on rencontre un certain nombre de personnes d'origine laotienne. Si la rumeur publique fait parfois référence à une « invasion » de cueilleurs asiatiques, la réalité est sans aucune mesure avec les « on dit ».

Geneviève Vialade, grossiste à Lacaune explique : « Ces rumeurs sont colportées par ceux que cela dérange. Sur dix personnes qui nous apportent des cèpes, il y a peut être une personne d'origine asiatique dans le lot. Et encore. » Paul Rouquette va même plus loin: « Ce sont des gens travailleurs, très discrets et qui connaissent bien les champignons. Mais ils ne sont pas aussi nombreux qu'on le raconte. » En fait, dans les années 80, lors de l'arrivée importante de réfugiés laotiens en France, un certain nombre d'entre eux se sont implantés dans les monts de Lacaune pour travailler dans la salaisonnerie.

Depuis, beaucoup de familles ont quitté le secteur mais quelques unes sont restées. Parmi elles effectivement, certaines reçoivent quelques concitoyens à l'occasion de la poussée des champignons.

Pour témoin cette famille de quatre personnes laotiennes arrivée jeudi de Toulouse et rencontrée à Lacaune sous le sceau de l'anonymat : « Nous sommes chez ma soeur pour deux jours seulement. Nous avons ramassé très peu de champignons aujourd'hui. C'est très dur mais nous aimons ça. »

 

Publié le 03/10/2000 | LaDepeche.fr

Tarn : Pas de réglementation
pour les champignons

La préfecture du Tarn ne réglementera pas la cueillette des champignons dans les forêts domaniales contrairement à sa voisine de l'Hérault. Alors que les paniers de cèpes se remplissent sous les bois et que les dernières pluies laissent présager une bonne reprise des poussées mycologiques, les maires des communes de la Montagne Noire et en particulier ceux du canton de Murat-sur-Vèbre avaient saisi le préfet Michel Jau au printemps dernier pour limiter la cueillette.

Les élus locaux craignent en effet les dégradations sur la forêt, certains chapardages liés à la cueillette et surtout les excès de certains « cueilleurs professionnels ».

Sur les raisons précises de son refus la Préfecture n'a pas fourni d'explications. Un technicien de la Direction Départementale de l'Agriculture et de la Forêt précise cependant: « Un arrêté préfectoral qui règlementerait la cueillette dans les forêts privées ou domaniales pourrait être considéré comme une forme d'ingérence. D'autant que les champignons ne sont pas des espèces menacées de disparition. En l'absence d'arrêté, c'est le code rural et le code forestier qui s'appliquent de droit. La cueillette est tolérée partout mais en principe reste soumise à autorisation du propriétaire de la forêt. »

Cela dit, l'industrie de la cueillette dans la montagne noire pourrait subir un sérieux coup d'arrêt, sauf en zone de châtaigniers. Les forêts de sapins produisent beaucoup de cèpes tant que les arbres sont vieux de 10 à 25 ans. Au delà, la nature des sols se modifie et les poussées se font plus rares. Or très peu d'arbres ont été plantés depuis 25 ans. »

 

Publié le 19/08/1999 | LaDepeche.fr

 Des cèpes comme s'il en pleuvait

Une brusque et exceptionnelle poussée

Les orages et la chaleur ont donné lieu à des poussées de cèpes pour le moins surprenantes en plein mois d'août partout dans la région. Résultat : du monde dans les bois et autour des étals.

Ils ont fait une première apparition la semaine dernière sans doute. Furtive. Bien gardée dans le secret des fonds de bois.

Et puis, c'est comme à chaque fois. Le bouche à oreille, les conversations sous cape, bien à l'abri des regards indiscrets, ont fait le reste. Le roi des champignons, d'habitude dans les forêts en septembre, voire en octobre, a bousculé toutes les convenances et se ramasse depuis à la pelle, ou presque. Paniers, couteaux et cabas ont tôt fait de ressortir des placards, provoquant cette fièvre de chercheur d'or propre au Sud-Ouest.

Tous les experts en mycologie sont unanimes : cette pousse précoce est due à la conjugaison, subtile alchimie, des orages, d'un été pluvieux et de fortes chaleurs, favorisant de manière exceptionnelle la fermentation dans les sous-bois.

Revue de détail dans les départements.

- Ariège : Les amateurs se pressent nombreux, depuis déjà dix jours, sur les quelques lieux stratégiques du département, comme par exemple la forêt de Bélestat en plein coeur du Pays d'Olmes.

Les prix de vente tournent actuellement autour de 100 francs le kg, mais devraient baisser.

- Aude : La saison a démarré sur les chapeaux de roues, et s'annonce particulièrement fructueuse.

Dans certains coins des Corbières occidentales, des amateurs auraient trouvé jusqu'à 40 ou 50 kilos de cèpes. Il s'en trouve également dans les bois de la Haute-Vallée (Quillan, Limoux) et de la Montagne Noire.

Les prix s'étalent de 60 à 80 francs le kg.

- Aveyron : Les cèpes sont légions et l'on annonce des records. Les paniers de plusieurs kilos sont monnaie courante ; à tel point que l'on parle de coffres de voiture remplis. Du côté de Saint-Affrique, dans le vallon de Marcillac et dans la fructueuse vallée de l'Aveyron, entre Najac et Morlhon, les voitures garées sur le bas côté sont très nombreuses. Sur les marchés, les cèpes se négocient entre 80 et 100 francs.

- Gers : Surprise générale la semaine dernière dans ce département habitué aux été chauds et secs.

Mais la manne semble se tarir. Vendus en moyenne à 120 F le kilo, les cèpes se font déjà de plus en plus rares.

- Haute-Garonne : L'arrivée précoce des cèpes semble avoir pris de cours aussi bien les gourmets que les négociants. Résultat, l'essentiel de la récolte (dans le Comminges et dans le Volvestre), demeure le fait de promeneurs occasionnels qui négocient leurs paniers au bord des routes ou au gré à gré avec le voisin gourmand. Ainsi, hier matin, au marché de Toulouse-Lalande, 500 kg de cèpes seulement étaient à la vente (contre 3 à 4 tonnes en saison).

En conséquence, les prix au détail vont de 68 à 118 francs le kg.

- Hautes-Pyrénées : C'est le département le moins chanceux : il n'y a guère de cèpes. La poussée du week-end dernier a été relativement limitée, dans le secteur des Baronnies, avec quelques bons coins en altitude dans les environs de Payolle et dans la vallée du Bergons. De ce fait, les cèpes sont plutôt rares sur le marché, avec des prix variant de 100 à 140 francs le kg. A noter la présence de girolles, au prix de 50 francs les 250g.

- Lot : Hier, on trouvait des cèpes à tous les coins d'étals du marché de Cahors. Avec les orages de la semaine dernière, il y a eu une grosse poussée. Du coup, les prix sont à la baisse. 100 F, 80 F, 50 francs le kg selon la qualité et la provenance.

- Lot-et-Garonne : Des terrasses de la Garonne aux confins du Périgord, les cèpes se sont véritablement ramassés à la pelle à tel point qu'avant-hier sur le célèbre marché de Villefranche-dePérigord, les cours étaient dérisoires : 25 à 50 francs le kg ! Depuis la fin de la semaine dernière, la vallée de la Lémance a pris le relais avec une production tout simplement fabuleuse.

- Tarn : Les cueillettes sont fructueuses surtout dans les forêts de la Montagne Noire, des Monts de Lacaune, en bordure de la forêt de la Grésigne ou sur le Ségala.

Côté prix, il y en a pour toutes les bourses : 65 F, 80 F ou 100 F le kg.

- Tarn-et-Garonne : Les cèpes ont fait une sortie en masse depuis quatre jours, plus particulièrement sur le secteur Vaïssac-Monclar de Quercy, où plusieurs centaines de kilos, voire près d'une tonne de champignons ont été ramassés tous les jours. Du coup, le kg de cèpe s'est effondré à 50 francs !

Une collecte qui a ses règles

Certes, la nature appartient à tout le monde, mais les champignons poussant sur des terrains privés, constituent une récolte revenant de droit au propriétaire des bois. Et si nul arrêté préfectoral ne régit ce genre d'activité, comme c'est souvent le cas, le code rural s'applique de manière très claire. «la propriété privée est protégée», même en l'absence de clôture. Et tout ramassage doit se faire avec une autorisation du propriétaire.

Le tribunal de Saint-Gaudens a même estimé en 1981 qu'à défaut de cette autorisation, la qualification de «vol de champignon» pouvait être retenue.

Dans le Gers, les propriétaires d'Ornezan ont mis en place un système de cartes d'une valeur de 50 francs. Dans le Tarn, une douzaine d'associations de propriétaires ont imposé des règles principalement dans les communes de Nages, Saint-Beauzile, Anglès, Puycelsi, Marnaves, Mazamet et Lamontélarié. Certaines autorisent la cueillette en semaine à leurs seuls contribuables moyennant une adhésion (50 F par an) à l'association. Les jours fériés et week-end, la cueillette est autorisée à tout le monde. Une autre association interdépartementale (Tarn, Aude et Haute-Garonne) existe sur la Montagne Noire et réglemente également la cueillette.

En Ariège, la cueillette ne doit pas dépasser trois kilogrammes par personne et par jour, lorsqu'elle est effectuée «par des personnes autres que les propriétaires ou leurs ayantsdroit», et avec autorisation. Dans l'Aude, la cueillette est limitée à cinq kilos de cèpes par jour et par personne. En Tarn-et-Garonne, les propriétaires de bois privés de la région de Vayssac se sont rassemblés au sein d'une association. La cueillette est interdite à moins d'autorisation particulière matérialisée par une carte «accréditive». La cueillette est limitée à trois kilos pour deux personnes. Enfin dans le Lot, des associations de propriétaires pour l'interdiction du ramassage des champignons se sont créées.


Page réalisée à partir du site :

 

 

 

 

Aussi, la compagnie de gendarmerie de Castres et le lieutenant Bourguignon en tête ont réactivé une opération de contrôles et de vigilance afin d'éviter les abus sous les plantations de résineux essentiellement.

Le lieutenant castrais insiste: « Il ne s'agit pas d'ennuyer les promeneurs qui ramassent des cèpes pour une consommation familiale. Mais à partir du moment où les cueilleurs arpentent des forêts communales, domaniales ou privées, ils doivent savoir qu'ils ne sont pas chez eux ».

La règle de base est simple : le produit du sol, le cèpe ou tout autre champignon, appartient en principe au propriétaire du bois où il est cueilli. Généralement, à l'ONF notamment, on considère qu'une tolérance est accordée jusqu'à 5 kg de cèpes par personne et par jour. Mais, dans tous les cas, l'achat de ces produits mycologiques issus d'une terre qui n'appartient pas au ramasseur peut être considéré comme un fait de recel. L'an dernier, la direction départementale de la concurrence et des fraudes (DDCCRF) a diligenté quatre procédures à l'encontre de grossistes installés dans la montagne. De la même façon, la gendarmerie procédera cette saison à une paire de sorties dites « pédagogiques » avec les gardes de l'ONF sur le terrain.

NE PAS SE PERDRE !

Ce qui inquiète aussi les forces de l'ordre, ce sont les abus concernant la circulation et le stationnement sur les chemins forestiers.

L'an passé, les brigades de gendarmerie de Lacaune, Murat et Brassac pour l'essentiel ont effectué de nombreuses rondes pour contrôler et verbaliser les voitures occupant de façon abusive les chemins. Plusieurs procès verbaux ont été dressés là aussi de façon autant préventive que répressive.

Dernier point de prévention soulevé par le lieutenant Bourguignon, les chercheurs imprudents ont tendance à se perdre assez facilement dans les plantations qui peuvent vite se transformer en labyrinthes : « Chaque année, nous déployons à plusieurs reprises des opérations très importantes afin de rechercher des chercheurs de champignons qui se sont perdus. Ce sont des opérations lourdes, qui mobilisent beaucoup de personnel et d'énergie et qui coûtent très cher à la société finalement. Il faut que chacun se sente un peu responsable et ne s'engage pas de façon aveugle n'importe où ! ».

Voilà pour les règles élémentaires. Elles ne doivent pas gâcher tout le plaisir qu'ont de nombreux sud-Tarnais à traquer le bolet sous les sapins. D'autant que si la saison a commencé timidement, les cèpes eux sont toujours autant succulents dans l'assiette!

J.-M. G.

Robert parcourt les bois depuis 60 ans

Robert Houlés réside à Lavalette, commune de Cambounès. Voilà 60 ans qu'il parcourt les bois et les chemins. Rien de ce que la nature peut offrir ne lui est étranger. Au moindre rayon de soleil qui succède à la pluie, il guette la poussée des cryptogames.

Petit panier ou sachet en main, Robert Houlés et son épouse ont pratiquement tous les matins une raison de se mettre en route. « Je viens de ramasser les premières châtaignes sauvages, tout en cueillant plusieurs kilos de mûres, indique Lucette. Des champignons, en tout cas sur notre secteur, il n' y en a pas trop en ce moment ».

« Nous avons eu une sortie il y a une quinzaine ; mais, la plupart étaient véreux, ajoute Robert, pisciculteur à la retraite. Nous partons très tôt le matin, si l'on ne trouve rien, on se régale de marcher dans la nature. Vers 9 heures, on déjeune. Et, s'il fait beau, on amène le pique-nique ».

Voilà si longtemps que Robert cherche (et trouve) les champignons qu'il ne se souvient plus très bien s'il avait 6, 7 ou 8 ans : « Nous habitions Jaladieu, commune de Castelnau de Brassac. Je suivais ma mère, Maria. Nous n'allions jamais très loin ; à l'époque des champignons il y en avait partout.

CHAMPIGNON INCONNU DANS LE TARN?

Je me souviens que mon père, Marcel, en ramenait jusqu'à 20/30 kilos en faisant le tour de la maison ! »

Aujourd'hui, c'est Robert qui instruit la descendance: « Hier encore, j'y ai emmené mon petit-fils, Thomas, 6 ans ; mes petites filles, Marie et Audrey aiment également beaucoup ça. »

Et puis, l'on a beau en connaître un bout sur les pieds de champignons, à plus de 60 ans de cueillette Robert avoue ne pas tout savoir. Ce qui a un côté insupportable pour un passionné. Conscientes sans doute du problème, les filles de Robert lui ont offert un superbe ouvrage à l'occasion d'un Noël. « Tout dernièrement, j'ai découvert un champignon que je n'avais jamais vu dans le Tarn, en forme d'étoile de mer. Je l'ai trouvé dans ce livre. Il s'agit d'un Anthurus d'archer, originaire de Nouvelle-Zélande » (ndlr: effectivement, sa première apparition en France date de 1920, en Savoie).

Chez les Houlés, la prochaine sortie à la conquête des cèpes pourrait bien avoir lieu : « En principe, c'est bon à tous les changements de lune, selon la météo, précise Robert. Sinon, on fera avec des cèpes séchés ». Et de montrer l'un de ses pots : « A l'époque, on les séchait en les piquant sur des branches d'aubépine ou de houx effeuillées ; on les finissait durant les nuits devant l'âtre d'une cheminée. Aujourd'hui, je me contente de les poser sur des cageots... Mais, c'est aussi bon ! »

Ça, on veut bien le croire.

Serge BOULBES

Peut-on notamment continuer à consommer les produits de la Montagne Noire tels que champignons, gibiers, baies sauvages ou à boire de l'eau de ses sources?

A cette question délicate, le directeur du Criirad, Bruno Chareyron dédramatise mais reste prudent : « Personnellement, je crois que je n'hésiterais pas à manger des cèpes cueillis dans cette montagne. Plus sérieusement, il est difficile de donner une réponse précise et fiable. » Pour la Criirad en effet, l'objectif n'est pas d'affoler la population mais plutôt de la sensibiliser: « Des études sont nécessaires pour vérifier si l'on retrouve ces radionucléides dans les produits de la forêt. Pour ce qui est de la randonnée, on peut toujours imaginer un dégagement de rayons gamma lorsqu'on marche sur un terrain contaminé. Mais il faut savoir que, pour notre étude, nous avons recherché volontairement des terrains où les taux sont élevés. Ces points de prélèvement ne représentent pas une moyenne. »

QUI CROIRE?

Les scientifiques ont donc du pain sur la planche. Mais ils ne pourront mener leurs travaux qu'à la condition que collectivités locales et associations les financent. Des moyens réclamés par exemple par Brigitte Desveaux, représentante des Verts en Midi-Pyrénées: « Il faut que l'on obtienne de l'Etat un état des lieux précis de ces questions. C'est une démarche de santé publique. Surtout au moment où s'opérent des recherches de sites pour le stockage de déchets nucléaires. » Sur le dossier de la montagne Noire, l'élue castraise ajoute: « Je connais des personnes qui appliquent déjà le principe de précaution et se refusent à cueillir certains produits comme le thym par exemple. »

De la même façon, les doutes sur le nombre élevé de cancers de la thyroïde dans le Tarn méritent certainement d'être vérifiés. Les données fournies par le Registre des cancers dans le Tarn, organisme chargé de recherche épidémiologique, placent le Tarn en tête (taux d'incidence) des huit départements français où un tel registre existe. Des informations bientôt complétées par des études plus complètes en cours sur l'ensemble du territoire français.

De la même façon, les pêcheurs se questionnent comme l'exprime Daniel Maynadier, chef de brigade au conseil supérieur de la pêche: « A priori, il faut une radiation importante pour que cela affecte les hommes. Mais il n'est pas interdit de penser que la contamination a touché les organismes vivants dans l'eau. Sous réserve de vérifier que les sols sur lesquels coulent les cours d'eau sont également contaminés. »

Plus près encore du problème, à quelques encablures de la forêt de Montaud, l'un des sites de mesure, Marlène et Raoul Durant ne semblent pas pour autant perturbés par les révélations du Criirad: « Nous sommes tout près de Salsigne où l'on connaît déjà des problèmes de radioactivité. Et maintenant, on nous dit que la Montagne Noire est aussi touchée. Comment savoir si c'est nocif pour notre santé ou pas? On attend d'autres informations et en attendant, on profite de cet environnement. » Installés là depuis 20 ans dans un véritable coin de paradis, la famille Durant loue des gîtes et croque sa vie en pleine nature.

Même confiance chez les chasseurs de Dourgne qui connaissent parfaitement les bois de la montagne. André Bezombes, inconditionnel chasseur dourgnol y perd son latin : « Finalement, on ne nous dit jamais la vérité ! Notre inquiétude, c'est de voir aujourd'hui beaucoup de monde s'occuper de la montagne. Après Natura 2000, les éoliennes ou les écolos, voilà maintenant le nucléaire. On va plus savoir où on habite ! Qu'on nous donne enfin des informations officielles. »

A ce propos, la Criirad, très sollicitée depuis la diffusion de son étude, envisage d'organiser une réunion publique. De l'intérêt des sud Tarnais pour cette affaire dépend aujourd'hui la poursuite de la recherche.

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Criirad: commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité.

Jean-Marc GUILBERT.

Quelles études et pourquoi faire?

Pour l'heure, ni les Amis de la terre ni la Criirad, n'ont contacté le parc naturel du haut-Languedoc, mais ce dernier a décidé de prendre les devants et doit aujourd'hui effectuer la démarche. D'ici là et par manque d'information, le parc ne souhaite pas faire de commentaires.

Serait-il cependant prêt à financer des études plus approfondies ? « Il faudrait d'abord savoir ce qu'elles chercheraient à démontrer et dans quel but » rétorque-t-on. Mêmes interrogations pour le maire d'Albine Philippe Barthès: « Financer de nouvelles études? Dans quel but et pour chercher quoi ? En l'état actuel des choses je ne peux pas me prononcer et de toute façon, je dois d'abord en parler avec les conseillers municipaux. Pour l'instant je n'ai pas été sollicité par qui que ce soit et je n'ai vu personne sur la commune effectuer des mesures ou des prélèvements de quelque nature qu'ils soient. »

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