TNT : chez nous dans 7 mois !

29/3/2011


Publié le 29/03/2011 08:01 | Philippe Rioux

TNT : êtes-vous prêts ?

Le basculement dans la télé tout numérique, c'est aujourd'hui en Aquitaine./DDM, Michel Viala.

Le basculement de la diffusion analogique vers le tout numérique arrive dans le Grand Sud. L'Aquitaine franchit le pas aujourd'hui. Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon en novembre. Êtes-vous prêts ? Le point sur ce qu'il faut savoir.

Cette fois-ci, ça y est ! Le basculement de l'analogique vers le tout numérique de la diffusion hertzienne de la télévision, qui n'a jusqu'à présent concerné que les régions au-dessus de la Loire, est arrivé cette nuit dans le Grand Sud. Et c'est l'Aquitaine qui a eu l'honneur de vivre cette petite révolution. Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon ont un peu plus de temps pour se préparer puisqu'elles abandonneront la télé analogique respectivement le 8 et le 29 novembre 2011.

Mardi 8 mars dernier, c'est la plus peuplée des régions françaises, l'Ile-de-France, qui a basculé en grandes pompes. Tous les patrons de chaînes s'étaient donné rendez-vous à la Tour Eiffel pour symboliquement appuyer sur un bouton rouge. Le basculement parisien s'est réalisé sans problème majeur pour ce bassin de 12 millions d'habitants et 3, 3 millions de « foyers TV. »

« La journée du 8 mars représente une date importante pour le développement de notre économie numérique : il s'agit de la principale étape avant le basculement de l'ensemble de la France, le 30 novembre prochain », expliquait alors Éric Besson, ministre de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie Numérique. « Aujourd'hui, avec les 12 millions de Franciliens, deux tiers de la population française sont désormais passés au tout numérique audiovisuel. »

Le basculement vers ce tout numérique des régions du sud de la France pourrait toutefois s'avérer plus compliqué, car les territoires montagneux (Alpes, Pyrénées, Massif Central) disposent de nombreuses zones blanches.

Un décodeur TNT. Photo DDM, Marc Salvet

Le numérique, qui porte en lui la promesse d'une meilleure image, d'un meilleur son, d'une offre élargie de chaînes et de services interactifs, a un handicap : il fonctionne en tout ou rien. Soit l'on capte, soit l'on ne capte pas. Ainsi, des communes dont la réception analogique était moyenne pourraient ne plus rien recevoir du tout. Une crainte de l'écran noir qui a fait réagir de nombreux élus, comme l'Association nationale des élus de montagne (ANEM), qui réclame une couverture à 95 % du territoire et non pas de la population. La Région Midi-Pyrénées s'est aussi saisie du dossier .

Heureusement, l'État et le consortium France Télé Numérique, chargé de gérer le basculement, ont prévu tout à la fois des aides pédagogiques, techniques et financières pour faciliter le basculement de tout le monde, et plus particulièrement des personnes âgées. Ces dernières pouvant être la cible de démarcheurs peu scrupuleux, France Télé Numérique recommande de s'orienter vers des revendeurs ou antennistes ayant signé la charte « Professionnels agrées Tous au numérique ». Et encas de doutes, ne pas hésiter à faire appel aux ambassadeurs de « Tous au numérique. »

 

La galère pour tout capter

Le passage au tout numérique n'est pas une sinécure même lorsque toutes les conditions semblent réunies pour que tout se passe bien. « Nous avons anticipé le passage au tout numérique en décidant l'été dernier de changer tout notre matériel. Nous avons donc acheté un écran plat et un enregistreur, chacun avec décodeur TNT intégré », racontent Marie et Charles, deux retraités ruthénois, qui n'avaient jusqu'à présent que les six chaînes historiques et quelques autres via une antique parabole. Le couple fait appel à un antenniste agréé qui leur demande de choisir entre une réception satellite ou par antenne râteau. L'intervention coûtera le même prix : 250€. Les retraités optent pour l'antenne râteau. Le réglage de cette dernière ne tiendra que quelques semaines. « Tout marchait bien et du jour au lendemain on n'a plus reçu certaines chaînes. » Appel à l'antenniste et 15 jours d'attente plus tard, le verdict tombe : en attendant le basculement prévu le 8 novembre, les émetteurs sont mis à jour et l'on peut perdre certaines chaînes. « Du coup, nous sommes obligés de jongler entre la réception numérique et l'analogique pour voir les chaînes manquantes », pestent les retraités.

 

Dans les Hautes-Pyrénées, dans la campagne lourdaise, Éric est dans une zone blanche et seule sa parabole lui permettait jusqu'à présent de capter les chaînes historiques. « Je me suis dit que j'allais passer par ma connexion internet ADSL pour avoir les chaînes numériques mais mon débit n'est pas suffisant », explique le Bigourdan, qui devra certainement investir dans une parabole et un adaptateur dernier cri. La mise à jour des émetteurs de TDF crée aussi quelques surprises. Dans le Lot, Renée avait reçu de ses enfants un adaptateur TNT. Problème : impossible de retrouver les programmes régionaux de France 3 du Lot ; ce sont les actualités du Lot-et-Garonne qui arrivaient sur son poste. La retraitée a préféré remiser au placard son adaptateur…Ph. R.

 

Les élus mobilisés contre l'écran noir

Face à la perspective de voir leurs administrés privés de télévision après le basculement dans le tout numérique, de nombreux élus sont montés au créneau pour interpeller le gouvernement.

En juillet dernier, Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, a écrit au Premier ministre François Fillon pour que l'on recense les zones d'ombres. Le Premier ministre a répondu à Martin Malvy en expliquant que le gouvernement a mis en place des « commissions départementales de transition vers la télévision numérique » et que, par ailleurs, une aide de 250 € sera destinée à « l'équipement des foyers situés dans une zone géographique où la continuité de la réception des services de télévision en clair ne peut être assurée par voie hertzienne terrestre en mode numérique ».

La TNT ne relevant pas de ses compétences, et compte tenu de ses contraintes budgétaires, la Région n'investira pas sur ce dossier. En revanche, elle investit fortement sur les infrastructures internet - depuis 2005, 2,6 M€ pour résorber les « zones blanches » dans 262 communes - qui peuvent acheminer les chaînes de la TNT. Ph. R.

 


Publié le 29/03/2010 08:14 - Modifié le 29/03/2010 à 10:34 | Philippe Rioux

Télévision : les exclus de la TNT

Les antennistes sont très sollicités par ceux qui ne reçoivent pas ou mal la TNT./ Photo DDM, Marc Salvet.

Depuis son lancement en 2005, la télévision numérique terrestre (TNT) et son cortège de 18 chaînes gratuites remporte un incontestable succès d'audience auprès des Français, souvent au détriment des grandes chaînes. Mais le numérique, c'est fantastique… à condition de bénéficier d'une réception optimale des signaux. Ce qui est loin d'être le cas dans le Grand Sud, comme l'attestent les nombreux témoignages que vous nous adressez (lire ci-dessous).

Les cuvettes, les vallons, les contreforts montagneux constituent de sérieux handicaps qu'il faut surmonter et qui concernent autant des zones très rurales - qui ne reçoivent pas toujours bien la classique télé analogique - que certaines zones urbaines. Aux problèmes des émetteurs qui sont progressivement mis à jour, s'ajoutent ceux des antennes râteau des particuliers qui, pour certaines, sont très vieilles et donc inadaptées à une réception numérique.

« À la différence du signal analogique que l'on peut recevoir brouillé mais regardable, pour la TNT, on reçoit tout ou rien », explique Télé diffusion de France (TDF).

De quoi inquiéter de nombreux habitants à mesure que se rapproche la date fatidique du basculement au tout numérique, fixée en mars et novembre 2011 pour le Grand Sud. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a ainsi fait savoir que pour cette étape historique de la télé, un demi-million de foyers seraient laissés sur le carreau.

Le gouvernement s'est donc vu contraint de renforcer le dispositif du basculement. Une nouvelle loi devrait être votée afin de permettre au CSA « d'imposer les caractéristiques techniques qui permettront aux 1626 sites, de porter la couverture TNT par voie terrestre nettement au-delà de 95 % de la population », a promis en octobre dernier François Fillon. Actuellement la TNT concerne 88 % de la population (et non du territoire). « La participation des chaînes historiques sera sollicitée », a également indiqué le Premier ministre, soulignant aussi que serait mise à l'étude une disposition permettant d'accompagner les collectivités territoriales qui privilégieraient la numérisation de certains émetteurs à leurs frais.

Si la mobilisation se fait côté diffusion, elle se fait aussi côté réception. Le gouvernement a lancé une vaste campagne d'information et d'accompagnement des Français dont l'enveloppe globale atteint 333 millions d'euros. Editions de plaquettes, ambassadeurs se déplaçant en région auprès des Français, notamment les plus âgés, et surtout, une aide financière pour les foyers les plus modestes, sont prévus pour que tout le monde goûte à la TNT.

Une entreprise toulousaine est chargée de préparer les connexions de câbles au relais du Prat d'Albis. Photo DDM, Hélène Dagues

Des aides financières aux foyers en zones blanches

Pour que tout le monde puisse accéder à la télévision tout numérique, l'État a prévu différents types d'aides avec la mise en place d'un centre d'appels pour apporter toutes les informations utiles pour passer au tout numérique (0970 818 818, numéro non surtaxé du lundi au samedi, de 8 heures à 21 heures, au prix d'un appel local) ; des aides financières destinées à couvrir tout ou partie des frais engagés par les foyers pour adapter ou changer leur installation ; et une assistance technique pour les publics les plus vulnérables aux changements techniques (personnes âgées ou handicapées).

Les aides financières, affectées selon des conditions de ressources, pourront aller jusqu'à 250€. Par ailleurs, la proposition de loi de Xavier Pintat, sénateur de la Gironde, sur la lutte contre la fracture numérique, adoptée le 17 décembre dernier, a porté sur la création d'un fonds d'aide complémentaire, sans condition de ressources, pour les foyers situés en zone d'ombre et qui devront s'équiper de parabole. Cette parabole doit être orientée sur le satellite Astra et couplée à un adaptateur TNTSat ; ou orientée sur le satellite AB3 et couplée à un adaptateur FranSat. La parabole est la meilleure solution pour apporter la TNT dans les zones non couvertes par la diffusion numérique hertzienne, mais il existe d'autres solutions.

La première consiste à utiliser une box internet ADSL, le câble ou la fibre optique, grâce à un abonnement individuel. SFR Neufbox, Free, DartyBox, Bbox, Orange, Alice, Numéricâble comprennent dans leurs offres triple-play les chaînes de la TNT.

Autre possibilité, si l'immeuble dans lequel on habite est raccordé au câble dans le cadre d'un accord collectif (service antenne). Ph. R.

La neige à la place de France 3 : la situation dure depuis un mois, faute d'alerte automatique./Photo DDM EN  

Grand Sud :

La galère des téléspectateurs, l'inquiétude des élus locaux

Les lecteurs de La Dépêche nous signalent régulièrement leurs difficultés à capter les chaînes de la TNT. Et le diagnostic de ces mauvaises réceptions - qui se caractérisent au mieux par une pixellisation gênante, au pire par un écran noir barré d'un message « signal trop faible » - relève souvent du casse-tête. « Mon antenniste me dit que ça vient de l'émetteur et TDF m'assure que c'est parce que mon installation n'est pas bonne. Ils se renvoient la balle. En attendant moi je n'ai rien sur mon poste », se lamente un Montalbanais. « J'ai acheté une télé dernier cri TNT HD. Depuis quelques temps, je suis obligé de remémoriser presque tous les jours les chaînes. Mon syndic me dit pourtant que l'antenne de l'immeuble est correctement orientée. Je me suis rabattu sur la diffusion analogique mais que va-t-il se passer quand elle va s'arrêter l'an prochain ? » se demande ce Ruthénois. Aucun des départements du Grand Sud n'est épargné par ces problèmes. « On manque de réception, de signal dans des quartiers de Montauban ou par exemple vers Albias, Mirabel. On trouve aussi des zones d'ombre à Moissac.

 

Cela donne une pixellisation d'images et des téléspectateurs qui ne peuvent pas tout capter. C'est dommageable pour des gens qui ont acheté un décodeur TNT et ont fait installer des têtes à 3 ou 4 sorties », nous expliquait récemment Serge Spiga, qui est l'un des douze antennistes de Montauban.

L'inquiétude gagne également les élus comme par exemple dans le Lot. « Nous avons demandé davantage d'émetteurs. Mais l'arbitrage rendu en décembre est catégorique : il n'y aura pas davantage d'émetteurs. Tout au moins, leur puissance sera augmentée, mais cela ne réglera pas les problèmes liés au relief. Des ajustements a posteriori sont incertains et prendraient du temps », constate-t-on au conseil général du Lot. L'association des élus de la montagne (Anem), présidée par le député ariégeois Henri Nayrou, a d'ailleurs voté en septembre une motion relative à la TNT, exigeant « l'égalité entre tous les Français pour l'accès à la TNT, la couverture de 95 % de la population départementale et la création d'un fonds d'équité territoriale. » Ph. R.

Dans la région de Cahors, un installateur pose un adaptateur TNT sur une antenne-râteau. Photo DDM, Marc Salvet

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