Graulhet : "Enfants à la Montagne et à la Mer" 1904-1913

11/10/2017

Graulhet : "Enfants à la Montagne et à la Mer"
1904-1913



L'ouvrage de 330 pages imprimé par Ch. Bonnafous Graulhet

En rangeant ses archives familiales, notre président de l'Amicale des Natifs de 50, Jean Durand, a retrouvé notamment deux exemplaires de l'opuscule "Oeuvre Universitaire des Enfants à la Montagne et à la Mer - Comité de Graulhet".
Afin d'alimenter les pages de notre site, il a eu l'amabilité de m'en céder un "tout neuf" imprimé en 1913, c'est à dire avec les feuillets encore soudés sur la tranche, et vendu à l'époque au prix de 2fr.50.

Une fois les pages séparées au cutter, j'ai pu accéder au contenu de ce que nous appellerions de nos jours un "Rapport d'activié", qui décrit avec maints détails et maints documents certains aspects de la vie Graulhétoise au début du XXème siècle.
Voici une présentation générale de ce livre fortement lié à l'histoire locale, qui esquisse un tableau social et sanitaire de la cité du cuir...

  "Oeuvre universitaire des Enfants à la montagne et à la mer  
  Comité de Graulhet"  



En tournant les pages...

Origine de l'ouvrage
A l'origine, cette oeuvre a été fondée dans le "Lavaurais" en 1904. Pourquoi Lavaur ? Parce que cette localité implantée à 20 km de Graulhet était à l'époque l'une des sous-préfectures du département du Tarn (et ce jusqu'en 1926), avec tous les services qui y sont liés : hôpital, tribunal,...

Ainsi que l'Inspection de l'enseignement élémentaire, qui y réside encore de nos jours, Graulhet appartenant à la circonscription de Lavaur sur le plan scolaire.
Cet ouvrage a été édité afin de consigner dans un ouvrage récapitulatif "tout ce qui a été tenté pour le soulagement des écoliers anémiés de l'arrondissement de Lavaur", de nombreux rapports des premières années ayant été égarés.


En 1904 : premiers départs de 4 enfants sur Gijounet (81)

But de l'oeuvre
L'Oeuvre Universitaire Tarnaise des Enfants à la Montagne et à la Mer "est une entreprise humanitaire ayant principalement pour but de fortifier la santé des écoliers".
"Elle prend les enfants chétifs, malingres, anémiés, rachitiques pour les emmener dans des régions élevées ou sur des plages ensoleillées".

Afin de préserver des mauvaises contagions les miliers d'enfants qui s'étiolent dans les villes ont été créées des colonies scolaires.
"L'enfant qui quitte sa famille pour aller demander des forces et des couleurs à un climat particulièrement salutaire, trouve dans son voyage de nombreuses occasions de s'instruire".


La rue de Panessac à Graulhet au début du XX° s.

Graulhet en 1905
"Graulhet est une ville essentiellement in dustrielle. La chapellerie, la tannerie et la mégisserie y ont tour à tour occupé beaucoup de bras.
Comme dans tous les centres ouvriers, les familles y sont nombreuses.
La ville est de construction ancienne ; ses rues sont étroites et obscures.

Dans les quartiers populaires, les maisons sont basses et mal bâties ; les lois de l'hygiène ne sauraient y être appliquées.
Aussi le médecin est-il le visiteur le plus assidu de ces locaux où l'air et la lumière n'arrivent pas en quantité suffisante".


Examen médical : fiche individuelle

Le fonctionnement
Afin de "sélectionner" les enfants, il était fait appel aux médecins de la localité qui passaient dans les écoles les ausculter et les classer en différentes catégories suivant le besoin de chacun.
Le premier obstacle ensuite consistait à convaincre les parents du bienfait d'envoyer leur enfant pendant un mois dans un lieu plus salubre.

Le second palier à franchir concernait le financement : entièrement assuré par des aides d'organismes au départ, des souscriptions seront ensuite lancées auprès de la population locale à tous les niveaux.


Le village d'Espérausses, entre Brassac et Lacaune

Espérausses, village d'accueil
Il fallait enfin trouver un point de chute pour les 25 élèves pressentis (en 1905), et contacter les familles susceptibles d'en accueillir en leur proposant "un lit pour chacun et une nourriture réconfortante" moyennant rétribution de 20 francs.

Après renseignements pris auprès des médecins et instituteurs du secteur des Monts de Lacaune, ce fut la commune d'Espérausses qui fut retenue. Ces mêmes personnes allaient suivre les pupilles pendant leur séjour.
C'est en diligence (1905) que les petits Graulhétois parcoururent les 70 km de distance, pour trouver à l'arrivée des mères préoccupées : elles craignaient qu'ils soient tuberculeux et contaminent l'ensemble de la population !


Une classe de l'école Victor Hugo en 1911

Du courrier enthousiaste
"Vous ne vous êtes pas trompé quand vous nous meniez à destination de nous dire que nous serions heureux, car vos paroles se sont justifiées".
"Nous sommes chez des gens honnêtes, bons et loyaux".
"Nous mangeons toutes beaucoup de soupe. Nous nous portons bien. Moi qui à Graulhet avais toujours des maux d'estomac, maintenant je n'en ai plus".

"Nous nous amusons bien, nous allons goûter dans l'herbe, nous promener dans les champs. L'air est excellent et nous fera du bien".
"Je suis bien grosse de joues et bien rouge ; l'air de la montagne me fait du bien".
"Je lève les oeufs tous les jours, et de temps en temps j'en mange quelques-uns. Le 5 septembre est la foire d'Espérausses et nous y allons ; on veut m'acheter un couteau"



Le budget de l'Oeuvre en 1910



Le bilan sanitaire du séjour : évolution du poids



M. Saussol, instituteur, secrétaire de l'Oeuvre

Le Comité local
Associé au départ à Lavaur et Saint-Sulpice, le Comité de Graulhet devint autonome en 1906, devant le peu d'empressement de leurs partenaires initiaux.
Composé de plusieurs membres (médecins, directeurs d'écoles, élus), présidé par l'Inspecteur d'Académie, le Comité était surtout animé et géré par M. Saussol instituteur.

C'est essentiellement lui qui contactait les parents graulhétois, démarchait les donnateurs potentiels, recrutait les familles d'accueil et les référents, rendait visite aux colons, qui assurait le travail administratif, rédigeait les rapports, les courriers,...
C'est encore lui qui est l'initiateur de  cet ouvrage. Toute cette activité bénévole lui valut reconnaissance, lettres de félicitations et diplômes...


Cette (Sète) - La Corniche Sanatorium du Lazaret

La Méditerranée et l'océan
En 1908, 112 demandes de départ sont enregistrées ; le Comité décide alors de créer un séjour supplémentaire à la mer, et M. Saussol prend contact avec le Sanatorium de la Corniche à Sète (qui s'orthographiait "Cette" à l'époque).

Les frais de déplacement étant trop onéreux pour le budget de l'Oeuvre, les responsables obtinrent du Préfet du Tarn (sous condition) la gratuité du transport.
En 1913, après la montagne et la mer, une troisième colonie se met en place : suite à un contact avec la Fédération des Patronnages de Bordeaux, des colons graulhétois sont également dirigés vers le palais de l'Amélie à Soulac...


Colonie de vacances de l'Amélie à Soulac sur Mer

De nombreux bienfaiteurs
La diversité des lieux d'accueil et leur éloignement nécessitent un budget toujours plus conséquent.
Heureusement, les Graulhétois ont pris conscience du bienfait de ces colonies scolaires et la liste des membres bienfaiteurs s'allonge significativement.
On peut y trouver des particuliers, des commerçants, des artisans, des industriels, des organismes, des sociétés, des élus,...

Par exemple (1913), au hasard des listes : L'oeuvre philantropique du vin, la Dépêche de Toulouse, Pinder, Ségur chiffonnier, Sicard médecin, Escapat teinturier, Mercadier cycles, Saulière industriel, Fabre épicier, Henri coiffeur, Durand chapelier, Ferrières sabotier, Calvel vannier, hôtel Calmés, Azémar employé, Fouillée juge, mariage Py-Cassagne, Enjalbert cinéma-théâtre, les ouvriers de M. Cathalo, etc, etc...


Groupe d'enfants à la colonie de l'Amélie


Évolution du nombre d'enfants partis en colonies scolaires
(Le creux de 1909 et 1910 correspond à des périodes de fort chômage et de grèves)


Les instituteurs de Victor Hugo en 1910

?Éloges et 
remerciements
à "M. Saussol, Instituteur à Graulhet (Tarn)
...Les colonies scolaires sont un des plus puissants moyens d'action dans la campagne en faveur de l'hygiène sociale que nous avons entreprise.
Aussi est-ce avec joie que j'ai constaté les heureux résultats dont témoigne éloquemment votre livre.

Puisse-t-il contribuer à gagner à la cause que vous défendez si bien de nombreuses bonnes volontés, et servir d'exemple aux départements voisins...
M. Léon Bourgeois, Sénateur de la Marne - Paris, le 8 septembre 1913"


Graulhet : Groupe d'enfants devant la fontaine du Jourdain

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