Balade nordique dans
les Monts de Lacaune
Lundi 27 décembre 2010
Vendredi 24 décembre 2010, Graulhet s'est réveillée sous la neige ; mais un redoux en fin de nuit a tôt fait d'éliminer la pellicule blanche des fonds de vallée, celle-ci ne se maintenant qu'au-dessus de 300 mètres environ, comme le montre l'image satellite ci-dessus, prise le dimanche 26 décembre à midi. Cet enneigement modeste en plaine était plus conséquent dans la montagne tarnaise, recouverte par une quinzaine de centimètres en moyenne.
La météo annonçant une journée dégagée mais froide, il était intéressant de profiter du lundi 27 pour une petite balade dans les Monts de Lacaune. Au passage, le village de Lautrec se réveillait lentement sous ses toits toujours enneigés alors qu'une clarté dorée se diffusait derrière la Montagne Noire.
A la sortie de Castres, dès les premières rampes franchissant le plateau du Sidobre les abords immédiats de la route étaient bien enneigés, et par secteurs les engins de déneigement s'employaient à rendre praticables les voies secondaires que l'on avait quelque peu délaissées en ces lendemains de fête.
Dans la traversée de Brassac pas encore baignée par les rayons du soleil, en aval du vieux pont, les eaux calmes de l'Agout étaient entièrement prises par la glace et quelques blocs de neige semblant flotter à leur surface jouaient les icebergs de pacotille.
Le village dépassé, les premières côtes étaient bien croûtées et allaient le rester jusqu'à destination ; heureusement il n'y avait pas de verglas sur la chaussée et en adaptant vitesse et réaction sur les pédales on pouvait circuler sans difficulté majeure.
Au loin sur le côté gauche de la route déjà inondé de soleil le paysage offrait des images de carte postale, avec ses prairies bien blanches et ses arbres toujours enneigés en raison des températures négatives qui avaient suivi la précipitation neigeuse.
Par contre le côté droit était toujours plongé dans l'obscurité, et les jeunes sapins et arbustes divers tapissant les talus ployaient sous le poids d'une bonne couche de neige.
Cette présence de neige sur les voies de circulation ajoutée à la trêve des confiseurs avait incité de nombreux automobilistes à laisser la voiture au garage. Ce sont les poids lourds qui rencontraient le plus de difficulté à se déplacer, et devaient faire appel parfois aux tracteurs de déneigement pour leur permettre de poursuivre leur trajet.
Passé le col de la Bassine (885 m), la route et le paysage étaient toujours figés par la neige. Les travaux de rectification de virages étaient momentanément à l'arrêt, et la descente sur Lacaune s'effectuait tout en douceur.
La capitale tarnaise de la charcuterie, engourdie sous ses toits aux ardoises blanchies, vivait au ralenti et au rythme des chasse-neiges qui dégageaient les rues où les véhicules devaient cohabiter avec les piétons délaissant des trottoirs fort encombrés.
Au coeur de la ville, les eaux des fontaines et bassins étaient elles aussi figées par la température nocturne (-11°) et ce ne sont que des stalactites de glace qui emprisonnaient les cascades habituelles.
Les décorations festives municipales mises en place pour les fêtes de noël en différents points de la localité paraissaient quelque peu désuètes avec leur neige artificielle, que la vraie avait vite reléguée au rang d'inutile accessoire.
Toutefois, sur la Place du Griffoul, les "pissaïrès" de la fontaine implantée par les consuls locaux en 1559, poursuivaient imperturtablement leur mission, rendant ainsi hommage aux vertus diurétiques des eaux du secteur.
Il ne restait plus qu'à rejoindre l'espace nordique du Col de Picotalen (ou Piquotalen) accessible par 6 km de côte, côte dans laquelle quelques poids lourds dépourvus d'équipements spéciaux rencontrèrent des difficultés d'ascension, attendant pour repartir aide extérieure... ou dégel !
Arrivés au parking du col de Picotalen (1004 m), le spectacle naturel était féérique, toute la végétation étant prisonnière de fourreaux de neige givrée ! En regardant en direction de Lacaune, au niveau de la chaussée, la croûte qui la recouvrait commençait à être râpée par places.
En se tournant du côté de La Salvetat sur Agout, le contraste était saisissant entre les endroits qui avaient été touchés par le soleil, et ceux qui n'en avaient pas bénéficié : les arbres givrés faisaient face à ceux dont les branches avaient été débarrassés de leur gangue de neige gelée.
A côté du parking, le long du chemin d'accès à la piste de luge, un tas de grumes attend d'être évacué vers quelque scierie. Autrefois, les bois étaient travaillés directement dans la forêt. Ils représentent maintenant un atout non négligeable de l'économie montagnarde tarnaise.
Pendant les nuits précédentes, la nature s'est ingéniée à réaliser des sculptures de toutes sortes : celles portées par les pins du secteur sont remarquables, et l'on a du mal à imaginer les longues aiguilles doubles qui s'y cachent : ces cônes de neige gelée sont dignes de concrétions d'aragonite dans une grotte.
A l'opposé du parking, le mémorial dressé pour commémorer les combats du Corps Franc de la Montagne Noire contre l'occupant en 1944, est entouré par un magnifique rideau végétal figé par la neige et le froid. Un décor bien éphémère qu'un redoux imminent aura tôt fait de détruire.
Le col de Picotalen constitue le point de départ du secteur de randonnées nordiques des Monts de Lacaune. Un chalet d'accueil, uniquement ouvert quand l'enneigement est suffisant, propose location de skis de fond et de raquettes. Il dispose également d'un point d'appel pour les secours si nécessaire.
Cet espace nordique se compose de trois itinéraires (3,6 km - 7,7 km - 15,9 km) en boucle, dont le balisage permanent permet d'y effectuer des randonnées en toutes saisons. Nous allons nous engager sur la piste de Bel Vespré afin d'alterner passages en forêt puis à découvert.
Selon les endroits, le chemin est recouvert de 5 à 15 cm de neige. Le site ayant été particulièrement fréquenté la veille (un beau dimanche ensoleillé), le parcours est parfaitement damé par les passages répétés de skieurs et de randonneurs pédestres ou en raquettes.
Sur la droite, une vieille plantation aligne ses troncs droits resserrés dans une ambiance très sombre. De fins liserés de neige viennent souligner les branchages, ce qui permet de différencier les conifères à la configuration régulière et répétitive, des feuillus beaucoup plus fantaisistes et contortionnés.
Malgré leur finesse, les branches sont particulièrement chargées, celles des sapins devant supporter une masse de neige plus imposante que les arbrisseaux. Cet imposant saupoudrage est d'autant mieux conservé que ces arbres sont situés hors de portée des rayons du soleil...
A suivre...
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