Rafales d'Autan pour l'Ascension
Publié le 10/05/2016 à 08:59 | La Dépêche du Midi | Gilles-R. Souillés
Dans le souffle furieux de l'autan
Voilà plus de cinq jours que les assauts du vent de sud-est secouent le Lauragais et la plaine toulousaine. Il n'y a pas trop de dégâts à signaler pour l'instant, mais les bourrasques pèsent dans les têtes. / Photo DDM
D'accord, tout bon Toulousain qui se respecte n'ignore rien des caprices du vent d'Autan, un classique météorologique dans nos contrées. Mais quand même… Pour le seul pont digne de ce nom du mois de mai, on peut dire qu'il a largement gâché le plaisir du farniente et du barbecue entre amis. Depuis jeudi dernier, les rafales n'ont pas arrêté avec des pointes enregistrées à plus de 100 km/h qui tordent les arbres et dissipent les pollens. Ce qui finit, avouons-le, par jouer sur les nerfs (lire ci-contre). Dans les services de Météo France, l'épisode est d'ailleurs considéré comme «remarquable», même si contrairement à ce que l'on pourrait penser, il s'agit d'un temps de saison.
Alors si l'ambiance s'est un peu tendue dans le cocon familial ces derniers jours, rassurez-vous, c'est (presque) normal). Ingénieur prévisionniste, Pascal Boureau a une explication toute rationnelle pour ces sautes d'humeurs. «En passant le long de la montagne d'Alaric (1), une roche cristalline, le vent d'autan se charge en ions positifs qui créent un déséquilibre dans la charge électrique de l'atmosphère et peuvent entraîner une surexcitation chez les personnes les plus sensibles, note le spécialiste. C'est reconnu au niveau médical et c'est bien pour ça, a contrario, que l'on conseille des cures en bord d‘océan pour soigner les troubles psychiques, là où il y a le plus d'ions négatifs…» Mais il n'y a pas que sur le moral que l'autan pèse.
/ Photo DDM
S'il n'y a pas encore eu de dégâts majeurs à signaler comme le déraillement du train Toulouse-Revel le 4 mai 1916, il y a tout juste 100 ans, ses bourrasques ont quand même mis à contribution les pompiers. Dimanche, c'est un arbre d'une vingtaine de mètres de haut qui s'est abattu sur une maison, à Muret. Idem avenue des Tilleuls, à Toulouse où une voiture a également trinqué. À Caraman, c'est une ligne électrique qui a été couchée. À Villefranche-de-Lauragais, le Super U a connu une chaude alerte et l'on ne compte pas les toits en tôle ou les palissades arrachés sous les ruades d'éole.
Au total une bonne trentaine d'interventions ont été effectuées, notamment pour des câbles téléphoniques partis au fossé. Par mesure de précautions les jardins publics toulousains sont restés fermés, comme toujours en pareille situation. Bref, un temps à rester à la maison. Et ça va continuer ! Comme un malheur n'arrive jamais seul, après le vent qui va aller decrescendo dès aujourd'hui, c'est la pluie qui va s'installer pour quelques jours. Joli mois de mai quand reviendras-tu ?
Le chiffre : 102 km/h > Rafale. C'est la force de l'Autan enregistrée en vitesse de pointe, hier, à 4 h 12 du matin, sur Saint-Félix-Lauragais. À Toulouse, on a atteint les 80 km/h dans l'après-midi, à 14 h 24 précisément.
(1) Contrefort des Corbières, La montagne d'Alaric est au sud-est de Carcassonne)
Publié le 10/05/2016 à 07:42 | La Dépêche du Midi | Recueilli par Gilles-R. Souillés
«Un épisode venteux d'une durée remarquable...»
Pascal Boureau, Ingénieur prévisionniste à Météo France Toulouse / Photo DDM
Intempéries Grand Sud - Interview de Pascal Boureau, Ingénieur prévisionniste à Météo France Toulouse
Comment expliquez-vous cet assaut printanier de l'Autan ?
C'est la résultante d'une dépression très creuse qui s'est installée au large du Portugal avec une situation anticyclonique au Nord de l'Europe qui l'empêche de bouger. Nous avons ainsi une situation très stable dans l'instabilité. C'est ce qui explique la durée de cet épisode venteux qui est remarquable. Depuis jeudi dernier, on aura eu cinq jours complets de vents violents. C'est assez rare pour être souligné...
La vox populi dit souvent que l'Autan souffle en séquences de 3, 6, ou 9 jours...
Non, il n'y a pas de règles de ce genre, la seule chose que l'on constate c'est que l'Autan souffle toujours assez longtemps, en moyenne deux jours et souvent aux changements de saison, soit au printemps, fin avril début mai, comme c'est le cas aujourd'hui, et en automne, au mois d'octobre. C'est un vent chaud de Sud-Est venu de la mer Méditerranée, qui prend sa force de l'effet Venturi, une accélération naturelle, quand il passe dans le couloir étroit entre les Pyrénées et les contreforts du Massif Central, la Montagne Noire. Avec des rafales contrôlées à plus de 100km/h...
Lescure d'Albigeois : Vent et pluie sont venus contrarier la 24e édition de la foire au jardinage / Photo DDM, A.R.
Ce temps très perturbé est un peu étonnant en cette période...
Paradoxalement, non ! C'est même un temps classique dans notre région. L'adage sur le joli mois de mai vient de l'île-de-France, du Nord, où le printemps est la plus belle saison, mais chez nous, c'est un mois traditionnellement maussade et qui reste de loin le plus arrosé en Haute-Garonne. Rien de surprenant, donc. L'Autan dans cette configuration annonce toujours le mauvais temps et les remontées pluvieuses.
Est-ce que le vent va continuer à souffler dans les prochains jours ?
Il y a une bonne nouvelle, c'est que l'Autan va décroître aujourd'hui et va perdre en puissance. Il a déjà molli la nuit dernière et va s'éteindre petit à petit. Mais la mauvaise nouvelle, c'est que la pluie déjà présente, hier, va s'installer, dès demain, avec un vent qui va tourner à l'ouest. Ce qui devrait nous donner une fin de semaine pluvieuse avec un vendredi bien arrosé et un week-end de la Pentecôte qui ne s'annonce pas, malheureusement, sous les meilleurs auspices.
Publié le 10/05/2016 à 07:42 | La Dépêche du Midi |
Le vent qui rend fou : de la légende à la reconnaissance médicale
Les troubles dus au vent d'autan sont avérés / Photo DDM
Les bourrasques de l'Autan, blanc ou noir, nourrissent depuis longtemps des légendes plus ou moins avérées sur les bords de Garonne. Qu'elles soient judiciaires ou médicales. Ce vent tempétueux, a, en tout cas, la réputation de «taper sur le système», comme on dit, surtout quand, comme aujourd'hui, il s'invite pendant plusieurs jours sur le Lauragais ou la plaine toulousaine. Une de ces légendes, difficilement vérifiable, veut que dans l'ancien code pénal toulousain, les crimes commis en période d'Autan étaient amnistiés ou bénéficiaient de circonstances atténuantes.
Les troubles du comportement sont d'ailleurs avérés dans les études du CHU de Rangueil où sont consignées sensation de malaise, irritabilité, céphalées. comme autant de syndromes de vents de sud, de föhn ou d'orage. Ces symptômes sont aggravés chez les personnes qui présentent des troubles nerveux. Le vent d'Autan influence aussi les animaux, notamment les chevaux, plus agités. Les insectes volants deviennent plus agressifs, en particulier les mouches, les abeilles ou les guêpes.
Publié le 10/05/2016 à 07:43 | La Dépêche du Midi |
Vent violent : les éoliennes aux arrêts
Vent violent : les éoliennes aux arrêts / Photo DDM
En période de fort vent d'Autan, les éoliennes continuent-elles à tourner et produire de l'énergie ? Et bien non ! Un comble pour ces symboles de l'électricité alternative et renouvelable, supposées fonctionner justement quand le vent souffle. Mais les pales géantes qui ont envahi ces dernières années nos paysages ne digèrent pas toutes la tempête avec la même aisance.
Le Lauragais possède trois parcs éoliens : ceux de la société canadienne Boralex, à Calmont-Aignes-Gibel (7 machines) et Avignonet-Lauragais (12 machines) et celui de 3V Développement, à Saint-Félix-Lauragais-Montégut-Roumens (11 machines). Sur ce dernier parc éolien, les machines n'ont pas tourné pendant ces jours de fort vent. «Quand on dépasse une certaine vitesse, elles se coupent automatiquement par sécurité, au-delà de 20 mètres seconde, explique le promoteur Alain Delrieu. Mais, elles se remettent aussi en marche automatiquement dès qu'on est à 3 à 4 mètres secondes». C'est un élément essentiel de la survie d'une éolienne, afin d'éviter la destruction de l'aéromoteur lorsque le vent est trop violent.
Il est nécessaire d'équiper l'éolienne d'un système permettant de diminuer les contraintes mécaniques sur la machine en cas de survitesse du rotor. La plupart des accidents survenus sur un aérogénérateur sont la cause d'un sous-freinage de ces machines. On cherche donc à installer sur une éolienne au moins deux systèmes de freinage afin de protéger le générateur électrique contre la surproduction et la surchauffe et d'éviter une casse mécanique importante de l'éolienne elle-même. Sur le parc d'Avignonet et de Calmont, en revanche aucun souci pour continuer à fonctionner même par fort vent. Les machines étant différentes, avec des pâles qui pivotent sur elles-mêmes, on peut ainsi réguler leur exposition au vent.
Sélection d'articles réalisée à partir du site : http://www.ladepeche.fr
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