11 novembre 2012 : Pour ne pas oublier

11/11/2012


		
1 - Grand Sud : 11 novembre 2012
 
PUBLIÉ LE 07/11/2012 09:07  Recueilli par G.D.
 
Graulhet (81) : «Il est essentiel de perpétuer le devoir de mémoire»
 

 
Robert Couzinié, au centre, attentif à l'évolution des conditions d'anciens combattants et des cérémonies.
 
Depuis 50 ans tout juste, Robert Couzinié est adhérent de l'Union Française des Anciens combattants et victimes de guerres, dont il a pris la présidence cantonale en 1994. A 75 ans, cet ancien combattant d'Afrique du Nord, jette un regard averti sur un demi-siècle de commémorations du 11 novembre.
 
Comment étaient les défilés il y a 50 ans?
Il y avait un énorme défilé qui traversait la ville en passant devant le marché de l'ancienne halle. Beaucoup de mutilés de guerre, des résistants, des drapeaux, des pompiers, des porteurs de gerbes et derrière la clique, toutes les écoles. Les instituteurs à cette époque tenaient à ce qui les enfants participent. La population se joignait en masse aux cérémonies.
 

Graulhet : Le monument aux morts devant le Terminus (qui a brûlé), au Square Foch, avant qu'il ne soit déplacé au cimetière Saint-Roch.
 
Aujourd'hui, qu'est-ce qui a changé?
Tout se passe au cimetière devant le monument aux morts. Il n'y a plus de défilé en ville ni de cérémonie sur le parvis de la mairie. Logiquement, les anciens combattants sont de moins en moins nombreux. La population se déplace très peu, il n'y a que les gens qui sont impliqués. Depuis 2 ou 3 ans, il n'y a plus les pompiers, ni leur drapeau, seul un représentant. Les dépôts de gerbes ont aussi diminué en nombre .
 
Ne craignez-vous pas que le 11 novembre devienne un jour férié ordinaire?
Le 11 novembre va être reconnu comme date commémorative de souvenir des morts de toutes les guerres. Il faut y arriver. Bientôt il n'y aura plus d'anciens combattants. Le Souvenir Français qui regroupe plusieurs associations, va assurer le suivi de cette date. Mais demandez à un élève ce qu'est la 8 mai, ou le 11 novembre. J'ai l'impression que dans les écoles, on évoque de moins en moins du générale de Gaulle ou de la Résistance, sans parler de 14-18. Les jeunes pensent au 11 novembre parce que c'est un jour férié, qui peut être un pont de quatre jours. Il est pourtant essentiel de perpétuer le devoir de mémoire .
 
 
PUBLIÉ LE 07/11/2012 09:01  M.L.
 
Albi (81) : 1942, le Tarn entre la milice et les Justes
 

 
Le colonel (h) Claude Guy, créateur de l'exposition./ Photo DDM, J.-M.L
 
La liste égrène 60 noms, 60 Tarnais et autant de Justes qui pendant la deuxième guerre mondiale ont sauvé des centaines de juifs, enfants et adultes. à quelques panneaux de là, au fil de l'exposition du Souvenir français, ouverte depuis hier à la mairie d'Albi, un chiffre : 226 juifs arrêtés dans le Tarn en août 1942.
 
Un autre panneau qui rappelle la vie dans le camp tarnais de Saint-Sulpice où ont transité 4 600 internés dont 846 seront déportés vers les camps allemands.
 
Gérard Farssac, 86 ans, n'a rien oublié de ce temps-là. Celui ou son père, Fernand Farssac, gendarme très bien noté en poste à Lautrec, a pris tous les risques pour sauver de jeunes scouts juifs, réfugiés au château des Ormes à quelques kilomètres de Lautrec.
 
«Un des docteurs du village était inspecteur principal de la milice. Ces gens-là ont commencé à dénigrer les jeunes scouts, à demander leur départ. La gendarmerie devait arrêter une vingtaine de juifs. Mon père a réussi à les prévenir à temps» raconte Gérard.
 
«C'était inacceptable»
 
Quand la menace s'accroit, Fernand Farssac décide de créer un réseau d'évasion, avec des points d'étapes chez des amis sûrs, pour que les jeunes juifs puissent rejoindre Lacaune de nuit par de petits chemins. Il n'y aura pas d'arrestation parmi eux. «Pour mon père, c'était inacceptable» résume simplement Gérard aujourd'hui retraité de l'aéronautique et habitant Albi.
 
«Nous devons transmettre notre expérience» a expliqué hier le Colonel honoraire Claude Guy, délégué général adjoint du Tarn-nord pour le Souvenir français et auteur de cette exposition. En 1942, il y a exactement 70 ans, en France, 42 000 personnes étaient conduites vers une mort certaine en convoi depuis des camps de transit. Dont Brens pour les femmes et Saint-Sulpice, dans le Tarn.
Exposition à voir jusqu'au 17 novembre, salle Jean-Jaurès à la mairie d'Albi, tous les jours de 14 h à 18 h (11 novembre compris). Renseignements au 05 63 49 10 10
 
 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 03:47  
 
Tarn : Les 86 lettres oubliées du poilu
 

 
Alain Suc a retrouvé 86 lettres de son grand-père, poilu, sur le front. / Photo DDM, E S.
 
Dans son grenier, Alain Suc a retrouvé 86 lettres envoyées par son grand-père,Augustin Suc, depuis le front entre 1914 et 1918, à ses parents à Villefranche d'Albi. Une découverte qui témoigne de l'horreur de la Grande guerre.
 

PUBLIÉ LE 10/11/2012 13:40 
 
Les lettres retrouvées d'un Poilu de Villefranche d'Albi
 

 
Augustin Suc a envoyé 86 lettres à ses parents pendant les quatre ans du conflit./ Photo DR
 
A l'occasion du 11 novembre, La Dépêche du Midi vous propose dans son édition du dimanche une page spéciale consacrée à Augustin Suc, un Poilu orginaire de Villefranche d'Albigeois.
 
Durant les quatre ans de la Grande guerre, ce Tarnais a écrit depuis le front, 86 lettres destinées à ses parents.
 
Ce témoignage poignant et exceptionnel sur la vie dans les tranchées a été retrouvé récemment par l'une de ses descendantes. A lire demain dans votre quotidien.

 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 10:02  
 
Villemade (82) : Odile et Claude Prieur se souviennent de leurs grands-pères, ses héros
 

 
Odile et Claude Prieur n'oublient pas que leurs grands-pères, Antonin Gaillard et Pierre Prieur, on péri après quelques semaines de guerre./ Photo DDM, N.V.-F.
 
à Villemade chez Odile et Claude Prieur, le portrait d'un jeune militaire aux superbes moustaches trône dans la chambre à coucher. C'est avec l'acte de décès sur un papier jauni daté du 19 mars 1920, le seul souvenir que possède Odile Prieur de son grand-père, Antonin Gaillard, disparu à 25 ans le 23 août 1914 à Jamoigne en Belgique.
 
Son fils Pierre avait cinq ans et sera orphelin quand sa mère sera victime de la grippe espagnole quatre ans plus tard. Odile Prieur, une des trois enfants de Pierre a tout appris sur son grand-père dans l'ouvrage «Ils étaient nos poilus», édité par la mairie de Villemade en 2010. Car explique-t-elle, «c'était une génération qui ne parlait pas. Ma mère m'a seulement raconté son effroi quand à 5 ans, elle a vu rentrer un inconnu barbu et crasseux, elle n'a pas reconnu son père.»
 
Élevée «dans l'esprit du silence», Odile regrette d'avoir peu parlé avec ses enfants. Si le portrait accroché au mur n'a pas aidé à rompre le silence, l'engagement de Claude Prieur au comité de la Fnaca de Lafrançaise les incite à être des grands-parents plus bavards. «On se livre un peu plus avec les petits-enfants (10, 11 et 13 ans) mais ils ne se reconnaissent pas dans le nom : ils s'appellent Prieur et sur le monument, il y a bien sûr écrit Gaillard. Mais il est important de leur expliquer que leur aïeul est mort pour défendre son pays, qu'ils doivent en être fiers. C'est loin maintenant pour eux mais ils faut qu'ils sachent», insiste Odile d'autant que Pierre Prieur, le grand-père de Claude Prieur est mort aussi le 14 novembre 1914 à Zillebecke en Belgique.
 
 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 08:20  E.H et S.D.
 
Pechbonnieu (31) : Comment le lance-mine fut enterré puis restauré
 

 
Le canon est un don à la commune comme une gratification pour avoir érigé un monument aux morts après la première guerre mondiale./Photo DDM S.D
 
L'histoire de la guerre 14-18 restera à jamais gravée dans nos esprits. La commémoration du 11-Novembre est en ce sens essentielle pour que le souvenir des victimes ne se perde pas dans l'oubli. Mais de nombreux vestiges contribuent eux aussi à perpétuer ce devoir de mémoire. C'est le cas de cet imposant canon installé dans le cimetière de la ville de Pechbonnieu, directement issu de cette époque pas si lointaine que cela. Il s'agit d'un lance mine. Comment cet objet est-il arrivé là ? Après la guerre de 14-18, toutes les municipalités qui érigeaient un monument à la gloire des enfants morts pour la patrie étaient gratifiées par la France. Pechbonnieu se trouvait dans le nombre de ces communes qui réalisaient un édifice à la mémoire de ses disparus. Elle a donc reçu la gratification annoncée. Ce fut dans son cas cette pièce d'artillerie : un mortier de calibre 175 fabriqué en 1918 par une entreprise française.
 
Dans une tranchée !
 
Ce canon tirait des bombes à ailettes de 15 à 20 kg à une distance de 1800 à 2200 mètres.
 
Pour la petite histoire… en 1940 le gouvernement de Vichy avait décidé de reprendre tous les canons pour les fondre et fabriquer de nouvelles armes, ce qui fut fait. Partout en France ? Non ! Pas à Pechbonnieu où le canon avait disparu… Dès que les premiers résistants eurent connaissance de cette décision, afin qu'il ne soit repris, une nuit, ils creusèrent, avec l'aval du garde champêtre Louis Bastié, une grande tranchée. Ils y firent basculer le canon et le recouvrirent de terre. La manœuvre fut gardée secrète puis remis au grand jour un après-midi de février 1991, soit 51 ans après son enterrement protecteur. Le canon, remis en état, repris sa fonction initiale, dès le 8 mai 1992.Il fait parti aujourd'hui du patrimoine communal de la ville et l'histoire de notre pays aussi.
 
 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 03:48  Sébastien Bouchereau
 
Stupeur et résignation : Les Allemands occupent Agen
 

 
Maurice Cottenceau avait 11 ans. Il n'a jamais oublié ce jour funeste du 11 novembre 1942. Ici, il révèle une affiche de l'état-major allemand, placardée dans les rues de Toulouse, dont dépendait Agen/photo S. Bo.
 
Le 11 novembre 1942, les Allemands pénètrent dans Agen, désormais ville occupée. Retour sur une sombre histoire - largement méconnue - grâce aux archives d'époque.
La période de la Seconde Guerre mondiale à Agen a fait l'objet de nombreux ouvrages. Les témoins de l'époque ont raconté leurs souvenirs, sur l'Occupation, la collaboration, la Résistance ou encore la Libération, et des historiens sont venus compléter, par leurs recherches, la compréhension de ces années noires.
 
Beaucoup d'éléments ont été publiés sur les années 1943 et 1944, mais l'on sait finalement peu de choses sur l'arrivée des Allemands, le 11 novembre 1942. Des faits remontant à soixante-dix ans, et sur lesquels les archives de la préfecture (conservées aux archives départementales de Lot-et-Garonne) apportent un éclairage inédit.
 
La France coupée en deux
 
En 1942 la France est coupée en deux (hors l'annexion de l'Alsace-Lorraine et le littoral de la Manche classé zone interdite). Au nord se trouve la zone occupée, administrée par les Nazis, et au sud la zone non occupée dirigée par le gouvernement de Vichy. L'armistice de 1940 trace une ligne de démarcation entre les deux zones, « frontière» qui passe notamment par Langon et La Réole, deux des dix cantons de la Gironde rattachés à notre département.
 
A cette époque, le Lot-et-Garonne est en zone dite « libre» et « quelques dizaines d'Allemands, chargés de veiller à la bonne application de la convention d'armistice, s'installent à Agen», indique l'historien Jean-Pierre Koscielniak.
 
L'arrivée

Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent en Afrique du Nord. En réaction, les Allemands décident de franchir la ligne de démarcation pour rejoindre le littoral méditerranéen et « sécuriser» le continent. L'opération « Anton» (9 divisions empruntant les vallées du Rhône et de la Garonne) se déroule le 11 novembre et la France est désormais totalement occupée.
 
Parties de Bordeaux, les troupes qui pénètrent alors à Agen (par la route nationale) ont pour objectif de neutraliser les quartiers militaires, où se trouvent des unités françaises de l'armée d'armistice. Pendant ce temps, d'autres militaires allemands poursuivent leur route, en direction de Toulouse.
 
« La surprise était totale, se souvient Pierre Thial, qui avait alors 12 ans et dont les parents tenaient un commerce sur le boulevard de la République. Il était 10 heures ou 11 heures, et j'ai entendu ma mère crier : «Les Allemands !» Nous sommes allés à la fenêtre, et avons vu une immense colonne de camions et d'engins motorisés. Ils venaient de Jasmin et allaient vers le Pin. Le convoi avançait très calmement, inexorablement. Nous étions sidérés, on ne s'attendait pas à ça. Les gens étaient vraiment ébahis. Mon père, qui était un ancien Poilu de 14-18, était atterré.»
 
Maurice Cottenceau (alors camarade de classe de Pierre Thial au lycée Palissy) confirme cette stupéfaction et l'abattement général : « Les gens ne disaient rien, ils étaient résignés. Le traumatisme de la défaite de 1940 était toujours vif dans la population. Nous, on a vu les Allemands vers 14 heures, les voisins nous ont avertis. Ils sont passés devant chez nous, sur le cours Victor-Hugo. Ils allaient porte du Pin pour encercler la caserne Toussaint. C'était une grande colonne motorisée. Pas de tanks mais des camions et des engins semi-chenillés. On n'avait jamais vu ça à Agen.»
 
La surprise est totale, pour la population comme pour le gouvernement. Le 12 novembre, Vichy publie dans la presse un communiqué laconique indiquant «que les mouvements des unités du Reich se sont effectués selon les plans du haut commandement par les itinéraires qui les conduisaient vers le littoral méditerranéen. C'est ainsi que des passages de convois allemands ont eu lieu à Limoges, Montluçon, à Agen, Lyon, Clermont-Ferrand (…) Aucun incident n'a été signalé dans ces différentes villes».
 
Sur place, les policiers des Renseignements généraux de La Réole rendent compte par téléphone du passage de la ligne de démarcation le 11 novembre, dès 7 h 30. « Les premières troupes sont passées vers 7h 15, précédées de voitures ambulances, indique un rapport transmis le lendemain au préfet d'Agen, Jean Destarac. Ces troupes comprenaient surtout de l'infanterie transportée par camions et voitures diverses. Pendant ce temps, des trains venant de Bordeaux passaient à intervalle régulier, cependant que des avions survolaient la place, semblant couvrir ces transports de troupes qui se sont succédé durant toute la journée du 11, et la nuit du 11 au 12, et continuent au cours de cette matinée.»
 
 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 03:48  Anne Déro
 
Se souvenir de Louis Flourac et de tous «les fusillés pour l'exemple»
 

 
Louis Flourac
 
Les cérémonies commémorant l'armistice du 11 novembre 1918 sont l'occasion pour de nombreuses fédérations départementales de la Libre-Pensée d'organiser des rassemblements afin de faire avancer une cause qui leur tient à cœur depuis longtemps : la réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple.
 
En Ariège, comme ils le font depuis plusieurs années, c'est autour du monument aux morts de Saint-Ybars qu'aujourd'hui, à 15 heures, se retrouveront les membres de la Libre-Pensée ariégeoise et tous ceux qui souhaiteront les accompagner dans ce combat contre l'oubli et l'infamie infligés à ces combattants.
 
Il faut rappeler que sur ce monument figure désormais le nom de Louis Flourac, jeune soldat de 24 ans qui fut, en juin 1917, l'un de ces trop nombreux soldats fusillés pour l'exemple (1) afin de «maintenir l'obéissance» dans les troupes.
 
En 2007, son nom a été gravé sur le marbre où figuraient depuis les années «20» - époque à laquelle furent érigés les monuments aux morts dans les communes de l'Hexagone - ceux des 47 autres enfants du village, morts pour la France durant la Grande Guerre.
 
C'est à l'initiative d'Henri Esquirol, alors maire de la plus vieille bastide du comté de Foix, que ce qu'il considérait comme une injustice a été réparé : «C'est Denis Rolland, auteur du livre «La Guerre des tranchées», qui un jour m'a contacté et raconté l'histoire de ce jeune Eparchois dont il voulait rencontrer la sœur, Francine, aujourd'hui disparue : après un an de service militaire, quasiment trois années de guerre, le jeune Louis était de ces soldats qui ayant vécu l'échec sanglant de la bataille du Chemin des Dames refusèrent de repartir au front. Ils furent nombreux dans son propre régiment, le 60e bataillon de chasseurs à pied, puisque 400 d'entre eux furent arrêtés, 200 traduits devant le conseil de guerre; 15 condamnations à mort et 3 peines de 10 à 20 ans de travaux publics furent prononcées. Au final, deux exécutions ont eu lieu, celle de Louis Flourac et de son compagnon d'infortune nommé Vally. Sans doute parce que tous les deux étaient considérés comme les meneurs de la révolte au sein du bataillon. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque : tant d'années au combat dans de terribles conditions, une bataille qui devait être décisive finalement perdue dans une effroyable boucherie et après cela l'obligation de repartir au front sans avoir pu souffler un peu, sans possibilité de revoir les siens puisque les permissions étaient refusées… bref sans plus d'espoir auquel se raccrocher, c'était l'enfer sur terre. Louis Flourac a payé le prix fort de sa rébellion. La mention «mort pour la France» qui figura un temps sur son état civil a été rayée à la demande de l'autorité militaire. Pendant trop longtemps cet homme qui n'était pas un délinquant, juste un homme poussé au désespoir, était voué à l'oubli alors qu'il s'était battu de si longs mois et dans des conditions épouvantables pour son pays. La double peine en quelque sorte !»
 
«À l'instar de Lionel Jospin (2), poursuit Henri Esquirol, qui dans son discours de Craonne prononcé en 1998 demandait que les fusillés pour l'exemple soient réintégrés dans la mémoire collective nationale, j'ai voulu, soutenu par le conseil municipal, réintégrer Louis Flourac dans la mémoire collective communale». Si la préfecture m'a fait savoir que j'étais dans l'illégalité, je sais que d'autres collectivités ont rendu hommage à ces hommes. J'ai par exemple été invité aux cérémonies organisées par le conseil général de Corrèze et celui de l'Aisne dont le président Yves Daudigny, s'adressant aux fusillés pour l'exemple, disait : Vous venez du pays de l'oubli, du fond d'une mémoire incertaine et longtemps maudite ; peut-être que presque cent ans après la fin de ce terrible conflit on pourrait reconsidérer le sort qui leur est fait.
 
1) On estime à plus de 600 le nombre de soldats fusillés pour l'exemple.
2) Lionel Jospin était alors Premier ministre.

 
PUBLIÉ LE 11/11/2012 03:46  
 
Labastide-Savès (32) : Honneur rendu à un héros de la Résistance
 

 
Une plaque honore la mémoire de Raymond Murguet, héros de la Résistance./Photo DDM M. A.
 
En ce 11 novembre, journée nationale du souvenir de tous les morts des guerres, Robert Meriglier, un Toulousain de 88 ans, établi à Marseille, a tenu à rendre hommage à celui qui fut son commandant dans la Résistance, Raymond Murguet, tombé le 26 août 1944, au cours d'une opération à Saint-Loube. Il lui tient à cœur de rappeler ce souvenir : «Je suis moi-même un rescapé de la tragédie de Gimont qui eut lieu le 15 août 1944,» raconte-t-il par téléphone. «Raymond Murguet était arrivé à Polastron en 1940, où son épouse était institutrice. Ils venaient de la région de Bordeaux. Raymond était électricien, je crois. Il a rejoint la Résistance en 43 et c'est alors que j'ai fait sa connaissance.»

L'historien Guy Labedan, président du musée de la Résistance, a retrouvé Robert Meriglier, 61 ans après les faits : «Cela a réveillé une foule de souvenirs. C'était ma jeunesse. J'avais quitté Toulouse à 18 ans… C'est alors que je me suis aperçu que le nom de mon commandant ne figurait sur aucun monument aux morts alors qu'il repose à Polastron. Le maire de Labastide-Savès, Thierry Réveil, a bien voulu accepter de sceller la plaque commémorative que je lui ai envoyée il y a deux ans. Et, chaque année, je commande des fleurs à Gimont pour le monument aux morts de ce village à l'accueil chaleureux». Une plaque honore désormais la mémoire de ce héros de la Résistance.

 
 
PUBLIÉ LE 10/11/2012 09:44  
 
Saint-Girons (09) : Un ancien de Rethondes repose au cimetière de Lédar
 

 
La tombe de Paul Lagarde, disparu en 1971, au cimetière de Lédar./Photo DDM, Alain Arbogast.
 
Le 11 novembre 1918 restera et pour longtemps encore l'hommage le plus vibrant rendu par la nation à des hommes héroïques qui se sont battus contre un ennemi farouche et revanchard (l'Allemagne n'avait pas oublié la défaite de 1870). Cette guerre eut pour détonateur, entre autres, l'assassinat, à Sarajevo, de l'archiduc de l'empire austro-hongrois François-Ferdinand, le 28 juin 1914, par l'étudiant serbe Princip.
 
Dans l'ombre du maréchal Foch

L'Ariège donna de nombreux poilus au pays, les monuments aux morts en témoignent. Paul Lagarde, décédé à Saint-Girons en 1971, était présent dans le wagon de la forêt de Rethondes, à Compiègne (Oise), aux côtés du maréchal Foch, signataire de l'Armistice pour la France en sa qualité d'attaché au secrétariat de l'état-major du maréchal. Il repose désormais au cimetière de Lédar, comme en témoigne cette photo prise au terme d'une petite enquête menée auprès des gardiens des cimetières de Saint-Girons. Par contre, aucun détail précis sur le parcours de cet homme qui se trouvait, à la fin de la guerre, dans l'ombre du signataire de l'Armistice, qui mit fin à un conflit particulièrement meurtrier. La France fut le pays le plus touché avec 1 400 000 morts ou disparus, soit 10 % de la population française active. Ce drame faucha des vies humaines, y compris dans des pays dont le sol ne fut jamais foulé par l'ennemi. Les combattants français des hommes rudes, courageux, disciplinés étaient principalement des ruraux, la France étant à cette époque un pays peu urbanisé. Il n'y avait pratiquement plus d'activité économique puisque les femmes restées seules au foyer (et parfois des enfants très jeunes) furent embauchées dans les usines produisant de l'armement pour les fronts.
 
Il est impossible de décrire les souffrances des poilus vivant durant quatre longues années dans les tranchées infestées de rats, dans le froid, la vermine, la peur, prenant les repas sur les couvercles des cercueils. Des combats d'homme à homme eurent lieu à l'arme blanche.
 
Ils avaient 20 ans et un peu plus, 1 400 000 ne revirent jamais leur foyer, d'autres eurent des séquelles physiques et psychologiques jusqu'à la fin de leur vie. On les appelait les «poilus de 14». Le 11 novembre, le souvenir s'adressera aux toutes jeunes générations en espérant qu'elles ne connaissent plus pareil drame humain. La sonnerie «Aux morts» devra sonner dans le silence de leurs linceuls, le visage tourné vers la pierre froide qui porte des noms gravés en lettres dorées pour la nuit des temps. Souvent ces noms sont de la même famille.
 
Demain, dernier volet de cette série, avec la mobilisation pour la réhabilitation de Louis Flourac et des «fusillés pour l'exemple».

 
PUBLIÉ LE 10/11/2012 08:18   Elisabeth Ménadeau
 
Lot : Fusillé en 14-18, le Salviacois Louis Benoit réhabilité
 

 
Louis Benoit, l'enfant de Salviac, est le 57e inscrit comme victime de la Grande Guerre./Photo DDM, E.M.
 
La cérémonie du 11-Novembre, à Salviac, aura cette année une saveur particulière. On y rendra hommage à Louis Benoit, un enfant du pays, fusillé pour l'exemple…
 
Dimanche 11 novembre, la cérémonie de commémoration de l'Armistice de 1918 revêtira une importance particulière : le souvenir de Louis Benoit, dont le nom a été fraîchement gravé sur le monument aux morts dans la classe 00 (1900) sera évoqué par Jean Jollivet de l'Association Nationale du souvenir de la bataille de Verdun (ANSBV). Louis Benoit est né le 6 décembre 1880 à Salviac, dans une famille d'agriculteurs.
 
Orphelin de bonne heure, c'était un homme petit et de faible constitution, victime de rhumatismes si invalidants qu'il a été réformé à 20 ans à l'appel de sa classe. Mais 15 ans plus tard l'armée décimée par les batailles avait besoin de chair «fraîche». II faut rappeler des chiffres terribles : à Craonne sous les ordres du général Nivelle, 30 000 hommes sont morts en 10 jours, 100 000 ont été blessés ; Louis Benoit a donc quitté l'exploitation agricole de Gourdon où il survivait pour rejoindre l'Est de la France, à 35 ans et presque invalide.
 
«Fusillé pour l'exemple»
 
Sans doute épuisé, il a dû se rebeller au bout de quelques mois de tranchées inondées. Il a été fusillé «pour l'exemple» au ravin du lavoir à Florent en Argonne, comme 627 autres soldats l'ont été de 1914 à 1917 en marge des batailles des Ardennes, de la Marne, de la Somme. Il convient d'y ajouter les exécutions sommaires, plus difficilement quantifiables mais dont la trace a été relevée dans les écrits de certains soldats.
 
Plus sombre encore : quand une compagnie entière refusait de remonter à l'assaut, un sordide tirage au sort désignait les victimes. Les condamnations prononcées par les conseils de guerre «spéciaux» appliquaient une procédure simplifiée et expéditive.
 
Citons le cas du sous-lieutenant Jean-Julien C. : capturé par l'ennemi, blessé, il réussit à regagner les lignes françaises. Il sera condamné à mort pour «capitulation en rase campagne» et fusillé le 10 octobre 1914, attaché à son brancard dressé contre un pommier.
 
Un nom et des oubliés…
 
Ce sont en tout 2400 «poilus» qui auront été condamnés à mort, les non exécutés voyant leur peine commuée en travaux forcés. Les soldats français ne furent pas les seuls : 750 fusillés en Italie, 306 au Royaume Uni, 48 en Allemagne, 25 au Canada, 11 aux États-Unis.
 
À Salviac, bien qu'aucun des contemporains de Louis Benoit ne soit encore vivant, l'histoire était connue : un habitant, M. Ténèze, refusait de porter ses décorations en mémoire de son copain assassiné. Des recherches avaient bien été faites, sans succès. Il a fallu la détermination de Jean Jollivet, militaire en retraite, qui a consacré 36 ans de ses loisirs à étudier la 1re guerre mondiale. Au hasard de ses recherches, il a découvert les tombes abandonnées de trois soldats dont Louis Benoit. Avec les deux amis belges qui l'accompagnaient, les tombes ont été nettoyées, repeintes et fleuries. Et c'est lui qui, 87 ans après, a informé la municipalité du décès de Louis Benoit et de ses circonstances tragiques. «Quand les tombes ont été réhabilitées, mes deux camarades belges se sont mis au garde-à-vous et ont salué» nous a confié Jean Jollivet, ému.
 
Sur les 628 soldats recensés comme fusillés pour l'exemple, une cinquantaine seulement a été réhabilitée. Sans doute parce qu'issus d'un milieu rural pauvre et souvent illettré, les familles n'ont pu entamer de procédure contre l'état. La plupart d'entre eux figurent sur les monuments aux morts.
C'est désormais le cas pour Louis Benoit.
 



 
2 - Guerre de 14 - 18 : Pour ne pas oublier
 
(Texte : www.herodote.net)
 

 
Dans les tranchées de 1ère ligne en Argonne
 
La Grande Guerre (1914-1918), aussi appelée guerre de 14-18, a vu s'affronter la plupart des pays européens dans le plus grand conflit jamais connu.
 

 
Senlis : une parti du faubourg Saint-Martin détruit par les Allemands
 
Le conflit, qualifié à tort de Première Guerre mondiale, se déroule essentiellement en Europe, avec quelques prolongements dans les colonies. 
 

 
Soldats autour d'une auto-canon
 
C'est une guerre totale d'un genre encore inconnu, avec des armes et des techniques nouvelles : gaz de combat, chars d'assaut ou tanks, mitrailleuses, barbelés, aviation. La France mobilise 4 millions d'hommes (10% de sa population totale!).
 

 
De brèves nouvelles du front soumises à la censure
 
Le conflit se solde par un bouleversement sans précédent avec la disparition de quatre empires (ottoman, austro-hongrois, allemand et russe) et 8 millions de morts. 
 

 
Raon l'Etape (Vosges) bombardée par les Allemands
 
Ses séquelles sont profondes : millions de mutilés et «gueules cassées», d'orphelins et de «veuves blanches», villages rayés de la carte, sans compter la mystérieuse pandémie de la grippe espagnole ou «influenza». 
 

 
Randan (Auvergne) : Monument aux morts
 
L'Europe, à commencer par la France, se hérisse de monuments aux morts. On invente la «minute de silence» et l'hommage au Soldat inconnu.
 

 
Canon de 75 en action

 
La Grande Guerre, 98 ans après
 

 
Blessés de la guerre regoupés à Niort en 1915
 
L'historien Jean-Jacques Becker, professeur émérite à l'Université de Paris-X Nanterre et président du centre de recherche de l'Historial de la Grande Guerre (Péronne), nous rappelle les origines de la Grande Guerre de 14-18 et la signification qu'elle peut encore revêtir après la disparition de notre dernier «poilu».
 

 
Autobus parisien servant au ravitaillement
 
Les gens savaient en 1914 pourquoi ils se battaient. Cela peut nous paraître absurde maintenant, 90 ans après, ça ne le paraissait pas à l’époque. Tous les mobilisés français avaient le sentiment (vrai ou faux, peu importe) que leur pays était menacé.
 

 
Soldats allemands devant une chope de bière
 
Et ce qui peut nous sembler étrange, c’est que les combattants allemands avaient le même sentiment que les combattants français, celui de défendre leur pays, non pas contre la France, à vrai dire, mais contre la menace russe et l’immense masse slave qui faisait très peur en Allemagne…
 

 
Soldats anglais et indiens sur un attelage
 
Même sentiment en Angleterre et dans les dominions, d’autant plus remarquable qu’il n’existait pas de service militaire obligatoire au Royaume-Uni et que l’armée était composée de volontaires. Petit bémol en ce qui concerne l’Italie où les motifs de combattre demeuraient flous.
 

 
Groupe de militaires français en armes
 
On part au combat en 1914 avec résolution, par devoir, mais ce n’est pas un type de devoir qui comporte l’enthousiasme. On ne part pas la fleur au fusil !...
 

 
Sarajevo : Batteries serbes mettant en fuite les Autrichiens
 
Après l’attentat de Sarajevo, les Autrichiens se saisissent de l’occasion pour régler leur compte aux Serbes qui n’y sont pourtant pour rien. Les Allemands se sentent obligés de soutenir leur allié autrichien. 
 

 
Soldats russes et français
 
On aurait pu s’en tenir à une petite guerre mais tout a dérapé du fait de la puissance extraordinaire des sentiments nationaux dans tous les pays européens, et en particulier en Russie, dans les populations urbaines, minoritaires mais très influentes.
 

 
Poilus blessés dans les tranchées en 1917
 
La puissance des sentiments nationaux demeure la meilleure explication de cette guerre, bien plus que d’éventuels intérêts impérialistes que l’on discerne mal.
 

 
Prisonniers allemands à Saint-Dié (Vosges)
 
Contrairement à ce que l’on croit, la guerre éclate contre la volonté, un peu flageolante il est vrai, de l’empereur allemand Guillaume II. De même en Angleterre où le gouvernement n’a au départ aucune envie de s’engager au côté des Serbes de mauvaise réputation. 
 

 
Soldat américain dans les tranchées d'Argonne (Meuse)
 
Le tsar Nicolas II lui-même, quoique peu intelligent, est contre la guerre et il a fallu qu’il subisse l’assaut des généraux russes pour qu’il se résigne à signer l’ordre de mobilisation.
 

 
Le passage en train des troupes Hindoues
 
Cette guerre n’est pas une guerre mondiale mais une guerre européenne, même si elle a des prolongements dans les territoires coloniaux. Les Américains eux-mêmes n’interviennent que très tardivement. 
 

 
Défilé de prisonniers allemands à Noeux les Mines (Pas de Calais)
 
Au terme de la guerre, il n’y a aucun doute que l’Europe, qui dominait le monde en 1914, perd son rôle hégémonique.
 

 
Réfugiés du nord traversant Compiègne
 
Notons aussi que la fin de la guerre marque le moment où les Européens prennent conscience qu’au lieu de se massacrer, ils feraient mieux de s’entendre. Cette prise de conscience est retardée outre-Rhin parce que les Allemands ont le sentiment d’avoir été injustement traités à Versailles par les vainqueurs et veulent une revanche sur les Français.
 

 
Fête de la victoire à Paris le 14 juillet 1919 : les trois généraux Pétain Foch, Joffre
 
Ne soyons pas trop durs cependant pour les plénipotentiaires du traité de Versailles. Ils ont dû subir la pression des opinions publiques, très remontées, qui, pour une bonne part, jugeaient les termes du traité trop mous !

 
Caen (Calvados) : Défilé de la victoire après l'armistice
 

 
"...Je fais mon possible pour m'en tirer jusqu'à la perme..."
 


 
Service de Santé des Armées - Hôpital Rollin - Chirurgien et Equipe Médicale opérant un Poilu
 

 
Poilus de la classe 17
 

 
Premier régiment d'artillerie
 

 
Carte de décès d'un poilu de La Chatre, Henri Gerbaud, du 131ème régiment
 

 
Carte porte-bonheur du poilu
 

 
Carte propagande : ..."Merde pour le roi de Prusse" !
 

 
Groupe de poilus autour d'une automobile
 

 
Guerre 14-18 : Carte patriotique
 

 
Chemin des Dames : Fort de Malmaison
 

 
Taxis de la Marne
 

 
11 novembre 1918 : Signature de l'armistice en forêt de Compiègne (Wagon de Rethondes)
 
 
 

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