Publié le 01/08/2010 08:51 | LaDepeche.fr
Albi au patrimoine Mondial de l'UNESCO !
La Cité épiscopale d'Albi a été ajoutée samedi à la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, a annoncé le ministère de la culture du Brésil, qui préside la 34e session annuelle du Comité du Patrimoine Mondial dans la capitale brésilienne.
"La Cité épiscopale fait son entrée dans la liste du Patrimoine Mondial (de l'UNESCO)", a déclaré le ministère sur un site Twitter spécialement créé pour la session de l'UNESCO.
La Cité épiscopale d'Albi, au long passé historique, et qui couvre 63 hectares, est notamment réputée pour la cathédrale Saint-Cécile (1282), puissant édifice en brique de style méridional, comprenant une grande voûte due à des artistes bolonais.
Le "Palais de la Berbie", une forteresse avec un donjon massif et une enceinte fortifiée, abrite depuis 1922 le musée Toulouse Lautrec, le célèbre peintre et enfant du pays.
La réunion annuelle du Comité du Patrimoine de l'UNESCO se tient au Brésil jusqu'au 3 août. La mairie d'Albi a exprimé son "bonheur" après l'inscription samedi par l'Unesco de la Cité épiscopale de la préfecture du Tarn au patrimoine mondial de l'Humanité.
"Le bonheur de cette annonce est d'ores et déjà partagé par tous les Albigeois", a déclaré la mairie dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche.
"L'inscription de la Cité épiscopale est le fruit d'un travail de fond de plusieurs années qui s'inscrit dans une démarche de gestion à long terme et qui se veut porteuse des valeurs universelles exceptionnelles de l'Unesco", a ajouté la municipalité dirigée par Philippe Bonnecarrère.
La Cité épiscopale d'Albi rassemble la cathédrale Sainte-Cécile, église fortifiée en briques ocre apparentes construite entre 1282 et 1480, ainsi que le Palais de la Berbie, qui abrite le Musée Toulouse-Lautrec, l'église Saint-Salvi et son cloître, le Pont vieux et plusieurs édifices classés monuments historiques. Cité épiscopale d'Albi, inscrite samedi au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco, est un ensemble urbain construit en terre cuite autour de la cathédrale Sainte-Cécile, qui a valu au chef-lieu du Tarn son surnom de "ville rouge". Présentée comme l'un des plus grands ensembles de brique cuite au monde, la Cité épiscopale abrite en son coeur la cathédrale Sainte-Cécile.
Cette église fortifiée a été construite entre 1282 et 1480 avec pour objectif de proclamer l'autorité des évêques après la croisade menée contre l'hérésie des Albigeois (1208-1249).
Modèle exceptionnel de gothique "méridional", la cathédrale est aussi réputée pour sa voûte peinte, la plus grande du monde, son porche gothique flamboyant et ses fresques des XVe-XVIe siècles, inspirées de l'art flamand et de la Renaissance italienne.
A côté se trouvent le palais-forteresse de l'évêque, la Berbie, avec son donjon massif, puissant et austère, ainsi que le Pont-vieux qui enjambe la rivière du Tarn et l'église collégiale Saint-Salvi. Le palais de la Berbie abrite depuis 1922 un musée consacré au peintre Henri de Toulouse-Lautrec, né à Albi.
Le périmètre retenu pour le classement au patrimoine mondial s'étend sur près de 20 hectares et quatre quartiers d'origine médiévale aux ruelles étroites bordées de maisons à colombages : Castelviel, Castelnau, le bourg Saint-Salvi et les Combes et berges du Tarn.
La Cité épiscopale forme "un ensemble urbain de brique, unique par sa couleur ocre, sa puissance et son harmonie", explique la municipalité d'Albi dans son dossier de présentation.
La barre des 900 sites classés
Si les experts du comité du patrimoine mondial décident de valider les trente dossiers de la 34e session, le nombre de sites classés dans le monde s'élèvera à 910. Pour l'heure on dénombre 689 sites culturels, 176 sites naturels et 25 sites mixtes situés dans 148 pays. Les experts peuvent cependant repousser l'inscription et demander des compléments d'informations s'ils estiment que le dossier n'est pas suffisamment pertinent. Ils peuvent aussi retirer un site de la liste, comme pour Dresde et la vallée de l'Elbe en 2009, à cause de la construction d'un pont routier.
30 sites - C'est le nombre de dossiers que la 34e session du comité du patrimoine mondial examine à Brasilia. La cité épiscopale d'Albi ainsi que les pitons, cirques et remparts de l'Île de la Réunion sont en lice pour la France.
La phrase : « Le classement ne rapporte pas d'argent mais lorsqu'il faut entretenir la cathédrale l'État, propriétaire, choisit d'abord celles qui sont classées pour dégager des crédits », Roland Nardoux, adjoint au maire de Bourges
Le maire : «Nous ne faisons pas de prévision»
Nous poursuivons la publication du carnet de route de Philippe Bonnecarrère, le maire d'Albi, en direct de Brasilia où il suit le congrès du patrimoine mondial de l'Unesco.
La Cité épiscopale d'Albi est le 34e site français inscrit au patrimoine mondial. Dans le Sud-Ouest, l'Unesco a déjà distingué la cité de Carcassonne, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le canal du Midi et le Mont Perdu (avec le cirque de Gavarnie).
Publié le 30/06/2010 10:36 | Vincent Vidal
Que peut apporter l'Unesco à Albi?
Albi au patrimoine mondial. Un doux rêve. La Cité épiscopale au même rang que l'Alhambra de Grenade, le Mont Saint-Michel ou la cité de Carcassonne. Avouons que cela aurait de la gueule. Mais que pourrait apporter économiquement, cet insigne honneur à la ville. Un flot de touristes, peut-être. Une manne pécuniaire non négligeable pour les commerces du centre-ville, c'est probable. Une hausse des prix des appartements en hyper-centre, c'est logique. Et sinon. Rien de nouveau pour les entreprises étranglées par la crise. Aucun changement culturel à prévoir pour cette Belle qui ronronne l'été et hiberne l'hiver. Et les quartiers ? Ne vont-ils pas être les oubliés de cette politique du tout centre-ville, une arrière-salle sans âme et sans budget, calfeutrée derrière des dorures architecturales de Sainte-Cécile.
C'est la peur de certains. Ceux qui voient une frange de la population des quartiers tomber dans la précarité. Ceux qui côtoient une misère que l'on ne peut percevoir des ruelles médiévales du vieil Alby. Soyons honnêtes. La majorité des Albigeois pense que ce classement ne peut amener que du bon. Regardez Carcassonne. Admirez Bordeaux. Tous ont profité de ce titre honorifique pour booster leur image et leur économie. N'oublions pas qu'ils ont pour eux, un réseau de transports et un positionnement géographique bien meilleurs que le Tarn. Reste un tout petit rien dans cette affaire. La ville a un dernier rendez-vous avec l'Histoire. Celui qui va décider fin juillet à Brasilia, si elle pénètre ou non dans la cour des Grands de l'Humanité, au Panthéon des sites remarquables. Un petit rien qui vaut son pesant d'euros.
Thierry Lafond, directeur de l'hôtel restaurant le Mercure Albi Bastides
« On espère que la possible nomination au patrimoine mondial va amener un plus économique. Mais attention. Nous, nous tablons sur une augmentation de clientèle de 10 à 15 % seulement. Il ne faut pas s'attendre à une explosion digne de Carcassonne. Pourquoi ? Tout simplement parce qu' on n'a pas de réseaux de transports à la hauteur. Le plus proche aéroport est à 80 km. L'autoroute finit en cul-de-sac. Et quand on voit la pauvreté de notre réseau ferré, on peut penser que tous ces manques vont freiner l'engouement des touristes pour venir à d'Albi. À nous dès lors, de réfléchir et de proposer un circuit attractif pour ces clientèles européennes, américaines et asiatiques. Le label Unesco va imposer un vrai intérêt à la visite d'Albi et de sa région. On pense bien sûr à Cordes et aux visites des bastides. Mais je le répète. Nous ne tablons pas sur une augmentation de plus de 15 à 20 % de touristes. Au regard de notre situation géographique et du manque criant de moyens de transport, on ne fera pas jamais aussi bien que Carcassonne.
Claudine Albouy, Sécretaire générale départementale du secours populaire
« Bien sûr que c'est agréable de se promener en centre-ville d'Albi. On ne peut pas dire le contraire. Mais on sent bien que l'on développe une ville à deux vitesses. La municipalité embellit les zones où l'on vote le plus. Et l'on sait très bien que dans les quartiers, on vote très peu. Il ne faut pas que la beauté de la cité épiscopale et du centre dans son ensemble cache les problèmes des quartiers.
Les immeubles collectifs sont vieillissants. Les animateurs sociaux sont souvent démotivés par le manque de moyens. Et plus ça va, plus la précarité augmente. Dans notre association, on voit les gens glisser petit à petit vers la pauvreté. On reçoit aussi de plus en plus de salariés qui n'ont plus assez d'argent pour se nourrir et payer un loyer. Il ne faut pas cacher toute cette misère derrière une possible admission au patrimoine mondial de l'Unesco, derrière la beauté du site. Albi, ce n'est pas que cela. Il est temps d'investir un peu plus dans les structures sociales et économiques des quartiers.
Page réalisée grâce à l'édition numérique de La Dépêche du Midi