Aucun risque chez nous... cette année !

23/10/2011

Vercors (Isère Sud) :

Les gendarmes s’attaquent au trafic de champignons

Dans ce garage situé à Lans-en-Vercors, les enquêteurs ont découvert des centaines de kilos de lactaires sanguins, probablement cueillis quelques heures plus tôt par de petites mains roumaines.

Voilà des années qu’à l’automne, elle nourrit les conversations sur le plateau du Vercors : la cueillette excessive des champignons à des fins lucratives agace les habitants et transforme les forêts en gigantesque terrain à ratisser. Pour des raisons environnementales -liées à la préservation de l’écosystème et au renouvellement des ressources- la réglementation tolère la cueillette à des fins de consommation personnelle, dans la limite, disent les textes, "de 5 litres de champignons par personne et par jour". La caverne d’Ali Baba du lactaire

Les ressortissants espagnols contrôlés par les gendarmes il y a quelques jours à Villard-de-Lans et Lans-en-Vercors auraient souffert à coup sûr d’une monstrueuse indigestion s’ils avaient dû consommer dans la soirée les centaines de kilos de lactaires sanguins dont ils avaient organisé la cueillette. Largement dédaignés par les Isérois qui lui préfèrent chanterelles et cèpes, les sanguins sont en revanche fort prisés dans le Midi et en Espagne. C’est donc probablement à plusieurs centaines de kilomètres du Vercors que les cagettes entreposées dans un garage de Lans-en-Vercors allaient être expédiées par la route, puis revendues une quinzaine d’euros le kilo.

C’est en procédant à une patrouille sur le parking d’un supermarché du secteur que les gendarmes de Villard-de-Lans ont aperçu des cagettes entières de lactaires à l’intérieur de plusieurs véhicules en stationnement. Les propriétaires de ces fourgons, quatre Espagnols, ont été contrôlés. Et les militaires ont rapidement compris que le quatuor ibère dirigeait une ribambelle de petites mains dont la mission était de ratisser la forêt.

Quatorze Roumains, ni plus ni moins, ont été recensés aux alentours du supermarché par les enquêteurs. On ignore depuis combien de temps cette main-d’œuvre travaillait pour le compte des "grossistes en lactaires", si l’on ose dire. Toujours est-il que ces derniers leur payaient le kilo de champignons à coups de lance-pierres, soit quelques euros le kilo. En interrogeant les cueilleurs, les gendarmes ont appris que ces deniers étaient basés à Autrans, commune où une autre quinzaine de leurs compatriotes ont également été trouvés par les gendarmes.

Des fourgons entiers de lactaires saisis, une trentaine de cueilleurs roumains comptabilisés : les enquêteurs n’étaient pas au bout de leurs surprises. En exploitant un renseignement, ils ont localisé le garage dans lequel les "trafiquants" entreposaient provisoirement leur trésor de guerre à Lans-en-Vercors. Là, ils ont découvert une véritable caverne d’Ali Baba du lactaire, le temple sacré du sanguin : dans un garage étaient soigneusement empilées des dizaines de caisses remplies de champignons…

600 kg de champignons saisis !

Comme la réglementation le prévoit, chacun des Espagnols a été verbalisé et a dû s’acquitter d’une somme de 135 euros. L’infraction liée au travail clandestin n’a quant à elle pu être établie, le lien de subordination entre les Espagnols et les Roumains n’ayant pu être constaté formellement.

Enfin, la montagne de champignons (600 kilos) a été détruite. Elle serait probablement parvenue sur les marchés espagnols avant l’arrivée des gendarmes si le camion chargé de transporter les lactaires n’était pas tombé en panne ! Les conterbandiers et les trafiquants de tous poils vous le diront d’ailleurs tous : on est toujours trahi par la mécanique.

par Denis MASLIAH le 23/10/2011 à 06:00 | Le Dauphiné Libéré

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